RECHERCHEZ
Maurice est le fils de Jean Gleize, photographe né en Catalogne et Louise Bringe, originaire de Mende en Lozère.[1]Il est retiré de l’école par son père pour avoir commis un menu larcin. Titulaire du certificat d’études, il entre en 1919 en apprentissage dans une imprimerie nîmoise, et adhère à la CGT en 1920. Il quitte sa ville natale en 1929, attiré par la musique à Paris. Début 1930, lors d’un concert à Alger où il joue du violoncelle, il rencontre Elisabeth Secconi, violoniste. Ils se marient le 1er février à Alger avant de revenir sur Paris. De cette union, naitra Jean Maurice le 6 avril 1933 à Paris.[2] Il fréquente les cours du soir de l’École des Beaux-Arts et, en 1923, reçoit un premier prix d’architecture puis il étudie au Conservatoire et reçoit des prix de Solfège et de Violoncelle. Durant quelque temps, il vit de sa musique mais il connait une vie matérielle difficile et se résout alors à reprendre son métier initial sans pour autant abandonner la musique. Il devient typographe et est embauché à l’imprimerie Logier puis à l’imprimerie Gutenberg ; il devient propriétaire de cette dernière en 1938, et continue de travailler, essentiellement pour le PCF et la CGT, notamment les sections d’Asnières et de Gennevilliers et du XIIIe arr., pour lesquelles il imprime Le Travailleur de la banlieue Ouest ainsi que La barricade du XIIIe. Il tire aussi Le Métallo et devient ami avec Jean-Pierre Timbaud*. Pour tirer le journal des communistes hongrois de France à partir de 1932, il apprend à écrire le hongrois. Mobilisé en 1939 comme cuisinier au 17ème régiment d’infanterie, il doit fermer son entreprise jusqu’à sa démobilisation en juin 1940.
Dès l’armistice, il entre dans la clandestinité et adhère au parti communiste interdit en 1941. Il est le premier imprimeur de « France d’Abord » le journal clandestin du Front National, mais son activité est telle que les services de contrôle de consommation du gaz l’ont vite repéré, comme d’autres imprimeries. Il édite des faux bons de commande de papier au nom d’autres imprimeurs, afin de fournir les demandes du PCF ou de la CGT, et constitue un réseau de volontaires imprimeurs, afin de fournir la propagande communiste. Deux des agents de liaison de ses contacts sont pris, mais témoigne-t-il ; « j’avais un travail urgent, le discours de Fernand Grenier à Londres « les 27 qui vont mourir », consacré aux otages de Chateaubriand. C’est en préparant ce discours pour l’impression qu’il est arrêté le 4 mars 1943 par huit inspecteurs de la brigade spéciale, qui découvrent des tracts, affiches et journaux.[3] Maurice Gleize est immédiatement écroué à la Santé, où il fait la connaissance d’Henry Manhès[4] ; il est transféré à Blois le 13 avril 1944, et Compiègne le 3 mai 1944. Puis, il est déporté le 21 mai 1944 par le transport N° 1214, et arrive à Neuengamme le 24 mai 1944 jusqu’au 30 mai 1944. Il est muté au Kommando de Fallersleben[5], d’où il sera évacué le 7 avril 1945. Il est libéré à Wöbbelin le 14 avril 1945[6] où il a contracté le typhus : il ne pèse alors que trente-trois kilos.
Libéré le 2 août 1945, atteint de phtisie, il rejoint l’hôtel Lutetia fin septembre 1945, et reprend ensuite ses activités à l’imprimerie. Il poursuit son action militante, et sera arrêté pour aide au FLN, ce qui lui
vaudra de la prison en 1956. En 1951, le gouvernement français et la mairie de Paris l’honorent en apposant une plaque sur le mur de l’immeuble où se trouvait son imprimerie, 17 rue des Cloys dans le XVIII° arrondissement.[7]
En désaccord avec le PCF au sujet de la mise à l’écart d’André Marty et de Charles Tillon, il rompt avec lui en 1952, et fera partie d’un Comité d’honneur pour la réhabilitation d’André Marty et des victimes de la calomnie, constitué de 100 militants historiques du PCF, notamment issus de la Résistance. À partir de 1973, il se retire en banlieue parisienne et se consacre à la musique et à la poésie.
C’est en écrivant à sa femme durant sa détention en camps que lui est venue l’idée de faire des vers, puis des poèmes, n’ayant jamais pratiqué cet art. Il publiera de nombreux ouvrages en hommage à la Résistance et ses amis déportés morts dans les camps. Il est l’auteur de nombreux poèmes notamment « Odes à la gloire des martyrs de la Résistance » [8].
