RECHERCHEZ
Maurice est le fils de Régis (originaire du Monastier sur Gazeille en Haute Loire, régisseur du Mas Julian à Saliers et viticulteur) et de Delphine Moulin, (originaire de Bellegarde dans le Gard et cuisinière au domaine). Il est ouvrier agricole, et envisage de s’installer comme viticulteur, mais il doit effectuer son service militaire aux chantiers de jeunesse de Lodève (Hérault), puis au groupement 24 à St Affrique (Aveyron) à partir du 10 novembre 1942. Il envisage de prendre le maquis mais s’abstient par crainte de représailles auprès de la famille de sa fiancée, originaire d’Alsace. Après 8 mois de service, tout son groupe est embarqué de force pour la gare d’Avignon et envoyé au STO le 17 juin 1943, au camp de Strasshof en Autriche, en tant que manœuvre pour la réparation de voies ferrées pour le compte du « Strasshof Reischbahn. Il en gardera un fort ressentiment vis-à-vis de l’état français qui l’a abandonné. Quelques mois après son arrivée, il est livré à la Gestapo : il sera torturé et incarcéré à la prison de Vienne du 23 novembre 1943 au 6 janvier 1944, au prétexte qu’il « donnait des renseignements sur les bombardements alliés dans ses courriers » et « était très mal noté par ses gardiens, en sabotant le travail de réparation des voies ferrées ». Il est le seul de son groupe à être arrêté pour l’exemple. Il est envoyé au camp de passage de Lanzendorf, près de Vienne, le 6 janvier 1944, dans des conditions de détention terribles aggravant son état de santé, ensuite au camp de Dachau le 28 mars 1944 (matricule 65698 et ensuite 148513) au block 19 et 21, après trois jours de voyage. Il sera transféré au camp de concentration du Struthof –Natzwiller en Alsace (matricule 9627), du mois d’avril 1944 au mois d’août 1944, puis retour au camp de Dachau. Il y retrouve le 13 septembre ses deux amis Saint- Gillois : François Angosto (au Nekarelz) et Marcel Salin. Il écrira : « Cela m’a remonté le moral et procuré de la joie ! ». Il sera envoyé dans différents Kommandos depuis Dachau : au camp de Natzweiller, du 18 au 27 mars 1944, aux camps du Neckar : Kommandos Wasserling (Neckargerach) et Neckarelz, à l’automne 1944. A l’avancée des Alliés, son Kommando est envoyé sur les routes, il sera libéré par les troupes américaines à Dachau le 2 Mai 1945. Après quatre jours de marche de la mort. Il écrira : « J’étais un mort qui marchait avec 42kg, nu et, avec sur mes épaules, mon pantalon et ma veste de bagnard ! Tout de même une joie brillait en moi, j’étais libéré et sous peu, j’allai retourner en France, avec l’espoir de retrouver toute ma famille ; le calvaire était fini, pour les vivants et les morts ». Très affaibli, il retourne chez lui un mois après sa libération, sa mère ne le reconnait pas, tant il a changé. Il est envoyé en convalescence en Thônes en Haute Savoie, et en septembre 1945, son état de santé s’aggrave, une poliomyélite le laisse handicapé à vie. Il se marie le 23 novembre 1946 avec sa fiancée Elise Arnold à St Gilles et fonde une famille de quatre enfants (trois garçons et une fille). Ne pouvant plus exercer le métier de viticulteur, il sera employé à la mairie dans diverses fonctions, lui permettant d’être au service des citoyens. Il milite activement dans plusieurs associations et syndicats de défense des droits. Une anecdote familiale : « Très souvent, lorsqu’il voyait des personnes en précarité, en souffrance, il leur apportait de la nourriture cuisinée par sa femme, il ne supportait pas de voir quelqu’un en manque de nourriture »
Il décède le 28 avril 1975 à St Gilles.[1]
André Francisco
Sources :
Archives Arolsen
Archives Caen
Documents familiaux et entretien avec ses enfants en 2023
[1]Ses enfants diront de lui : « en ayant accompli son destin, épargnant sa famille de sa vie de misère, lors de son internement dans les divers camps de concentration, il nous transmettra le sens du devoir envers l’autre, l’altruisme, le partage, la tolérance, la force de ne rien lâcher dans un foyer plein d’amour, avec les aléas de la vie, nos différences de personnalité, nos chagrins, nos joies, nos colères, nos coups durs, tout ce qui nous aide à nous construire mais toujours unis, quoiqu’il arrive ! »
