Marthe Élisabeth Esther Toutin est née le 25 juillet 1918 à Vergèze dans le Gard. Elle est la fille d’Auguste Eugène Toutin, électricien, et de Blanche Marguerite Esther Delpuech, sans profession. Elle est l’aînée d’une fratrie de trois enfants. Elle est catholique. A partir de 1932, la famille s’installe à Nîmes. Pendant la guerre, elle est secrétaire au ravitaillement général à Nîmes. Elle vit chez ses parents avec sa fille (élevée par sa sœur Élisabeth pendant sa déportation).

Elle s’engage dans la Résistance en octobre 1942 au sein du mouvement Combat. Elle diffuse des tracts et des journaux clandestins. A la suite d’une dénonciation, elle est arrêtée par la Gestapo le 25 octobre 1943 à 19 heures à son domicile alors qu’elle est en train de confectionner avec sa mère des brassards pour le maquis. Le même jour 12 autres personnes sont interpellées : son père Auguste (matricule 63243) et sa mère Blanche (matricule 34148), Lucette Choisy, Andrée Choisy (matricule 34113), Zulma Vigne (matricule 38095), Marcelle Saltet (matricule 34140) et sa sœur Augustine Donadille (matricule 35345), Jeanne Encontre (matricule 34116), Mathilde Philippe (matricule 63243), Louis François (matricule 62327), André Guyot (matricule 43978) et Georges Ledoux (matricule 43536). Elle est internée à la caserne Bruyère à Nîmes puis à la prison Saint-Pierre à Marseille du 5 au 11 novembre ensuite aux Baumettes et enfin à partir du 5 mars 1944 au fort de Romainville.

Elle est déportée le 16 mars via Aix-la-Chapelle dans un convoi de 51 femmes avec sa mère Blanche, Marcelle Saltet, Andrée Choisy, Jeanne Encontre et Mathilde Philippe. Après un passage à Essen, à Hanovre et à Hambourg, elle est envoyée le 5 avril à Ravensbrück. Le 5 mars 1945, elle est transférée à Mauthausen où à son arrivée le 7 mars, on lui attribue le matricule 2693. Elle est affectée au Häftling Bekleidungskammer (département des vêtements de prisonniers) le 1^er avril.

Elle est libérée le 22 avril 1945 par la Croix-Rouge internationale et elle est rapatriée en France le 24 avril via Annecy. Elle se marie le 16 juillet 1945 à Nîmes avec Alfred Charles Boissière. Après la guerre, ses services dans la Résistance ont été homologués avec le grade fictif de sergent-chef. Elle est chevalier de la Légion d’honneur en 1961. Elle est membre de la commission d’homologation des Forces françaises combattantes de l’intérieur (FFCI) du Gard et membre de la commission d’attribution de la carte de CVR dans le Gard. Elle est vice-présidente d’une association de déportés en 1966. Elle vit à Nîmes, au 34 rue Pradier, en 1966 lorsque son père reçoit la Légion d’honneur et elle y vit encore en 1974 au moment du décès de son père. Elle est décédée le 16 juillet 1998 à Vergèze, à l’âge de 79 ans. Elle est inhumée dans le cimetière de cette commune avec ses parents.

Marilyne ANDRÉO

Sources :

21 P 625 527, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Marthe Boissière.
1446 W 11, AD Gard, Dossier de demande de la carte de CVR de Marthe Boissière.
Dossier de membre de l’Ordre de la Légion d’Honneur d’Auguste Toutin, Base de données Léonore, site internet des Archives nationales, https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/361412
Fiche de Marthe Toutin sur le site internet de l’Amicale de Mauthausen, https://monument-mauthausen.org/2693.html
Site internet du cimetière de Vergèze, https://cimetiere.gescime.com/FicheDefunt/vergeze-cimetiere-30310/344
Dossier Arolsen.