RECHERCHEZ
Georges, Jacques Pasini est le fils de Jean Pasini, d’origine italienne né en Avignon, camionneur après avoir été boulanger. Sa mère Joséphine Pascal, native de la Lozère est couturière. Lors de la naissance de Georges, le couple a déjà une fille Jeanne., née à Nîmes le 26 février 1921. Entre 1926 et 1931, la famille Pasini quitte Nîmes pour s’installer à Villeneuve-lès-Avignon. Durant la seconde guerre mondiale, Georges réside à Marseille où il exerce la profession de mécanicien monteur en cycles. Appartenant à la classe 1942, il n’échappe pas à la loi du 16 février 1943 relative au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) institué par le gouvernement de Vichy[1]. Le 13 mars 1943 il part de Marseille pour l’Allemagne où il rejoint d’abord la ville de Ludwigshafen en Rhénanie-Palatinat et quinze jours plus tard le district de Sorau-Lausitz[2]. Il fait ainsi partie des 600 000 français qui auront été réquisitionnés de force durant l’Occupation. Georges Pasini est affecté au transport de carlingues d’avion arrivant en gare jusqu’aux chaines de montage chargées de les équiper[3]. Loin de connaître des « conditions de vie confortables», il est probable qu’à l’instar de la très grande majorité des déportés du travail, Georges Pasini et ses compagnons ont vécu dans des conditions de logement et d’hygiène plus que rudimentaires, avec une nourriture réduite au strict minimum, des salaires bien inférieurs à ceux des ouvriers allemands pour des horaires de travail allant de 60 à 72 heures hebdomadaires voire plus. A cela il convient d’ajouter l’épreuve des bombardements et la suppression des permissions au cours de l’année 1943[4]. Auprès de ses camarades de chambrée, séparés pour de longs mois de leur famille, il « fait preuve du meilleur esprit de camaraderie et de solidarité[5] » et contribue ainsi à leur soutien moral. Sur dénonciation, Georges Pasini et plusieurs de ses compagnons de chambrée sont arrêtés le 26 janvier 1945 par la Gestapo et conduits immédiatement à la prison de Cottbus[6]. Le groupe est accusé d’appartenance à un groupe de résistance, d’actes de sabotage, d’audition de radio étrangère, de propagation de nouvelles antiallemandes et de réunions clandestines[7]. Interrogés et torturés à plusieurs reprises par la Gestapo de Sorau, les membres du groupe reconnaissent qu’ils ont « plus ou moins » participé à des actions indirectes tendant à ralentir la production allemande par la destruction de matériel et d’outillage[8]. Affecté au service du transport et non pas à la production, Georges Pasini admet avoir souvent retardé l’arrivée des carlingues sur les chaînes de montage de manière à en ralentir l’équipement et freiner ainsi la sortie des avions prêts au combat. Le 25 février 1945, Georges Pasini est transféré au camp de Mauthausen[9] où il reçoit le matricule 133540. Il fera partie des 7834[10] travailleurs français requis en Allemagne arrêtés à la suite d’actes de résistance et transférés en camp de concentration. Le 25 mars 1945 Georges Pasini est affecté au kommando de Wels[11] et en avril au kommando d’Ebensee[12] où sont entassés dans des conditions épouvantables plus de 16 000 déportés. Avec ses camarades de déportation il vient ainsi alimenter en main-d’œuvre le camp de concentration de Mauthausen et ses kommandos qui travaillent à plein régime pour l’économie de guerre. Ce n’est que le 6 mai 1945 que Georges Pasini est libéré par l’armée américaine, soit deux jours seulement avant la capitulation de l’Allemagne. Mais le camp est mis en quarantaine par les autorités alliées et les déportés devront encore attendre pendant quelques semaines leur rapatriement. Atteint de la tuberculose pulmonaire, Georges Pasini doit être soigné avant de rentrer en France. Du 5 au 12 juin 1945, il fait un bref séjour sur l’île de Reichenau[13] où la Première armée française prend en charge dans des centres hospitaliers des déportés venus de différents camps dont Mauthausen. Probablement après avoir séjourné dans un sanatorium après son passage sur l’île de Reichenau, il est dirigé par train à travers la Suisse vers le centre de rapatriement de Mulhouse où il arrive le 3 juillet 1945. De retour à Marseille il retrouve les siens et tente de reprendre une vie normale. Après plus de deux ans d’absence, il doit se réinsérer dans une France libérée depuis presque onze mois et retrouver tout ce qui constituait son quotidien. Il reprend son activité de mécanicien monteur en cycle et épouse à Marseille le 15 mars 1952 Angèle Degoutes. En 1955, sa demande de titre de déporté résistant lui est refusée mais il se voit attribuer le titre de déporté politique.
Georges Pasini décède le 21 février 2006 à La Seyne-sur-Mer où il résidait.
Eric BERNARD
[1] Loi qui permet d’astreindre les classes d’âge, nées en 1920-21-22, au travail forcé en Allemagne pour une durée de 2 ans. Présenté par Vichy comme l’équivalent d’un service militaire il s’agit dans les faits d’une véritable déportation des forces vives de la jeunesse française. Vichy montrera beaucoup de zèle à répondre à la demande allemande.
