SAINT-JEAN Maurice

  • 42865 Buchenwald – 6927 Flossenbürg

  • Né le 21 juillet 1900 à Vézénobres (Gard)

  • Décédé à Nîmes le 23 septembre 1996.

Maurice Saint-Jean est le fils de Louis et de Rosine Roux, habitant le village de Vézénobres, une famille modeste d’ouvrier agricole. Passé son certificat d’études Maurice travaille dans les fermes avoisinantes. En octobre 1920, il fait son service militaire à Sousse en Tunisie, une opportunité s’offre à lui, s’occuper de la bibliothèque du cercle des officiers, il passe soldat de 1ère classe, puis caporal. Il s’engage ensuite pour dix ans au 20ème Régiment des tirailleurs à Chaumont, ce qui l’amène à servir dans l’armée d’occupation en Allemagne à Kaiserslautern. Il se marie en 1925 avec Rachel, une « païse », originaire de Ners, ils ont deux filles, Arlette et Jenny née en 1928. Revenu à la vie civile il travaille en 1931 à la Réglisserie de Nozières près de Boucoiran (Gard). Après les évènements de février 1934, le gouvernement renforce la police : en octobre 1935 Maurice Saint-Jean entre dans la Garde mobile et habite Issy-les-Moulineaux avec son épouse. Il est archiviste au ministère de la Guerre en septembre 1939. Lors de l’invasion allemande de la zone nord, il est dans l’équipe chargée de déplacer les archives secrètes du Service de renseignements. Une partie de ces archives cachées dans le parc du château de Lédenon près de Beaucaire sont saisies par la Gestapo en juin 1943. Maurice Saint-Jean est arrêté le mercredi 17 juin 1943 à Ners[1]. Interné à la caserne Montcalm de Nîmes pendant 70 jours, il est ensuite conduit à Vichy, Hôtel du Portugal, où il subit durant 15 jours des interrogatoires musclés, puis il est incarcéré à Clermont-Ferrand dans la caserne du 92ème Régiment d’Infanterie. Le 9 octobre 1943 il est transféré au Fort de Romainville, son numéro d’écrou est 3566. Le 13 janvier 1944 nouveau transfert, Compiègne d’où il part en déportation dans le convoi I.172 du 22 janvier 1944. (De ce convoi seuls 994 hommes sur 2000 reviendront). Arrêt à Trêves pour compter les prisonniers, puis arrivée en gare de Weimar-Buchenwald le 24 janvier. Il reçoit le matricule 42865[2], subit la période de quarantaine et le 24 février 1944, Maurice Saint-Jean est transféré à Flossenbürg, où son matricule est le 6927. Le 5 mars il est affecté au Kommando K13 de Hradischo, situé à 40 kilomètres à l’ouest de Prague, à l’origine un camp de manœuvres pour les troupes SS de la Bohême occupée puis camp de travail. Les déportés sont utilisés pour l’installation de conduites d’eau et de canalisations, puis à partir d’avril 1945 ils construisent des tranchées et des fossés anti-char[3]. Pour toute nourriture, un ersatz de café le matin et une gamelle de soupe par jour. Les colis sont confisqués en grande partie par les SS. Les requis civils tchèques leur apportent lorsqu’ils le peuvent de petits compléments et surtout les informent sur les évènements.
Le 26 avril 1945, le Kommando est évacué à pied jusqu’à la gare de Miechnitz ; les déportés sont chargés dans des wagons à bestiaux avec les évacués de Janovice. Arrêt dans la banlieue de Prague, les Tchéques apportent de la nourriture. Départ vers Prague-Werchonitz le 29. Différents convois de Ravensbrück, de Buchenwald se regroupent sur ce train. Le dimanche 6 mai, le convoi est toujours à l’arrêt. Le départ a lieu le lundi après-midi en direction du sud. Après plusieurs arrêts en rase campagne, nouvel arrêt en gare d’Olbranovice, où l’on dépose les morts. Après 36 heures de stationnement, départ le 8 mai pour l’Autriche mais le convoi est intercepté par l’Armée rouge, les Russes les mettent dans des camions pour Kaplice[4]. Le 16 mai Maurice Saint-Jean embarque dans un train pour Pilzen, il arrive le 18 mai à Wurstbourg, le 19 il atteint Sarrebrück et Audun-le-Roman (Meurthe-et-Moselle). Le 22 mai 1945 il est à Longuyon. Il arrive en gare de Nîmes le 25 mai à 11h.

Un manuscrit de Maurice Saint-Jean sur son parcours de vie a été remis aux Archives départementales du Gard et le quotidien Midi-Libre des 14 juillet 1991 et des 24 et 29 février 1992 a publié son témoignage.

Monique Vézilier


[1] Arolsen, dossier de déporté de Saint-Jean Maurice Doc ID 6993349

[2] Arolsen Doc ID 6993346

[3] https://asso-flossenburg.com/kommando/hradistko-hradischko/

[4] https://asso-flossenburg.com/deporte/saint-jean-maurice/

Sources :

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

SAINT-JEAN Maurice

  • 42865 Buchenwald – 6927 Flossenbürg

  • Né le 21 juillet 1900 à Vézénobres (Gard)

  • Décédé à Nîmes le 23 septembre 1996.

