REIN Jean Jacques

  • Sobibor

  • Né le 28 février 1920 à Mulhouse

  • Décédé fin 1943/début 1944 à Auschwitz

Joseph, Jean, Jacques Rein, dit Jean-Jacques, naît à Mulhouse (Haut-Rhin) le 28 février 1920 dans une famille nombreuse. Ses parents : Nathan et Sophie Ziporah Samuel, se sont mariés le 9 août 1906 à Weiterswiller (Bas-Rhin), village d’origine de Sophie. Ils avaient alors respectivement 25 et 23 ans. Leur premier enfant a vu le jours dès l’année suivante, suivi régulièrement par d’autres, jusqu’à la fin des années 1920. En 1929, la famille, qui habite 41 rue de Bâle à Mulhouse, compte onze garçons et filles. Le père a une bonne situation : il est agent général d’assurance, représentant les compagnies « La Protectrice » et « La Bâloise-vie ».

Dès qu’ils ont l’âge requis, plusieurs des garçons intègrent les activités de scoutisme des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.). Jean-Jacques en fait partie, prenant assez tôt des responsabilités d’encadrement. C’est ainsi qu’au printemps 1940, il est envoyé à Nîmes comme responsable de la section E.I.F. locale. Dans un premier temps, il ne s’occupe que d’activités de scoutisme. Mais, après la défaite et l’Armistice, celles-ci se doublent assez rapidement d’actions de résistance. Bien que dissous par Vichy en novembre 1941, les E.I.F. continuent à agir au sein du scoutisme français. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde : le 11 mai 1942 les locaux de Nîmes sont vandalisés, poussant Jean-Jacques à prendre de nouvelles responsabilités. En novembre 1942, il part à Limoges prendre la tête de la section régionale du réseau de résistance fondé quelques mois auparavant par les E.I.F. : « La Sixième »[i] . Installé 109 avenue Ernest Ruben, il se déplace beaucoup au gré de ses missions.

Début 1943, l’une de celles-ci le conduit en Haute-Savoie, où il s’installe temporairement à Boëge. Le 9 février, il a rendez-vous à Lyon pour apporter de fausses cartes d’identité à un correspondant. Celui-ci l’attend au Comité d’Assistance aux Réfugiés (C.A.R.), situé 12 rue Sainte Catherine, qui sert aussi de bureau à l’Union Générale des Israélites de France. Il y est arrêté avec de nombreuses autres personnes [ii](2), dans une opération connue sous le nom de « rafle de la rue Sainte Catherine », organisée par Klaus Barbie. Après quelques jours dans une prison de la ville, il est envoyé à Drancy où il reste deux semaines, puis au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret) où on l’affecte comme garçon de salle à l’infirmerie. Le 25 mars, il est déporté via Drancy par le convoi N° 53 à Sobibor en Pologne, dans le district de Lublin, avec les autres victimes de la rafle de Lyon.

En 1948 son décès sera administrativement fixé au 30 mars 1943 au camp de Lublin-Majdanek, soit – comme pour tous les déportés dont on est sans nouvelles – cinq jours après le départ de leur convoi. En réalité, il est affecté au camp de Wlodava (Sobibor) où il est exploité comme bûcheron. Les courriers qu’il arrive à envoyer de temps en temps à sa famille et à une amie nîmoise, montrent qu’il y reste au moins jusqu’au 29 août 1943, date à laquelle il annonce son transfert à Auschwitz. Il ne reviendra pas de ce dernier camp.

Le titre de « Déporté politique » lui est reconnu en 1955 et la décision de lui attribuer la mention « Mort pour la France » est datée du 26 janvier 2022. Son nom figure sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle N° 37, colonne N° 13, rangée N° 1.

Le reste de la famille est également profondément marqué par la guerre. Ses parents arrivent à se réfugier à Bâle, où réside aussi sa sœur Paulette (épouse Nordmann). Son père y décède au mois de mai 1944. Son frère Albert, de 10 ans son aîné, qui a été arrêté lors de la descente de la Gestapo à la Soupe Populaire de Lyon le 13 mars 1944 est déporté à Auschwitz et ne survivra pas.

