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Lorsque Mathilde, Fortunée, Mazaltob voit le jour, le 4 avril 1910, ses parents : Isaac Chuchana, commerçant, et Esther née Seboni, habitent à Nîmes 30 rue Nationale. L’année suivante la famille s’installe à Marseille, où naît un garçon, Henri. En 1912, elle revient à Nîmes pour deux ans, avant de retourner à Marseille où naissent Charles en 1917 puis Anna (Annette) en 1922. Elle s’établit de nouveau à Nîmes en 1925, à la « maison Beneta », chemin de Calvas.
On connaît peu de choses de la jeunesse de Mathilde, sauf un curieux accident qui lui arrive quand elle a 20 ans. Le samedi 18 mai 1930, elle assiste à un mariage à la synagogue de la rue Roussy, à Nîmes, quand un plancher situé à trois mètres de hauteur s’écroule, l’entraînant ainsi que deux autres personnes. Heureusement elle s’en sort avec des blessures superficielles.
Mathilde, de nationalité française, se marie le 6 août 1936 à Marcos Ovadia. Celui-ci, né à Salonique le 4 mai 1906 est grec, fils de Mausson Ovadia et de Flore Sémantova son épouse. Mathilde et son mari, voyageur de commerce, résident quelques temps à Ax-Les-Thermes (Ariège), avant de s’installer dans le Var à Toulon, à partir de septembre 1940. Ils habitent successivement au 8 quai du Parti, puis au 30 Boulevard Duployé et enfin au 7 avenue Nobel. Le 21 octobre 1942, ils ont une petite fille : Claudie (Nelly).
Lorsque les Allemands envahissent la zone libre, le couple Ovadia se réfugie dans l’arrière-pays, à Tourtour (Var), avec le frère de Marcos, Albert et la jeune sœur de Mathilde, Annette. Marcos continue de travailler, se déplaçant souvent pour ses affaires. Il est malheureusement repéré et dénoncé par deux françaises : l’une travaillant pour la Gestapo et l’autre étant son indicatrice.
Lors du procès de cette dernière (1), à la Libération, voici le témoignage de sa responsable :
«… Etant allée voir un jour Mme Viessens à Aups et ne l’ayant pas trouvée, je l’ai attendue au café. Là se trouvait un individu que j’ai identifié comme étant juif. J’ai engagé la conversation avec lui ; il m’a dit qu’il vendait des étoffes. Peu après Mme Viessens est arrivée. Nous avons bu. Puis en sortant je lui ai dit en faisant allusion à cet individu qu’il s’agissait certainement d’un juif et que les juifs nous intéressaient également. Elle dit qu’elle ignorait que nous nous intéressions aussi aux juifs.
Je l’ai chargée d’avoir des renseignements. Un mois environ après, j’ai reçu un télégramme d’Aups expédié par elle et dans lequel elle me disait que le poupon était arrivé. […] Le lendemain dimanche Christophsen est monté à Aups et a arrêté le juif à l’hôtel d’Aiguines, selon les renseignements que Mme Viessens avait fournis à mon ami à son passage à Aups. Le reste de la famille a été appréhendé à Tourtour. En tout 5 personnes. »
L’arrestation a eu lieu le 29 janvier 1944. Toute la famille est d’abord internée à la prison des Beaumettes de Marseille puis à Drancy le 11 mars 1944. Mathilde reçoit le matricule N° 16667. Les autres membres de la famille reçoivent les matricules : 16666 pour Marcos Ovadia, 16668 pour Claudie Ovadia, 16669 pour Albert Ovadia . Tous les quatre sont déportés dans le même convoi N° 70 du 27 mars 1944 à destination d’Auschwitz. Il est très probable qu’ils sont gazés dès leur arrivée au camp. Après-guerre, La date de leur décès est fixée administrativement au 1er avril 1944. Annette Chuchana sera, elle, déportée le 30 mai par le convoi 75. Elle périra également à Auschwitz.
La mère de Mathilde et d’Annette, Esther Ovadia, née le 9 juin 1885 à Marseille et dont le mari est décédé à Toulon en 1947 réside (en 1945 -1950) 130, rue Louis Brès à la Cressonnière puis au 14 rue Mirabeau (en 1952) à Toulon.
(1) En février 1945, Mme Viessens a été condamnée à la peine capitale par la Cour de Justice du Var, pour avoir renseigné la Gestapo sur l’activité de réfractaires au STO et sur le parachutage d’armes par les Alliés. Lors de sa déposition, sa responsable a dit ignorer si les renseignements donnés par Mme Viessens avaient provoqué l’arrestation d’autres personnes, en dehors de la famille Ovadia.
Rédacteur : Georges Muller
Sources :
dossiers de Caen 21 P 522 144 (Mathilde Ovadia) et 21 P 522 144 (Albert Ovadia
www.culture.fr/Grand-Memorial (registre militaire d’Isaac Chuchana) ; Etat Civil (acte de naissance de Mathilde Chuchana) ; Généanet.com (arbre généalogique de Richar Elkaim)
gallica.bnf.fr (« Le Populaire » du 19/05/1930 et « La Dépêche Algérienne » du 15/02/1945)
Archives Départementales du Var (https://archives.var.fr/_depot_ad83/datas/ark_cms/_depot_arko/articles/13641/deuxieme-partie-du-dossier-pedagogique-de-l-exposition-le-var-dans-la-guerre-un-territoire-strategiq_doc.pdf
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Lorsque Mathilde, Fortunée, Mazaltob voit le jour, le 4 avril 1910, ses parents : Isaac Chuchana, commerçant, et Esther née Seboni, habitent à Nîmes 30 rue Nationale. L’année suivante la famille s’installe à Marseille, où naît un garçon, Henri. En 1912, elle revient à Nîmes pour deux ans, avant de retourner à Marseille où naissent Charles en 1917 puis Anna (Annette) en 1922. Elle s’établit de nouveau à Nîmes en 1925, à la « maison Beneta », chemin de Calvas.
