RECHERCHEZ
Manuel Zurita est né à Flix, dans la basse vallée de l’Ebre. Entré en France en février 1939, lors de la Retirada, l’exil des républicains espagnols, il est interné dans le camp d’Argelès (Pyrénées-Orientales).
Incorporé dans un CTE (Compagnies de Travailleurs Étrangers) un réservoir de main-d’œuvre pour les houillères du Sud de la France, il est l’un des 700 réfugiés espagnols[i] embauchés comme mineurs dans le bassin minier gardois Alès – La Grand Combe. Manuel Zurita est arrêté le 13 mars 1942 à son domicile de la Grand Combe par les services de la Gendarmerie, simple tracasserie, surveillance, contrôle il est relâché. En avril 1943 les menaces de déplacement se précisant pour tous les ex CTE devenus GTE (Groupements de travailleurs étrangers), Manuel intègre la 21ème brigade de l’AGE (Agrupación de guerrilleros españoles) du Gard dont il devient l’un des agents de liaison. En mai 1944 un contingent de guérilleros est stationné sur le mont Aigoual au grand hôtel du Fangas avec le maquis Bir-Hakeim. Casimiro Camblor, l’un de ces guérilleros, se blesse en manipulant une arme. Le lendemain 29 mai Manuel Zurita et Angel Suarez partent à bicyclette pour le récupérer. Ils le transportent sur le porte-bagage jusqu’à La Grand-Combe. Arrivés le soir à destination Cristino Garcia Grandas leur demande de le conduire à Larnac, un hameau proche des Mages et de St Ambroix, où demeure Emilio Ruiz, médecin espagnol réfugié en 1939, qui, bien que travaillant comme mineur au 805ème GTE, soigne clandestinement les maquisards et les guerilleros de l’AGE. Le lendemain matin de bonne heure, toujours à bicyclette avec leur blessé ils prennent des routes secondaires passant par l’Afenadou et le Martinet. C’est là qu’ils sont interceptés par des légionnaires de la 8ème compagnie de la division Brandebourg habillés en maquisards. Casimiro Camblor est exécuté, Suarez réussit à s’enfuir, Zurita capturé vivant est conduit au quartier général des Brandebourgeois à l’hôtel du Luxembourg à Alès où il est torturé. Le lendemain 30 mai il est embarqué dans la voiture des « faux maquisards » et utilisé comme leurre pour tendre un piège aux résistants. Ils sillonnent les routes autour de la Grand-Combe et Alès afin de le contraindre à dénoncer ses camarades. Torturé, Manuel Zurita est exécuté à une date indéterminée en juillet 1944. Son corps est précipité dans le puits de la mine de Célas à Servas (Gard).
Le 12 septembre 1944, 31 corps dont celui de Manuel Zurita sont retrouvés dans le fond du puits de la mine. Le 18 septembre 1944, 25000 personnes participent à Alès aux obsèques solennelles rendues aux martyrs du puits de Célas.
Le nom de Manuel Zurita figure sur plusieurs monuments du Gard : sur le monument commémoratif du puits de Célas, à Servas, sur la stèle commémorative des combattants sans uniforme de la Seconde Guerre mondiale originaires et/ou résidents pendant cette période sur le canton de La Grand-Combe au cimetière de l’Arboux, avec l’inscription suivante : « À nos glorieux héros sans uniforme du canton de La Grand Combe, tombés pour la libération de la France ». Sur le monument commémoratif des morts issus de la 3ème division de l’AGE (guérilleros espagnols), érigé en 2004 près du cimetière, au hameau de L’Affenadou (commune de Portes, Gard), sur la D 59 en direction du Martinet sur lequel sont inscrits 40 noms (14 du Gard, 9 de l’Ardèche, 17 de la Lozère). Sur cette plaque figure aussi l’inscription :
« Aux résistants espagnols tombés en combattant l’Allemagne nazie sur le sol français. Passant souvient toi. La Liberté d’Espagne en France on l’a conquise, on l’a défendue. À tous ceux et celles dont l’Histoire a égaré le Nom. Aux 600 guérilleros espagnols de la 3ème Division qui ont combattu aux côtés de leurs compagnons Français pour la Liberté de tous dans le Gard, l’Ardèche et la Lozère de 1941 à 1944. Une seconde plaque honore plus particulièrement le chef de la 3ème division, Cristino Garcia Grandas : « À Cristino Garcia Chef de la 3ème Division des Guérilleros Espagnols, fusillé par les franquistes à Madrid le 21 février 1946.
Le monument a été érigé à l’initiative des anciens guérilleros espagnols F.F.I. et leurs amis en juin 2004. Conçu et réalisé par Yann Liebard, sculpteur ».
Monique Vézilier
Sources :
– Éveline & Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944), Montpellier, les Presses du Languedoc/Max Chaleil éditeur, 1987, 348 p. [pp. 226, 258, 259, 314].
– [1]Hervé Mauran, Espagnols rouges. Un maquis de républicains espagnols en Cévennes (1939-1946), Nîmes, Lacour, 1995, 255 p. [pp. 121-122]. — Hervé Mauran, « Des guérilleros espagnols dans les maquis cévenols (1943-1944) »
– Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI), 2009, La Résistance dans le Gard Cédérom
– Aimé Vielzeuf, Terreur en Cévenne, Nîmes, Lacour Rediviva, 171 p. [en particulier, p. 156, témoignage de Ricardo Samitier]. — Mémorial GenWeb consulté le 15 novembre 2017.
– DAVCC Caen dossier n° 21P 276 609.
