LEYNAUD Louis

  • 58206 Sachsenhausen

  • Né le 17 avril 1900 à Marguerittes

  • Décédé le 3 décembre 1971 à Brignoles

Marius Leynaud a 26 ans et Elisa Seguin et son épouse 22, quand ils donnent naissance à un fils, Louis, David le 17 avril 1900 à Marguerittes dans le Gard. Le couple a aussi, deux ans plus tard, une fille prénommée Andrée. Louis suit une formation de mécanicien dans une école technique, dont il sort à 17 ans. Mais, dans un premier temps, il est agriculteur à Beaucaire (Gard) où vivent alors ses parents.

La guerre est finie quand il est appelé sous les drapeaux, le 18 mars 1920. Cependant, enrôlé dans le 24ème bataillon de chasseurs à pied, il part en Silésie – région disputée entre l’Allemagne et la Pologne – jusqu’à la fin janvier 1922. Il est finalement renvoyé dans ses foyers le 4 mars sans le traditionnel certificat de bonne conduite, qui lui a été refusé.

C’est probablement à son retour qu’il se marie avec une fille d’agriculteur : Alice, Rose Imond, née le 15 juillet 1906 à Saint-Quentin-la-Poterie (Gard).  Le couple a deux enfants, le premier naît vers 1924 et le second est une fille, Lucette, qui voit le jour dans le même village de Saint-Quentin, le 28 avril 1926. A cette époque, Louis est employé comme ouvrier mineur.

Dans les années 1930, Louis, devenu chauffeur, s’installe avec sa famille d’abord à Palavas (Hérault) puis à Nîmes. Peu scrupuleux, il fait régulièrement des séjours en prison pour divers délits d’escroquerie ou abus de confiance. Il est mobilisé en septembre 1939, mais son service est de courte durée. Incarcéré dès le 21 octobre, il est condamné par un tribunal de Besançon à un an de réclusion pour récidive d’abus de confiance.  Démobilisé à sa sortie de prison, le 3 décembre 1940, il rentre chez lui : 10 Impasse Varanda, à Nîmes.

L’Armistice lui offre de nouvelles opportunités : il se fait passeur, proposant à des familles de prisonniers de guerre d’aider ceux-ci à s’évader pour rejoindre l’Angleterre. Arrêté une première fois par les Allemands à Chagny (Saône-et-Loire) en franchissant la ligne de démarcation, il est condamné pour ce fait par un tribunal de Dijon à 5 mois de détention, peine qu’il exécute du 1er mai au 30 septembre 1941 à la Maison Centrale de Clairvaux (Aube). Peu après sa sortie, le 28 novembre, il est interpellé dans un hôtel de Nîmes, lors d’un contrôle de la police française, suite à des plaintes pour escroqueries déposées par certaines familles de prisonniers de guerre.

Après cette affaire, il reprend ses activités de passeur dans la région de Buxy et Saint-Boil (Saône-et-Loire), où il fait plusieurs séjours au printemps et à l’été 1942. C’est à Buxy qu’il est arrêté, le 28 septembre, par la douane allemande. Interné à Chalon-sur-Saône, il est ensuite envoyé à Compiègne, d’où il est déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943. Arrivé le lendemain au camp, il reçoit le matricule 58206. Il y reste jusqu’au 17 juillet 1944, avant d’être transféré à Dachau où, deux jours plus tard, il est enregistré sous le matricule 80469. Affecté au block 27, il est finalement libéré comme tous ses compagnons d’infortune, le 29 avril 1945, puis rapatrié par Strasbourg le 15 juin.