Son frère Armand vit à Paris dans le 14e arrondissement, au 26 rue du Faubourg Saint-Jacques (1948).

Dans les années 1950, sa mère Sophie Rein, veuve, vit chez l’un de ses fils, à Puteaux, 70 ter rue de la République. Puis elle émigre en Israël ainsi que plusieurs de ses enfants. Elle s’y éteindra en 1961.

Sa sœur Yvonne-Rivka, épouse Nerson, dépose une feuille de témoignage au centre Yad Vashem le 5 juin 1981. Elle vit alors en Israël, 13 rue Alumin à Ramat-Gan. 

Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs


[i] Lorsqu’en 1941 le gouvernement de Vichy impose la création de l’Union Générale des Israélites de France (U.I.G.F.), il y intègre les E.I.F. dans une sixième section, dédiée à la jeunesse. D’où le nom choisi par le réseau de résistance fondé par les éclaireurs israélites : « la Sixième ».

[ii] Selon le rapport du chef du commando de la Gestapo :  « Le 9 février 1943, une action de capture […] fut entreprise. Lors du coup de filet, 30 Juifs étaient déjà dans les bureaux. Tout d’abord, toutes les personnes furent arrêtées. Au cours de l’heure qui suivit, d’autres Juifs se présentaient et 86 personnes au total ont pu être arrêtées… ».  Extrait de « Souviens-toi d’Amalek – Témoignage sur la lutte des Juifs de France (1938-1944) » de Frédéric Chimon Hammel, cité dans la biographie de Jean-Jacques Rein, en ligne sur le site du Judaïsme d’Alsace-Lorraine (cf. infra).

Sources :

Yad Vashem (dont photo) – dossier de Caen 21 P 530 012
Wikipédia :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rein
https://sites.google.com/collectifhistoirememoire.org/accueil/jean-jacques-rein
http://www.judaisme-alsalor.fr/histoire/shh/htrhin/ReinJJ.html
Gallica-Bnf (« La Tribune Juive » du 16/10/1925 et « L’Argus » du 3/11/1929)
Sur la rafle de la rue Sainte Catherine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rafle_de_la_rue_Sainte-Catherine

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REIN Jean Jacques

  • Sobibor

  • Né le 28 février 1920 à Mulhouse

  • Décédé fin 1943/début 1944 à Auschwitz

Joseph, Jean, Jacques Rein, dit Jean-Jacques, naît à Mulhouse (Haut-Rhin) le 28 février 1920 dans une famille nombreuse. Ses parents : Nathan et Sophie Ziporah Samuel, se sont mariés le 9 août 1906 à Weiterswiller (Bas-Rhin), village d’origine de Sophie. Ils avaient alors respectivement 25 et 23 ans. Leur premier enfant a vu le jours dès l’année suivante, suivi régulièrement par d’autres, jusqu’à la fin des années 1920. En 1929, la famille, qui habite 41 rue de Bâle à Mulhouse, compte onze garçons et filles. Le père a une bonne situation : il est agent général d’assurance, représentant les compagnies « La Protectrice » et « La Bâloise-vie ».

Dès qu’ils ont l’âge requis, plusieurs des garçons intègrent les activités de scoutisme des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.). Jean-Jacques en fait partie, prenant assez tôt des responsabilités d’encadrement. C’est ainsi qu’au printemps 1940, il est envoyé à Nîmes comme responsable de la section E.I.F. locale. Dans un premier temps, il ne s’occupe que d’activités de scoutisme. Mais, après la défaite et l’Armistice, celles-ci se doublent assez rapidement d’actions de résistance. Bien que dissous par Vichy en novembre 1941, les E.I.F. continuent à agir au sein du scoutisme français. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde : le 11 mai 1942 les locaux de Nîmes sont vandalisés, poussant Jean-Jacques à prendre de nouvelles responsabilités. En novembre 1942, il part à Limoges prendre la tête de la section régionale du réseau de résistance fondé quelques mois auparavant par les E.I.F. : « La Sixième »[i] . Installé 109 avenue Ernest Ruben, il se déplace beaucoup au gré de ses missions.

