GARGON Sylvain

  • 21907 Buchenwald

  • Né le 6 février 1917 à Aix-en-Provence (Bouches du Rhône)

  • Décédé le 11 juin 1989 en Australie

Sylvain Elie Auguste Gargon est né le 6 février 1917 à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône. Il est le fils d’Antonin Joseph Gargon, adjudant au 23ème régiment d’infanterie coloniale, et de Maria Gervolino, sans profession, mariés en 1913 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Il est d’origine calédonienne par sa mère. Bachelier en philosophie, il rejoint l’école militaire de Saint-Maixent où il sort avec le grade d’aspirant. Il est mobilisé lors de la campagne de 1939-1940 dans le 3ème régiment de tirailleurs marocains. Il est ensuite étudiant en droit à l’université d’Aix-en-Provence. En janvier 1941, il est contacté à la faculté pour rentrer au mouvement Combat par son camarade Paliard, fils de Jacques Paliard, professeur de philosophie à la faculté de Lettres. Il diffuse le journal du mouvement et des tracts dans les facultés de droit et de lettres d’Aix-en-Provence. Il accomplit cette tâche avec Paliard, Fieschi, Loustauneau, Sampierro Quilicci. Il sert de boîte aux lettres pour le courrier destiné à Max Juvénal, avocat à la cour d’appel d’Aix, chef départemental de Combat et plus tard chef départemental puis régional des Mouvements unis de la Résistance (MUR) de la région R2. En mars 1942, il rencontre le capitaine Henri Rioufol, officier instructeur à l’école de Saint-Cyr alors repliée à Aix-en-Provence, qui le recrute pour donner des cours de préparation militaire clandestine. Ces cours se déroulent dans un hôtel mis à disposition par Sampierro Quilicci, rue de l’opéra. Ils dispensent ses cours à Fieschi, Loustauneau, les frères Barra, Paliard, Reynaud. Il est arrêté avec Paliard en septembre 1942 pour menées gaullistes à la suite d’une indiscrétion d’un marchand de journaux. Ils sont défendus par Max Juvénal qui obtient leur mise en liberté provisoire jusqu’à leur jugement prévu pour le 18 février 1943. En novembre, il suit avec Fieschi des cours sur le maniement d’explosifs et d’armes lui permettant par la suite d’instruire ses camarades. En janvier 1943, il repère avec lui des terrains pouvant servir pour des parachutages dans le secteur de Lourmarin, de Pertuis et de Cadenet dans le Vaucluse et il transmet des renseignements sur les voies de communication pour bloquer le repli allemand en cas de débarquement. En février 1943, il convoie un groupe de résistants devant regagner l’Angleterre par avion et il a sur lui des renseignements devant être transmis à Londres. Dénoncé, il est arrêté à la gare de Nîmes dans le Gard le 6 février par la Gestapo en compagnie de Georges Angenot (matricule 66343 à Sachsenhausen), fils du général Paul Angenot, premier chef d’état-major du général de Gaulle à Londres, le lieutenant Etienne (déporté), officier d’active de Saint-Cyr, et de l’aspirant d’active Maurice Caillé (déporté). Dans la camionnette, il parvient à détruire les documents. Il est interné à la prison des Minimes à Montpellier puis le 19 février à Compiègne (numéro 10171). Le 17 septembre, il est déporté à Buchenwald où il arrive le lendemain dans un convoi comprenant 941 hommes. D’autres Gardois sont présents dans ce train : René Boisson (matricule 21787), Jacques Borrel (matricule 21304†), Jacques Lafont (matricule 21790) et Franck Maurin (matricule 21145). Il se déclare étudiant en médecine. Après sa quarantaine, il est transféré le 13 octobre et il parvient à Dora le 14. Il travaille dans les tunnels qu’il creuse 18 heures par jour, « de 6h du matin à 6h du soir, puis à nouveau jusqu’à minuit, avec simplement une demi-heure de halte pour manger des rutabagas trempés dans l’eau et un quart de boule de pain, moisi les trois quarts du temps. Les morts s’entassaient dans les galeries sur deux mètres de haut, parce qu’on ne pouvait pas les évacuer tout de suite. On a connu des températures de -20° ou -30°, avec uniquement ces pelures en tissu rayé. Pour nous protéger du froid, nous nous servions des enveloppes de sac de ciment qu’on glissait sous les vêtements, mais les SS le savaient. Quand ils sentaient le papier sous la chemise, ils nous rouaient de coups, ils s’acharnaient, car c’était interdit ». Lorsque les baraquements extérieurs sont achevés, il est affecté au Block 105. Le 5 avril 1945, il est évacué en train vers Neuengamme mais l’avancée des troupes américaines modifie le parcours qui est par moment réalisé à pied avant de rejoindre le 14 avril Ravensbrück où il reçoit le matricule 14907. Le 24 et le 26 avril, les hommes de Ravensbrück quittent le camp à pied. Sylvain Gargon est libéré le 2 mai par les Américains à Malchow. Il est rapatrié le 29 mai 1945 par le centre d’Arras. Après la guerre, ses services dans la Résistance ont été homologués pour son appartenance au groupe du capitaine Rioufol (rattaché ensuite au réseau Jean-Marie Buckmaster) à partir du 1er mars 1942 en tant qu’agent P1 puis P2 à partir du mois d’août 1942 et comme membre de l’Armée secrète-Corps francs de la Libération du secteur d’Aix-en-Provence à compter du 1er janvier 1943. Il reçoit la médaille de la Résistance en 1948. Il est magistrat à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Il s’y marie le 22 septembre 1950 avec Andrée Félicie Marie Thérèse Simone Laplagne avec qui il a au moins un enfant. Il termine sa carrière de magistrat à Nouméa. Il est décédé le 11 juin 1989 en Australie à l’âge de 72 ans. Une rue et un parc portent son nom à Nouméa. Jacques Barrau et lui sont les deux seuls Calédoniens à avoir été déportés dans des camps de concentration pour des actes de Résistance en métropole.

