RECHERCHEZ
Moise (Maurice), né à Istanbul le 6 février 1903 de Merkado Taragano et de Clara, née Barzilaï, arrive en France, par Marseille, en 1923. À Nîmes, il exerce comme vendeur ambulant, puis, avec ses parents, venus avec sa sœur Laura, il ouvre un commerce de forain sédentaire en bonneterie autour des Halles. Les Taragano s’intègrent bien à la communauté judéo-espagnole de Nîmes assez florissante et joyeuse à l’époque ; turcs et grecs se connaissent bien.
Maurice ayant bénéficié de l’enseignement de L’école de l’Alliance Universelle Israélite d’Istanbul, est polyglotte, parle parfaitement le français et l’allemand. Il fait la connaissance de sa fiancée Elza Misrahi en 1930, sur photo, le mariage a lieu à Nîmes en 1932. Leur fils Albert a entendu dire que ce fût une grande fête dans la ville. La famille est domiciliée 15 rue de Soissons et acquiert un mazet où se retrouvent famille et amis. Albert naît en 1934, Claire en 1943. Albert accompagne régulièrement son grand-père à la Synagogue de la rue Roussy, il y fait sa Bar Mitsvah.
En 1941, on a une idée des exactions nazies, mais la signification des camps n’est pas connue et la ligne de démarcation protège la population juive du sud jusqu’en novembre 1942. Maurice pense aussi qu’ayant intégré les Bataillons de Marche Étrangers en 1939, il aura la nationalité française, comme promis, à sa démobilisation. La confiance, déjà entamée par les récits venant des réfugiés de la zone occupée, puis par l’installation de la Gestapo à Nîmes, diminue encore lorsque Maurice n’ayant plus le droit de tenir commerce, devient serveur. Le mazet a été vendu en 1936 aux frères Picard, employés à la Préfecture du Gard et résistants qui avertiront des familles de rafles imminentes. Elza et les enfants sont sauvés par Jeannette Plagnol quand, ils se cachent chez elle pour échapper à la Gestapo. En janvier 1944, ils partent de nuit par le train à Grandrieu rejoindre Maurice, monté trouver un refuge pour les siens. Ils restent plusieurs mois en Lozère dans des conditions très précaires, pendant que Maurice fait des allers-retours à Nîmes. C’est pendant l’un de ceux-ci qu’il est arrêté à la gare le 28 mars 1944, sur dénonciation d’un certain Lacassagne. Il est conduit au siège de la Gestapo où son père l’y retrouve quatre jours après. Sa sœur Laura croyant obtenir leur libération est arrêtée à son tour.
Maurice est fiché à Drancy le 13 mai 1944. Le 15 mai, par le convoi 73, il gagne, non Auschwitz comme le pensera longtemps la famille, mais le camp de Kaunas en Lituanie. On ne l’apprendra que dans les années 90 grâce à l’inscription gravée sur les murs du Fort IX « Nous sommes 900 français »).
Maurice est déclaré mort le 20 mai 1944, enregistrement du 19 août 1949.
Début 1945, la famille de Maurice retrouve son appartement à Nîmes. Grâce aux Dié et au courage d’Elza Taragano, le commerce reprend. Albert se rendra deux fois en Lituanie avec les « Amis du convoi 73 ». Elza décédera le 5 octobre 2020.
Son nom figure sur le Mur des Noms, Mémorial de la Shoah : dalle 39, colonne 13, rangée 3.
Marie BALTA (Texte validé par Claire Taragano, fille de Maurice et d’Elza)
Sources :
Archives familiales et Témoignage de Claire T., témoignage d’Elza in Les judéo-espagnols à Nîmes pendant la seconde guerre mondiale, de Xavier Rothéa T, témoignage d’Albert T. in brochure : « Mémorial des déportés judéo-espagnols de France… Mémorial de la Shoah. Articles internet sur « le convoi 73 ».