RECHERCHEZ
Maurice est le fils de Régis (originaire du Monastier sur Gazeille en Haute Loire, régisseur du Mas Julian à Saliers et viticulteur) et de Delphine Moulin, (originaire de Bellegarde dans le Gard et cuisinière au domaine). Il est ouvrier agricole, et envisage de s’installer comme viticulteur, mais il doit effectuer son service militaire aux chantiers de jeunesse de Lodève (Hérault), puis au groupement 24 à St Affrique (Aveyron) à partir du 10 novembre 1942. Il envisage de prendre le maquis mais s’abstient par crainte de représailles auprès de la famille de sa fiancée, originaire d’Alsace. Après 8 mois de service, tout son groupe est embarqué de force pour la gare d’Avignon et envoyé au STO le 17 juin 1943, au camp de Strasshof en Autriche, en tant que manœuvre pour la réparation de voies ferrées pour le compte du « Strasshof Reischbahn. Il en gardera un fort ressentiment vis-à-vis de l’état français qui l’a abandonné. Quelques mois après son arrivée, il est livré à la Gestapo : il sera torturé et incarcéré à la prison de Vienne du 23 novembre 1943 au 6 janvier 1944, au prétexte qu’il « donnait des renseignements sur les bombardements alliés dans ses courriers » et « était très mal noté par ses gardiens, en sabotant le travail de réparation des voies ferrées ». Il est le seul de son groupe à être arrêté pour l’exemple. Il est envoyé au camp de passage de Lanzendorf, près de Vienne, le 6 janvier 1944, dans des conditions de détention terribles aggravant son état de santé, ensuite au camp de Dachau le 28 mars 1944 (matricule 65698 et ensuite 148513) au block 19 et 21, après trois jours de voyage. Il sera transféré au camp de concentration du Struthof –Natzwiller en Alsace (matricule 9627), du mois d’avril 1944 au mois d’août 1944, puis retour au camp de Dachau. Il y retrouve le 13 septembre ses deux amis Saint- Gillois : François Angosto (au Nekarelz) et Marcel Salin. Il écrira : « Cela m’a remonté le moral et procuré de la joie ! ». Il sera envoyé dans différents Kommandos depuis Dachau : au camp de Natzweiller, du 18 au 27 mars 1944, aux camps du Neckar : Kommandos Wasserling (Neckargerach) et Neckarelz, à l’automne 1944. A l’avancée des Alliés, son Kommando est envoyé sur les routes, il sera libéré par les troupes américaines à Dachau le 2 Mai 1945. Après quatre jours de marche de la mort. Il écrira : « J’étais un mort qui marchait avec 42kg, nu et, avec sur mes épaules, mon pantalon et ma veste de bagnard ! Tout de même une joie brillait en moi, j’étais libéré et sous peu, j’allai retourner en France, avec l’espoir de retrouver toute ma famille ; le calvaire était fini, pour les vivants et les morts ». Très affaibli, il retourne chez lui un mois après sa libération, sa mère ne le reconnait pas, tant il a changé. Il est envoyé en convalescence en Thônes en Haute Savoie, et en septembre 1945, son état de santé s’aggrave, une poliomyélite le laisse handicapé à vie. Il se marie le 23 novembre 1946 avec sa fiancée Elise Arnold à St Gilles et fonde une famille de quatre enfants (trois garçons et une fille). Ne pouvant plus exercer le métier de viticulteur, il sera employé à la mairie dans diverses fonctions, lui permettant d’être au service des citoyens. Il milite activement dans plusieurs associations et syndicats de défense des droits. Une anecdote familiale : « Très souvent, lorsqu’il voyait des personnes en précarité, en souffrance, il leur apportait de la nourriture cuisinée par sa femme, il ne supportait pas de voir quelqu’un en manque de nourriture »
Il décède le 28 avril 1975 à St Gilles.[1]
André Francisco
Sources :
Archives Arolsen
Archives Caen
Documents familiaux et entretien avec ses enfants en 2023
[1]Ses enfants diront de lui : « en ayant accompli son destin, épargnant sa famille de sa vie de misère, lors de son internement dans les divers camps de concentration, il nous transmettra le sens du devoir envers l’autre, l’altruisme, le partage, la tolérance, la force de ne rien lâcher dans un foyer plein d’amour, avec les aléas de la vie, nos différences de personnalité, nos chagrins, nos joies, nos colères, nos coups durs, tout ce qui nous aide à nous construire mais toujours unis, quoiqu’il arrive ! »