RECHERCHEZ
C’est dans sa ville natale que Chaïm, Heinrich/Henri Zadek apprend et exerce le métier de tailleur.
Il épouse Scheva/Szaja Scheps, polonaise elle aussi, née le 18 janvier 1896 à Tomaszow, culottière de profession. Leur premier enfant, Salomon Isaak, naît à Kalisz le 7 juillet 1922.
Entre cette date et la naissance de leur fille Anne, le 14 juillet 1924, la famille a émigré en Belgique, à Gilly. C’est aussi dans cette ville qu’Adolphe voit le jour, le 15 octobre 1927. Le dernier de la fratrie, Armand naît à Charleroi (Belgique), le 25 décembre 1932, la famille s’étant alors installée dans cette ville, au 184 grand Rue. Salomon, l’aîné s’est, pendant ce temps, initié au métier de son père.
Les Zadek restent à Charleroi jusqu’en octobre 1940, date où ils se réfugient en France. Une adresse les situe à Nîmes, 17 rue Montgolfier. Ils sont arrêtés, dès le 14 décembre, pour être envoyés au Camp d’Argelès (camp 9), car ils correspondent à la récente circulaire du Ministère de l’Intérieur sur l’internement des « étrangers et les apatrides suspects, dangereux pour l’ordre public ou indésirables ». Puis, ils sont transférés en mars 1941 au Camp de Rivesaltes, ouvert en janvier. Chaïm a alors 44 ans, Scheva, 43 ans, Salomon en a 19, Anne et Adolphe respectivement 17 et 14, tandis qu’Armand est âgé de 9 ans.
Chaïm s’échappe du camp entre fin avril et mi-juin 1941. Repris, il passe devant la Commission Todt dans le cadre de recrutements pour convoyer des détenus travailler en zone occupée- il est d’ailleurs possible qu’il ait travaillé dans un chantier de juillet à septembre 1941. Puis, en mars 1942, il est envoyé au Groupement de Travailleurs Étrangers de la Grand-Combe, détachement d’Alès (GTE 805) ; puis il est envoyé, on ne sait exactement à quelle date, pour la mine du Grand Coin, près de St Étienne. C’est là qu’il se trouvera encore en août 1942, lorsque seront déportés du camp de Rivesaltes sa femme et son fils Salomon, alors que les plus jeunes auront quitté le camp, sains et saufs.
De leur côté, les enfants s’évadent de Rivesaltes, les uns après les autres. Salomon, dès le 8 juin 1941, Adolphe le 5 septembre, suivi par Anne le 10 octobre. Ils trouvent refuge, semble-t-il, à Saint-Etienne (Loire). Adolphe, le seul à être d’âge scolaire, y est inscrit dans une école professionnelle. Mais leur échappée ne dure que quelques mois : la fratrie est arrêtée et renvoyée à Rivesaltes, le 17 décembre 1941.
Cette année-là, seuls Scheva et le jeune Armand restent au camp, d’autant qu’Armand est hospitalisé pendant un temps à Perpignan. Salomon s’évade à nouveau en mars 1942, ce qui correspond au départ de son père pour le GTE, son retour est signalé le 25 juillet 1942. Il restera ensuite seul avec sa mère, car, en février 1942, les choses ont changé pour les trois plus jeunes enfants.
En effet, sortis du camp par l’Assistance Publique le 17 février 1942, puis pris en charge par le Secours Suisse, Adolphe, Anne et Armand ont d’abord été acheminés au Chambon sur Lignon. Dans un deuxième temps, Anne et Armand ont gagné le château de Grammont à Cézerieu dans l’Ain (colonie acquise par la CGT), tandis qu’Adolphe a été recueilli par un agriculteur du Chambon sur Lignon, M. Argoud, puis caché par un jeune couple, les Linarès, à Cannes-et-Clairan dans le Gard, où il restera jusqu’à la fin de la guerre ; pour cette protection sans failles, Eusébie et Fanny Linarès seront faits Justes parmi les Nations en 2009.
