RECHERCHEZ
Fils de Jacob Perelmuter et de Chava Blum, juifs polonais, Nuta naît le 29 août 1900 au sein de l’importante communauté juive de Novy Dvov[1] en Pologne. A l’instar de milliers de jeunes juifs poussés par les nécessités économiques et par l’antisémitisme qui sévit en Pologne, Nuta Perelmuter émigre en France en 1926 avec son épouse Zelda Turkiewiez, juive originaire de la ville de Pinsk[2]. Le couple s’installe à Paris où Nuta exercera la profession de radio-électricien. Trois ans après leur arrivée en France, vient au monde le 2 avril 1929 leur fille Lucie. En 1936 le couple réside dans le 18ème arrondissement de Paris, quartier des Grandes Carrières, et en 1939 rue Jean Jaurès à Maisons-Alfort. Le 1e septembre 1939 Hitler attaque la Pologne et déclenche ainsi la seconde guerre mondiale. Par solidarité avec leur nation d’origine et leur patrie d’adoption et parce qu’ils savent que la guerre de Hitler est aussi une guerre contre les juifs, de nombreux immigrés juifs n’hésitent pas à s’engager comme volontaires dans la Légion étrangère[3]. Nuta est de ceux-là. Il se rend au Bureau de recrutement central de la Seine qui l’affecte au 1e Régiment Etranger avec pour matricule 9207[4]. Il fait ainsi partie des 25 000[5] juifs étrangers qui, au sein de l’armée française, vont faire face à l’offensive allemande. Il est démobilisé le 25 juin 1940, jour d’entrée en vigueur de l’armistice signé le 22 juin. En octobre 1940[6], le couple Perelmuter décide de quitter Maisons-Alfort pour se réfugier à Nîmes où Nuta occupera un emploi de conducteur de tracteur. Quand la loi du 2 juin 1941 ordonne aux juifs de se faire recenser auprès de la préfecture de leur département de résidence, Nuta et Zelda décident d’y contrevenir. Seule leur fille Lucie est recensée sans autres renseignements que le jour et le lieu de sa naissance sans toutefois préciser l’année. Mais l’année suivante, en vertu de la loi du 11 décembre 1942, ils se font déposer la mention « juif » sur leur carte d’identité et une fiche est établie à leur nom. Ils sont alors enregistrés comme réfugiés russes[7] de confession juive. Le 9 mars 1943, Nuta est arrêté à son domicile par la Gestapo, en raison de ses opinions gaullistes[8] et parce qu’il est juif. Il est transféré au centre de regroupement des israélites à Drancy le 3 avril 1943 qu’il quitte au petit matin du 23 juin 1943 par le convoi n°55[9] pour le camp d’extermination d’Auschwitz. Après un voyage de trois jours dans des conditions inhumaines, entassés à cent par wagon, Nuta arrive à Auschwitz le 25 juin. Avec 382 autres hommes Il est sélectionné pour des travaux forcés et reçoit un numéro compris entre 125858 et 126240[10]. Réduit à l’état d’esclave, victime de l’extermination par le travail, il décède le 31 juillet 1943, cinq semaines après son arrivée. Son épouse et sa fille échapperont à la déportation et retrouveront leur domicile à Maisons-Alfort après la guerre[11]. En 1955 Nuta Perelmuter obtient à titre posthume le statut de déporté politique mais ne sera pas reconnu comme ayant appartenu à la Résistance Intérieure Française malgré les démarches entreprises par sa veuve en 1949.
Eric BERNARD
[1] Ville située à 37 kilomètres au nord-ouest de Varsovie. Sous contrôle russe tout au long du 19e siècle.
[2] Ville polonaise où en 1897 les juifs représentaient 74 % des habitants. A la suite de l’invasion soviétique de la Pologne en 1939, elle a été annexée à la République soviétique socialiste de la Biélorussie.
[3] Créée sous Napoléon III pour les étrangers volontaires.
[4] Seule une partie des engagés volontaires vont effectivement être incorporés tout au long de l’hiver 1939 et du printemps 1940, en fonction des besoins, des ressources en équipement et en structures d’accueil souvent défaillantes. Sur 83 000 demandes, 43 000 étrangers vont être incorporés dont 25 000 Juifs.
