Abraham Léopold Stern naît le 4 février 1900 à Szerencs en Hongrie. Il est le fils de Zalman/Salman, Shlomo Stern et de Khana/Hanna née Paneth.

Vers le milieu des années 1920, il épouse Etelca/Etel Kahan, fille de Schmul et Ester Kahan, née le 16 octobre 1908 à Tarcal, en Hongrie. Le couple vit à Sighet en Transylvanie (1).

En 1927 les époux émigrent à Anvers (Belgique) où Abraham exerce le métier de tailleur de diamants, Etelca est sans profession. C’est là que naissent leurs trois enfants : Edith (1929), Alexis – dit Alex – (1931) et Judith (1936). Au moment de l’invasion allemande de la Belgique en mai 1940, la famille se réfugie dans le sud de la France, à Nîmes (Gard). Elle habite au 18 rue Vaissette, louant un appartement avec deux autres familles de réfugiés. Respectueux des règles, ils se font enregistrer à la police locale.

Dans un premier temps, la famille arrive à vivre plus ou moins normalement. Les enfants vont au lycée ou à l’école communale. Edith se lie d’amitié avec une camarade de classe, Simone Baldy, qui s’étonne de ne pas la voir le samedi. Edith explique alors qu’elle est juive. Quand arrivent les rafles de l’été 1942, Abraham et Etelca envoient leurs enfants dans une colonie à Palavas-les-Flots (Hérault). Ils trouvent eux-même à se cacher grâce aux parents de Simone, Emilie et Pierre Baldy qui mettent à leur disposition leur petit appartement, temporairement inoccupé, puisqu’ils se sont installés chez la mère de Pierre Baldy, souffrante (2).

Mais la présence allemande se faisant de plus en plus menaçante, les Stern se réfugient à Nice au printemps 1943, la ville étant sous contrôle italien (3). Grâce au « réseau Marcel » de Moussa Abadi et Odette Rosenstock, leurs deux filles sont confiées à l’Institut Sainte Marthe de Grasse (Alpes-Martimes), sous le nom d’Edith Brunot et Micheline Brunot (pour Judith). Alex est de son côté caché dans un autre lieu catholique.

En septembre 1943, dès que les Allemands occupent Nice, Etelca est arrêtée. Le 30 du même mois, elle est envoyée à Drancy, où elle reçoit le matricule 5728. Le 7 octobre, elle est déportée à Auschwitz par le convoi 60. Elle est vraisemblablement gazée dès son arrivée au camp. Abraham est arrêté à son tour vers le début novembre 1943. Transféré à Drancy le 19 (matricule 8406), il est déporté dès le lendemain pour Auschwitz, par le convoi 62. Il y meurt semble-t-il en avril 1944 (4).

Ce n’est qu’après la guerre que le frère d’Etelca retrouve la trace des enfants. Plus tard, Edith et Judith émigrent en Palestine. Alex choisit de rester en France. Dans les années 1980, les deux sœurs reviennent en France retrouver leur amie nîmoise, Simone Baldy et ses parents, qui seront nommés « justes parmi les nations » en 1994.

(1) Jusqu’à la fin 1918 la ville est hongroise, avant d’être attribuée à la Roumanie. Elle prend alors le nom de Sighetu Marmatiei. Dans les années 1920 et 1930, elle compte une importante communauté juive ; voir à ce sujet : https://encyclopedia.ushmm.org/content/en/article/sighet

(2) Pour plus de détails, voir : https://yadvashem-france.org/dossier/nom/6273/

(3) On leur connaît deux adresses : 28 rue Lépante (Abraham) et 8 avenue Malaussena (Etelca)

(4) Pour l’administration française, le décès d’Etelca est fixé au 12 octobre 1943 à Auschwitz et celui d’Abraham au 27 avril 1944 à Birkenau, cf. Journal Officiel du 13/08/2015 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000031273553. Certaines sources pensent cependant qu’Abraham aurait été exécuté dès son arrivé au camp, en novembre 1943.

Georges Muller et Gérard Krebs

Sources :

-Dossier de Caen
– Mémorial de la Shoah (photo)
– Yad Vashem
-AJPN (http://www.ajpn.org/personne-Judith-Stern-1253.html ; http://www.ajpn.org/personne-Alex-Stern-1893.html)

–https://www.oorlogsbronnen.nl/bron/https%3A%2F%2Fportal.ehri-project.eu%2Funits%2Fus-005578-irn73125

-https://www.lesenfantsetamisabadi.fr/fr/enfants1.htm

-Biographie en partie reprise de celle figurant sur le site Yad Vashem