Photo : Maurice Taragano en 1932 lors de son mariage avec Elza, extrait du site https://muestros-dezaparesidos.org/ (07/2022)
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Moise (Maurice), né à Istanbul le 6 février 1903 de Merkado Taragano et de Clara, née Barzilaï, arrive en France, par Marseille, en 1923. À Nîmes, il exerce comme vendeur ambulant, puis, avec ses parents, venus avec sa sœur Laura, il ouvre un commerce de forain sédentaire en bonneterie autour des Halles. Les Taragano s’intègrent bien à la communauté judéo-espagnole de Nîmes assez florissante et joyeuse à l’époque ; turcs et grecs se connaissent bien.
Maurice ayant bénéficié de l’enseignement de L’école de l’Alliance Universelle Israélite d’Istanbul, est polyglotte, parle parfaitement le français et l’allemand. Il fait la connaissance de sa fiancée Elza Misrahi en 1930, sur photo, le mariage a lieu à Nîmes en 1932. Leur fils Albert a entendu dire que ce fût une grande fête dans la ville. La famille est domiciliée 15 rue de Soissons et acquiert un mazet où se retrouvent famille et amis. Albert naît en 1934, Claire en 1943. Albert accompagne régulièrement son grand-père à la Synagogue de la rue Roussy, il y fait sa Bar Mitsvah.
En 1941, on a une idée des exactions nazies, mais la signification des camps n’est pas connue et la ligne de démarcation protège la population juive du sud jusqu’en novembre 1942. Maurice pense aussi qu’ayant intégré les Bataillons de Marche Étrangers en 1939, il aura la nationalité française, comme promis, à sa démobilisation. La confiance, déjà entamée par les récits venant des réfugiés de la zone occupée, puis par l’installation de la Gestapo à Nîmes, diminue encore lorsque Maurice n’ayant plus le droit de tenir commerce, devient serveur. Le mazet a été vendu en 1936 aux frères Picard, employés à la Préfecture du Gard et résistants qui avertiront des familles de rafles imminentes. Elza et les enfants sont sauvés par Jeannette Plagnol quand, ils se cachent chez elle pour échapper à la Gestapo. En janvier 1944, ils partent de nuit par le train à Grandrieu rejoindre Maurice, monté trouver un refuge pour les siens. Ils restent plusieurs mois en Lozère dans des conditions très précaires, pendant que Maurice fait des allers-retours à Nîmes. C’est pendant l’un de ceux-ci qu’il est arrêté à la gare le 28 mars 1944, sur dénonciation d’un certain Lacassagne. Il est conduit au siège de la Gestapo où son père l’y retrouve quatre jours après. Sa sœur Laura croyant obtenir leur libération est arrêtée à son tour.
Maurice est fiché à Drancy le 13 mai 1944. Le 15 mai, par le convoi 73, il gagne, non Auschwitz comme le pensera longtemps la famille, mais le camp de Kaunas en Lituanie. On ne l’apprendra que dans les années 90 grâce à l’inscription gravée sur les murs du Fort IX « Nous sommes 900 français »).
Maurice est déclaré mort le 20 mai 1944, enregistrement du 19 août 1949.
Début 1945, la famille de Maurice retrouve son appartement à Nîmes. Grâce aux Dié et au courage d’Elza Taragano, le commerce reprend. Albert se rendra deux fois en Lituanie avec les « Amis du convoi 73 ». Elza décédera le 5 octobre 2020.
Son nom figure sur le Mur des Noms, Mémorial de la Shoah : dalle 39, colonne 13, rangée 3.
Marie BALTA (Texte validé par Claire Taragano, fille de Maurice et d’Elza)
Sources :
Archives familiales et Témoignage de Claire T., témoignage d’Elza in Les judéo-espagnols à Nîmes pendant la seconde guerre mondiale, de Xavier Rothéa T, témoignage d’Albert T. in brochure : « Mémorial des déportés judéo-espagnols de France… Mémorial de la Shoah. Articles internet sur « le convoi 73 ».
Photo : Maurice Taragano en 1932 lors de son mariage avec Elza, extrait du site https://muestros-dezaparesidos.org/ (07/2022)