RECHERCHEZ
Joseph Raab est né le 5 septembre 1913 à Radlow en Pologne. Son père se prénomme Paul, sa mère née Biron, Gusta. C’est un étudiant polonais venu en France en mai 1938, célibataire de grande taille au teint coloré, cheveux châtains et aux yeux bleus. Il s’engage et combat dans la légion étrangère du 2 septembre 1939 jusqu’en septembre 1940. Il est affecté dans la 10ème région au dépôt des régiments de marche de volontaires étrangers (DRMVE), recruté par le bureau central de la Seine (75). Son matricule de recrutement porte le n° 15016. Il semble avoir un frère officier dans l’armée française.
Après sa démobilisation, Joseph est affecté à un groupe de travailleurs étrangers dont il est libéré le 29 mai 1941. Il vit un certain temps dans le Gard, à Nîmes, où on lui connaît plusieurs adresses (1). A l’été 1941, il est recensé par la préfecture du Gard comme juif polonais, coupeur en cuir de profession.
Il s’installe ensuite à Saint-Michel-lès-Annonay (Ardèche) où ses compétences professionnelles lui permettent d’être embauché par un fabriquant de galoches, Roger Sénéclauze. Ce parcours est suivi de près par les autorités qui savent parfaitement où il réside. C’est pourquoi, lors de la première grande rafle de la zone libre, le 26 août 1942, il est immédiatement arrêté à son domicile par les gendarmes.
Il est alors dirigé vers le centre de rassemblement de Tournon (Ardèche). Dès le 31 août son employeur intervient auprès de Marcel Bechetoille, délégué du Secours National, pour qu’il intercède auprès du Préfet, espérant ainsi améliorer son sort. Le délégué envoie donc un courrier le 2 septembre. En réponse, le Préfet lui précise que la commission de criblage de Lyon (2) n’a pas retenu d’exception pour Joseph Raab, en dépit du fait que ce dernier s’était engagé pour défendre la France.
En réalité, après être passé par le centre régional de Vénissieux (Rhône), en zone occupée, Joseph est interné à Drancy dès le 30 août, sous le matricule 17061. Il est déporté à Auschwitz le 2 septembre 1942 par le convoi n° 27. Affecté au kommando de Blechhammer (3), il y reste jusqu’à l’évacuation de celui-ci par les Allemands, le 21 janvier 1945. Avec les autres prisonniers, il arrive péniblement à Gross-Rosen épuisé par 13 jours de marche en plein hiver. Il ne s’agit que d’une halte, du 2 au 7 février, avant un voyage en train jusqu’à Weimar. Débarqué le 10 février, il est conduit à Buchenwald (matricule 125676), d’où il est libéré le 11 avril 1945. Rapatrié à Paris le 26 mai suivant, il s’établit dans la capitale (4).
Il se marie en octobre 1946 et son épouse Cécile donne naissance à un fils prénommé Paul. Ayant opté pour la nationalité française, Joseph réside au début des années 1950 à Montreuil-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, au 260 rue de Paris. Sa vie prend fin le 9 janvier 1990 à Drancy.
A l’automne 2012, les Archives départementales de l’Ardèche organisent une exposition : « 1942 des rafles à la déportation », durant laquelle un atelier pédagogique est consacré à Joseph Raab.
Georges Muller et Gérard Krebs
(1) 24 rue Jean Chiappe, 81 rue de la République (recensement des juifs du Gard de l’été 1941) et 3 rue Ménard (dernière adresse avant son départ pour l’Ardèche)
(2) Sur la rafle du 26 août 1942 et la commission de criblage :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rafle_du_26_ao%C3%BBt_1942
(3) Témoignage de son fils Paul, résidant dans la région de Toulouse en 2019. Son père ne lui a jamais vraiment parlé de son histoire, sauf qu’il aurait travaillé en usine au camp de Blechhammer en Allemagne (Blachownia en Haute-Silésie, dans le sud de la Pologne, région allemande jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.)
(4) Dans les archives de Caen, une fiche indique deux adresses : 38 rue du Temple (Paris 4e) et 131 Boulevard Sébastopol (Paris 2e). L’une d’elles correspond peut-être à son domicile juste avant la guerre.
Sources :
-Dossier de Caen
– Article du Dauphiné Libéré de Privas du 14 novembre 2012 par Gilbert JEAN
– Archives Arolsen
-Archives départementales de l’Ardèche (cotes 85W1, 99W10 et 99W230).
-Photo issue de la présentation de l’exposition de 2012.
