RECHERCHEZ
Son père Joseph né en 1883 à Saint-Michel-d’Euzet est cordonnier, il est aussi soliste du cornet à piston de l’harmonie municipale Les Inséparables. Sa mère Alix Roche tient avec ses beaux-parents Louis et Modeste les fourneaux du restaurant situé dans la maison familiale, au bas de la route de Nîmes (aujourd’hui avenue Léon-Blum, local occupé par une armurerie).
Il est l’aîné d’une fratrie de trois garçons, suivront Raoul (1914) et Albert (1916) nés pendant la guerre. On sait peu de choses sur son enfance et sa prime-jeunesse qui fut sans doute heureuse comme en témoignent quelques photos qu’a conservé la famille et qui illustrent l’article d’Elian Cellier.
En 1939, lorsque la guerre éclate, il a trente ans et est célibataire. Il s’engage alors en résistance. Son réseau bagnolais est constitué de communistes et sympathisants dans lequel on retrouve Damian Ruiz (matricule 73976) et Josep Alabart Pascual (matricule 39612) qui seront arrêtés le même jour que lui.
Ce groupe de sabotage appartient aux F.T.P.F. (Francs-Tireurs Partisans Français), sous le commandement du capitaine Jacques, nom de résistance de Louis Ferri. Louis Thomas participe à des actions de sabotage de lignes électriques et de voies ferrées. Auparavant il conduit aussi des jeunes au maquis et rédige des tracts. Il est le typographe du réseau pour lequel sa connaissance des pratiques de l’imprimerie sera une aide précieuse et indispensable.
Le 9 février 1944, il est arrêté par les gendarmes au petit matin à son domicile de Bagnols-sur-Cèze, route de Nîmes. Ses deux camarades bagnolais sont également arrêtés ainsi que trois autres membres du réseau, d’origine étrangère : Vladimir Morozow (Russe, déporté à Neuengamme – matricule ?), Ladislas Kanik (Polonais, déporté à Neuengamme – matricule ?) et Wassili Wasilewicz Linkow (Russe, déporté à Neuengamme – matricule ?). Tous sont jugés et condamnés à différentes peines pour activité terroriste, le 14 avril 1944, par la section spéciale de la cour d’appel de Nîmes. Louis Thomas est condamné à 3 ans de prison par le Tribunal spécial et interné à Nîmes pour actes de sabotage et port d’armes, pour détention et distribution de tracts « visant à propager ou diffuser les mots d’ordre de la IIIème Internationale communiste » et pour « avoir à Bagnols-sur-Cèze, dans le courant du mois de janvier 1944, frauduleusement soustrait une certaine quantité de papier au préjudice des établissements Alban Broche ». À noter que le chef de réseau, Louis Ferri, parvient à prendre la fuite et est condamné à 20 ans de travaux forcés par défaut dans le même jugement.
Puis, le 2 mai 1944, Louis Thomas est transféré au centre de détention d’Eysses où il arrive le mercredi 3 mai à trois heures de l’après-midi. Le 5 mai, il fait parvenir à sa mère une lettre pour la rassurer sur son état de santé et son moral. Ce seront les dernières nouvelles que sa famille recevra. Le 30 mai, il est remis aux autorités allemandes. Louis fait partie des 1 087 résistants d’Eysses (à l’exception de 15 détenus très malades qui restent à la Centrale) livrés par l’État français de Vichy à la division SS Das Reich, connue notamment pour ses atrocités commises à Oradour, Tulle et Lacapelle-Biron. Conduit à la gare de Penne, il arrive à Compiègne le 2 juin où il est interné. Il est déporté dans le convoi du 18 juin 1944 vers le camp de concentration de Dachau, où il devient le matricule 74047.
Le 22 janvier 1945, il est transféré à Natzweiler-Struthof, plus précisément au kommando de Leonberg. Après la libération des camps, la famille de Louis apprendra qu’il a côtoyé deux autres Gardois revenus vivants, Fortuné Louvion (matricule 73690) et Maurice Barbut (matricule 73047).