Trois des enfants survivront donc, contrairement à leurs parents et à leur frère aîné Salomon.
Scheva et Salomon partent de Rivesaltes pour Drancy, puis prennent le convoi 24 du 26 août 1942. Chaïm, n’étant pas revenu à Rivesaltes, est déporté sans doute de St Étienne vers Drancy, d’où il part par le convoi 27 du 2 septembre 1942.
Tandis que ses parents sont probablement gazés dès leur arrivée respective au camp d’Auschwitz, Salomon y est intégré avec le matricule 179141. Probablement vers la fin 1944, il est transféré à Gross-Rosen. Après l’évacuation de ce camp, il arrive à Buchenwald le 10 février 1945, où il reçoit un nouveau matricule : 130433. Sa trace se perd à ce moment, il ne reviendra pas.
Anne se mariera et vivra en Bretagne, Adolphe poursuivra sa vie en Belgique sera père et grand-père, Armand, après s’être marié et avoir vécu dans les Flandres belges, décèdera en décembre 2016. C’est Adolphe qui entreprendra les démarches pour faire établir les décès de ses parents et de Salomon.
Marie Balta, Gérard Krebs
Sources :
-Dossiers Caen de Chaïm Zadek : 21P551 588.
-Photo de Chaïm extraite de l’ouvrage « Drancy-Auschwitz, 1942-1944, Juifs de Belgique déportés via la France », Malines, Kazerne Dossin ; photo de Scheva provenant du site de Yad Vashem.
-AFMD : Liste des GTE du Gard, Étude des lieux d’internement.
-Archives départementales des Pyrénées Orientales : transcriptions des fiches du registres Juifs Étrangers du
Camp de Rivesaltes.
-Site « Pour Mémoire » : Les migrations dans le Gard. Archives départementales du Gard
-Témoignage de Lucile Romillon, petite-fille d’Eusébie et Fanny Linarès in Mémoire des justes.
-Site Yad Vashem.
-Site Geni concernant Armand Zadek
RECHERCHEZ
C’est dans sa ville natale que Chaïm, Heinrich/Henri Zadek apprend et exerce le métier de tailleur.
Il épouse Scheva/Szaja Scheps, polonaise elle aussi, née le 18 janvier 1896 à Tomaszow, culottière de profession. Leur premier enfant, Salomon Isaak, naît à Kalisz le 7 juillet 1922.
Entre cette date et la naissance de leur fille Anne, le 14 juillet 1924, la famille a émigré en Belgique, à Gilly. C’est aussi dans cette ville qu’Adolphe voit le jour, le 15 octobre 1927. Le dernier de la fratrie, Armand naît à Charleroi (Belgique), le 25 décembre 1932, la famille s’étant alors installée dans cette ville, au 184 grand Rue. Salomon, l’aîné s’est, pendant ce temps, initié au métier de son père.
Les Zadek restent à Charleroi jusqu’en octobre 1940, date où ils se réfugient en France. Une adresse les situe à Nîmes, 17 rue Montgolfier. Ils sont arrêtés, dès le 14 décembre, pour être envoyés au Camp d’Argelès (camp 9), car ils correspondent à la récente circulaire du Ministère de l’Intérieur sur l’internement des « étrangers et les apatrides suspects, dangereux pour l’ordre public ou indésirables ». Puis, ils sont transférés en mars 1941 au Camp de Rivesaltes, ouvert en janvier. Chaïm a alors 44 ans, Scheva, 43 ans, Salomon en a 19, Anne et Adolphe respectivement 17 et 14, tandis qu’Armand est âgé de 9 ans.
Chaïm s’échappe du camp entre fin avril et mi-juin 1941. Repris, il passe devant la Commission Todt dans le cadre de recrutements pour convoyer des détenus travailler en zone occupée- il est d’ailleurs possible qu’il ait travaillé dans un chantier de juillet à septembre 1941. Puis, en mars 1942, il est envoyé au Groupement de Travailleurs Étrangers de la Grand-Combe, détachement d’Alès (GTE 805) ; puis il est envoyé, on ne sait exactement à quelle date, pour la mine du Grand Coin, près de St Étienne. C’est là qu’il se trouvera encore en août 1942, lorsque seront déportés du camp de Rivesaltes sa femme et son fils Salomon, alors que les plus jeunes auront quitté le camp, sains et saufs.