Réinstallé dans le sud de la France, il entreprend des démarches pour recevoir des indemnités en tant que déporté. Mais la Commission Nationale des Déportés et Internés Politiques donne deux fois un avis défavorable (demandes du titre de déporté résistant en 1954, puis de déporté politique formulée en 1962) suite à un rapport de police du 12 novembre 1952 qui précise alors : « Ni la date, ni le lieu, ni les circonstances de l’arrestation qui ont conduit M. Leynaud en déportation ne sont connus. L’intéressé déguise manifestement la vérité. La commission en déduit que les causes de cette déportation ne sont pas avouables et qu’elle est, partant, liée à « l’escroquerie aux familles de Prisonniers de Guerre » dont il est question dans ce rapport ». Par ailleurs, « L’activité de passeur de l’intéressé n’était pas bénévole, se faisant rétribuer très largement des services qu’il pouvait rendre » (réunion du 13 novembre 1953 présidée par le Préfet de la Côte d’Or). Dans les dossiers que Louis soumet à l’appui de ses demandes, ses déclarations inexactes, parfois incohérentes ou comportant certains témoignages très douteux, jouent en effet en sa défaveur. Mais son passé judiciaire est un autre facteur négatif, la Commission en arrivant même à se demander s’il a été réellement déporté…

En 1952, il a une adresse provisoire à Toulon dans le Var : Avenue du Colonel Picot, quartier Brunet, Café de Brunet. En 1965, il est domicilié chez M. Leone, mécanicien, campagne d’Oriano, quartier du Plan à La Garde, dans le Var (récépissé d’envoi recommandé).

Il s’éteint à Brignoles (Var) le 3 décembre 1971

Georges Muller et Gérard Krebs

Sources :

  • Dossier de Caen 21 P 564 091 – ArolsenArchives Départementales du Gard (Etat Civil, registres militaires)

    Tableau des naissances de Saint-Quentin-la-Poterie

    http://geneal30.free.fr/Releves/St-Quentin-la-Poterie/tableaux/communes/sain/sain_n93.htm

    http://wagon-deportation.over-blog.fr/pages/CONVOI_du_24_JANVIER_1943_COMPIEGNE_SACHSENHAUSEN_AUSCHWITZ-2516451.html

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

LEYNAUD Louis

  • 58206 Sachsenhausen

  • Né le 17 avril 1900 à Marguerittes

  • Décédé le 3 décembre 1971 à Brignoles

Marius Leynaud a 26 ans et Elisa Seguin et son épouse 22, quand ils donnent naissance à un fils, Louis, David le 17 avril 1900 à Marguerittes dans le Gard. Le couple a aussi, deux ans plus tard, une fille prénommée Andrée. Louis suit une formation de mécanicien dans une école technique, dont il sort à 17 ans. Mais, dans un premier temps, il est agriculteur à Beaucaire (Gard) où vivent alors ses parents.

La guerre est finie quand il est appelé sous les drapeaux, le 18 mars 1920. Cependant, enrôlé dans le 24ème bataillon de chasseurs à pied, il part en Silésie – région disputée entre l’Allemagne et la Pologne – jusqu’à la fin janvier 1922. Il est finalement renvoyé dans ses foyers le 4 mars sans le traditionnel certificat de bonne conduite, qui lui a été refusé.

C’est probablement à son retour qu’il se marie avec une fille d’agriculteur : Alice, Rose Imond, née le 15 juillet 1906 à Saint-Quentin-la-Poterie (Gard).  Le couple a deux enfants, le premier naît vers 1924 et le second est une fille, Lucette, qui voit le jour dans le même village de Saint-Quentin, le 28 avril 1926. A cette époque, Louis est employé comme ouvrier mineur.

Dans les années 1930, Louis, devenu chauffeur, s’installe avec sa famille d’abord à Palavas (Hérault) puis à Nîmes. Peu scrupuleux, il fait régulièrement des séjours en prison pour divers délits d’escroquerie ou abus de confiance. Il est mobilisé en septembre 1939, mais son service est de courte durée. Incarcéré dès le 21 octobre, il est condamné par un tribunal de Besançon à un an de réclusion pour récidive d’abus de confiance.  Démobilisé à sa sortie de prison, le 3 décembre 1940, il rentre chez lui : 10 Impasse Varanda, à Nîmes.