RECHERCHEZ
Joseph Raab est né le 5 septembre 1913 à Radlow en Pologne. Son père se prénomme Paul, sa mère née Biron, Gusta. C’est un étudiant polonais venu en France en mai 1938, célibataire de grande taille au teint coloré, cheveux châtains et aux yeux bleus. Il s’engage et combat dans la légion étrangère du 2 septembre 1939 jusqu’en septembre 1940. Il est affecté dans la 10ème région au dépôt des régiments de marche de volontaires étrangers (DRMVE), recruté par le bureau central de la Seine (75). Son matricule de recrutement porte le n° 15016. Il semble avoir un frère officier dans l’armée française.
Après sa démobilisation, Joseph est affecté à un groupe de travailleurs étrangers dont il est libéré le 29 mai 1941. Il vit un certain temps dans le Gard, à Nîmes, où on lui connaît plusieurs adresses (1). A l’été 1941, il est recensé par la préfecture du Gard comme juif polonais, coupeur en cuir de profession.
Il s’installe ensuite à Saint-Michel-lès-Annonay (Ardèche) où ses compétences professionnelles lui permettent d’être embauché par un fabriquant de galoches, Roger Sénéclauze. Ce parcours est suivi de près par les autorités qui savent parfaitement où il réside. C’est pourquoi, lors de la première grande rafle de la zone libre, le 26 août 1942, il est immédiatement arrêté à son domicile par les gendarmes.
Il est alors dirigé vers le centre de rassemblement de Tournon (Ardèche). Dès le 31 août son employeur intervient auprès de Marcel Bechetoille, délégué du Secours National, pour qu’il intercède auprès du Préfet, espérant ainsi améliorer son sort. Le délégué envoie donc un courrier le 2 septembre. En réponse, le Préfet lui précise que la commission de criblage de Lyon (2) n’a pas retenu d’exception pour Joseph Raab, en dépit du fait que ce dernier s’était engagé pour défendre la France.
En réalité, après être passé par le centre régional de Vénissieux (Rhône), en zone occupée, Joseph est interné à Drancy dès le 30 août, sous le matricule 17061. Il est déporté à Auschwitz le 2 septembre 1942 par le convoi n° 27. Affecté au kommando de Blechhammer (3), il y reste jusqu’à l’évacuation de celui-ci par les Allemands, le 21 janvier 1945. Avec les autres prisonniers, il arrive péniblement à Gross-Rosen épuisé par 13 jours de marche en plein hiver. Il ne s’agit que d’une halte, du 2 au 7 février, avant un voyage en train jusqu’à Weimar. Débarqué le 10 février, il est conduit à Buchenwald (matricule 125676), d’où il est libéré le 11 avril 1945. Rapatrié à Paris le 26 mai suivant, il s’établit dans la capitale (4).
Il se marie en octobre 1946 et son épouse Cécile donne naissance à un fils prénommé Paul. Ayant opté pour la nationalité française, Joseph réside au début des années 1950 à Montreuil-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, au 260 rue de Paris. Sa vie prend fin le 9 janvier 1990 à Drancy.
A l’automne 2012, les Archives départementales de l’Ardèche organisent une exposition : « 1942 des rafles à la déportation », durant laquelle un atelier pédagogique est consacré à Joseph Raab.
Georges Muller et Gérard Krebs
(1) 24 rue Jean Chiappe, 81 rue de la République (recensement des juifs du Gard de l’été 1941) et 3 rue Ménard (dernière adresse avant son départ pour l’Ardèche)
(2) Sur la rafle du 26 août 1942 et la commission de criblage :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rafle_du_26_ao%C3%BBt_1942
(3) Témoignage de son fils Paul, résidant dans la région de Toulouse en 2019. Son père ne lui a jamais vraiment parlé de son histoire, sauf qu’il aurait travaillé en usine au camp de Blechhammer en Allemagne (Blachownia en Haute-Silésie, dans le sud de la Pologne, région allemande jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.)
(4) Dans les archives de Caen, une fiche indique deux adresses : 38 rue du Temple (Paris 4e) et 131 Boulevard Sébastopol (Paris 2e). L’une d’elles correspond peut-être à son domicile juste avant la guerre.
Sources :
-Dossier de Caen
– Article du Dauphiné Libéré de Privas du 14 novembre 2012 par Gilbert JEAN
– Archives Arolsen
-Archives départementales de l’Ardèche (cotes 85W1, 99W10 et 99W230).
-Photo issue de la présentation de l’exposition de 2012.