SPIEGEL Jean

  • Sobibor

  • Né le 13 septembre 1925 à Mulhouse –

  • Décédé le 30 mars 1943 à Sobibor

Jean grandit au sein d’une famille juive à Mulhouse. Il célèbre sa Bar-Mitsva (le passage à l’âge adulte pour un Juif pratiquant) à 13 ans. Ses parents, Henriette Lucie Kane et Simon Spiegel (né le 18 septembre 1883 à Issenheim) sont établis dans le négoce de tissus en gros et mènent une existence confortable. Jean a un frère aîné de 3 ans, Pierre. La famille habite 20 rue de la Sinne, une jolie rue embourgeoisée et lumineuse. Les maisons sont anciennes, le quartier est charmant.

La guerre éclate en 1939. La France est rapidement vaincue, le 22 juin 1940, l’armistice est signé entre le gouvernement français, pourtant réfugié à Bordeaux, et Hitler. L’Alsace et la Moselle sont intégrées dans le territoire du Troisième Reich allemand. Les menaces sont nombreuses pour des israélites vivant à Mulhouse. Jean et sa famille fuient la ville et se réfugient à Nîmes. Ils font partie des 33 000 Alsaciens évacués dans la précipitation, lors de la seconde vague de départs. Le choix de Nîmes est certainement lié à la présence de la famille Bernheim (Georges Bernheim est l’oncle de Jean). En juin 1940, la famille de Jean s’installe au 1 rue Formi, dans une petite maison non loin du mont Duplan. La rue est ombragée, loin des regards indiscrets. Le cousin de Jean, André Spiegel, né le 20 novembre 1925, suit le même parcours que lui, de Mulhouse à Nîmes. André et sa famille habitent 20 rue de la Plateforme.

Les registres du lycée Daudet de Garçons de Nîmes de 1940 et 1941 témoignent de l’inscription des deux cousins. En 1940, Jean est en seconde et André en 3ème. Jean poursuit une brillante scolarité comme en atteste son livret du Lycée de garçon, daté du 13 juillet 1941. Le palmarès fait état de la réussite de Jean. Il obtient notamment le 2ème prix de grec et le 1er d’allemand en cours commun, ce qui nous paraît légitime étant donné ses origines familiales. Lors de son année de 1ère, Jean est cité à plusieurs reprises lors de la cérémonie de remise des prix du 13 juillet 1942. Il est inscrit au tableau d’honneur pour sa 2ème place en thème grec et 4ème accessit en physique-chimie.

Registre du Lycée de Garçons de Nîmes, Octobre 1941*

Au cours de ces deux années, les menaces se multiplient. Les familles juives mettent en place des stratégies pour échapper aux arrestations. Chez les Spiegel on ne retrouve aucune mention « juif » sur les cartes de recensement aujourd’hui archivées. Pourtant, les lois de Vichy de 1941 imposent qu’une mention “juif” soit inscrite, à l’encre rouge, sur les cartes d’identité et d’alimentation. La famille est toutefois recensée au complet sur le Fichier Juif de Nîmes établi en 1940, c’est à dire que les parents ont fait la démarche d’obéir aux injonctions du gouvernement de Vichy et de se déclarer comme « Israélites ». Devant les menaces de plus en plus nombreuses, la famille Spiegel décide de fuir Nîmes et se sépare en deux. Jean et son père Simon tentent de se réfugier en Suisse. Le 30 décembre 1942, ils sont arrêtés par la Gestapo à la gare d’Annemasse, à seulement 10 km de la frontière Suisse.   Le 25 mars 1943, ils sont transférés au camp d’internement de Drancy. Georges Bernheim tente en vain de sauver son beau-frère et son neveu en écrivant à Raymond Lambert, président de l’UGIF, à Paris. Jean est déporté sous le matricule 18336, dans le convoi n°53 avec son père. Il décède le 30 mars 1943, à 17 ans dans le centre d’extermination de Sobibor en Pologne, où 250 000 juifs furent exécutés entre 1940 et 1945. Son père décède le 29 mars 1943 à Sobibor

Henriette Lucie, la mère de Jean et Pierre son frère ont survécu. Sans nouvelle de Jean et son père, ils entament des recherches. Ils n’obtiennent un avis de décès par jugement qu’en juillet 1946 c’est-à-dire 3 ans après leur disparition.

Son nom est gravé sur le mur du Mémorial de la Shoah : dalle 44, colonne 15, rangée 2

Rédactrices : Inès MALLET, Iris GUIGONIS, Alice MARGERIT, élèves de terminale du Lycée Daudet de Nîmes 2022-2023. Travail basé sur les recherches et le travail de Prunelle PINA & Bonnie NAUROY, élèves de Terminale en 2021-2022. Professeures encadrant le projet 12 Vies : Agnes Arcin et Anne Brugère.

Sources :

Archives de Mulhouse,
Fichier juif de Nîmes,
Archives du Lycée Daudet (registres 1940 et 1941, Palmarès 13 juillet 1941 et 13 juillet 1942),
Fond UGIF (courrier CDXVIII-94),
Généanet et contact avec les descendants d’André.