L’Armistice lui offre de nouvelles opportunités : il se fait passeur, proposant à des familles de prisonniers de guerre d’aider ceux-ci à s’évader pour rejoindre l’Angleterre. Arrêté une première fois par les Allemands à Chagny (Saône-et-Loire) en franchissant la ligne de démarcation, il est condamné pour ce fait par un tribunal de Dijon à 5 mois de détention, peine qu’il exécute du 1er mai au 30 septembre 1941 à la Maison Centrale de Clairvaux (Aube). Peu après sa sortie, le 28 novembre, il est interpellé dans un hôtel de Nîmes, lors d’un contrôle de la police française, suite à des plaintes pour escroqueries déposées par certaines familles de prisonniers de guerre.

Après cette affaire, il reprend ses activités de passeur dans la région de Buxy et Saint-Boil (Saône-et-Loire), où il fait plusieurs séjours au printemps et à l’été 1942. C’est à Buxy qu’il est arrêté, le 28 septembre, par la douane allemande. Interné à Chalon-sur-Saône, il est ensuite envoyé à Compiègne, d’où il est déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943. Arrivé le lendemain au camp, il reçoit le matricule 58206. Il y reste jusqu’au 17 juillet 1944, avant d’être transféré à Dachau où, deux jours plus tard, il est enregistré sous le matricule 80469. Affecté au block 27, il est finalement libéré comme tous ses compagnons d’infortune, le 29 avril 1945, puis rapatrié par Strasbourg le 15 juin.

Réinstallé dans le sud de la France, il entreprend des démarches pour recevoir des indemnités en tant que déporté. Mais la Commission Nationale des Déportés et Internés Politiques donne deux fois un avis défavorable (demandes du titre de déporté résistant en 1954, puis de déporté politique formulée en 1962) suite à un rapport de police du 12 novembre 1952 qui précise alors : « Ni la date, ni le lieu, ni les circonstances de l’arrestation qui ont conduit M. Leynaud en déportation ne sont connus. L’intéressé déguise manifestement la vérité. La commission en déduit que les causes de cette déportation ne sont pas avouables et qu’elle est, partant, liée à « l’escroquerie aux familles de Prisonniers de Guerre » dont il est question dans ce rapport ». Par ailleurs, « L’activité de passeur de l’intéressé n’était pas bénévole, se faisant rétribuer très largement des services qu’il pouvait rendre » (réunion du 13 novembre 1953 présidée par le Préfet de la Côte d’Or). Dans les dossiers que Louis soumet à l’appui de ses demandes, ses déclarations inexactes, parfois incohérentes ou comportant certains témoignages très douteux, jouent en effet en sa défaveur. Mais son passé judiciaire est un autre facteur négatif, la Commission en arrivant même à se demander s’il a été réellement déporté…

En 1952, il a une adresse provisoire à Toulon dans le Var : Avenue du Colonel Picot, quartier Brunet, Café de Brunet. En 1965, il est domicilié chez M. Leone, mécanicien, campagne d’Oriano, quartier du Plan à La Garde, dans le Var (récépissé d’envoi recommandé).

Il s’éteint à Brignoles (Var) le 3 décembre 1971

Georges Muller et Gérard Krebs

Sources :

  • Dossier de Caen 21 P 564 091 – ArolsenArchives Départementales du Gard (Etat Civil, registres militaires)

    Tableau des naissances de Saint-Quentin-la-Poterie

    http://geneal30.free.fr/Releves/St-Quentin-la-Poterie/tableaux/communes/sain/sain_n93.htm

    http://wagon-deportation.over-blog.fr/pages/CONVOI_du_24_JANVIER_1943_COMPIEGNE_SACHSENHAUSEN_AUSCHWITZ-2516451.html

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