RECHERCHEZ
Manuel Zurita est né à Flix, dans la basse vallée de l’Ebre. Entré en France en février 1939, lors de la Retirada, l’exil des républicains espagnols, il est interné dans le camp d’Argelès (Pyrénées-Orientales).
Incorporé dans un CTE (Compagnies de Travailleurs Étrangers) un réservoir de main-d’œuvre pour les houillères du Sud de la France, il est l’un des 700 réfugiés espagnols[i] embauchés comme mineurs dans le bassin minier gardois Alès – La Grand Combe. Manuel Zurita est arrêté le 13 mars 1942 à son domicile de la Grand Combe par les services de la Gendarmerie, simple tracasserie, surveillance, contrôle il est relâché. En avril 1943 les menaces de déplacement se précisant pour tous les ex CTE devenus GTE (Groupements de travailleurs étrangers), Manuel intègre la 21ème brigade de l’AGE (Agrupación de guerrilleros españoles) du Gard dont il devient l’un des agents de liaison. En mai 1944 un contingent de guérilleros est stationné sur le mont Aigoual au grand hôtel du Fangas avec le maquis Bir-Hakeim. Casimiro Camblor, l’un de ces guérilleros, se blesse en manipulant une arme. Le lendemain 29 mai Manuel Zurita et Angel Suarez partent à bicyclette pour le récupérer. Ils le transportent sur le porte-bagage jusqu’à La Grand-Combe. Arrivés le soir à destination Cristino Garcia Grandas leur demande de le conduire à Larnac, un hameau proche des Mages et de St Ambroix, où demeure Emilio Ruiz, médecin espagnol réfugié en 1939, qui, bien que travaillant comme mineur au 805ème GTE, soigne clandestinement les maquisards et les guerilleros de l’AGE. Le lendemain matin de bonne heure, toujours à bicyclette avec leur blessé ils prennent des routes secondaires passant par l’Afenadou et le Martinet. C’est là qu’ils sont interceptés par des légionnaires de la 8ème compagnie de la division Brandebourg habillés en maquisards. Casimiro Camblor est exécuté, Suarez réussit à s’enfuir, Zurita capturé vivant est conduit au quartier général des Brandebourgeois à l’hôtel du Luxembourg à Alès où il est torturé. Le lendemain 30 mai il est embarqué dans la voiture des « faux maquisards » et utilisé comme leurre pour tendre un piège aux résistants. Ils sillonnent les routes autour de la Grand-Combe et Alès afin de le contraindre à dénoncer ses camarades. Torturé, Manuel Zurita est exécuté à une date indéterminée en juillet 1944. Son corps est précipité dans le puits de la mine de Célas à Servas (Gard).
Le 12 septembre 1944, 31 corps dont celui de Manuel Zurita sont retrouvés dans le fond du puits de la mine. Le 18 septembre 1944, 25000 personnes participent à Alès aux obsèques solennelles rendues aux martyrs du puits de Célas.
Le nom de Manuel Zurita figure sur plusieurs monuments du Gard : sur le monument commémoratif du puits de Célas, à Servas, sur la stèle commémorative des combattants sans uniforme de la Seconde Guerre mondiale originaires et/ou résidents pendant cette période sur le canton de La Grand-Combe au cimetière de l’Arboux, avec l’inscription suivante : « À nos glorieux héros sans uniforme du canton de La Grand Combe, tombés pour la libération de la France ». Sur le monument commémoratif des morts issus de la 3ème division de l’AGE (guérilleros espagnols), érigé en 2004 près du cimetière, au hameau de L’Affenadou (commune de Portes, Gard), sur la D 59 en direction du Martinet sur lequel sont inscrits 40 noms (14 du Gard, 9 de l’Ardèche, 17 de la Lozère). Sur cette plaque figure aussi l’inscription :
« Aux résistants espagnols tombés en combattant l’Allemagne nazie sur le sol français. Passant souvient toi. La Liberté d’Espagne en France on l’a conquise, on l’a défendue. À tous ceux et celles dont l’Histoire a égaré le Nom. Aux 600 guérilleros espagnols de la 3ème Division qui ont combattu aux côtés de leurs compagnons Français pour la Liberté de tous dans le Gard, l’Ardèche et la Lozère de 1941 à 1944. Une seconde plaque honore plus particulièrement le chef de la 3ème division, Cristino Garcia Grandas : « À Cristino Garcia Chef de la 3ème Division des Guérilleros Espagnols, fusillé par les franquistes à Madrid le 21 février 1946.
Le monument a été érigé à l’initiative des anciens guérilleros espagnols F.F.I. et leurs amis en juin 2004. Conçu et réalisé par Yann Liebard, sculpteur ».
Monique Vézilier
Sources :
– Éveline & Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944), Montpellier, les Presses du Languedoc/Max Chaleil éditeur, 1987, 348 p. [pp. 226, 258, 259, 314].
– [1]Hervé Mauran, Espagnols rouges. Un maquis de républicains espagnols en Cévennes (1939-1946), Nîmes, Lacour, 1995, 255 p. [pp. 121-122]. — Hervé Mauran, « Des guérilleros espagnols dans les maquis cévenols (1943-1944) »
– Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI), 2009, La Résistance dans le Gard Cédérom
– Aimé Vielzeuf, Terreur en Cévenne, Nîmes, Lacour Rediviva, 171 p. [en particulier, p. 156, témoignage de Ricardo Samitier]. — Mémorial GenWeb consulté le 15 novembre 2017.
– DAVCC Caen dossier n° 21P 276 609.