Dossier de Caen : 21 P 540 441

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

SPIEGEL Jean

  • Sobibor

  • Né le 13 septembre 1925 à Mulhouse –

  • Décédé le 30 mars 1943 à Sobibor

Jean grandit au sein d’une famille juive à Mulhouse. Il célèbre sa Bar-Mitsva (le passage à l’âge adulte pour un Juif pratiquant) à 13 ans. Ses parents, Henriette Lucie Kane et Simon Spiegel (né le 18 septembre 1883 à Issenheim) sont établis dans le négoce de tissus en gros et mènent une existence confortable. Jean a un frère aîné de 3 ans, Pierre. La famille habite 20 rue de la Sinne, une jolie rue embourgeoisée et lumineuse. Les maisons sont anciennes, le quartier est charmant.

La guerre éclate en 1939. La France est rapidement vaincue, le 22 juin 1940, l’armistice est signé entre le gouvernement français, pourtant réfugié à Bordeaux, et Hitler. L’Alsace et la Moselle sont intégrées dans le territoire du Troisième Reich allemand. Les menaces sont nombreuses pour des israélites vivant à Mulhouse. Jean et sa famille fuient la ville et se réfugient à Nîmes. Ils font partie des 33 000 Alsaciens évacués dans la précipitation, lors de la seconde vague de départs. Le choix de Nîmes est certainement lié à la présence de la famille Bernheim (Georges Bernheim est l’oncle de Jean). En juin 1940, la famille de Jean s’installe au 1 rue Formi, dans une petite maison non loin du mont Duplan. La rue est ombragée, loin des regards indiscrets. Le cousin de Jean, André Spiegel, né le 20 novembre 1925, suit le même parcours que lui, de Mulhouse à Nîmes. André et sa famille habitent 20 rue de la Plateforme.

Les registres du lycée Daudet de Garçons de Nîmes de 1940 et 1941 témoignent de l’inscription des deux cousins. En 1940, Jean est en seconde et André en 3ème. Jean poursuit une brillante scolarité comme en atteste son livret du Lycée de garçon, daté du 13 juillet 1941. Le palmarès fait état de la réussite de Jean. Il obtient notamment le 2ème prix de grec et le 1er d’allemand en cours commun, ce qui nous paraît légitime étant donné ses origines familiales. Lors de son année de 1ère, Jean est cité à plusieurs reprises lors de la cérémonie de remise des prix du 13 juillet 1942. Il est inscrit au tableau d’honneur pour sa 2ème place en thème grec et 4ème accessit en physique-chimie.

Registre du Lycée de Garçons de Nîmes, Octobre 1941*

Au cours de ces deux années, les menaces se multiplient. Les familles juives mettent en place des stratégies pour échapper aux arrestations. Chez les Spiegel on ne retrouve aucune mention « juif » sur les cartes de recensement aujourd’hui archivées. Pourtant, les lois de Vichy de 1941 imposent qu’une mention “juif” soit inscrite, à l’encre rouge, sur les cartes d’identité et d’alimentation. La famille est toutefois recensée au complet sur le Fichier Juif de Nîmes établi en 1940, c’est à dire que les parents ont fait la démarche d’obéir aux injonctions du gouvernement de Vichy et de se déclarer comme « Israélites ». Devant les menaces de plus en plus nombreuses, la famille Spiegel décide de fuir Nîmes et se sépare en deux. Jean et son père Simon tentent de se réfugier en Suisse. Le 30 décembre 1942, ils sont arrêtés par la Gestapo à la gare d’Annemasse, à seulement 10 km de la frontière Suisse.   Le 25 mars 1943, ils sont transférés au camp d’internement de Drancy. Georges Bernheim tente en vain de sauver son beau-frère et son neveu en écrivant à Raymond Lambert, président de l’UGIF, à Paris. Jean est déporté sous le matricule 18336, dans le convoi n°53 avec son père. Il décède le 30 mars 1943, à 17 ans dans le centre d’extermination de Sobibor en Pologne, où 250 000 juifs furent exécutés entre 1940 et 1945. Son père décède le 29 mars 1943 à Sobibor

Henriette Lucie, la mère de Jean et Pierre son frère ont survécu. Sans nouvelle de Jean et son père, ils entament des recherches. Ils n’obtiennent un avis de décès par jugement qu’en juillet 1946 c’est-à-dire 3 ans après leur disparition.

Son nom est gravé sur le mur du Mémorial de la Shoah : dalle 44, colonne 15, rangée 2

Rédactrices : Inès MALLET, Iris GUIGONIS, Alice MARGERIT, élèves de terminale du Lycée Daudet de Nîmes 2022-2023. Travail basé sur les recherches et le travail de Prunelle PINA & Bonnie NAUROY, élèves de Terminale en 2021-2022. Professeures encadrant le projet 12 Vies : Agnes Arcin et Anne Brugère.

Sources :

Archives de Mulhouse,
Fichier juif de Nîmes,
Archives du Lycée Daudet (registres 1940 et 1941, Palmarès 13 juillet 1941 et 13 juillet 1942),
Fond UGIF (courrier CDXVIII-94),
Généanet et contact avec les descendants d’André.

Dossier de Caen : 21 P 540 441

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