Marilyne Andréo

Sources :

2 159 W 191, AD Bouches-du-Rhône, Dossier de demande de la carte de combattant volontaire de la Résistance de Gargon Sylvain.

21 P 611 825, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Gargon Sylvain Elie, Auguste.

Témoignage de Sylvain Gargon sur ses activités dans la Résistance, sur le site internet du vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie.

Dossier Arolsen.

Bernard Doncker, « Gargon Sylvain » in Laurent Thiery (dir.), Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, p.826.

Jean-Claude Pouzet, La Résistance mosaïque, Marseille, Editions Jeanne Laffitte, 1990, p.109

Ville de Nouméa, 1939-1945, La Nouvelle-Calédonie dans le second conflit mondial, Nouméa, Ville de Nouméa, 2010, p.29.

Sylvain Gargon, un résistant calédonien déporté au camp de Dora,

https://vimeopro.com/acnoumea/la-seconde-guerre-mondiale/video/170421563

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GARGON Sylvain

  • 21907 Buchenwald

  • Né le 6 février 1917 à Aix-en-Provence (Bouches du Rhône)

  • Décédé le 11 juin 1989 en Australie

Sylvain Elie Auguste Gargon est né le 6 février 1917 à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône. Il est le fils d’Antonin Joseph Gargon, adjudant au 23ème régiment d’infanterie coloniale, et de Maria Gervolino, sans profession, mariés en 1913 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Il est d’origine calédonienne par sa mère. Bachelier en philosophie, il rejoint l’école militaire de Saint-Maixent où il sort avec le grade d’aspirant. Il est mobilisé lors de la campagne de 1939-1940 dans le 3ème régiment de tirailleurs marocains. Il est ensuite étudiant en droit à l’université d’Aix-en-Provence. En janvier 1941, il est contacté à la faculté pour rentrer au mouvement Combat par son camarade Paliard, fils de Jacques Paliard, professeur de philosophie à la faculté de Lettres. Il diffuse le journal du mouvement et des tracts dans les facultés de droit et de lettres d’Aix-en-Provence. Il accomplit cette tâche avec Paliard, Fieschi, Loustauneau, Sampierro Quilicci. Il sert de boîte aux lettres pour le courrier destiné à Max Juvénal, avocat à la cour d’appel d’Aix, chef départemental de Combat et plus tard chef départemental puis régional des Mouvements unis de la Résistance (MUR) de la région R2. En mars 1942, il rencontre le capitaine Henri Rioufol, officier instructeur à l’école de Saint-Cyr alors repliée à Aix-en-Provence, qui le recrute pour donner des cours de préparation militaire clandestine. Ces cours se déroulent dans un hôtel mis à disposition par Sampierro Quilicci, rue de l’opéra. Ils dispensent ses cours à Fieschi, Loustauneau, les frères Barra, Paliard, Reynaud. Il est arrêté avec Paliard en septembre 1942 pour menées gaullistes à la suite d’une indiscrétion d’un marchand de journaux. Ils sont défendus par Max Juvénal qui obtient leur mise en liberté provisoire jusqu’à leur jugement prévu pour le 18 février 1943. En novembre, il suit avec Fieschi des cours sur le maniement d’explosifs et d’armes lui permettant par la suite d’instruire ses camarades. En janvier 1943, il repère avec lui des terrains pouvant servir pour des parachutages dans le secteur de Lourmarin, de Pertuis et de Cadenet dans le Vaucluse et il transmet des renseignements sur les voies de communication pour bloquer le repli allemand en cas de débarquement. En février 1943, il convoie un groupe de résistants devant regagner l’Angleterre par avion et il a sur lui des renseignements devant être transmis à Londres. Dénoncé, il est arrêté à la gare de Nîmes dans le Gard le 6 février par la Gestapo en compagnie de Georges Angenot (matricule 66343 à Sachsenhausen), fils du général Paul Angenot, premier chef d’état-major du général de Gaulle à Londres, le