Un acte de disparition est dressé en date du 30 octobre 1946. En mai 1952, le service de recherche de la zone américaine où se situe Leonberg retrouve un certificat de décès le déclarant « DCD » dans le camp le 3 février 1945. Il faudra attendre jusqu’au 23 juin 1953 pour qu’un acte de décès officiel soit établi par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre.
Un décret présidentiel en date du 11 mai 1954, publié le 18 mai 1954 au Journal Officiel, décore de la médaille militaire à titre posthume le sergent Louis Thomas qualifié de « brillant sous-officier des Forces Françaises de l’Intérieur, calme et courageux » avec attribution de la Croix de Guerre avec palme et de la médaille de la Résistance.
Le 21 septembre 1969 a lieu le 25ème anniversaire de la libération de la ville et du départ de Bagnols-sur-Cèze du commando Vigan Braquet (1) pour faire sa jonction avec la 2ème DB du général de Lattre de Tassigny. À cette occasion trois voies communales sont inaugurées en hommage à la Résistance : l’avenue Vigan-Braquet, la rue André-Sautel et la rue Louis-Thomas.
En 1973, ses frères reçoivent un diplôme du souvenir de la part des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes.
Mireille Justamond, Valérie Frac, Patricia Franco
Note :
(1) À la dissolution de l’armée d’armistice le 27 novembre 1942, avec l’occupation de la zone sud, le commandant Georges Vigan-Braquet se met à la disposition de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) dans les Basses-Alpes puis dans le Gard. Il crée le maquis du corps franc des Ardennes installé à Rochefort du Gard puis à la Vallonnière à Sabran. Le 26 août 1944, il libère la ville de Bagnols-sur-Cèze.
Sources :
-Fondation pour la Mémoire de la Déportation : www.bbdm.org
-Dossier SHD Caen
-Archives départementales du Gard : séries U et W
-Association Mémoire et Résistance Gard, La Résistance dans le Gard, AERI, Cédérom, 2009
-Louis Thomas, triste destin d’un résistant bagnolais, Rhodanie n° 139 (Elian Cellier)
RECHERCHEZ
Son père Joseph né en 1883 à Saint-Michel-d’Euzet est cordonnier, il est aussi soliste du cornet à piston de l’harmonie municipale Les Inséparables. Sa mère Alix Roche tient avec ses beaux-parents Louis et Modeste les fourneaux du restaurant situé dans la maison familiale, au bas de la route de Nîmes (aujourd’hui avenue Léon-Blum, local occupé par une armurerie).
Il est l’aîné d’une fratrie de trois garçons, suivront Raoul (1914) et Albert (1916) nés pendant la guerre. On sait peu de choses sur son enfance et sa prime-jeunesse qui fut sans doute heureuse comme en témoignent quelques photos qu’a conservé la famille et qui illustrent l’article d’Elian Cellier.
En 1939, lorsque la guerre éclate, il a trente ans et est célibataire. Il s’engage alors en résistance. Son réseau bagnolais est constitué de communistes et sympathisants dans lequel on retrouve Damian Ruiz (matricule 73976) et Josep Alabart Pascual (matricule 39612) qui seront arrêtés le même jour que lui.
Ce groupe de sabotage appartient aux F.T.P.F. (Francs-Tireurs Partisans Français), sous le commandement du capitaine Jacques, nom de résistance de Louis Ferri. Louis Thomas participe à des actions de sabotage de lignes électriques et de voies ferrées. Auparavant il conduit aussi des jeunes au maquis et rédige des tracts. Il est le typographe du réseau pour lequel sa connaissance des pratiques de l’imprimerie sera une aide précieuse et indispensable.