[2] Ancien comté de Prusse, situé dans la province de Brandebourg, appartenait au troisième Reich jusqu’en 1945. Aujourd’hui une grande partie de ce district est polonaise (district de Zary).
[3] Attestations du 20 décembre 1951 d’Edmond Berteyac et Pascal Ispirato, camarades de chambrée de Georges Pasini.
[4] Association pour la mémoire de la déportation du travail : https://www.requis-deportes-sto.fr/index.php/histoire/19431945/conditions-de-vie
[5] Témoignage de Pascal Ispirato.
[6] Ville située dans l’Etat de Brandebourg, au nord de Dresde.
[7] Actes de résistance civile le plus souvent évoqués dans les archives des camps et les archives policières et judiciaires allemandes, et les archives de la main-d’œuvre française en Allemagne.
[8]Attestations du 20 décembre 1951 d’Edmond Berteyac et Pascal Ispirato.
[9] On dénombrera à Mauthausen 253 travailleurs français, 93 sont décédés, 6 portés disparus. Parmi les 111 Requis et STO de moins de 25 ans 51 sont décédés.
[10] Nombre avancé par le Livre Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation en 2008.
[11] Kommando extérieur de Mauthausen chargé de la construction d’entrepôts, du déblaiement après bombardement et comprenant une usine d’armement.
[12] L’un des pires Kommandos de Mauthausen, composé d’usines souterraines destinées à produire de l’essence synthétique et des armes secrètes (projet « Zement »).
[13] L’une des îles du lac de Constance en Allemagne.
Sources :
- Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Dossier individuel de Georges Jacques Pasini, AC 21P 655789.
- Archives départementales du Gard, cote 5 E 8581, registre des naissances, Nîmes année 1922.
- Archives départementales du Gard, cote 5 E 8659, registre des mariages, Nîmes année 1921.
- Archives départementales du Gard, cote 6 M 388, listes nominatives de recensement de la population, Villeneuve-Lès-Avignon année 1931.
- Service de l’état civil de la Mairie de la Seyne-sur-Mer
- Association pour la mémoire de la déportation du travail : https://www.requis-deportes-sto.fr/ (dernière consultation le 29 avril 2024)
- Amicale des déportés, familles et amis de Mauthausen : https://monument-mauthausen.org/133540.html (dernière consultation le 29 avril 2024).
- Site internet de généalogie MyHeritage : https://www.myheritage.fr (dernière consultation le 29 avril 2024).
RECHERCHEZ
Georges, Jacques Pasini est le fils de Jean Pasini, d’origine italienne né en Avignon, camionneur après avoir été boulanger. Sa mère Joséphine Pascal, native de la Lozère est couturière. Lors de la naissance de Georges, le couple a déjà une fille Jeanne., née à Nîmes le 26 février 1921. Entre 1926 et 1931, la famille Pasini quitte Nîmes pour s’installer à Villeneuve-lès-Avignon. Durant la seconde guerre mondiale, Georges réside à Marseille où il exerce la profession de mécanicien monteur en cycles. Appartenant à la classe 1942, il n’échappe pas à la loi du 16 février 1943 relative au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) institué par le gouvernement de Vichy[1]. Le 13 mars 1943 il part de Marseille pour l’Allemagne où il rejoint d’abord la ville de Ludwigshafen en Rhénanie-Palatinat et quinze jours plus tard le district de Sorau-Lausitz[2]. Il fait ainsi partie des 600 000 français qui auront été réquisitionnés de force durant l’Occupation. Georges Pasini est affecté au transport de carlingues d’avion arrivant en gare jusqu’aux chaines de montage chargées de les équiper[3]. Loin de connaître des « conditions de vie confortables», il est probable qu’à l’instar de la très grande majorité des déportés du travail, Georges Pasini et ses compagnons ont vécu dans des conditions de logement et d’hygiène plus que rudimentaires, avec une nourriture réduite au strict minimum, des salaires bien inférieurs à ceux des ouvriers allemands pour des horaires de travail allant de 60 à 72 heures hebdomadaires voire plus. A cela il convient d’ajouter l’épreuve des bombardements et la suppression des permissions au cours de l’année 1943[4]. Auprès de ses camarades de chambrée, séparés pour de longs mois de leur famille, il « fait preuve du meilleur esprit de camaraderie et de solidarité[5] » et contribue ainsi à leur soutien moral. Sur dénonciation, Georges Pasini et plusieurs de ses compagnons de chambrée sont arrêtés le 26 janvier 1945 par la Gestapo et conduits immédiatement à la prison de Cottbus[6]. Le groupe est accusé d’appartenance à un groupe de résistance, d’actes de sabotage, d’audition de radio étrangère, de propagation de nouvelles antiallemandes et de réunions clandestines[7]. Interrogés et torturés à plusieurs reprises par la Gestapo de Sorau, les membres du groupe reconnaissent qu’ils ont « plus ou moins » participé à des actions indirectes tendant à ralentir la production allemande par la destruction de matériel et d’outillage[8]. Affecté au service du transport et non pas à la