BENATTAR Mathilde

  • Auschwitz

  • Née le 23 août 1921 à Nîmes

  • Décédée le 12 octobre 1943 à Auschwitz

Les Ben Attar sont des commerçants aisés originaires d’Afrique du Nord, établis dans le sud de la France depuis la fin du 19ème siècle. Ils possèdent notamment un magasin de bonneterie réputé à Nîmes : «Le mouton à cinq pattes». En 1923, les parents d’Aaron, son père, Israël Ben Attar et Rebecca, née Siboni, reçoivent la médaille d’argent de la famille française pour avoir eu 9 enfants. Les aînés des garçons ont combattu en 1914-1918 et l’un d’eux, Fortuné, a été distingué en tant que plus jeune artilleur de France. Aaron voit le jour le 21 novembre 1896 à Marseille. Le 30 mars 1920, il épouse Sarah Cario, née à Istanbul (Turquie) le 29 mai 1902 d’Elie Cario et de Mathilde Carasso. La jeune femme, arrivée à Nîmes en 1903, devient française par naturalisation. Le couple, installé 13 rue général Perrier, a trois enfants tous nés à Nîmes : Mathilde le 23 août 1921, Yvette le 11 juin 1923 et Georges le 11 juillet de l’année suivante.

Après avoir commencé modestement en vendant des billets de la Loterie Nationale – emploi obtenu au titre de blessé de la Grande Guerre – Aaron devient voyageur de commerce. A la fin des années 1930, il est à la tête d’une affaire de bourse et de change, c’est un notable nîmois.

Durant les premiers temps du régime de Vichy, la famille – comme beaucoup d’autres commerçants juifs gardois – ne se sent pas directement menacée par les lois racistes successives. Mais, fin 1942 la situation change drastiquement avec l’occupation allemande de la zone libre. Aaron ne peut plus exercer son métier. Cependant les autorités laissent entendre aux Ben Attar qu’elles les considèrent comme faisant partie d’une toute petite élite «de bons français », qui sera épargnée.

Malheureusement c’est une illusion. Le 17 septembre 1943, la famille reçoit le frère et la belle-sœur de Sarah : Lazare et Bellyne Cario, réfugiés depuis quelques mois en Haute-Savoie et venus rechercher des affaires à Nîmes. La Gestapo et la Feldgendarmerie se présentent au moment du repas. Les convives se réfugient précipitamment dans le couloir menant au grenier, mais le bruit de leur fuite et la table dressée les trahissent. Ils sont tous arrêtés.

Après un passage par la prison Saint-Pierre de Marseille, ils arrivent le 26 à Drancy[1] . Quelques jours après, le service de sûreté allemand confisque à Aaron les 80.000 F qu’il avait pu conserver sur lui. Les cinq Ben Attar et le couple Cario sont déportés pour Auschwitz par le convoi 60 du 7 octobre. Aaron (matricule 156976), Georges (matricule 156977) et Lazare Cario (matricule 156978) sont envoyés au sous-camp de Monowitz le 10 octobre, tandis que les femmes et les jeunes filles sont toutes gazées à leur arrivée.

Seul Georges survivra. Le décès d’Aaron, de sa femme et de ses deux filles est fixé, par une décision judiciaire de 1949, au 12 octobre 1943, soit 5 jours après le départ de Drancy. En fait, Georges témoignera qu’il a partagé la captivité de son père jusqu’au 11 janvier 1944. Il n’en aura plus aucune nouvelle après cette date.

