RECHERCHEZ
Sarah/Soura dite Fanny Sandlarsch, née la 20 avril 1908 à Varsovie, est la benjamine d’une famille juive polonaise de six enfants. Ses parents : Moschko/Morka Sandlarsch (1862-1946) [i], maroquinier, et Mariem/Marie Garfinkel (1873-1954)[ii] se sont mariés le 1er mai 1897. Jusqu’en 1900, la famille vit à Biała Podlaska, dans la voïvodie de Lublin (Pologne), qui voit la naissance d’une fille aînée : Feiga/Faida (1889) suivie de deux garçons et une autre fille. Les Sandlarsch déménagent ensuite à Varsovie où naît Chaja/Clara (1901), quelques années avant Sarah.
En 1912, laissant temporairement Feiga à Varsovie, la famille émigre en France : elle s’installe à Paris, 22 rue Oberkampf, dans le quartier industrieux du 11e arrondissement. Sarah reprend la tradition familiale, devenant maroquinière. Dans les années 1930, ses parents étant partis en banlieue – à Villeneuve-le-roi -, Sarah élit domicile au 23 rue des messageries, dans le 10e arrondissement.
Le 1er septembre 1933, elle épouse un jeune commerçant polonais : Jonas Birman, né le 4 avril 1902 à Rypin (Pologne). Celui-ci, ayant immigré avec sa mère et ses frères et sœurs en 1924, vit à Lens (Pas-de-Calais). C’est là que le couple s’installe, 36 boulevard Basly. Cinq ans plus tard, il a un petit garçon : Abraham, Albert qui naît le 4 mai 1938 à Liévin (Pas-de-Calais).
La guerre sépare la famille : en octobre 1939, Sarah quitte Lens, peut-être avec son fils. Elle ne retrouvera son mari que deux ans plus tard. En effet, au printemps 1940, fuyant l’invasion allemande, une partie de la famille Birman prend la route de l’exode : Jonas, sa mère Blima, ses frères Abraham et Bejer et sa belle-sœur Marie, épouse de son frère Pinkus. Ils finissent par se fixer à Nîmes, 31 boulevard Gambetta. Quand Sarah les rejoint en 1941, les époux déménagent au 3 rue Jean Reboul. Une partie de la famille de Sarah est également réfugiée à Nîmes : ses parents Moschko et Marie y résident depuis juillet 1940, tandis que sa sœur Feiga, épouse Bogratcheff, les retrouve à l’été 1942.
Le 4 avril 1943, Sarah et Jonas sont arrêtés par la Gestapo à leur domicile de même que la mère de Jonas, Blima et sa belle-sœur Marie, raflés de leur côté. Seul leur fils Abraham en réchappe, pris en charge par le réseau « Marcel » et caché sous le nom d’Albert Bertrand[iii]. Ils sont tous envoyés à Marseille avant d’être transférés à Drancy où ils arrivent le 14 avril. Sarah y reçoit le matricule 14357, son mari vraisemblablement le 14356. Le 23 juin, Jonas, sa femme et sa mère sont déportés à Auschwitz par le convoi 55, où Ils sont probablement gazés dès leur arrivée. Marie sera déportée par le convoi 57, du 18 juillet 1943 et subira le même sort. Après-guerre, Jonas et Sarah seront déclarés décédés le 23 juin 1943, date rectifiée au 28 juin (en 2008).
De son côté, la sœur de Sarah, Feiga Bogratcheff est également arrêtée à Nîmes, le 24 avril 1944. Après être passée par Drancy, elle est déportée le 20 mai par le convoi 74. Elle est sans doute immédiatement exterminée en arrivant à Auschwitz.
A la Libération, Abraham a 7 ans. Ayant retrouvé le domicile familial à Lens, il est placé sous la tutelle successive de son grand-père maternel, Moschko Sandlarsch, puis de son oncle Pinkus Birman[iv], qui entreprennent les démarches pour rechercher ses parents et lui obtenir une pension d’orphelin. A la fin des années 1950, il s’occupe lui-même de faire reconnaître ses parents comme déportés politiques. Abraham s’éteindra le 16 mai 2021 à Dainville (Pas-de-Calais).
Le nom de Sarah Birman figure sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle 6, colonne 2, rangée 3.
Gérard Krebs
[i] On trouve aussi ce patronyme sous les formes : Sandlarch, Sandlarz et Sanderz et, pour Sarah : « Sandler dite Sandlarch »
[ii] Autres formes : Garfinkiel et Garfagnan ; curieusement, sur l’acte de mariage de Sarah, sa mère est identifiée comme : « Mariema Venguierik ».
[iii] Sur le réseau « Marcel », mis en place par Moussa Abadi et Odette Rosenstock avec l’aide notamment de Monseigneur Paul Rémond, évêque de Nice, voir : https://www.lesenfantsetamisabadi.fr/fr/marcel1.htm
[iv] Selon les documents, Pinkus peut être cité sous son second prénom : Eljasz, parfois francisé en Elie. Après avoir rejoint son épouse Marie à Nîmes début 1943, il échappe à la rafle dont celle-ci est victime car il est alors en déplacement à Nice.
