RECHERCHEZ
A Nyon, dans le canton de Vaud (Suisse), naît le 20 novembre 1907 au 17 rue de la Gare, Aaron Alfred, fils de Nathan Lichtenstein né le 15 juin 1871 à Avanches (Suisse) mais français originaire d’Auxonne (Côte d’Or) et de Flore née Wertheimer née le 4 février 1875 à Senones (Vosges). Ses parents se sont mariés à Bâle (Suisse) le 17 juillet 1899, son père exerce le métier d’employé de commerce. Ses quatre frères et sœurs sont également nés à Nyon : Jeanne le 10 mars 1901, Paul Joseph le 22 janvier 1903, Jacques-Roger le 23 août 1904 et Agnès le 7 mars 1909. En septembre 1922, toute la famille s’établit à Mulhouse (Haut-Rhin), 33 rue de l’Industrie.
Aaron, qui utilise plutôt son deuxième prénom : Alfred, se dédie au commerce, comme son père. Il s’en va à Paris poursuivre des études dans une école professionnelle de vendeurs-étalagistes, où il est récompensé par un prix en novembre 1926, dans la section confection-nouveautés. A la fin de ses études, il rentre chez ses parents à Mulhouse et devient représentant de commerce.
Considéré comme français, il est appelé sous les drapeaux de septembre 1939 à juin 1940. Il est démobilisé en zone libre à Tournon (Ardèche) mais, en tant que juif, il lui est interdit de retourner en Alsace annexée. Toujours célibataire, il se réfugie chez sa sœur Agnès qui habite maintenant à Nîmes, 7 place du Maréchal Pétain (adresse qui deviendra plus tard boulevard de Prague). Il retrouve chez elle son oncle Gustave Lichtenstein, tandis que ses parents Nathan et Flore ont trouvé asile tout à côté, au 44 rue Roussy.
Il passe quelques temps à Vienne (Isère), 3 place Saint Féréol, probablement près de son frère Paul, puis il s’installe à Tulle (Corrèze). Là, il trouve du travail chez un photographe, M. Durante, qui l’emploie dans son magasin du 13 avenue Victor Hugo. Le 13 mars 1944, il est arrêté par les troupes allemandes, au moment où il sort de sa pension, 6 rue du Canton.
Interné à Limoges le 13 avril suivant, il est transféré à Drancy le 22. Il reçoit le matricule 20428, son carnet de fouille porte le N° 124/318. Le 15 mai 1944, il est déporté par le convoi 73 à Kaunas en Lituanie ou à Reval en Estonie (Tallinn aujourd’hui). Son décès dans l’un de ces deux camps est fixé par jugement au 20 mai 1944.
De son côté, son frère Jacques – qui tenait avant- guerre avec Paul un studio de photographie au 1 rue du Barrage à Mulhouse -, a également un destin tragique [i]. Réfugié à Dijon, il y est arrêté en tant qu’otage juif lors d’une rafle en février 1942. Il est déporté le 27 mars par le convoi N° 2 du camp de Compiègne à Auschwitz-Birkenau, où il meurt en juillet de la même année.
Paul, lui, a travaillé pour la Résistance en fabriquant de faux papiers. Ayant échappé aux persécutions tout comme ses parents et sa sœur Agnès, il mène un combat acharné dans les années 1946-1948 pour que ses deux frères, considérés comme étrangers à cause de leur naissance en Suisse, reçoivent la mention « Mort pour la France ». Elle sera obtenue en 1949. La famille n’a pas de descendance.
Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Pour une biographie détaillée de Paul et Roger Lichtenstein, voir :
http://judaisme.sdv.fr/histoire/villes/mulhouse/st-roger/st-roger.htm
http://judaisme.sdv.fr/histoire/villes/mulhouse/st-roger/paul-l.htm
Sources :
Dossier SHD Caen 21 P 478 705
Etat Civil de Senones (Flore Wertheimer, acte de naissance N° 22)
Gallica-BNF : « La Revue Internationale de l’Etalage » novembre 1926
Archives Départementales du Gard (Fichier des juifs du Gard, 1941)
RECHERCHEZ
A Nyon, dans le canton de Vaud (Suisse), naît le 20 novembre 1907 au 17 rue de la Gare, Aaron Alfred, fils de Nathan Lichtenstein né le 15 juin 1871 à Avanches (Suisse) mais français originaire d’Auxonne (Côte d’Or) et de Flore née Wertheimer née le 4 février 1875 à Senones (Vosges). Ses parents se sont mariés à Bâle (Suisse) le 17 juillet 1899, son père exerce le métier d’employé de commerce. Ses quatre frères et sœurs sont également nés à Nyon : Jeanne le 10 mars 1901, Paul Joseph le 22 janvier 1903, Jacques-Roger le 23 août 1904 et Agnès le 7 mars 1909. En septembre 1922, toute la famille s’établit à Mulhouse (Haut-Rhin), 33 rue de l’Industrie.
Aaron, qui utilise plutôt son deuxième prénom : Alfred, se dédie au commerce, comme son père. Il s’en va à Paris poursuivre des études dans une école professionnelle de vendeurs-étalagistes, où il est récompensé par un prix en novembre 1926, dans la section confection-nouveautés. A la fin de ses études, il rentre chez ses parents à Mulhouse et devient représentant de commerce.
Considéré comme français, il est appelé sous les drapeaux de septembre 1939 à juin 1940. Il est démobilisé en zone libre à Tournon (Ardèche) mais, en tant que juif, il lui est interdit de retourner en Alsace annexée. Toujours célibataire, il se réfugie chez sa sœur Agnès qui habite maintenant à Nîmes, 7 place du Maréchal Pétain (adresse qui deviendra plus tard boulevard de Prague). Il retrouve chez elle son oncle Gustave Lichtenstein, tandis que ses parents Nathan et Flore ont trouvé asile tout à côté, au 44 rue Roussy.
Il passe quelques temps à Vienne (Isère), 3 place Saint Féréol, probablement près de son frère Paul, puis il s’installe à Tulle (Corrèze). Là, il trouve du travail chez un photographe, M. Durante, qui l’emploie dans son magasin du 13 avenue Victor Hugo. Le 13 mars 1944, il est arrêté par les troupes allemandes, au moment où il sort de sa pension, 6 rue du Canton.
Interné à Limoges le 13 avril suivant, il est transféré à Drancy le 22. Il reçoit le matricule 20428, son carnet de fouille porte le N° 124/318. Le 15 mai 1944, il est déporté par le convoi 73 à Kaunas en Lituanie ou à Reval en Estonie (Tallinn aujourd’hui). Son décès dans l’un de ces deux camps est fixé par jugement au 20 mai 1944.
De son côté, son frère Jacques – qui tenait avant- guerre avec Paul un studio de photographie au 1 rue du Barrage à Mulhouse -, a également un destin tragique [i]. Réfugié à Dijon, il y est arrêté en tant qu’otage juif lors d’une rafle en février 1942. Il est déporté le 27 mars par le convoi N° 2 du camp de Compiègne à Auschwitz-Birkenau, où il meurt en juillet de la même année.
Paul, lui, a travaillé pour la Résistance en fabriquant de faux papiers. Ayant échappé aux persécutions tout comme ses parents et sa sœur Agnès, il mène un combat acharné dans les années 1946-1948 pour que ses deux frères, considérés comme étrangers à cause de leur naissance en Suisse, reçoivent la mention « Mort pour la France ». Elle sera obtenue en 1949. La famille n’a pas de descendance.
Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Pour une biographie détaillée de Paul et Roger Lichtenstein, voir :
http://judaisme.sdv.fr/histoire/villes/mulhouse/st-roger/st-roger.htm
http://judaisme.sdv.fr/histoire/villes/mulhouse/st-roger/paul-l.htm
Sources :
Dossier SHD Caen 21 P 478 705
Etat Civil de Senones (Flore Wertheimer, acte de naissance N° 22)
Gallica-BNF : « La Revue Internationale de l’Etalage » novembre 1926
Archives Départementales du Gard (Fichier des juifs du Gard, 1941)