On connaît peu de choses de la jeunesse de Mathilde, sauf un curieux accident qui lui arrive quand elle a 20 ans. Le samedi 18 mai 1930, elle assiste à un mariage à la synagogue de la rue Roussy, à Nîmes, quand un plancher situé à trois mètres de hauteur s’écroule, l’entraînant ainsi que deux autres personnes. Heureusement elle s’en sort avec des blessures superficielles.
Mathilde, de nationalité française, se marie le 6 août 1936 à Marcos Ovadia. Celui-ci, né à Salonique le 4 mai 1906 est grec, fils de Mausson Ovadia et de Flore Sémantova son épouse. Mathilde et son mari, voyageur de commerce, résident quelques temps à Ax-Les-Thermes (Ariège), avant de s’installer dans le Var à Toulon, à partir de septembre 1940. Ils habitent successivement au 8 quai du Parti, puis au 30 Boulevard Duployé et enfin au 7 avenue Nobel. Le 21 octobre 1942, ils ont une petite fille : Claudie (Nelly).
Lorsque les Allemands envahissent la zone libre, le couple Ovadia se réfugie dans l’arrière-pays, à Tourtour (Var), avec le frère de Marcos, Albert et la jeune sœur de Mathilde, Annette. Marcos continue de travailler, se déplaçant souvent pour ses affaires. Il est malheureusement repéré et dénoncé par deux françaises : l’une travaillant pour la Gestapo et l’autre étant son indicatrice.
Lors du procès de cette dernière (1), à la Libération, voici le témoignage de sa responsable :
«… Etant allée voir un jour Mme Viessens à Aups et ne l’ayant pas trouvée, je l’ai attendue au café. Là se trouvait un individu que j’ai identifié comme étant juif. J’ai engagé la conversation avec lui ; il m’a dit qu’il vendait des étoffes. Peu après Mme Viessens est arrivée. Nous avons bu. Puis en sortant je lui ai dit en faisant allusion à cet individu qu’il s’agissait certainement d’un juif et que les juifs nous intéressaient également. Elle dit qu’elle ignorait que nous nous intéressions aussi aux juifs.
Je l’ai chargée d’avoir des renseignements. Un mois environ après, j’ai reçu un télégramme d’Aups expédié par elle et dans lequel elle me disait que le poupon était arrivé. […] Le lendemain dimanche Christophsen est monté à Aups et a arrêté le juif à l’hôtel d’Aiguines, selon les renseignements que Mme Viessens avait fournis à mon ami à son passage à Aups. Le reste de la famille a été appréhendé à Tourtour. En tout 5 personnes. »
L’arrestation a eu lieu le 29 janvier 1944. Toute la famille est d’abord internée à la prison des Beaumettes de Marseille puis à Drancy le 11 mars 1944. Mathilde reçoit le matricule N° 16667. Les autres membres de la famille reçoivent les matricules : 16666 pour Marcos Ovadia, 16668 pour Claudie Ovadia, 16669 pour Albert Ovadia . Tous les quatre sont déportés dans le même convoi N° 70 du 27 mars 1944 à destination d’Auschwitz. Il est très probable qu’ils sont gazés dès leur arrivée au camp. Après-guerre, La date de leur décès est fixée administrativement au 1er avril 1944. Annette Chuchana sera, elle, déportée le 30 mai par le convoi 75. Elle périra également à Auschwitz.
La mère de Mathilde et d’Annette, Esther Ovadia, née le 9 juin 1885 à Marseille et dont le mari est décédé à Toulon en 1947 réside (en 1945 -1950) 130, rue Louis Brès à la Cressonnière puis au 14 rue Mirabeau (en 1952) à Toulon.
(1) En février 1945, Mme Viessens a été condamnée à la peine capitale par la Cour de Justice du Var, pour avoir renseigné la Gestapo sur l’activité de réfractaires au STO et sur le parachutage d’armes par les Alliés. Lors de sa déposition, sa responsable a dit ignorer si les renseignements donnés par Mme Viessens avaient provoqué l’arrestation d’autres personnes, en dehors de la famille Ovadia.
Rédacteur : Georges Muller
Sources :
dossiers de Caen 21 P 522 144 (Mathilde Ovadia) et 21 P 522 144 (Albert Ovadia
www.culture.fr/Grand-Memorial (registre militaire d’Isaac Chuchana) ; Etat Civil (acte de naissance de Mathilde Chuchana) ; Généanet.com (arbre généalogique de Richar Elkaim)
gallica.bnf.fr (« Le Populaire » du 19/05/1930 et « La Dépêche Algérienne » du 15/02/1945)
Archives Départementales du Var (https://archives.var.fr/_depot_ad83/datas/ark_cms/_depot_arko/articles/13641/deuxieme-partie-du-dossier-pedagogique-de-l-exposition-le-var-dans-la-guerre-un-territoire-strategiq_doc.pdf