RECHERCHEZ
Auguste, Eugène Toutin, fils d’Auguste, Benjamin et de Jeanne, Marie, Caroline Ménager naît le 11 décembre 1888 à Angers (Maine-et-Loire) où son père tient un commerce de bois et charbon. Auguste Toutin épouse Blanche Delpuech née le 4 juillet 1884 à Vergèze (Gard), fille de Jean, instituteur et de Esther Maurin, le 25 septembre 1917 à Vergèze dans le Gard. Ils ont trois enfants Marthe (Élisabeth, Esther) née le 25 juillet 1918, Pierre (Jean) né le 1er janvier 1920 et Élisabeth (Blanche)née le 31 décembre 1920. Tous trois naissent à Vergèze. La famille Toutin s’installe à Nîmes en 1932. Auguste exerce la profession de contremaître adjoint à la Compagnie d’Électricité de Nîmes. En 1942 il est contacté par le mouvement Combat : l’invasion de la zone libre en novembre par les troupes allemandes entraîne le développement d’un réseau de surveillance et de renseignements. Grâce à son emploi Auguste Toutin dispose d’un Ausweiss ou laisser-passer de la Kommandantur qui lui donne accès au camp d’aviation de Garons et à la base aérienne de Courbessac, ce qui lui permet de signaler mouvements de troupes, emplacements de la DCA, parc d’artillerie. Le 25 octobre 1943 à sept heures du soir, des agents de la Gestapo font irruption dans leur maison au 7 rue Villars à Nîmes. Auguste Toutin est arrêté ainsi que son épouse Blanche et leur fille aînée Marthe, toutes deux étaient en train de confectionner des brassards pour une future libération.
Auguste Toutin est emprisonné à la Caserne de Vallongue à Nîmes. Le 4 novembre il est transféré à la prison St Pierre à Marseille. En février 1944 il est jugé et condamné pour terrorisme. Interné aux Baumettes jusqu’au 6 mars 1944 il est ensuite dirigé sur Compiègne où il arrive le 9 mars, son n° d’écrou 28649. Le 6 avril 1944 il est déporté à Mauthausen. Dans ce convoi I.199 sont 1486 prisonniers, parmi lesquels 1363 Français sont immatriculés le 8 avril 1944 à Mauthausen entre les numéros 61 851 et 63 336. Un important transport composé majoritairement de résistants et agents de renseignements.
Les conditions de transport de ces centaines d’hommes ne sont guère différentes de celles subies par leurs camarades deux semaines auparavant : la soif, la faim, la promiscuité, accentuée après la mise à nu et le regroupement des hommes dans un nombre restreint de wagons suite à des tentatives d’évasion1. Arrivé au KL Mauthausen le 8 avril il reçoit le matricule 63243. Passé la période de quarantaine il est affecté au camp annexe de Gusen II. Le 18 juillet 1944 il est de retour au camp central.
Auguste Toutin bénéficie d’une libération anticipée par la Croix Rouge Internationale le 22 avril 1945, il est rapatrié à Annecy.
Blanche et Marthe Toutin suivent un parcours identique après leur arrestation : caserne Vallongue (Nîmes) ensuite Marseille prison St Pierre puis les Baumettes du 5 novembre 1943 au 3 mars 1944, date à laquelle elles sont transférées à Romainville. Classées NN, elles sont déportées le 16 mars 1944. Leur trajet, la gare du Nord – transit par la prison d’Aix la Chapelle – arrivée à Ravensbrück le 5 avril 1944. Toutes deux restent au camp central de Ravensbrück.
Classées NN, c’est-à-dire au secret, la plupart de ces femmes demeurent au camp central de Ravensbrück. Ce n’est que début mars 1945 que près des trois-quarts sont transférées à Mauthausen, dans un convoi fortement marqué par cette présence de NN. Au total, ces conditions qui épargnent plusieurs transferts aux déportées, et notamment des travaux dans des Kommandos de construction, expliquent qu’elles sont plus de 200 à revenir en 1945 (84%).
Début mars 1945, l’ordre d’évacuation est donné : « Soudain un SS fit irruption dans le baraquement et l’ordre d’évacuer fut donné. En hâte nous fûmes obligées de nous préparer au départ. […] Le lendemain, par groupes, nous défilâmes devant un bureau ; on y releva nos numéros, nous reçûmes des vivres pour trois jours et sortant du camp de Ravensbrück, notre convoi fut dirigé vers la halte de chemin de fer voisine du camp où, par un froid glacial, pendant plusieurs heures, nous attendîmes le train.2 »
Le transport arrive à Mauthausen le 7 mars. Les formalités subies à l’arrivée sont les mêmes que pour les hommes : déshabillage, humiliation… Blanche Toutin reçoit le matricule 2691 et Marthe sa fille le 2693. Le 21 mars les premiers camions de la Croix Rouge arrivent au KL, le lendemain Blanche et Marthe Toutin quittent le camp en direction de la Suisse. Elles sont rapatriées par Annecy (Haute – Savoie) le 29 avril 1945.
Pierre Toutin prisonnier de guerre en juin 1940.
