RECHERCHEZ
Damian Ruiz est né à Marseille le 16 novembre 1924 dans une famille d’origine espagnole, en provenance de la petite ville de Totana (province de Murcia), venue en France pour le travail après la Première Guerre mondiale. Il est le plus jeune d’une fratrie de 6 enfants. Installés ensuite dans le Gard dans les années 1930, son père et son frère aîné José sont métayers au domaine du Haut-Castel à Bagnols-sur-Cèze, domaine viticole qui appartient à la famille Arène.
Damian est très sportif et grand amateur de course à vélo. Certains disent qu’il avait même les qualités pour devenir cycliste professionnel. En 1938, il est lui aussi employé par Augustin Arène.
En 1943, il rentre en résistance et s’engage dans le réseau du capitaine Jacques, nom de résistance de Louis Ferri, groupe appartenant aux FTPF (Francs-Tireurs Partisans Français). Il prend part à des opérations de sabotage des lignes de chemin de fer et des poteaux électriques pour stopper les convois allemands. Il participe aussi à la rédaction de tracts et aide les jeunes voulant échapper au STO à rejoindre les maquis de la région.
Il est arrêté sur dénonciation, par la gendarmerie de Bagnols-sur-Cèze, dans la nuit du 9 au 10 février 1944, en même temps que Louis Thomas (matricule 74047) et Josep Alabart Pascual (matricule 39612), camarades bagnolais du même réseau. Trois autres membres du réseau d’origine étrangère, Vladimir Morozow (Russe, déporté à Neuengamme-matricule ?), Ladislas Kanik (Polonais, déporté à Neuengamme-matricule ?) et Wassili Wasilewicz Linkow (Russe, déporté à Neuengamme-matricule ?) sont également arrêtés le même jour. Ils seront tous jugés et condamnés à différentes peines le 14 avril 1944 par la section spéciale de la Cour d’appel de Nîmes. Ces condamnations seront révisées par la cour d’appel de Nîmes le 24 avril 1945. À noter que le chef de réseau Louis Ferri parvient à prendre la fuite, il sera condamné à 20 ans de travaux forcés par défaut, dans le même jugement.
Damian Ruiz est reconnu coupable « d’avoir à Bagnols-sur-Cèze dans le courant du mois de janvier 1944 frauduleusement soustrait une certaine quantité de papier au préjudice des établissements Alban-Broche, d’avoir à Bagnols-sur-Cèze et en tous autres lieux dans le courant de l’année 1944, détenu et transporté des tracts communistes en vue de leur distribution, d’avoir commis ces infractions pénales pour favoriser le terrorisme, l’anarchie ou la subversion sociale ou nationale ». Il est condamné à 3 ans d’emprisonnement.
D’abord interné à la maison d’arrêt de Nîmes, il est ensuite transféré à la Centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot le 3 mai 1944 (n° d’écrou 3421) et affecté au préau 1.
Le 30 mai 1944, il est remis aux autorités allemandes qui le conduisent au camp de Compiègne (n° d’écrou 39780). Le 18 juin 1944, il est déporté vers le camp de concentration de Dachau.
Arrivé le 20 juin, le matricule 73976 lui est attribué. Après la période de quarantaine, il est transféré au Kommando d’Allach, assigné au Block 13.
Les déportés sont affectés à différents projets et productions : d’abord une manufacture de porcelaine, ensuite pour la firme BMW, enfin aux chantiers de l’organisation Todt.
Damian Ruiz est libéré le 30 avril 1945 par l’armée américaine et rapatrié le 30 mai 1945 par le centre de Mulhouse.
À son retour de déportation, il épouse Marguerite Mazzoleni à Bagnols-sur-Cèze. Ils auront 5 enfants : Alain, Annie, Pierre, Didier et Danielle. À partir de 1957, il fait carrière dans les travaux publics pour la Compagnie Nationale du Rhône.
Il s’est peu confié sur cette période de son existence mais en revanche, il n’oubliera jamais le devoir de mémoire et fut porte-drapeau de la Fédération Nationale des Déportés Internés et Patriotes.
Il décède le 25 mai 1993 à l’âge de 69 ans à Villeneuve-sur-Lot.
Mireille Justamond – Valérie Frac – Patricia Franco
Sources :
SHD de Caen 21P 625683
SHD de Vincennes 16P 527945
Archives départementales du Gard, séries W et U
Archives départementales du Lot-et-Garonne 940 W 115
Fondation pour la Mémoire de la Déportation : www.bbdm.org
Article « Damian Ruiz ce résistant de l’ombre rescapé de Dachau » Midi Libre du 10 juin 2014 (Jennifer Franco.
