TARAGANO Merkado (Marco)

  • 20825 Auschwitz

  • Né le 7 avril 1877 à Salonique (Turquie)

  • Décédé le 25 mai 1944 à Auschwitz

C’est dans la communauté juive de Salonique, ville turque, que Merkado Éphraïm naît le 7 avril 1877. Si son père porte un prénom français, Jacques, son patronyme évoque l’Espagne où vivait jusqu’en 1492 une importante société séfarade, expulsée à cette date par les Rois Catholiques.  Salonique, ville très cosmopolite et active est exposée aux combats de la guerre de 1914-1918 (Front d’Orient), subit un terrible incendie en 1917, des pogroms contre les Grecs et sans doute plus encore les effets du génocide arménien par les Turcs de 1915 à 1923.
C’est d’ailleurs en décembre 1923 que Merkado, âgé de 46 ans, sa femme, Clara, née Barzilaï, (mariés à Constantinople en mars 1900), et leurs enfants, nés dans la même ville, Moïse (Maurice) en 1903, Laura en 1916, Esther en 1919 et Albert (date inconnue) débarquent à Marseille. Comme de nombreux turcs francophones. Ils s’installent ensuite à Nîmes. La famille Taragano s’intègre bien à la communauté judéo-espagnole (formée surtout de grecs et de turcs) implantée et intégrée à Nîmes. Environ 100 à 150 familles se fréquentent, fêtent ensemble les événements religieux ou autres. La famille vit au 44 rue Nationale. Merkado est déclaré comme forain sédentaire en bonneterie autour des Halles, emploi accessible aux sujets « ottomans ». Son conseil : on parle judéo-espagnol à la maison, à la synagogue on peut parler judéo-espagnol ou français avec les juifs, mais dans la rue, on parle français.

Dès le début des années 1930, le flux de juifs étrangers fuyant les nazis grossit la communauté, mais les juifs installés et les juifs étrangers ne se sentent pas menacés. C’est avec l’installation du régime de Vichy et l’arrivée des juifs venant de la zone occupée que monte l’inquiétude, encore que très peu sachent ce que recouvre le terme de camp. Jusqu’en 1943, la famille pense peut-être que la nationalité turque les protège, puisque la Turquie, proche de l’Allemagne est neutre, mais l’interdiction pour les juifs d’exercer certains métiers donne l’alerte.

Merkado possède une carte d’identité d’étranger (40-AL-76 206), lorsqu’il est arrêté le 1er avril 1944 en sortant de chez son coiffeur et emmené au siège de la Gestapo de Nîmes. Sa fille Laura, venue protester, est arrêtée. Il est interné aux Baumettes jusqu’au 15 avril. Puis de Drancy, où il est dépouillé de son argent et reçoit le matricule 20824, il part le 20 mai 1944 par le convoi 74 pour Auschwitz. Déclaré déporté racial « non-rentré », sa mort est datée par jugement du 25 mai 1944. Il a 67 ans. À la suite de ces événements, Clara, son épouse, rejoint son fils et la famille de celui-ci en Lozère.
À la libération, Clara reprendra le commerce grâce aux appuis de grossistes nîmois. Elle aura perdu son mari et son fils Moïse (Maurice) pendant la Shoah. Sa fille Laura reviendra d’Auschwitz.
Toujours non informée de la disparition de Merkado, et après sept ans de démarches, Clara obtient un Acte de Disparition le 22 août 1951. Le titre de Déporté Politique pour lequel elle touchera un pécule (équivalent à 360 €), sera donné en juin 1954…

Son nom figure sur le mur du Mémorial de la Shoah : dalle 39, colonne 13, rangée 3.

 

 Marie BALTA (Texte validé par Claire Taragano, fille de Maurice et d’Elza.)

Sources :

-Archives familiales, témoignages d’Albert et de Claire, Les judéo-espagnols à Nîmes pendant la seconde guerre mondiale de X. Rothéa, Comité international Croix Rouge Genève, Mémorial de la Shoah, Yad Vashem,
-Ministère des A.C. et V. de G., Préfecture du Gard. Archives de Caen.

-Photo : Merkado Taragano en 1932 au mariage de son fils Maurice, extrait du site https://muestros-dezaparesidos.org/ (07/2022).