Marthe Toutin épouse Boissière est décédée à Vergèze le 16 juillet 1998
Monique VÉZILIER
Sources :
DAVCC Caen dossier n° 21 P 625 791
DAVCC Caen dossier n°21 P 683 680
RÉSIDE À NÎMES DEPUIS 1932 certificat de résidence du commissariat de police de Nîmes
https://books.openedition.org/Edition Presses Universitaires de Nanterre Femmes en déportation
RECHERCHEZ
Auguste, Eugène Toutin, fils d’Auguste, Benjamin et de Jeanne, Marie, Caroline Ménager naît le 11 décembre 1888 à Angers (Maine-et-Loire) où son père tient un commerce de bois et charbon. Auguste Toutin épouse Blanche Delpuech née le 4 juillet 1884 à Vergèze (Gard), fille de Jean, instituteur et de Esther Maurin, le 25 septembre 1917 à Vergèze dans le Gard. Ils ont trois enfants Marthe (Élisabeth, Esther) née le 25 juillet 1918, Pierre (Jean) né le 1er janvier 1920 et Élisabeth (Blanche)née le 31 décembre 1920. Tous trois naissent à Vergèze. La famille Toutin s’installe à Nîmes en 1932. Auguste exerce la profession de contremaître adjoint à la Compagnie d’Électricité de Nîmes. En 1942 il est contacté par le mouvement Combat : l’invasion de la zone libre en novembre par les troupes allemandes entraîne le développement d’un réseau de surveillance et de renseignements. Grâce à son emploi Auguste Toutin dispose d’un Ausweiss ou laisser-passer de la Kommandantur qui lui donne accès au camp d’aviation de Garons et à la base aérienne de Courbessac, ce qui lui permet de signaler mouvements de troupes, emplacements de la DCA, parc d’artillerie. Le 25 octobre 1943 à sept heures du soir, des agents de la Gestapo font irruption dans leur maison au 7 rue Villars à Nîmes. Auguste Toutin est arrêté ainsi que son épouse Blanche et leur fille aînée Marthe, toutes deux étaient en train de confectionner des brassards pour une future libération.
Auguste Toutin est emprisonné à la Caserne de Vallongue à Nîmes. Le 4 novembre il est transféré à la prison St Pierre à Marseille. En février 1944 il est jugé et condamné pour terrorisme. Interné aux Baumettes jusqu’au 6 mars 1944 il est ensuite dirigé sur Compiègne où il arrive le 9 mars, son n° d’écrou 28649. Le 6 avril 1944 il est déporté à Mauthausen. Dans ce convoi I.199 sont 1486 prisonniers, parmi lesquels 1363 Français sont immatriculés le 8 avril 1944 à Mauthausen entre les numéros 61 851 et 63 336. Un important transport composé majoritairement de résistants et agents de renseignements.
Les conditions de transport de ces centaines d’hommes ne sont guère différentes de celles subies par leurs camarades deux semaines auparavant : la soif, la faim, la promiscuité, accentuée après la mise à nu et le regroupement des hommes dans un nombre restreint de wagons suite à des tentatives d’évasion1. Arrivé au KL Mauthausen le 8 avril il reçoit le matricule 63243. Passé la période de quarantaine il est affecté au camp annexe de Gusen II. Le 18 juillet 1944 il est de retour au camp central.
Auguste Toutin bénéficie d’une libération anticipée par la Croix Rouge Internationale le 22 avril 1945, il est rapatrié à Annecy.
Blanche et Marthe Toutin suivent un parcours identique après leur arrestation : caserne Vallongue (Nîmes) ensuite Marseille prison St Pierre puis les Baumettes du 5 novembre 1943 au 3 mars 1944, date à laquelle elles sont transférées à Romainville. Classées NN, elles sont déportées le 16 mars 1944. Leur trajet, la gare du Nord – transit par la prison d’Aix la Chapelle – arrivée à Ravensbrück le 5 avril 1944. Toutes deux restent au camp central de Ravensbrück.
Classées NN, c’est-à-dire au secret, la plupart de ces femmes demeurent au camp central de Ravensbrück. Ce n’est que début mars 1945 que près des trois-quarts sont transférées à Mauthausen, dans un convoi fortement marqué par cette présence de NN. Au total, ces conditions qui épargnent plusieurs transferts aux déportées, et notamment des travaux dans des Kommandos de construction, expliquent qu’elles sont plus de 200 à revenir en 1945 (84%).
Début mars 1945, l’ordre d’évacuation est donné : « Soudain un SS fit irruption dans le baraquement et l’ordre d’évacuer fut donné. En hâte nous fûmes obligées de nous préparer au départ. […] Le lendemain, par groupes, nous défilâmes devant un bureau ; on y releva nos numéros, nous reçûmes des vivres pour trois jours et sortant du camp de Ravensbrück, notre convoi fut dirigé vers la halte de chemin de fer voisine du camp où, par un froid glacial, pendant plusieurs heures, nous attendîmes le train.2 »
Le transport arrive à Mauthausen le 7 mars. Les formalités subies à l’arrivée sont les mêmes que pour les hommes : déshabillage, humiliation… Blanche Toutin reçoit le matricule 2691 et Marthe sa fille le 2693. Le 21 mars les premiers camions de la Croix Rouge arrivent au KL, le lendemain Blanche et Marthe Toutin quittent le camp en direction de la Suisse. Elles sont rapatriées par Annecy (Haute – Savoie) le 29 avril 1945.
Pierre Toutin prisonnier de guerre en juin 1940.
Marthe Toutin épouse Boissière est décédée à Vergèze le 16 juillet 1998
Monique VÉZILIER
Sources :
DAVCC Caen dossier n° 21 P 625 791
DAVCC Caen dossier n°21 P 683 680
RÉSIDE À NÎMES DEPUIS 1932 certificat de résidence du commissariat de police de Nîmes
https://books.openedition.org/Edition Presses Universitaires de Nanterre Femmes en déportation