production, Georges Pasini admet avoir souvent retardé l’arrivée des carlingues sur les chaînes de montage de manière à en ralentir l’équipement et freiner ainsi la sortie des avions prêts au combat. Le 25 février 1945, Georges Pasini est transféré au camp de Mauthausen[9] où il reçoit le matricule 133540. Il fera partie des 7834[10] travailleurs français requis en Allemagne arrêtés à la suite d’actes de résistance et transférés en camp de concentration. Le 25 mars 1945 Georges Pasini est affecté au kommando de Wels[11] et en avril au kommando d’Ebensee[12] où sont entassés dans des conditions épouvantables plus de 16 000 déportés. Avec ses camarades de déportation il vient ainsi alimenter en main-d’œuvre le camp de concentration de Mauthausen et ses kommandos qui travaillent à plein régime pour l’économie de guerre. Ce n’est que le 6 mai 1945 que Georges Pasini est libéré par l’armée américaine, soit deux jours seulement avant la capitulation de l’Allemagne. Mais le camp est mis en quarantaine par les autorités alliées et les déportés devront encore attendre pendant quelques semaines leur rapatriement. Atteint de la tuberculose pulmonaire, Georges Pasini doit être soigné avant de rentrer en France. Du 5 au 12 juin 1945, il fait un bref séjour sur l’île de Reichenau[13] où la Première armée française prend en charge dans des centres hospitaliers des déportés venus de différents camps dont Mauthausen. Probablement après avoir séjourné dans un sanatorium après son passage sur l’île de Reichenau, il est dirigé par train à travers la Suisse vers le centre de rapatriement de Mulhouse où il arrive le 3 juillet 1945. De retour à Marseille il retrouve les siens et tente de reprendre une vie normale. Après plus de deux ans d’absence, il doit se réinsérer dans une France libérée depuis presque onze mois et retrouver tout ce qui constituait son quotidien. Il reprend son activité de mécanicien monteur en cycle et épouse à Marseille le 15 mars 1952 Angèle Degoutes. En 1955, sa demande de titre de déporté résistant lui est refusée mais il se voit attribuer le titre de déporté politique.
Georges Pasini décède le 21 février 2006 à La Seyne-sur-Mer où il résidait.
Eric BERNARD
[1] Loi qui permet d’astreindre les classes d’âge, nées en 1920-21-22, au travail forcé en Allemagne pour une durée de 2 ans. Présenté par Vichy comme l’équivalent d’un service militaire il s’agit dans les faits d’une véritable déportation des forces vives de la jeunesse française. Vichy montrera beaucoup de zèle à répondre à la demande allemande.
[2] Ancien comté de Prusse, situé dans la province de Brandebourg, appartenait au troisième Reich jusqu’en 1945. Aujourd’hui une grande partie de ce district est polonaise (district de Zary).
[3] Attestations du 20 décembre 1951 d’Edmond Berteyac et Pascal Ispirato, camarades de chambrée de Georges Pasini.
[4] Association pour la mémoire de la déportation du travail : https://www.requis-deportes-sto.fr/index.php/histoire/19431945/conditions-de-vie
[5] Témoignage de Pascal Ispirato.
[6] Ville située dans l’Etat de Brandebourg, au nord de Dresde.
[7] Actes de résistance civile le plus souvent évoqués dans les archives des camps et les archives policières et judiciaires allemandes, et les archives de la main-d’œuvre française en Allemagne.
[8]Attestations du 20 décembre 1951 d’Edmond Berteyac et Pascal Ispirato.
[9] On dénombrera à Mauthausen 253 travailleurs français, 93 sont décédés, 6 portés disparus. Parmi les 111 Requis et STO de moins de 25 ans 51 sont décédés.
[10] Nombre avancé par le Livre Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation en 2008.
[11] Kommando extérieur de Mauthausen chargé de la construction d’entrepôts, du déblaiement après bombardement et comprenant une usine d’armement.
[12] L’un des pires Kommandos de Mauthausen, composé d’usines souterraines destinées à produire de l’essence synthétique et des armes secrètes (projet « Zement »).
[13] L’une des îles du lac de Constance en Allemagne.
Sources :
- Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Dossier individuel de Georges Jacques Pasini, AC 21P 655789.
- Archives départementales du Gard, cote 5 E 8581, registre des naissances, Nîmes année 1922.
- Archives départementales du Gard, cote 5 E 8659, registre des mariages, Nîmes année 1921.
- Archives départementales du Gard, cote 6 M 388, listes nominatives de recensement de la population, Villeneuve-Lès-Avignon année 1931.
- Service de l’état civil de la Mairie de la Seyne-sur-Mer
- Association pour la mémoire de la déportation du travail : https://www.requis-deportes-sto.fr/ (dernière consultation le 29 avril 2024)
- Amicale des déportés, familles et amis de Mauthausen : https://monument-mauthausen.org/133540.html (dernière consultation le 29 avril 2024).
- Site internet de généalogie MyHeritage : https://www.myheritage.fr (dernière consultation le 29 avril 2024).