Sources
Archives de Caen (dossiers 21 P 426044 et 21 P 426050)
Site AJPN cf. « famille Sandlarsch » http://www.ajpn.org/arrestationdep-30.html
Archives départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139
Etat Civil Paris 10e
RECHERCHEZ
Sarah/Soura dite Fanny Sandlarsch, née la 20 avril 1908 à Varsovie, est la benjamine d’une famille juive polonaise de six enfants. Ses parents : Moschko/Morka Sandlarsch (1862-1946) [i], maroquinier, et Mariem/Marie Garfinkel (1873-1954)[ii] se sont mariés le 1er mai 1897. Jusqu’en 1900, la famille vit à Biała Podlaska, dans la voïvodie de Lublin (Pologne), qui voit la naissance d’une fille aînée : Feiga/Faida (1889) suivie de deux garçons et une autre fille. Les Sandlarsch déménagent ensuite à Varsovie où naît Chaja/Clara (1901), quelques années avant Sarah.
En 1912, laissant temporairement Feiga à Varsovie, la famille émigre en France : elle s’installe à Paris, 22 rue Oberkampf, dans le quartier industrieux du 11e arrondissement. Sarah reprend la tradition familiale, devenant maroquinière. Dans les années 1930, ses parents étant partis en banlieue – à Villeneuve-le-roi -, Sarah élit domicile au 23 rue des messageries, dans le 10e arrondissement.
Le 1er septembre 1933, elle épouse un jeune commerçant polonais : Jonas Birman, né le 4 avril 1902 à Rypin (Pologne). Celui-ci, ayant immigré avec sa mère et ses frères et sœurs en 1924, vit à Lens (Pas-de-Calais). C’est là que le couple s’installe, 36 boulevard Basly. Cinq ans plus tard, il a un petit garçon : Abraham, Albert qui naît le 4 mai 1938 à Liévin (Pas-de-Calais).
La guerre sépare la famille : en octobre 1939, Sarah quitte Lens, peut-être avec son fils. Elle ne retrouvera son mari que deux ans plus tard. En effet, au printemps 1940, fuyant l’invasion allemande, une partie de la famille Birman prend la route de l’exode : Jonas, sa mère Blima, ses frères Abraham et Bejer et sa belle-sœur Marie, épouse de son frère Pinkus. Ils finissent par se fixer à Nîmes, 31 boulevard Gambetta. Quand Sarah les rejoint en 1941, les époux déménagent au 3 rue Jean Reboul. Une partie de la famille de Sarah est également réfugiée à Nîmes : ses parents Moschko et Marie y résident depuis juillet 1940, tandis que sa sœur Feiga, épouse Bogratcheff, les retrouve à l’été 1942.
Le 4 avril 1943, Sarah et Jonas sont arrêtés par la Gestapo à leur domicile de même que la mère de Jonas, Blima et sa belle-sœur Marie, raflés de leur côté. Seul leur fils Abraham en réchappe, pris en charge par le réseau « Marcel » et caché sous le nom d’Albert Bertrand[iii]. Ils sont tous envoyés à Marseille avant d’être transférés à Drancy où ils arrivent le 14 avril. Sarah y reçoit le matricule 14357, son mari vraisemblablement le 14356. Le 23 juin, Jonas, sa femme et sa mère sont déportés à Auschwitz par le convoi 55, où Ils sont probablement gazés dès leur arrivée. Marie sera déportée par le convoi 57, du 18 juillet 1943 et subira le même sort. Après-guerre, Jonas et Sarah seront déclarés décédés le 23 juin 1943, date rectifiée au 28 juin (en 2008).
De son côté, la sœur de Sarah, Feiga Bogratcheff est également arrêtée à Nîmes, le 24 avril 1944. Après être passée par Drancy, elle est déportée le 20 mai par le convoi 74. Elle est sans doute immédiatement exterminée en arrivant à Auschwitz.
A la Libération, Abraham a 7 ans. Ayant retrouvé le domicile familial à Lens, il est placé sous la tutelle successive de son grand-père maternel, Moschko Sandlarsch, puis de son oncle Pinkus Birman[iv], qui entreprennent les démarches pour rechercher ses parents et lui obtenir une pension d’orphelin. A la fin des années 1950, il s’occupe lui-même de faire reconnaître ses parents comme déportés politiques. Abraham s’éteindra le 16 mai 2021 à Dainville (Pas-de-Calais).
Le nom de Sarah Birman figure sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle 6, colonne 2, rangée 3.
Gérard Krebs
[i] On trouve aussi ce patronyme sous les formes : Sandlarch, Sandlarz et Sanderz et, pour Sarah : « Sandler dite Sandlarch »
[ii] Autres formes : Garfinkiel et Garfagnan ; curieusement, sur l’acte de mariage de Sarah, sa mère est identifiée comme : « Mariema Venguierik ».
[iii] Sur le réseau « Marcel », mis en place par Moussa Abadi et Odette Rosenstock avec l’aide notamment de Monseigneur Paul Rémond, évêque de Nice, voir : https://www.lesenfantsetamisabadi.fr/fr/marcel1.htm
[iv] Selon les documents, Pinkus peut être cité sous son second prénom : Eljasz, parfois francisé en Elie. Après avoir rejoint son épouse Marie à Nîmes début 1943, il échappe à la rafle dont celle-ci est victime car il est alors en déplacement à Nice.
Sources
Archives de Caen (dossiers 21 P 426044 et 21 P 426050)
Site AJPN cf. « famille Sandlarsch » http://www.ajpn.org/arrestationdep-30.html
Archives départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139
Etat Civil Paris 10e