Début 1943, l’une de celles-ci le conduit en Haute-Savoie, où il s’installe temporairement à Boëge. Le 9 février, il a rendez-vous à Lyon pour apporter de fausses cartes d’identité à un correspondant. Celui-ci l’attend au Comité d’Assistance aux Réfugiés (C.A.R.), situé 12 rue Sainte Catherine, qui sert aussi de bureau à l’Union Générale des Israélites de France. Il y est arrêté avec de nombreuses autres personnes [ii](2), dans une opération connue sous le nom de « rafle de la rue Sainte Catherine », organisée par Klaus Barbie. Après quelques jours dans une prison de la ville, il est envoyé à Drancy où il reste deux semaines, puis au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret) où on l’affecte comme garçon de salle à l’infirmerie. Le 25 mars, il est déporté via Drancy par le convoi N° 53 à Sobibor en Pologne, dans le district de Lublin, avec les autres victimes de la rafle de Lyon.

En 1948 son décès sera administrativement fixé au 30 mars 1943 au camp de Lublin-Majdanek, soit – comme pour tous les déportés dont on est sans nouvelles – cinq jours après le départ de leur convoi. En réalité, il est affecté au camp de Wlodava (Sobibor) où il est exploité comme bûcheron. Les courriers qu’il arrive à envoyer de temps en temps à sa famille et à une amie nîmoise, montrent qu’il y reste au moins jusqu’au 29 août 1943, date à laquelle il annonce son transfert à Auschwitz. Il ne reviendra pas de ce dernier camp.

Le titre de « Déporté politique » lui est reconnu en 1955 et la décision de lui attribuer la mention « Mort pour la France » est datée du 26 janvier 2022. Son nom figure sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle N° 37, colonne N° 13, rangée N° 1.

Le reste de la famille est également profondément marqué par la guerre. Ses parents arrivent à se réfugier à Bâle, où réside aussi sa sœur Paulette (épouse Nordmann). Son père y décède au mois de mai 1944. Son frère Albert, de 10 ans son aîné, qui a été arrêté lors de la descente de la Gestapo à la Soupe Populaire de Lyon le 13 mars 1944 est déporté à Auschwitz et ne survivra pas.

Son frère Armand vit à Paris dans le 14e arrondissement, au 26 rue du Faubourg Saint-Jacques (1948).

Dans les années 1950, sa mère Sophie Rein, veuve, vit chez l’un de ses fils, à Puteaux, 70 ter rue de la République. Puis elle émigre en Israël ainsi que plusieurs de ses enfants. Elle s’y éteindra en 1961.

Sa sœur Yvonne-Rivka, épouse Nerson, dépose une feuille de témoignage au centre Yad Vashem le 5 juin 1981. Elle vit alors en Israël, 13 rue Alumin à Ramat-Gan. 

Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs


[i] Lorsqu’en 1941 le gouvernement de Vichy impose la création de l’Union Générale des Israélites de France (U.I.G.F.), il y intègre les E.I.F. dans une sixième section, dédiée à la jeunesse. D’où le nom choisi par le réseau de résistance fondé par les éclaireurs israélites : « la Sixième ».

[ii] Selon le rapport du chef du commando de la Gestapo :  « Le 9 février 1943, une action de capture […] fut entreprise. Lors du coup de filet, 30 Juifs étaient déjà dans les bureaux. Tout d’abord, toutes les personnes furent arrêtées. Au cours de l’heure qui suivit, d’autres Juifs se présentaient et 86 personnes au total ont pu être arrêtées… ».  Extrait de « Souviens-toi d’Amalek – Témoignage sur la lutte des Juifs de France (1938-1944) » de Frédéric Chimon Hammel, cité dans la biographie de Jean-Jacques Rein, en ligne sur le site du Judaïsme d’Alsace-Lorraine (cf. infra).

Sources :

Yad Vashem (dont photo) – dossier de Caen 21 P 530 012
Wikipédia :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rein
https://sites.google.com/collectifhistoirememoire.org/accueil/jean-jacques-rein
http://www.judaisme-alsalor.fr/histoire/shh/htrhin/ReinJJ.html
Gallica-Bnf (« La Tribune Juive » du 16/10/1925 et « L’Argus » du 3/11/1929)
Sur la rafle de la rue Sainte Catherine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rafle_de_la_rue_Sainte-Catherine

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