[5] D’après le cercle d’étude de la déportation et de la shoah.
[6] Probablement en raison des premières ordonnances allemandes prises en zone occupée en septembre et octobre 1940. Ordonnances organisant dans un premier temps le recensement des juifs et le marquage des magasins juifs, et dans un second temps l’aryanisation des entreprises juives.
[7] Suite à l’annexion de certains territoires polonais par l’URSS en 1939.
[8] Aucun élément dans ses dossiers de Caen et de Vincennes ne vient étayer l’hypothèse d’une activité au sein de la Résistance, qu’elle soit passive ou armée.
[9] Convoi de 1200 juifs français et étrangers dont un certain nombre arrivent d’Avignon et de Nîmes suite aux rafles de la police allemande du 19 avril 1943 opérées dans ces deux villes. 44 hommes et 42 femmes de ce convoi rentreront de déportation.
[10] Voir site internet de Yad Vashem.
[11] Elles émigreront dans les années 50 aux Etats-Unis, plus précisément à Los Angeles.
Sources :
- Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains, site de Caen. Dossier de Nuta Perelmuter, AC 21P 524084
- Service historique de la Défense, site de Vincennes Dossier de Nuta Perelmuter, GR 16P 466066
- Mémorial de la Shoah : https://www.memorialdelashoah.org/7-juin-1940.html (dernière consultation le 11 octobre 2024).
- Site internet de Mémoire des hommes : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (dernière consultation le 11 octobre 2024).
- Archives départementales du Gard : fiches individuelles de recensement juif, cote 1 W 139
- Site internet de Yad Vashem :https://www.yadvashem.org/fr/recherche/convois-de-france.html (dernière consultation le 11 octobre 2024).
- Site internet de généalogie MyHeritage
- Site internet de généalogie Filaé
- Site internet du cercle d’étude de la déportation et de la shoah : https://www.cercleshoah.org/spip.php?article424&lang=fr (dernière consultation le 11 octobre 2024).
RECHERCHEZ
Fils de Jacob Perelmuter et de Chava Blum, juifs polonais, Nuta naît le 29 août 1900 au sein de l’importante communauté juive de Novy Dvov[1] en Pologne. A l’instar de milliers de jeunes juifs poussés par les nécessités économiques et par l’antisémitisme qui sévit en Pologne, Nuta Perelmuter émigre en France en 1926 avec son épouse Zelda Turkiewiez, juive originaire de la ville de Pinsk[2]. Le couple s’installe à Paris où Nuta exercera la profession de radio-électricien. Trois ans après leur arrivée en France, vient au monde le 2 avril 1929 leur fille Lucie. En 1936 le couple réside dans le 18ème arrondissement de Paris, quartier des Grandes Carrières, et en 1939 rue Jean Jaurès à Maisons-Alfort. Le 1e septembre 1939 Hitler attaque la Pologne et déclenche ainsi la seconde guerre mondiale. Par solidarité avec leur nation d’origine et leur patrie d’adoption et parce qu’ils savent que la guerre de Hitler est aussi une guerre contre les juifs, de nombreux immigrés juifs n’hésitent pas à s’engager comme volontaires dans la Légion étrangère[3]. Nuta est de ceux-là. Il se rend au Bureau de recrutement central de la Seine qui l’affecte au 1e Régiment Etranger avec pour matricule 9207[4]. Il fait ainsi partie des 25 000[5] juifs étrangers qui, au sein de l’armée française, vont faire face à l’offensive allemande. Il est démobilisé le 25 juin 1940, jour d’entrée en vigueur de l’armistice signé le 22 juin. En octobre 1940[6], le couple Perelmuter décide de quitter Maisons-Alfort pour se réfugier à Nîmes où Nuta occupera un emploi de conducteur de tracteur. Quand la loi du 2 juin 1941 ordonne aux juifs de se faire recenser auprès de la préfecture de leur département de résidence, Nuta et Zelda décident d’y contrevenir. Seule leur fille Lucie est recensée sans autres renseignements que le jour et le lieu de sa naissance sans toutefois préciser l’année. Mais l’année suivante, en vertu de la loi du 11 