RECHERCHEZ
Aimé est le benjamin d’une fratrie de trois enfants : Berthe née en 1893 et Louis né et décédé en 1897. Son père Claude Nivon, originaire de L’Arbresle dans le Rhône, est cordonnier et sa mère Julia Mounier native de Suze-La-Rousse est sans profession. Entre 1901 et 1906 la famille Nivon quitte Suze-La-Rousse pour s’installer à Pont-Saint-Esprit dans le Gard. Comme la grande majorité des enfants de sa génération, Aimé reçoit une instruction de niveau primaire, obligatoire jusqu’à l’âge de 13 ans. Il entre ensuite très vite dans la vie active pour exercer comme son père la profession de cordonnier. En mars 1921, il est appelé pour son service militaire mais il est classé dans un premier temps soutien de famille indispensable[1] et ce n’est qu’un mois plus tard qu’il rejoint son régiment d’affectation, le 141e régiment d’infanterie. Il est maintenu sous les drapeaux jusqu’au 15 mai 1923, date à laquelle il regagne Pont-Saint-Esprit et retrouve les siens. Le 3 juillet 1925, il épouse à Burzet, en Ardèche, Julia Mounier originaire de cette commune et domestique de profession. Mariage de courte durée puisque celle-ci décèdera le 8 juin 1926 à Pont-Saint-Esprit. La même année, Aimé séjourne quelque temps à Courbevoie chez son oncle maternel Albert Journet, également cordonnier. Peu après le décès de son père en octobre 1928, Aimé Nivon se remarie à Pont-Saint-Esprit le 1er décembre 1928 avec Anne Puechlong, veuve et sans profession, originaire de Saint-Christol-lez-Alès. De cette union, naît le 25 juin 1930 leur fille unique Renée. Au début des années 1930, Aimé Nivon délaisse la profession de cordonnier pour intégrer la verrerie Laurent et Cie de Pont-Saint-Esprit comme ouvrier verrier. Engagé dans l’action syndicale, il assume les fonctions de secrétaire de la section syndicale CGT de son entreprise et se montre très actif durant les grèves de mai-juin 1936[2]. Il n’hésite pas au cours de l’occupation de son usine à enfermer le directeur dans son bureau jusqu’à la satisfaction des revendications des ouvriers. Le 2 septembre 1939 il est mobilisé et affecté au quatrième bataillon du 203e régiment d’infanterie[3] jusqu’à sa démobilisation intervenue le 21 juillet 1940, date à laquelle il reprend sa vie spiripontaine. Il change à nouveau d’emploi pour être recruté aux mines de lignite de Saint-Paulet-de-Caisson. Le 1er mars 1943 Aimé Nivon intègre les F.T.P.F[4]. – M.U.R[5]. à Pont-Saint-Esprit où il servira jusqu’à son arrestation le 19 mai 1944[6]. Accusé d’avoir participé au sabotage de la ligne électrique reliant Bollène à la mine de Saint-Paulet-de-Caisson, la Waffen SS (division SS Hohenstaufen[7]) vient l’arrêter à son domicile, en présence de sa femme et de sa fille. Il est interné le jour-même à la citadelle de Pont-Saint-Esprit[8] où il subira plusieurs interrogatoire sous la torture. Il niera toujours les faits qui lui sont reprochés. Le 5 juillet il est transféré à la prison Sainte-Anne d’Avignon. Il en repart le 14 juillet 1944 pour un camp de travailleurs à Linz[9] en Autriche en tant que « réfractaire et déporté du travail (S.T.O.)[10] ».
Libéré par les Américains début mai 1945, Aimé Nivon est rapatrié en France le 20 mai 1945, dans un état général de santé jugé moyen. A son retour de déportation, il retrouve son foyer et reprendra son activité de cordonnier à Pont-Saint-Esprit. Bien que classé en 1950 comme « réfractaire et déporté du travail », Aimé Nivon dépose en 1962 une demande d’attribution du titre d’interné résistant. Celle-ci sera suivie d’un refus du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre qui considèrera que son arrestation n’a pas été motivée par un acte qualifié de résistance, que son appartenance à un groupe de résistants n’a pu être établie (bien qu’ayant fourni un certificat d’appartenance aux F.F.I.) et qu’il n’a pas été détenu dans un camp de concentration mais dans un camp de travailleurs.
Aimé Nivon décède à Pont-Saint-Esprit le 16 novembre 1975.
Eric BERNARD
[1] Voir sa fiche matriculaire n°65.
[2] Grèves qui ont suivi l’arrivée au pouvoir du Front Populaire.
[3] Groupement militaire de l’Armée de terre française affecté à la défense du littoral français.
[4] Francs-tireurs et partisans français.
[5] Mouvements unis de la Résistance.