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

TARAGANO Merkado (Marco)

  • 20825 Auschwitz

  • Né le 7 avril 1877 à Salonique (Turquie)

  • Décédé le 25 mai 1944 à Auschwitz

C’est dans la communauté juive de Salonique, ville turque, que Merkado Éphraïm naît le 7 avril 1877. Si son père porte un prénom français, Jacques, son patronyme évoque l’Espagne où vivait jusqu’en 1492 une importante société séfarade, expulsée à cette date par les Rois Catholiques.  Salonique, ville très cosmopolite et active est exposée aux combats de la guerre de 1914-1918 (Front d’Orient), subit un terrible incendie en 1917, des pogroms contre les Grecs et sans doute plus encore les effets du génocide arménien par les Turcs de 1915 à 1923.
C’est d’ailleurs en décembre 1923 que Merkado, âgé de 46 ans, sa femme, Clara, née Barzilaï, (mariés à Constantinople en mars 1900), et leurs enfants, nés dans la même ville, Moïse (Maurice) en 1903, Laura en 1916, Esther en 1919 et Albert (date inconnue) débarquent à Marseille. Comme de nombreux turcs francophones. Ils s’installent ensuite à Nîmes. La famille Taragano s’intègre bien à la communauté judéo-espagnole (formée surtout de grecs et de turcs) implantée et intégrée à Nîmes. Environ 100 à 150 familles se fréquentent, fêtent ensemble les événements religieux ou autres. La famille vit au 44 rue Nationale. Merkado est déclaré comme forain sédentaire en bonneterie autour des Halles, emploi accessible aux sujets « ottomans ». Son conseil : on parle judéo-espagnol à la maison, à la synagogue on peut parler judéo-espagnol ou français avec les juifs, mais dans la rue, on parle français.

Dès le début des années 1930, le flux de juifs étrangers fuyant les nazis grossit la communauté, mais les juifs installés et les juifs étrangers ne se sentent pas menacés. C’est avec l’installation du régime de Vichy et l’arrivée des juifs venant de la zone occupée que monte l’inquiétude, encore que très peu sachent ce que recouvre le terme de camp. Jusqu’en 1943, la famille pense peut-être que la nationalité turque les protège, puisque la Turquie, proche de l’Allemagne est neutre, mais l’interdiction pour les juifs d’exercer certains métiers donne l’alerte.

Merkado possède une carte d’identité d’étranger (40-AL-76 206), lorsqu’il est arrêté le 1er avril 1944 en sortant de chez son coiffeur et emmené au siège de la Gestapo de Nîmes. Sa fille Laura, venue protester, est arrêtée. Il est interné aux Baumettes jusqu’au 15 avril. Puis de Drancy, où il est dépouillé de son argent et reçoit le matricule 20824, il part le 20 mai 1944 par le convoi 74 pour Auschwitz. Déclaré déporté racial « non-rentré », sa mort est datée par jugement du 25 mai 1944. Il a 67 ans. À la suite de ces événements, Clara, son épouse, rejoint son fils et la famille de celui-ci en Lozère.
À la libération, Clara reprendra le commerce grâce aux appuis de grossistes nîmois. Elle aura perdu son mari et son fils Moïse (Maurice) pendant la Shoah. Sa fille Laura reviendra d’Auschwitz.
Toujours non informée de la disparition de Merkado, et après sept ans de démarches, Clara obtient un Acte de Disparition le 22 août 1951. Le titre de Déporté Politique pour lequel elle touchera un pécule (équivalent à 360 €), sera donné en juin 1954…

Son nom figure sur le mur du Mémorial de la Shoah : dalle 39, colonne 13, rangée 3.

 

 Marie BALTA (Texte validé par Claire Taragano, fille de Maurice et d’Elza.)

Sources :

-Archives familiales, témoignages d’Albert et de Claire, Les judéo-espagnols à Nîmes pendant la seconde guerre mondiale de X. Rothéa, Comité international Croix Rouge Genève, Mémorial de la Shoah, Yad Vashem,
-Ministère des A.C. et V. de G., Préfecture du Gard. Archives de Caen.

-Photo : Merkado Taragano en 1932 au mariage de son fils Maurice, extrait du site https://muestros-dezaparesidos.org/ (07/2022).

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