Article « Louis Ferri, un artisan de la Libération », Rhodanie n°96 (Pierre Menjaud)
Témoignage de son fils Pierre Ruiz
Dictionnaire en ligne résistants d’Eysses
RECHERCHEZ
Damian Ruiz est né à Marseille le 16 novembre 1924 dans une famille d’origine espagnole, en provenance de la petite ville de Totana (province de Murcia), venue en France pour le travail après la Première Guerre mondiale. Il est le plus jeune d’une fratrie de 6 enfants. Installés ensuite dans le Gard dans les années 1930, son père et son frère aîné José sont métayers au domaine du Haut-Castel à Bagnols-sur-Cèze, domaine viticole qui appartient à la famille Arène.
Damian est très sportif et grand amateur de course à vélo. Certains disent qu’il avait même les qualités pour devenir cycliste professionnel. En 1938, il est lui aussi employé par Augustin Arène.
En 1943, il rentre en résistance et s’engage dans le réseau du capitaine Jacques, nom de résistance de Louis Ferri, groupe appartenant aux FTPF (Francs-Tireurs Partisans Français). Il prend part à des opérations de sabotage des lignes de chemin de fer et des poteaux électriques pour stopper les convois allemands. Il participe aussi à la rédaction de tracts et aide les jeunes voulant échapper au STO à rejoindre les maquis de la région.
Il est arrêté sur dénonciation, par la gendarmerie de Bagnols-sur-Cèze, dans la nuit du 9 au 10 février 1944, en même temps que Louis Thomas (matricule 74047) et Josep Alabart Pascual (matricule 39612), camarades bagnolais du même réseau. Trois autres membres du réseau d’origine étrangère, Vladimir Morozow (Russe, déporté à Neuengamme-matricule ?), Ladislas Kanik (Polonais, déporté à Neuengamme-matricule ?) et Wassili Wasilewicz Linkow (Russe, déporté à Neuengamme-matricule ?) sont également arrêtés le même jour. Ils seront tous jugés et condamnés à différentes peines le 14 avril 1944 par la section spéciale de la Cour d’appel de Nîmes. Ces condamnations seront révisées par la cour d’appel de Nîmes le 24 avril 1945. À noter que le chef de réseau Louis Ferri parvient à prendre la fuite, il sera condamné à 20 ans de travaux forcés par défaut, dans le même jugement.
Damian Ruiz est reconnu coupable « d’avoir à Bagnols-sur-Cèze dans le courant du mois de janvier 1944 frauduleusement soustrait une certaine quantité de papier au préjudice des établissements Alban-Broche, d’avoir à Bagnols-sur-Cèze et en tous autres lieux dans le courant de l’année 1944, détenu et transporté des tracts communistes en vue de leur distribution, d’avoir commis ces infractions pénales pour favoriser le terrorisme, l’anarchie ou la subversion sociale ou nationale ». Il est condamné à 3 ans d’emprisonnement.
D’abord interné à la maison d’arrêt de Nîmes, il est ensuite transféré à la Centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot le 3 mai 1944 (n° d’écrou 3421) et affecté au préau 1.
Le 30 mai 1944, il est remis aux autorités allemandes qui le conduisent au camp de Compiègne (n° d’écrou 39780). Le 18 juin 1944, il est déporté vers le camp de concentration de Dachau.
Arrivé le 20 juin, le matricule 73976 lui est attribué. Après la période de quarantaine, il est transféré au Kommando d’Allach, assigné au Block 13.
Les déportés sont affectés à différents projets et productions : d’abord une manufacture de porcelaine, ensuite pour la firme BMW, enfin aux chantiers de l’organisation Todt.
Damian Ruiz est libéré le 30 avril 1945 par l’armée américaine et rapatrié le 30 mai 1945 par le centre de Mulhouse.
À son retour de déportation, il épouse Marguerite Mazzoleni à Bagnols-sur-Cèze. Ils auront 5 enfants : Alain, Annie, Pierre, Didier et Danielle. À partir de 1957, il fait carrière dans les travaux publics pour la Compagnie Nationale du Rhône.
Il s’est peu confié sur cette période de son existence mais en revanche, il n’oubliera jamais le devoir de mémoire et fut porte-drapeau de la Fédération Nationale des Déportés Internés et Patriotes.
Il décède le 25 mai 1993 à l’âge de 69 ans à Villeneuve-sur-Lot.
Mireille Justamond – Valérie Frac – Patricia Franco
Sources :
SHD de Caen 21P 625683
SHD de Vincennes 16P 527945
Archives départementales du Gard, séries W et U
Archives départementales du Lot-et-Garonne 940 W 115
Fondation pour la Mémoire de la Déportation : www.bbdm.org
Article « Damian Ruiz ce résistant de l’ombre rescapé de Dachau » Midi Libre du 10 juin 2014 (Jennifer Franco.
Article « Louis Ferri, un artisan de la Libération », Rhodanie n°96 (Pierre Menjaud)
Témoignage de son fils Pierre Ruiz
Dictionnaire en ligne résistants d’Eysses