[6] D’après le certificat d’appartenance aux Forces Françaises de l’Intérieur établi le 14 avril 1948 par le Général Commandant la IXe Région Militaire.
[7] Arrivée dans le Gard le 26 février 1944, à Pont-Saint-Esprit, elle installe ses hommes de troupe à la citadelle et sa kommandantur à l’hôtel de l’Europe.
[8] La citadelle de Pont-Saint-Esprit (Gard) fut, entre février et août 1944, l’un des principaux lieux d’incarcération, de torture et d’exécutions de la 8e compagnie du 3e régiment de la Division Brandebourg.
[9] A Linz se trouvait également un Kommando du camp de Mauthausen dont les déportés travaillaient pour des entreprises d’armement, de construction de tanks, de construction d’une centrale électrique ou étaient affectés au déblaiement après bombardement.
[10] Si l’on se réfère aux conclusions du 2 février 1950 de la commission de contrôle du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Cette dernière n’a pas considéré qu’Aimé Nivon avait été « transféré en Allemagne dans un camp reconnu comme lieu de déportation.».
Sources :
- Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Dossier individuel d’Aimé Nivon, AC 21 P 605436.
- Archives départementales de la Drôme, cote 4 E 6035, registre des naissances de Suze-La-Rousse 1890-1911.
- Archives départementales de la Drôme, cote 6 M 480, listes nominatives de recensement de la population, Suze-La-Rousse. 1901.
- Archives départementales du Gard, cote 6 M 300, listes nominatives de recensement de la population, Pont-Saint-Esprit 1906 et 1921.
- Archives départementales du Gard, cote 1 R 1119 registres matriculaires bureau de Pont-Saint-Esprit classe 1921. Fiche n°65 d’Aimé Nivon.
- La Maîtron, dictionnaire biographique, notice biographique d’Aimé Nivon par Jean-Michel Gaillard, version mise en ligne le 30 novembre 2010 à l’adresse : https://maitron.fr/spip.php?article124039. (dernière consultation le 20 avril 2024).
- Site internet de généalogie Myheritage, arbre généalogique d’Aimé Nivon établi par Jean-Pierre Vassal, en ligne à l’adresse : https://www.myheritage.fr/research/collection-1/arbres-genealogiques-myheritage?itemId=148840041-2-91749&action=showRecord&recordTitle=Aim%C3%A9+NIVON (dernière consultation le 20 avril 2024).
RECHERCHEZ
Aimé est le benjamin d’une fratrie de trois enfants : Berthe née en 1893 et Louis né et décédé en 1897. Son père Claude Nivon, originaire de L’Arbresle dans le Rhône, est cordonnier et sa mère Julia Mounier native de Suze-La-Rousse est sans profession. Entre 1901 et 1906 la famille Nivon quitte Suze-La-Rousse pour s’installer à Pont-Saint-Esprit dans le Gard. Comme la grande majorité des enfants de sa génération, Aimé reçoit une instruction de niveau primaire, obligatoire jusqu’à l’âge de 13 ans. Il entre ensuite très vite dans la vie active pour exercer comme son père la profession de cordonnier. En mars 1921, il est appelé pour son service militaire mais il est classé dans un premier temps soutien de famille indispensable[1] et ce n’est qu’un mois plus tard qu’il rejoint son régiment d’affectation, le 141e régiment d’infanterie. Il est maintenu sous les drapeaux jusqu’au 15 mai 1923, date à laquelle il regagne Pont-Saint-Esprit et retrouve les siens. Le 3 juillet 1925, il épouse à Burzet, en Ardèche, Julia Mounier originaire de cette commune et domestique de profession. Mariage de courte durée puisque celle-ci décèdera le 8 juin 1926 à Pont-Saint-Esprit. La même année, Aimé séjourne quelque temps à Courbevoie chez son oncle maternel Albert Journet, également cordonnier. Peu après le décès de son père en octobre 1928, Aimé Nivon se remarie à Pont-Saint-Esprit le 1er décembre 1928 avec Anne Puechlong, veuve et sans profession, originaire de Saint-Christol-lez-Alès. De cette union, naît le 25 juin 1930 leur fille unique Renée. Au début des années 1930, Aimé Nivon délaisse la profession de cordonnier pour intégrer la verrerie Laurent et Cie de Pont-Saint-Esprit comme ouvrier verrier. Engagé dans l’action syndicale, il assume les fonctions de secrétaire de la section syndicale CGT de son entreprise et se montre très actif durant les grèves de mai-juin 1936[2]. Il n’hésite pas au cours de l’occupation de son usine à enfermer le directeur dans son bureau jusqu’à la satisfaction des revendications des ouvriers. Le 2 septembre 1939 il est mobilisé et affecté au quatrième bataillon du 203e régiment d’infanterie[3] jusqu’à sa démobilisation intervenue le 21 juillet 1940, date à laquelle il reprend sa vie spiripontaine. Il change à nouveau d’emploi pour être recruté aux mines de lignite de Saint-Paulet-de-Caisson. Le 1er mars 1943 Aimé Nivon intègre les F.T.P.F[4]. – M.U.R[5]. à Pont-Saint-Esprit où il servira jusqu’à son arrestation le 19 mai 1944[6]. Accusé d’avoir participé au sabotage de la ligne électrique reliant Bollène à la mine de Saint-Paulet-de-Caisson, la Waffen SS (division SS Hohenstaufen[7]) vient l’arrêter à son domicile, en présence de sa femme et de sa fille. Il est interné le jour-même à la citadelle de Pont-Saint-Esprit[8] où il subira plusieurs interrogatoire sous la torture. Il niera toujours les faits qui lui sont reprochés. Le 5 juillet il est transféré à la prison Sainte-Anne d’Avignon. Il en repart le 14 juillet 1944 pour un camp de travailleurs à Linz[9] en Autriche en tant que « réfractaire et déporté du travail (S.T.O.)[10] ».