Maurice Saint-Jean est le fils de Louis et de Rosine Roux, habitant le village de Vézénobres, une famille modeste d’ouvrier agricole. Passé son certificat d’études Maurice travaille dans les fermes avoisinantes. En octobre 1920, il fait son service militaire à Sousse en Tunisie, une opportunité s’offre à lui, s’occuper de la bibliothèque du cercle des officiers, il passe soldat de 1ère classe, puis caporal. Il s’engage ensuite pour dix ans au 20ème Régiment des tirailleurs à Chaumont, ce qui l’amène à servir dans l’armée d’occupation en Allemagne à Kaiserslautern. Il se marie en 1925 avec Rachel, une « païse », originaire de Ners, ils ont deux filles, Arlette et Jenny née en 1928. Revenu à la vie civile il travaille en 1931 à la Réglisserie de Nozières près de Boucoiran (Gard). Après les évènements de février 1934, le gouvernement renforce la police : en octobre 1935 Maurice Saint-Jean entre dans la Garde mobile et habite Issy-les-Moulineaux avec son épouse. Il est archiviste au ministère de la Guerre en septembre 1939. Lors de l’invasion allemande de la zone nord, il est dans l’équipe chargée de déplacer les archives secrètes du Service de renseignements. Une partie de ces archives cachées dans le parc du château de Lédenon près de Beaucaire sont saisies par la Gestapo en juin 1943. Maurice Saint-Jean est arrêté le mercredi 17 juin 1943 à Ners[1]. Interné à la caserne Montcalm de Nîmes pendant 70 jours, il est ensuite conduit à Vichy, Hôtel du Portugal, où il subit durant 15 jours des interrogatoires musclés, puis il est incarcéré à Clermont-Ferrand dans la caserne du 92ème Régiment d’Infanterie. Le 9 octobre 1943 il est transféré au Fort de Romainville, son numéro d’écrou est 3566. Le 13 janvier 1944 nouveau transfert, Compiègne d’où il part en déportation dans le convoi I.172 du 22 janvier 1944. (De ce convoi seuls 994 hommes sur 2000 reviendront). Arrêt à Trêves pour compter les prisonniers, puis arrivée en gare de Weimar-Buchenwald le 24 janvier. Il reçoit le matricule 42865[2], subit la période de quarantaine et le 24 février 1944, Maurice Saint-Jean est transféré à Flossenbürg, où son matricule est le 6927. Le 5 mars il est affecté au Kommando K13 de Hradischo, situé à 40 kilomètres à l’ouest de Prague, à l’origine un camp de manœuvres pour les troupes SS de la Bohême occupée puis camp de travail. Les déportés sont utilisés pour l’installation de conduites d’eau et de canalisations, puis à partir d’avril 1945 ils construisent des tranchées et des fossés anti-char[3]. Pour toute nourriture, un ersatz de café le matin et une gamelle de soupe par jour. Les colis sont confisqués en grande partie par les SS. Les requis civils tchèques leur apportent lorsqu’ils le peuvent de petits compléments et surtout les informent sur les évènements.
Le 26 avril 1945, le Kommando est évacué à pied jusqu’à la gare de Miechnitz ; les déportés sont chargés dans des wagons à bestiaux avec les évacués de Janovice. Arrêt dans la banlieue de Prague, les Tchéques apportent de la nourriture. Départ vers Prague-Werchonitz le 29. Différents convois de Ravensbrück, de Buchenwald se regroupent sur ce train. Le dimanche 6 mai, le convoi est toujours à l’arrêt. Le départ a lieu le lundi après-midi en direction du sud. Après plusieurs arrêts en rase campagne, nouvel arrêt en gare d’Olbranovice, où l’on dépose les morts. Après 36 heures de stationnement, départ le 8 mai pour l’Autriche mais le convoi est intercepté par l’Armée rouge, les Russes les mettent dans des camions pour Kaplice[4]. Le 16 mai Maurice Saint-Jean embarque dans un train pour Pilzen, il arrive le 18 mai à Wurstbourg, le 19 il atteint Sarrebrück et Audun-le-Roman (Meurthe-et-Moselle). Le 22 mai 1945 il est à Longuyon. Il arrive en gare de Nîmes le 25 mai à 11h.

Un manuscrit de Maurice Saint-Jean sur son parcours de vie a été remis aux Archives départementales du Gard et le quotidien Midi-Libre des 14 juillet 1991 et des 24 et 29 février 1992 a publié son témoignage.

Monique Vézilier


[1] Arolsen, dossier de déporté de Saint-Jean Maurice Doc ID 6993349

[2] Arolsen Doc ID 6993346

[3] https://asso-flossenburg.com/kommando/hradistko-hradischko/

[4] https://asso-flossenburg.com/deporte/saint-jean-maurice/

Sources :

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.