lieutenant Etienne (déporté), officier d’active de Saint-Cyr, et de l’aspirant d’active Maurice Caillé (déporté). Dans la camionnette, il parvient à détruire les documents. Il est interné à la prison des Minimes à Montpellier puis le 19 février à Compiègne (numéro 10171). Le 17 septembre, il est déporté à Buchenwald où il arrive le lendemain dans un convoi comprenant 941 hommes. D’autres Gardois sont présents dans ce train : René Boisson (matricule 21787), Jacques Borrel (matricule 21304†), Jacques Lafont (matricule 21790) et Franck Maurin (matricule 21145). Il se déclare étudiant en médecine. Après sa quarantaine, il est transféré le 13 octobre et il parvient à Dora le 14. Il travaille dans les tunnels qu’il creuse 18 heures par jour, « de 6h du matin à 6h du soir, puis à nouveau jusqu’à minuit, avec simplement une demi-heure de halte pour manger des rutabagas trempés dans l’eau et un quart de boule de pain, moisi les trois quarts du temps. Les morts s’entassaient dans les galeries sur deux mètres de haut, parce qu’on ne pouvait pas les évacuer tout de suite. On a connu des températures de -20° ou -30°, avec uniquement ces pelures en tissu rayé. Pour nous protéger du froid, nous nous servions des enveloppes de sac de ciment qu’on glissait sous les vêtements, mais les SS le savaient. Quand ils sentaient le papier sous la chemise, ils nous rouaient de coups, ils s’acharnaient, car c’était interdit ». Lorsque les baraquements extérieurs sont achevés, il est affecté au Block 105. Le 5 avril 1945, il est évacué en train vers Neuengamme mais l’avancée des troupes américaines modifie le parcours qui est par moment réalisé à pied avant de rejoindre le 14 avril Ravensbrück où il reçoit le matricule 14907. Le 24 et le 26 avril, les hommes de Ravensbrück quittent le camp à pied. Sylvain Gargon est libéré le 2 mai par les Américains à Malchow. Il est rapatrié le 29 mai 1945 par le centre d’Arras. Après la guerre, ses services dans la Résistance ont été homologués pour son appartenance au groupe du capitaine Rioufol (rattaché ensuite au réseau Jean-Marie Buckmaster) à partir du 1er mars 1942 en tant qu’agent P1 puis P2 à partir du mois d’août 1942 et comme membre de l’Armée secrète-Corps francs de la Libération du secteur d’Aix-en-Provence à compter du 1er janvier 1943. Il reçoit la médaille de la Résistance en 1948. Il est magistrat à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Il s’y marie le 22 septembre 1950 avec Andrée Félicie Marie Thérèse Simone Laplagne avec qui il a au moins un enfant. Il termine sa carrière de magistrat à Nouméa. Il est décédé le 11 juin 1989 en Australie à l’âge de 72 ans. Une rue et un parc portent son nom à Nouméa. Jacques Barrau et lui sont les deux seuls Calédoniens à avoir été déportés dans des camps de concentration pour des actes de Résistance en métropole.

Marilyne Andréo

Sources :

2 159 W 191, AD Bouches-du-Rhône, Dossier de demande de la carte de combattant volontaire de la Résistance de Gargon Sylvain.

21 P 611 825, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Gargon Sylvain Elie, Auguste.

Témoignage de Sylvain Gargon sur ses activités dans la Résistance, sur le site internet du vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie.

Dossier Arolsen.

Bernard Doncker, « Gargon Sylvain » in Laurent Thiery (dir.), Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, p.826.

Jean-Claude Pouzet, La Résistance mosaïque, Marseille, Editions Jeanne Laffitte, 1990, p.109

Ville de Nouméa, 1939-1945, La Nouvelle-Calédonie dans le second conflit mondial, Nouméa, Ville de Nouméa, 2010, p.29.

Sylvain Gargon, un résistant calédonien déporté au camp de Dora,

https://vimeopro.com/acnoumea/la-seconde-guerre-mondiale/video/170421563

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