Libéré par les Américains début mai 1945, Aimé Nivon est rapatrié en France le 20 mai 1945, dans un état général de santé jugé moyen. A son retour de déportation, il retrouve son foyer et reprendra son activité de cordonnier à Pont-Saint-Esprit. Bien que classé en 1950 comme « réfractaire et déporté du travail », Aimé Nivon dépose en 1962 une demande d’attribution du titre d’interné résistant. Celle-ci sera suivie d’un refus du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre qui considèrera que son arrestation n’a pas été motivée par un acte qualifié de résistance, que son appartenance à un groupe de résistants n’a pu être établie (bien qu’ayant fourni un certificat d’appartenance aux F.F.I.) et qu’il n’a pas été détenu dans un camp de concentration mais dans un camp de travailleurs.
Aimé Nivon décède à Pont-Saint-Esprit le 16 novembre 1975.
Eric BERNARD
[1] Voir sa fiche matriculaire n°65.
[2] Grèves qui ont suivi l’arrivée au pouvoir du Front Populaire.
[3] Groupement militaire de l’Armée de terre française affecté à la défense du littoral français.
[4] Francs-tireurs et partisans français.
[5] Mouvements unis de la Résistance.
[6] D’après le certificat d’appartenance aux Forces Françaises de l’Intérieur établi le 14 avril 1948 par le Général Commandant la IXe Région Militaire.
[7] Arrivée dans le Gard le 26 février 1944, à Pont-Saint-Esprit, elle installe ses hommes de troupe à la citadelle et sa kommandantur à l’hôtel de l’Europe.
[8] La citadelle de Pont-Saint-Esprit (Gard) fut, entre février et août 1944, l’un des principaux lieux d’incarcération, de torture et d’exécutions de la 8e compagnie du 3e régiment de la Division Brandebourg.
[9] A Linz se trouvait également un Kommando du camp de Mauthausen dont les déportés travaillaient pour des entreprises d’armement, de construction de tanks, de construction d’une centrale électrique ou étaient affectés au déblaiement après bombardement.
[10] Si l’on se réfère aux conclusions du 2 février 1950 de la commission de contrôle du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Cette dernière n’a pas considéré qu’Aimé Nivon avait été « transféré en Allemagne dans un camp reconnu comme lieu de déportation.».
Sources :
- Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Dossier individuel d’Aimé Nivon, AC 21 P 605436.
- Archives départementales de la Drôme, cote 4 E 6035, registre des naissances de Suze-La-Rousse 1890-1911.
- Archives départementales de la Drôme, cote 6 M 480, listes nominatives de recensement de la population, Suze-La-Rousse. 1901.
- Archives départementales du Gard, cote 6 M 300, listes nominatives de recensement de la population, Pont-Saint-Esprit 1906 et 1921.
- Archives départementales du Gard, cote 1 R 1119 registres matriculaires bureau de Pont-Saint-Esprit classe 1921. Fiche n°65 d’Aimé Nivon.
- La Maîtron, dictionnaire biographique, notice biographique d’Aimé Nivon par Jean-Michel Gaillard, version mise en ligne le 30 novembre 2010 à l’adresse : https://maitron.fr/spip.php?article124039. (dernière consultation le 20 avril 2024).
- Site internet de généalogie Myheritage, arbre généalogique d’Aimé Nivon établi par Jean-Pierre Vassal, en ligne à l’adresse : https://www.myheritage.fr/research/collection-1/arbres-genealogiques-myheritage?itemId=148840041-2-91749&action=showRecord&recordTitle=Aim%C3%A9+NIVON (dernière consultation le 20 avril 2024).