RECHERCHEZ
Fille de Théophile Jullian et Jeanne Chambon, elle est, au début de la guerre, courtier en vins. En 1942, à 26 ans, elle entre dans la Résistance auprès de son père qui appartient au groupe Combat Armée Secrète. Elle transmet des plis à des résistants dont elle ne connaît que le prénom ou à des amis de la famille, comme Gaston Blanc (40925 Buchenwald), témoin de son mariage avec Robert Bonnecaze en mai 1942, André Choisy, ou Gaston Nègre…, engagés eux aussi dans la Résistance.
Surnommée « Cigalette », elle est, dès 1942, contactée par Émilien Ronzas (40255 Buchenwald) et Émile Daufès, dit Hippolyte (du maquis de Haute Lozère). Pendant deux ans, Marguerite fournit des renseignements au réseau et au maquis. Elle accompagne des personnes au mazet familial, qui sont ensuite acheminées vers des particuliers, les maquis ou vers l’Espagne, grâce à la filière mise en place par Yvette Paulet. Le réseau héberge des juifs et tous ceux qui fuient les Allemands ou le STO (instauré en septembre 1942). Secrétaire, elle établit quantité de cartes d’identité, d’alimentation, fait figurer des jeunes gens sur des listes d’emploi, distribue tracts et journaux comme « Franc-Tireur », « Libération », « Combat » etc.
Son fils, Jean-Paul, naît le 11 août 1943. Le 21 octobre de la même année, dénoncée par un voisin commerçant pour écoute de la radio anglaise, elle est arrêtée par la Gestapo, qui découvre des « annotations anti allemandes » à son domicile, 7 rue Godin à Nîmes et, semble-t-il, un dépôt d’armes… Son père, lui, est arrêté pour « ses amitiés avec les meilleurs résistants nîmois ». Internée à la Caserne Montcalm à Nîmes, elle est transférée à la prison St Pierre de Marseille, puis au camp de Compiègne (octobre 1943 à février 1944). De là, elle part au Fort de Romainville, elle y reste jusqu’au 20 août 1944.
Elle est déportée à Ravensbrück et transférée le 26 octobre 1945 au kommando de Torgau, qui dépend administrativement du camp de Buchenwald. Elle fait partie des détenues résistantes françaises de Torgau accusées d’actes de sabotage ou de freiner la production, qui sont transférées au kommando de Königsberg pour y faire des travaux plus durs puis à celui de Rechlin, pour la construction d’un aérodrome. Evacuée vers Ravensbrück le 13 avril, elle y est libérée le 23 avril par la Croix-Rouge suédoise. Transférée en Suède, elle arrive en ferry à Malmö le 26 avril 1945. Elle séjourne au camp de réfugiés de Grimslöv au sud de la ville de Växjö. Elle est rapatriée le 29 juin 1945 par un vol Stockholm-Paris à partir de l’aéroport de Bromma. Elle est alors très malade et doit faire face à son retour à Nîmes à d’« intenses soucis d’ordre familiaux et financiers ».
Le 23 septembre 1971, alors qu’elle est en possession de la médaille de la Résistance (juin 1946) et de sa carte de déportée politique (février 1946) , Marguerite Bonnecaze qui demeure alors au 28 rue Delon Soubeyran à Nîmes, écrit au Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre pour obtenir sa carte de Déportée Résistante. Émile Daufès soutiendra ainsi sa demande : « si les nazis avaient su le travail qu’a fait cette personne, ils n’auraient pas hésité à la faire disparaître et beaucoup d’entre nous auraient certainement été arrêtés ». Domiciliée à Rogues (Gard) à la fin de sa vie, elle s’éteint à 102 ans le 9 avril 2018.
