RECHERCHEZ
Diamante Strugano est de nationalité grecque. Son père se prénomme Salomon et sa mère est née Deffica, Élise de son prénom. Mariée à Emmanuel Perahia, elle a quatre enfants nés à Salonique : Albert le 5 mai 1921, Daniel le 30 avril 1925, Élie en 1928, Salomon en 1929. Ils arrivent à Marseille en 1931, après d’importantes manifestations opposant juifs et grecs. Dans la cité phocéenne, naissent David, en 1932 et Joseph en 1934. L’installation à Nîmes a lieu en 1937, l’aîné a 16 ans, le plus jeune 3 ans. Emmanuel est marchand ambulant près des Halles, la famille loge près de St Charles, 38 rue Robert. Diamante s’occupe de la maison et des six garçons. Le quartier est populaire, offre des possibilités de commercer et les enfants sont tout de suite scolarisés ; leurs amis sont espagnols, italiens, français. Albert et Daniel sont embauchés comme maçons ou manœuvres. Si les Perahia rencontrent d’autres juifs à la synagogue -car Diamante respecte les fêtes – ils ne fréquentent pas spécialement la communauté juive. La vie reste difficile, mais paisible ; ce ne sont pas des nantis. Ils sortent peu, ne lisent pas le français, savent ce qui se passe plutôt par ouï-dire. Pourtant, dès 1940, le fichier où sont recensées les personnes juives se constitue. Et en 1941, l’afflux de réfugiés venant d’Allemagne ou Pologne inquiète, mais on se mélange peu aux arrivants. Des réseaux d’entraide se mettent en place puisqu’en 1942, Salomon intègre une colonie d’Éclaireurs Israélites au Grau-du Roi, il n’y reste pas « se languissant de la famille ». En mars 1943, première alerte pour la famille, la police française est en bas de l’immeuble, personne ne bouge, l’événement reste sans suite, aucune disposition n’est prise, personne autour d’eux ne les alerte, ni ne les dénonce. Les enfants ne portent pas l’étoile jaune. En 1944 on se rend compte, rapporte Salomon, qu’il y a de plus en plus de privations et d’arrestations, puis les choses se précipitent : Albert et Daniel sont convoqués par le STO. On constate alors qu’ils sont juifs, leur père aussi est arrêté. Diamante, fait des démarches pour protéger ses enfants : avec Salomon, comme interprète, elle se rend rue de la Violette au Secours National. L’assistante sociale (sans doute Madeleine Barot) qui la reçoit leur enjoint de partir et change le nom des enfants sur les bons de transport qu’elle leur donne. Diamante refusant de quitter Nîmes, l’assistante sociale accompagne elle-même les trois plus jeunes en Ardèche à Alboussière, dans un centre de réfugiés pour Espagnols, géré par Vichy, où ils seront protégés jusqu’à la fin de la guerre sous le nom de Pera. Élie, âgé de 16 ans, se cachera et travaillera dans une famille de Caveirac jusqu’à la libération de Nîmes où les trois frères se retrouveront. Diamante est âgée de 54 ans quand elle est arrêtée le 25 mai 1944, sur dénonciation, chez des amis où elle a trouvé refuge rue des Marchands, peu avant les bombardements alliés sur Nîmes. Le convoi qui l’emmène le 30 juin 1944 porte le n°76, c’est l’avant-dernier convoi à partir de Drancy (matricule 23938), pour Auschwitz. Elle a probablement été gazée en arrivant au camp.
Son décès a été fixé administrativement au 5 juillet 1944.
Marie Balta
Sources :
Archives de Caen.
Témoignage de Salomon Perahia in Nuestros dezaparecidos . Les judéos-espagnols pendant la seconde guerre mondiale, Xavier Rothéa,
Site de Yad Vashem.
Convoi 76, Wikipedia.
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Diamante Strugano est de nationalité grecque. Son père se prénomme Salomon et sa mère est née Deffica, Élise de son prénom. Mariée à Emmanuel Perahia, elle a quatre enfants nés à Salonique : Albert le 5 mai 1921, Daniel le 30 avril 1925, Élie en 1928, Salomon en 1929. Ils arrivent à Marseille en 1931, après d’importantes manifestations opposant juifs et grecs. Dans la cité phocéenne, naissent David, en 1932 et Joseph en 1934. L’installation à Nîmes a lieu en 1937, l’aîné a 16 ans, le plus jeune 3 ans. Emmanuel est marchand ambulant près des Halles, la famille loge près de St Charles, 38 rue Robert. Diamante s’occupe de la maison et des six garçons. Le quartier est populaire, offre des possibilités de commercer et les enfants sont tout de suite scolarisés ; leurs amis sont espagnols, italiens, français. Albert et Daniel sont embauchés comme maçons ou manœuvres. Si les Perahia rencontrent d’autres juifs à la synagogue -car Diamante respecte les fêtes – ils ne fréquentent pas spécialement la communauté juive. La vie reste difficile, mais paisible ; ce ne sont pas des nantis. Ils sortent peu, ne lisent pas le français, savent ce qui se passe plutôt par ouï-dire. Pourtant, dès 1940, le fichier où sont recensées les personnes juives se constitue. Et en 1941, l’afflux de réfugiés venant d’Allemagne ou Pologne inquiète, mais on se mélange peu aux arrivants. Des réseaux d’entraide se mettent en place puisqu’en 1942, Salomon intègre une colonie d’Éclaireurs Israélites au Grau-du Roi, il n’y reste pas « se languissant de la famille ». En mars 1943, première alerte pour la famille, la police française est en bas de l’immeuble, personne ne bouge, l’événement reste sans suite, aucune disposition n’est prise, personne autour d’eux ne les alerte, ni ne les dénonce. Les enfants ne portent pas l’étoile jaune. En 1944 on se rend compte, rapporte Salomon, qu’il y a de plus en plus de privations et d’arrestations, puis les choses se précipitent : Albert et Daniel sont convoqués par le STO. On constate alors qu’ils sont juifs, leur père aussi est arrêté. Diamante, fait des démarches pour protéger ses enfants : avec Salomon, comme interprète, elle se rend rue de la Violette au Secours National. L’assistante sociale (sans doute Madeleine Barot) qui la reçoit leur enjoint de partir et change le nom des enfants sur les bons de transport qu’elle leur donne. Diamante refusant de quitter Nîmes, l’assistante sociale accompagne elle-même les trois plus jeunes en Ardèche à Alboussière, dans un centre de réfugiés pour Espagnols, géré par Vichy, où ils seront protégés jusqu’à la fin de la guerre sous le nom de Pera. Élie, âgé de 16 ans, se cachera et travaillera dans une famille de Caveirac jusqu’à la libération de Nîmes où les trois frères se retrouveront. Diamante est âgée de 54 ans quand elle est arrêtée le 25 mai 1944, sur dénonciation, chez des amis où elle a trouvé refuge rue des Marchands, peu avant les bombardements alliés sur Nîmes. Le convoi qui l’emmène le 30 juin 1944 porte le n°76, c’est l’avant-dernier convoi à partir de Drancy (matricule 23938), pour Auschwitz. Elle a probablement été gazée en arrivant au camp.
Son décès a été fixé administrativement au 5 juillet 1944.
Marie Balta
Sources :
Archives de Caen.
Témoignage de Salomon Perahia in Nuestros dezaparecidos . Les judéos-espagnols pendant la seconde guerre mondiale, Xavier Rothéa,
Site de Yad Vashem.
Convoi 76, Wikipedia.