décembre 1942, ils se font déposer la mention « juif » sur leur carte d’identité et une fiche est établie à leur nom. Ils sont alors enregistrés comme réfugiés russes[7] de confession juive. Le 9 mars 1943, Nuta est arrêté à son domicile par la Gestapo, en raison de ses opinions gaullistes[8] et parce qu’il est juif. Il est transféré au centre de regroupement des israélites à Drancy le 3 avril 1943 qu’il quitte au petit matin du 23 juin 1943 par le convoi n°55[9] pour le camp d’extermination d’Auschwitz. Après un voyage de trois jours dans des conditions inhumaines, entassés à cent par wagon, Nuta arrive à Auschwitz le 25 juin. Avec 382 autres hommes Il est sélectionné pour des travaux forcés et reçoit un numéro compris entre 125858 et 126240[10]. Réduit à l’état d’esclave, victime de l’extermination par le travail, il décède le 31 juillet 1943, cinq semaines après son arrivée. Son épouse et sa fille échapperont à la déportation et retrouveront leur domicile à Maisons-Alfort après la guerre[11]. En 1955 Nuta Perelmuter obtient à titre posthume le statut de déporté politique mais ne sera pas reconnu comme ayant appartenu à la Résistance Intérieure Française malgré les démarches entreprises par sa veuve en 1949.
Eric BERNARD
[1] Ville située à 37 kilomètres au nord-ouest de Varsovie. Sous contrôle russe tout au long du 19e siècle.
[2] Ville polonaise où en 1897 les juifs représentaient 74 % des habitants. A la suite de l’invasion soviétique de la Pologne en 1939, elle a été annexée à la République soviétique socialiste de la Biélorussie.
[3] Créée sous Napoléon III pour les étrangers volontaires.
[4] Seule une partie des engagés volontaires vont effectivement être incorporés tout au long de l’hiver 1939 et du printemps 1940, en fonction des besoins, des ressources en équipement et en structures d’accueil souvent défaillantes. Sur 83 000 demandes, 43 000 étrangers vont être incorporés dont 25 000 Juifs.
[5] D’après le cercle d’étude de la déportation et de la shoah.
[6] Probablement en raison des premières ordonnances allemandes prises en zone occupée en septembre et octobre 1940. Ordonnances organisant dans un premier temps le recensement des juifs et le marquage des magasins juifs, et dans un second temps l’aryanisation des entreprises juives.
[7] Suite à l’annexion de certains territoires polonais par l’URSS en 1939.
[8] Aucun élément dans ses dossiers de Caen et de Vincennes ne vient étayer l’hypothèse d’une activité au sein de la Résistance, qu’elle soit passive ou armée.
[9] Convoi de 1200 juifs français et étrangers dont un certain nombre arrivent d’Avignon et de Nîmes suite aux rafles de la police allemande du 19 avril 1943 opérées dans ces deux villes. 44 hommes et 42 femmes de ce convoi rentreront de déportation.
[10] Voir site internet de Yad Vashem.
[11] Elles émigreront dans les années 50 aux Etats-Unis, plus précisément à Los Angeles.
Sources :
- Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains, site de Caen. Dossier de Nuta Perelmuter, AC 21P 524084
- Service historique de la Défense, site de Vincennes Dossier de Nuta Perelmuter, GR 16P 466066
- Mémorial de la Shoah : https://www.memorialdelashoah.org/7-juin-1940.html (dernière consultation le 11 octobre 2024).
- Site internet de Mémoire des hommes : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (dernière consultation le 11 octobre 2024).
- Archives départementales du Gard : fiches individuelles de recensement juif, cote 1 W 139
- Site internet de Yad Vashem :https://www.yadvashem.org/fr/recherche/convois-de-france.html (dernière consultation le 11 octobre 2024).
- Site internet de généalogie MyHeritage
- Site internet de généalogie Filaé
- Site internet du cercle d’étude de la déportation et de la shoah : https://www.cercleshoah.org/spip.php?article424&lang=fr (dernière consultation le 11 octobre 2024).