En 1998, Robert Hue[9] enverra un courrier à Maurice Gleize, annonçant sa réhabilitation en même temps qu’il reconnaît à « Unir pour le socialisme »[10] le bien-fondé de son action contre le stalinisme à la française. En 2002, il publie un livre de souvenirs, « Image d’un Nîmois » et sera remercié chaleureusement par deux maires successifs de la ville de Nîmes, Jean Bousquet[11] et Alain Clary.[12]
Son action dans la Résistance lui vaut la Croix de guerre et de la Légion d’Honneur, remise par Charles Tillon, le 24 février 1990.
Maurice Gleize décède le 20 avril 2003 à Montfermeil à l’âge de 96 ans.
Jean-Paul Boré
Sources :
[1] Source Le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article73478, notice GLEIZE Maurice, Joseph, Louis par Jean Maitron,
[2]Entretien avec Monsieur Jean Sonderer, mari de Nicole, nièce et filleule de Maurice Gleize le 15 mai 2023
[3]Interview de Maurice Gleize dans le journal « Combat »
[4] Henri Manhès, adjoint de Jean Moulin au CNR pour la Zone Nord, déporté à Buchenwald où il organise avec Marcel Paul la Résistance intérieure au camp. En octobre 1945, il créé avec Marcel Paul la Fédération Nationale des Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP)
[5] Situé dans la partie orientale de la Basse Saxe, près de Brunswick et à proximité de la ville de Wolfsburg, le Kommando de Fallersleben -Laagbergtravaille pour l’entreprise Volkwagenfonctionna du 31 mai 1944 au 7 avril 1945.
[6]Wöbbelin est un véritable mouroir vers lequel les détenus sont évacués dans des wagons à bestiaux, entre le 8 et le 14 avril 1945.
[7] Midi Libre Nîmes 3 octobre 1988
[8] « Fragrance vernale, de Maurice Gleize, 158 pages, 1981
[9] Secrétaire national du PCF du 29 janvier 1994 au 28 octobre 2001
[10]Unir est une association politique fondée en 2006 par les dirigeants du courant minoritaire de la Ligue Communiste Révolutionnaire, organisés autour de la « plate-forme B » des XVIIe et XVIIIe congrès de la LCR (représentant 12 % de la LCR).
[11] Jean Bousquet, maire de Nîmes de 1982 à 1995
[12] Alain Clary, maire de Nîmes de 1955 à 2002
RECHERCHEZ
Maurice est le fils de Jean Gleize, photographe né en Catalogne et Louise Bringe, originaire de Mende en Lozère.[1]Il est retiré de l’école par son père pour avoir commis un menu larcin. Titulaire du certificat d’études, il entre en 1919 en apprentissage dans une imprimerie nîmoise, et adhère à la CGT en 1920. Il quitte sa ville natale en 1929, attiré par la musique à Paris. Début 1930, lors d’un concert à Alger où il joue du violoncelle, il rencontre Elisabeth Secconi, violoniste. Ils se marient le 1er février à Alger avant de revenir sur Paris. De cette union, naitra Jean Maurice le 6 avril 1933 à Paris.[2] Il fréquente les cours du soir de l’École des Beaux-Arts et, en 1923, reçoit un premier prix d’architecture puis il étudie au Conservatoire et reçoit des prix de Solfège et de Violoncelle. Durant quelque temps, il vit de sa musique mais il connait une vie matérielle difficile et se résout alors à reprendre son métier initial sans pour autant abandonner la musique. Il devient typographe et est embauché à l’imprimerie Logier puis à l’imprimerie Gutenberg ; il devient propriétaire de cette dernière en 1938, et continue de travailler, essentiellement pour le PCF et la CGT, notamment les sections d’Asnières et de Gennevilliers et du XIIIe arr., pour lesquelles il imprime Le Travailleur de la banlieue Ouest ainsi que La barricade du XIIIe. Il tire aussi Le Métallo et devient ami avec Jean-Pierre Timbaud*. Pour tirer le journal des communistes hongrois de France à partir de 1932, il apprend à écrire le hongrois. Mobilisé en 1939 comme cuisinier au 17ème régiment d’infanterie, il doit fermer son entreprise jusqu’à sa démobilisation en juin 1940.
