SERVAJEAN Albert

  • 31018 Buchenwald

  • Né le 27 janvier 1922 à Riorges (Loire)

  • Décédé le 17 mars 1995 à Riorges

Albert Roger Servajean est le fils de Jean Claude Servajean, viticulteur, et de Françoise Marguerite Vermorel, sans profession. Il est de religion catholique et grandit dans la ferme de ses parents avec son frère Antoine, né en 1906, et sa sœur Léonie, née en 1909. Au début de la guerre, célibataire, il est agriculteur chez ses parents. Il est incorporé dans les Chantiers de la jeunesse à Cormatin en Saône-et-Loire du 14 mars au 20 octobre 1942. Sa belle-sœur, Elise, réside près de Nîmes et lui parle du maquis d’Aire-de-Côte. Réfractaire au Service du Travail obligatoire (STO), il rejoint le 5 juin 1943 ce maquis sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.

Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).

Albert Servajean fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne. Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.

Albert est affecté avec Raymond Laget et Raymond Prouhèze au Kommando de Schönebeck où il fabrique des pièces d’avion pour l’usine Junkers puis à celui de Mühlhausen qui fabrique des fuselages et des pièces de gouvernes pour la même usine. Le Kommando est évacué vers Buchenwald entre le 2 et le 4 avril 1945. Albert Servajean est libéré par les Américains le 11 avril et il est rapatrié le 4 mai.

A son retour de déportation, il retourne vivre dans sa ville natale où il est ajusteur. Il reçoit la médaille de la Résistance et la Croix de guerre avec étoile de vermeil en 1947. Il se marie le 10 avril 1948 à Roanne avec Jeanne Marie Antoinette Goutorbe avec qui il a deux enfants, Liliane, née en 1951, et Christian, né en 1955. Il est membre de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes) de Roanne. En 1962, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. En 1977, il est élu adjoint au maire de Riorges. Il décède le 17 mars 1995 à Riorges à l’âge de 73 ans. Une allée de la commune porte son nom, elle a été inaugurée le 27 avril 2019.

Marilyne Andréo

Sources :


-DAVCC Caen, Dossier de déporté d’Albert Servajean.
-Dossier Arolsen.
– « Albert Servajean : une trahison coûteuse », Le Progrès
-https://www.leprogres.fr/loire/2016/07/24/albert-servajean-une-trahison-couteuse
– « L’allée Albert-Servajean a été inaugurée samedi », Le Pays
-https://www.le-pays.fr/riorges-42153/actualites/lallee-albert-servajean-a-ete-inauguree-samedi_13551611/
-Arbre généalogique sur Geneanet mis en ligne par son fils :-https://gw.geneanet.org/chriser?n=servajean&oc=&p=albert
-Site internet de l’Association Buchenwald-Dora.
-René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
-Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
-Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
-Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html
-Photographie extraite de son dossier Arolsen

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

SERVAJEAN Albert

  • 31018 Buchenwald

  • Né le 27 janvier 1922 à Riorges (Loire)

  • Décédé le 17 mars 1995 à Riorges

Albert Roger Servajean est le fils de Jean Claude Servajean, viticulteur, et de Françoise Marguerite Vermorel, sans profession. Il est de religion catholique et grandit dans la ferme de ses parents avec son frère Antoine, né en 1906, et sa sœur Léonie, née en 1909. Au début de la guerre, célibataire, il est agriculteur chez ses parents. Il est incorporé dans les Chantiers de la jeunesse à Cormatin en Saône-et-Loire du 14 mars au 20 octobre 1942. Sa belle-sœur, Elise, réside près de Nîmes et lui parle du maquis d’Aire-de-Côte. Réfractaire au Service du Travail obligatoire (STO), il rejoint le 5 juin 1943 ce maquis sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.

Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).

Albert Servajean fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne. Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.

Albert est affecté avec Raymond Laget et Raymond Prouhèze au Kommando de Schönebeck où il fabrique des pièces d’avion pour l’usine Junkers puis à celui de Mühlhausen qui fabrique des fuselages et des pièces de gouvernes pour la même usine. Le Kommando est évacué vers Buchenwald entre le 2 et le 4 avril 1945. Albert Servajean est libéré par les Américains le 11 avril et il est rapatrié le 4 mai.

A son retour de déportation, il retourne vivre dans sa ville natale où il est ajusteur. Il reçoit la médaille de la Résistance et la Croix de guerre avec étoile de vermeil en 1947. Il se marie le 10 avril 1948 à Roanne avec Jeanne Marie Antoinette Goutorbe avec qui il a deux enfants, Liliane, née en 1951, et Christian, né en 1955. Il est membre de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes) de Roanne. En 1962, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. En 1977, il est élu adjoint au maire de Riorges. Il décède le 17 mars 1995 à Riorges à l’âge de 73 ans. Une allée de la commune porte son nom, elle a été inaugurée le 27 avril 2019.

Marilyne Andréo

Sources :


-DAVCC Caen, Dossier de déporté d’Albert Servajean.
-Dossier Arolsen.
– « Albert Servajean : une trahison coûteuse », Le Progrès
-https://www.leprogres.fr/loire/2016/07/24/albert-servajean-une-trahison-couteuse
– « L’allée Albert-Servajean a été inaugurée samedi », Le Pays
-https://www.le-pays.fr/riorges-42153/actualites/lallee-albert-servajean-a-ete-inauguree-samedi_13551611/
-Arbre généalogique sur Geneanet mis en ligne par son fils :-https://gw.geneanet.org/chriser?n=servajean&oc=&p=albert
-Site internet de l’Association Buchenwald-Dora.
-René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
-Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
-Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
-Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html
-Photographie extraite de son dossier Arolsen

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