OTGE René

  • 31020 Buchenwald

  • Né le 3 juillet 1922 à Liouc (Gard)

  • Abattu le 20 avril 1945 près de Glaubitz (Allemagne)

Il est le fils de Marcel Otge, ouvrier agricole, et de Cécile Marie Macary, sans profession. Il est de religion catholique. Lors du recensement de 1936, la famille réside à Quissac où le père est matelassier et la famille a deux enfants, René et Robert, né en 1930. Pendant la guerre, il est célibataire et coiffeur. Il habite chez ses parents à Quissac. Réfractaire au Service du Travail obligatoire (STO), il rejoint le 1er juin 1943 le maquis d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne. Ses services seront homologués avec le grade de sergent.

Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).

René Otge fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne. Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.

René Otge est interné au Block 17 avec Jean Schiano di Scola (matricule 31308), déporté par le même convoi, et Jean Maillet (matricule 29146). Elie Croutier témoigne à son retour de déportation : « aussitôt notre arrivée au camp, nous avons été occupés dans une carrière de pierres et par la suite dans une usine d’aviation. Lors de l’avance alliée, au début 1945, les Allemands nous ont fait évacuer le camp de Buchenwald et nous ont dirigés vers la frontière yougoslave. Au cours d’un bombardement, Otge René a réussi à échapper à nos gardiens. Repris quelques heures après, il a été fusillé sur le champ. » Jean Schiano di Scola écrit une lettre au père de René Otge à son retour de déportation, le 13 juin 1945 : « Nous avons évacué l’usine où nous étions le 13 avril 1945 (Leipzig) et nous sommes arrivés dans un stationnement après le fleuve de l’Elbe qui se nomme Glaubitz le mercredi 18 avril. Le 19, votre cher fils et deux de ses camarades se sont échappés. Le lendemain, nous avons eu mon ami Maillet et moi la pénible et douloureuse corvée de fossoyeurs. Quel a été le spectacle horrible que nous avons eu à nos yeux en reconnaissant les deux premières personnes qui étaient votre cher fils et son meilleur ami enlacés l’un à l’autre. Fusillés lâchement par les Allemands à la lisière de la forêt à 3 km. » René Otge est abattu le 20 avril 1945 à l’âge de 22 ans par les Volkssturm à Glaubitz. Il a été enseveli avec deux autres Français et une vingtaine de Soviétiques par Jean Maillet et Jean Schiano di Scola.
A titre posthume, il reçoit la médaille de la Résistance en 1957.

Marilyne Andréo

Sources :

21 P 75 700, DAVCC Caen, Dossier de victime militaire de René Otge.

21 P 482 989, DAVCC Caen, Dossier de déporté de René Otge.

Dossier Arolsen.

Recensement de la population de Quissac en 1936, site internet des Archives départementales du Gard, p.12.

Site internet Mémoire des hommes, base des médaillés de la Résistance.

https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/medailles_resistance/detail_fiche.php?ref=3252931&debut=0

René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.

Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.

Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.

Site internet Résistance en Cévennes :

http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html

Photographie issue de son dossier Arolsen

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

OTGE René

  • 31020 Buchenwald

  • Né le 3 juillet 1922 à Liouc (Gard)

  • Abattu le 20 avril 1945 près de Glaubitz (Allemagne)

Il est le fils de Marcel Otge, ouvrier agricole, et de Cécile Marie Macary, sans profession. Il est de religion catholique. Lors du recensement de 1936, la famille réside à Quissac où le père est matelassier et la famille a deux enfants, René et Robert, né en 1930. Pendant la guerre, il est célibataire et coiffeur. Il habite chez ses parents à Quissac. Réfractaire au Service du Travail obligatoire (STO), il rejoint le 1er juin 1943 le maquis d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne. Ses services seront homologués avec le grade de sergent.

Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).

René Otge fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne. Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.

René Otge est interné au Block 17 avec Jean Schiano di Scola (matricule 31308), déporté par le même convoi, et Jean Maillet (matricule 29146). Elie Croutier témoigne à son retour de déportation : « aussitôt notre arrivée au camp, nous avons été occupés dans une carrière de pierres et par la suite dans une usine d’aviation. Lors de l’avance alliée, au début 1945, les Allemands nous ont fait évacuer le camp de Buchenwald et nous ont dirigés vers la frontière yougoslave. Au cours d’un bombardement, Otge René a réussi à échapper à nos gardiens. Repris quelques heures après, il a été fusillé sur le champ. » Jean Schiano di Scola écrit une lettre au père de René Otge à son retour de déportation, le 13 juin 1945 : « Nous avons évacué l’usine où nous étions le 13 avril 1945 (Leipzig) et nous sommes arrivés dans un stationnement après le fleuve de l’Elbe qui se nomme Glaubitz le mercredi 18 avril. Le 19, votre cher fils et deux de ses camarades se sont échappés. Le lendemain, nous avons eu mon ami Maillet et moi la pénible et douloureuse corvée de fossoyeurs. Quel a été le spectacle horrible que nous avons eu à nos yeux en reconnaissant les deux premières personnes qui étaient votre cher fils et son meilleur ami enlacés l’un à l’autre. Fusillés lâchement par les Allemands à la lisière de la forêt à 3 km. » René Otge est abattu le 20 avril 1945 à l’âge de 22 ans par les Volkssturm à Glaubitz. Il a été enseveli avec deux autres Français et une vingtaine de Soviétiques par Jean Maillet et Jean Schiano di Scola.
A titre posthume, il reçoit la médaille de la Résistance en 1957.

Marilyne Andréo

Sources :

21 P 75 700, DAVCC Caen, Dossier de victime militaire de René Otge.

21 P 482 989, DAVCC Caen, Dossier de déporté de René Otge.

Dossier Arolsen.

Recensement de la population de Quissac en 1936, site internet des Archives départementales du Gard, p.12.

Site internet Mémoire des hommes, base des médaillés de la Résistance.

https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/medailles_resistance/detail_fiche.php?ref=3252931&debut=0

René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.

Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.

Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.

Site internet Résistance en Cévennes :

http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html

Photographie issue de son dossier Arolsen

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.