Dès l’armistice, il entre dans la clandestinité et adhère au parti communiste interdit en 1941. Il est le premier imprimeur de « France d’Abord » le journal clandestin du Front National, mais son activité est telle que les services de contrôle de consommation du gaz l’ont vite repéré, comme d’autres imprimeries. Il édite des faux bons de commande de papier au nom d’autres imprimeurs, afin de fournir les demandes du PCF ou de la CGT, et constitue un réseau de volontaires imprimeurs, afin de fournir la propagande communiste. Deux des agents de liaison de ses contacts sont pris, mais témoigne-t-il ; « j’avais un travail urgent, le discours de Fernand Grenier à Londres « les 27 qui vont mourir », consacré aux otages de Chateaubriand. C’est en préparant ce discours pour l’impression qu’il est arrêté le 4 mars 1943 par huit inspecteurs de la brigade spéciale, qui découvrent des tracts, affiches et journaux.[3] Maurice Gleize est immédiatement écroué à la Santé, où il fait la connaissance d’Henry Manhès[4] ; il est transféré à Blois le 13 avril 1944, et Compiègne le 3 mai 1944. Puis, il est déporté le 21 mai 1944 par le transport N° 1214, et arrive à Neuengamme le 24 mai 1944 jusqu’au 30 mai 1944. Il est muté au Kommando de Fallersleben[5], d’où il sera évacué le 7 avril 1945. Il est libéré à Wöbbelin le 14 avril 1945[6] où il a contracté le typhus : il ne pèse alors que trente-trois kilos.
Libéré le 2 août 1945, atteint de phtisie, il rejoint l’hôtel Lutetia fin septembre 1945, et reprend ensuite ses activités à l’imprimerie. Il poursuit son action militante, et sera arrêté pour aide au FLN, ce qui lui
vaudra de la prison en 1956. En 1951, le gouvernement français et la mairie de Paris l’honorent en apposant une plaque sur le mur de l’immeuble où se trouvait son imprimerie, 17 rue des Cloys dans le XVIII° arrondissement.[7]
En désaccord avec le PCF au sujet de la mise à l’écart d’André Marty et de Charles Tillon, il rompt avec lui en 1952, et fera partie d’un Comité d’honneur pour la réhabilitation d’André Marty et des victimes de la calomnie, constitué de 100 militants historiques du PCF, notamment issus de la Résistance. À partir de 1973, il se retire en banlieue parisienne et se consacre à la musique et à la poésie.
C’est en écrivant à sa femme durant sa détention en camps que lui est venue l’idée de faire des vers, puis des poèmes, n’ayant jamais pratiqué cet art. Il publiera de nombreux ouvrages en hommage à la Résistance et ses amis déportés morts dans les camps. Il est l’auteur de nombreux poèmes notamment « Odes à la gloire des martyrs de la Résistance » [8].
En 1998, Robert Hue[9] enverra un courrier à Maurice Gleize, annonçant sa réhabilitation en même temps qu’il reconnaît à « Unir pour le socialisme »[10] le bien-fondé de son action contre le stalinisme à la française. En 2002, il publie un livre de souvenirs, « Image d’un Nîmois » et sera remercié chaleureusement par deux maires successifs de la ville de Nîmes, Jean Bousquet[11] et Alain Clary.[12]
Son action dans la Résistance lui vaut la Croix de guerre et de la Légion d’Honneur, remise par Charles Tillon, le 24 février 1990.
Maurice Gleize décède le 20 avril 2003 à Montfermeil à l’âge de 96 ans.
Jean-Paul Boré
Sources :
[1] Source Le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article73478, notice GLEIZE Maurice, Joseph, Louis par Jean Maitron,
[2]Entretien avec Monsieur Jean Sonderer, mari de Nicole, nièce et filleule de Maurice Gleize le 15 mai 2023
[3]Interview de Maurice Gleize dans le journal « Combat »
[4] Henri Manhès, adjoint de Jean Moulin au CNR pour la Zone Nord, déporté à Buchenwald où il organise avec Marcel Paul la Résistance intérieure au camp. En octobre 1945, il créé avec Marcel Paul la Fédération Nationale des Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP)
[5] Situé dans la partie orientale de la Basse Saxe, près de Brunswick et à proximité de la ville de Wolfsburg, le Kommando de Fallersleben -Laagbergtravaille pour l’entreprise Volkwagenfonctionna du 31 mai 1944 au 7 avril 1945.
[6]Wöbbelin est un véritable mouroir vers lequel les détenus sont évacués dans des wagons à bestiaux, entre le 8 et le 14 avril 1945.
[7] Midi Libre Nîmes 3 octobre 1988
[8] « Fragrance vernale, de Maurice Gleize, 158 pages, 1981
[9] Secrétaire national du PCF du 29 janvier 1994 au 28 octobre 2001
[10]Unir est une association politique fondée en 2006 par les dirigeants du courant minoritaire de la Ligue Communiste Révolutionnaire, organisés autour de la « plate-forme B » des XVIIe et XVIIIe congrès de la LCR (représentant 12 % de la LCR).
[11] Jean Bousquet, maire de Nîmes de 1982 à 1995
[12] Alain Clary, maire de Nîmes de 1955 à 2002