Marie Balta et Gérard Krebs
Sources :
Archives de Caen ; archives Arolsen
Bibliographie : un itinéraire en partie semblable a été suivi par Yvonne Pagniez auteur de Scènes de la vie du bagne, Paris, Flammarion, 1946 et par Andrée Carliez Lambert de Loulay, (alias Wanda) auteur de Déportée 50440, Paris, A. Bonne éditeur, 1945. Le Kommando de Rechlin est évoqué dans l’ouvrage des sœurs Renault, La grande misère, Paris, Chavanne, 1948
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Fille de Théophile Jullian et Jeanne Chambon, elle est, au début de la guerre, courtier en vins. En 1942, à 26 ans, elle entre dans la Résistance auprès de son père qui appartient au groupe Combat Armée Secrète. Elle transmet des plis à des résistants dont elle ne connaît que le prénom ou à des amis de la famille, comme Gaston Blanc (40925 Buchenwald), témoin de son mariage avec Robert Bonnecaze en mai 1942, André Choisy, ou Gaston Nègre…, engagés eux aussi dans la Résistance.
Surnommée « Cigalette », elle est, dès 1942, contactée par Émilien Ronzas (40255 Buchenwald) et Émile Daufès, dit Hippolyte (du maquis de Haute Lozère). Pendant deux ans, Marguerite fournit des renseignements au réseau et au maquis. Elle accompagne des personnes au mazet familial, qui sont ensuite acheminées vers des particuliers, les maquis ou vers l’Espagne, grâce à la filière mise en place par Yvette Paulet. Le réseau héberge des juifs et tous ceux qui fuient les Allemands ou le STO (instauré en septembre 1942). Secrétaire, elle établit quantité de cartes d’identité, d’alimentation, fait figurer des jeunes gens sur des listes d’emploi, distribue tracts et journaux comme « Franc-Tireur », « Libération », « Combat » etc.
Son fils, Jean-Paul, naît le 11 août 1943. Le 21 octobre de la même année, dénoncée par un voisin commerçant pour écoute de la radio anglaise, elle est arrêtée par la Gestapo, qui découvre des « annotations anti allemandes » à son domicile, 7 rue Godin à Nîmes et, semble-t-il, un dépôt d’armes… Son père, lui, est arrêté pour « ses amitiés avec les meilleurs résistants nîmois ». Internée à la Caserne Montcalm à Nîmes, elle est transférée à la prison St Pierre de Marseille, puis au camp de Compiègne (octobre 1943 à février 1944). De là, elle part au Fort de Romainville, elle y reste jusqu’au 20 août 1944.
Elle est déportée à Ravensbrück et transférée le 26 octobre 1945 au kommando de Torgau, qui dépend administrativement du camp de Buchenwald. Elle fait partie des détenues résistantes françaises de Torgau accusées d’actes de sabotage ou de freiner la production, qui sont transférées au kommando de Königsberg pour y faire des travaux plus durs puis à celui de Rechlin, pour la construction d’un aérodrome. Evacuée vers Ravensbrück le 13 avril, elle y est libérée le 23 avril par la Croix-Rouge suédoise. Transférée en Suède, elle arrive en ferry à Malmö le 26 avril 1945. Elle séjourne au camp de réfugiés de Grimslöv au sud de la ville de Växjö. Elle est rapatriée le 29 juin 1945 par un vol Stockholm-Paris à partir de l’aéroport de Bromma. Elle est alors très malade et doit faire face à son retour à Nîmes à d’« intenses soucis d’ordre familiaux et financiers ».
Le 23 septembre 1971, alors qu’elle est en possession de la médaille de la Résistance (juin 1946) et de sa carte de déportée politique (février 1946) , Marguerite Bonnecaze qui demeure alors au 28 rue Delon Soubeyran à Nîmes, écrit au Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre pour obtenir sa carte de Déportée Résistante. Émile Daufès soutiendra ainsi sa demande : « si les nazis avaient su le travail qu’a fait cette personne, ils n’auraient pas hésité à la faire disparaître et beaucoup d’entre nous auraient certainement été arrêtés ». Domiciliée à Rogues (Gard) à la fin de sa vie, elle s’éteint à 102 ans le 9 avril 2018.
Marie Balta et Gérard Krebs
Sources :
Archives de Caen ; archives Arolsen
Bibliographie : un itinéraire en partie semblable a été suivi par Yvonne Pagniez auteur de Scènes de la vie du bagne, Paris, Flammarion, 1946 et par Andrée Carliez Lambert de Loulay, (alias Wanda) auteur de Déportée 50440, Paris, A. Bonne éditeur, 1945. Le Kommando de Rechlin est évoqué dans l’ouvrage des sœurs Renault, La grande misère, Paris, Chavanne, 1948