Le 9 février 1944, il est arrêté par les gendarmes au petit matin à son domicile de Bagnols-sur-Cèze, route de Nîmes. Ses deux camarades bagnolais sont également arrêtés ainsi que trois autres membres du réseau, d’origine étrangère : Vladimir Morozow (Russe, déporté à Neuengamme – matricule ?), Ladislas Kanik (Polonais, déporté à Neuengamme – matricule ?) et Wassili Wasilewicz Linkow (Russe, déporté à Neuengamme – matricule ?). Tous sont jugés et condamnés à différentes peines pour activité terroriste, le 14 avril 1944, par la section spéciale de la cour d’appel de Nîmes. Louis Thomas est condamné à 3 ans de prison par le Tribunal spécial et interné à Nîmes pour actes de sabotage et port d’armes, pour détention et distribution de tracts « visant à propager ou diffuser les mots d’ordre de la IIIème Internationale communiste » et pour « avoir à Bagnols-sur-Cèze, dans le courant du mois de janvier 1944, frauduleusement soustrait une certaine quantité de papier au préjudice des établissements Alban Broche ». À noter que le chef de réseau, Louis Ferri, parvient à prendre la fuite et est condamné à 20 ans de travaux forcés par défaut dans le même jugement.
Puis, le 2 mai 1944, Louis Thomas est transféré au centre de détention d’Eysses où il arrive le mercredi 3 mai à trois heures de l’après-midi. Le 5 mai, il fait parvenir à sa mère une lettre pour la rassurer sur son état de santé et son moral. Ce seront les dernières nouvelles que sa famille recevra. Le 30 mai, il est remis aux autorités allemandes. Louis fait partie des 1 087 résistants d’Eysses (à l’exception de 15 détenus très malades qui restent à la Centrale) livrés par l’État français de Vichy à la division SS Das Reich, connue notamment pour ses atrocités commises à Oradour, Tulle et Lacapelle-Biron. Conduit à la gare de Penne, il arrive à Compiègne le 2 juin où il est interné. Il est déporté dans le convoi du 18 juin 1944 vers le camp de concentration de Dachau, où il devient le matricule 74047.
Le 22 janvier 1945, il est transféré à Natzweiler-Struthof, plus précisément au kommando de Leonberg. Après la libération des camps, la famille de Louis apprendra qu’il a côtoyé deux autres Gardois revenus vivants, Fortuné Louvion (matricule 73690) et Maurice Barbut (matricule 73047).
Un acte de disparition est dressé en date du 30 octobre 1946. En mai 1952, le service de recherche de la zone américaine où se situe Leonberg retrouve un certificat de décès le déclarant « DCD » dans le camp le 3 février 1945. Il faudra attendre jusqu’au 23 juin 1953 pour qu’un acte de décès officiel soit établi par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre.
Un décret présidentiel en date du 11 mai 1954, publié le 18 mai 1954 au Journal Officiel, décore de la médaille militaire à titre posthume le sergent Louis Thomas qualifié de « brillant sous-officier des Forces Françaises de l’Intérieur, calme et courageux » avec attribution de la Croix de Guerre avec palme et de la médaille de la Résistance.
Le 21 septembre 1969 a lieu le 25ème anniversaire de la libération de la ville et du départ de Bagnols-sur-Cèze du commando Vigan Braquet (1) pour faire sa jonction avec la 2ème DB du général de Lattre de Tassigny. À cette occasion trois voies communales sont inaugurées en hommage à la Résistance : l’avenue Vigan-Braquet, la rue André-Sautel et la rue Louis-Thomas.
En 1973, ses frères reçoivent un diplôme du souvenir de la part des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes.
Mireille Justamond, Valérie Frac, Patricia Franco
Note :
(1) À la dissolution de l’armée d’armistice le 27 novembre 1942, avec l’occupation de la zone sud, le commandant Georges Vigan-Braquet se met à la disposition de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) dans les Basses-Alpes puis dans le Gard. Il crée le maquis du corps franc des Ardennes installé à Rochefort du Gard puis à la Vallonnière à Sabran. Le 26 août 1944, il libère la ville de Bagnols-sur-Cèze.
Sources :
-Fondation pour la Mémoire de la Déportation : www.bbdm.org
-Dossier SHD Caen
-Archives départementales du Gard : séries U et W
-Association Mémoire et Résistance Gard, La Résistance dans le Gard, AERI, Cédérom, 2009
-Louis Thomas, triste destin d’un résistant bagnolais, Rhodanie n° 139 (Elian Cellier)