Gérard KREBS

Sources :

Service historique Caen
Blog familial «Tranches de survie» d’Hélène ben Attar, épouse Fernandez, février 2022
https://www.tranchedesurvie.org/testemonials/read-simone-calefs-testimony/
photo: blog «Tranches de survie» : Sarah Ben Attar et ses enfants : Georges, Yvette et Mathilde, à la fin des années 1930


[1]  Matricules à Drancy : Aaron 5520, Sarah 5521, Mathilde 5522, Yvette 5523, Georges 5524

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

BENATTAR Mathilde

  • Auschwitz

  • Née le 23 août 1921 à Nîmes

  • Décédée le 12 octobre 1943 à Auschwitz

Les Ben Attar sont des commerçants aisés originaires d’Afrique du Nord, établis dans le sud de la France depuis la fin du 19ème siècle. Ils possèdent notamment un magasin de bonneterie réputé à Nîmes : «Le mouton à cinq pattes». En 1923, les parents d’Aaron, son père, Israël Ben Attar et Rebecca, née Siboni, reçoivent la médaille d’argent de la famille française pour avoir eu 9 enfants. Les aînés des garçons ont combattu en 1914-1918 et l’un d’eux, Fortuné, a été distingué en tant que plus jeune artilleur de France. Aaron voit le jour le 21 novembre 1896 à Marseille. Le 30 mars 1920, il épouse Sarah Cario, née à Istanbul (Turquie) le 29 mai 1902 d’Elie Cario et de Mathilde Carasso. La jeune femme, arrivée à Nîmes en 1903, devient française par naturalisation. Le couple, installé 13 rue général Perrier, a trois enfants tous nés à Nîmes : Mathilde le 23 août 1921, Yvette le 11 juin 1923 et Georges le 11 juillet de l’année suivante.

Après avoir commencé modestement en vendant des billets de la Loterie Nationale – emploi obtenu au titre de blessé de la Grande Guerre – Aaron devient voyageur de commerce. A la fin des années 1930, il est à la tête d’une affaire de bourse et de change, c’est un notable nîmois.

Durant les premiers temps du régime de Vichy, la famille – comme beaucoup d’autres commerçants juifs gardois – ne se sent pas directement menacée par les lois racistes successives. Mais, fin 1942 la situation change drastiquement avec l’occupation allemande de la zone libre. Aaron ne peut plus exercer son métier. Cependant les autorités laissent entendre aux Ben Attar qu’elles les considèrent comme faisant partie d’une toute petite élite «de bons français », qui sera épargnée.

Malheureusement c’est une illusion. Le 17 septembre 1943, la famille reçoit le frère et la belle-sœur de Sarah : Lazare et Bellyne Cario, réfugiés depuis quelques mois en Haute-Savoie et venus rechercher des affaires à Nîmes. La Gestapo et la Feldgendarmerie se présentent au moment du repas. Les convives se réfugient précipitamment dans le couloir menant au grenier, mais le bruit de leur fuite et la table dressée les trahissent. Ils sont tous arrêtés.

Après un passage par la prison Saint-Pierre de Marseille, ils arrivent le 26 à Drancy[1] . Quelques jours après, le service de sûreté allemand confisque à Aaron les 80.000 F qu’il avait pu conserver sur lui. Les cinq Ben Attar et le couple Cario sont déportés pour Auschwitz par le convoi 60 du 7 octobre. Aaron (matricule 156976), Georges (matricule 156977) et Lazare Cario (matricule 156978) sont envoyés au sous-camp de Monowitz le 10 octobre, tandis que les femmes et les jeunes filles sont toutes gazées à leur arrivée.

Seul Georges survivra. Le décès d’Aaron, de sa femme et de ses deux filles est fixé, par une décision judiciaire de 1949, au 12 octobre 1943, soit 5 jours après le départ de Drancy. En fait, Georges témoignera qu’il a partagé la captivité de son père jusqu’au 11 janvier 1944. Il n’en aura plus aucune nouvelle après cette date.

Gérard KREBS

Sources :

Service historique Caen
Blog familial «Tranches de survie» d’Hélène ben Attar, épouse Fernandez, février 2022
https://www.tranchedesurvie.org/testemonials/read-simone-calefs-testimony/
photo: blog «Tranches de survie» : Sarah Ben Attar et ses enfants : Georges, Yvette et Mathilde, à la fin des années 1930


[1]  Matricules à Drancy : Aaron 5520, Sarah 5521, Mathilde 5522, Yvette 5523, Georges 5524

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