De leur côté, les enfants s’évadent de Rivesaltes, les uns après les autres. Salomon, dès le 8 juin 1941, Adolphe le 5 septembre, suivi par Anne le 10 octobre. Ils trouvent refuge, semble-t-il, à Saint-Etienne (Loire). Adolphe, le seul à être d’âge scolaire, y est inscrit dans une école professionnelle. Mais leur échappée ne dure que quelques mois : la fratrie est arrêtée et renvoyée à Rivesaltes, le 17 décembre 1941.
Cette année-là, seuls Scheva et le jeune Armand restent au camp, d’autant qu’Armand est hospitalisé pendant un temps à Perpignan. Salomon s’évade à nouveau en mars 1942, ce qui correspond au départ de son père pour le GTE, son retour est signalé le 25 juillet 1942. Il restera ensuite seul avec sa mère, car, en février 1942, les choses ont changé pour les trois plus jeunes enfants.
En effet, sortis du camp par l’Assistance Publique le 17 février 1942, puis pris en charge par le Secours Suisse, Adolphe, Anne et Armand ont d’abord été acheminés au Chambon sur Lignon. Dans un deuxième temps, Anne et Armand ont gagné le château de Grammont à Cézerieu dans l’Ain (colonie acquise par la CGT), tandis qu’Adolphe a été recueilli par un agriculteur du Chambon sur Lignon, M. Argoud, puis caché par un jeune couple, les Linarès, à Cannes-et-Clairan dans le Gard, où il restera jusqu’à la fin de la guerre ; pour cette protection sans failles, Eusébie et Fanny Linarès seront faits Justes parmi les Nations en 2009.
Trois des enfants survivront donc, contrairement à leurs parents et à leur frère aîné Salomon.
Scheva et Salomon partent de Rivesaltes pour Drancy, puis prennent le convoi 24 du 26 août 1942. Chaïm, n’étant pas revenu à Rivesaltes, est déporté sans doute de St Étienne vers Drancy, d’où il part par le convoi 27 du 2 septembre 1942.
Tandis que ses parents sont probablement gazés dès leur arrivée respective au camp d’Auschwitz, Salomon y est intégré avec le matricule 179141. Probablement vers la fin 1944, il est transféré à Gross-Rosen. Après l’évacuation de ce camp, il arrive à Buchenwald le 10 février 1945, où il reçoit un nouveau matricule : 130433. Sa trace se perd à ce moment, il ne reviendra pas.
Anne se mariera et vivra en Bretagne, Adolphe poursuivra sa vie en Belgique sera père et grand-père, Armand, après s’être marié et avoir vécu dans les Flandres belges, décèdera en décembre 2016. C’est Adolphe qui entreprendra les démarches pour faire établir les décès de ses parents et de Salomon.
Marie Balta, Gérard Krebs
Sources :
-Dossiers Caen de Chaïm Zadek : 21P551 588.
-Photo de Chaïm extraite de l’ouvrage « Drancy-Auschwitz, 1942-1944, Juifs de Belgique déportés via la France », Malines, Kazerne Dossin ; photo de Scheva provenant du site de Yad Vashem.
-AFMD : Liste des GTE du Gard, Étude des lieux d’internement.
-Archives départementales des Pyrénées Orientales : transcriptions des fiches du registres Juifs Étrangers du
Camp de Rivesaltes.
-Site « Pour Mémoire » : Les migrations dans le Gard. Archives départementales du Gard
-Témoignage de Lucile Romillon, petite-fille d’Eusébie et Fanny Linarès in Mémoire des justes.
-Site Yad Vashem.
-Site Geni concernant Armand Zadek