RECHERCHEZ
Hugo SEILER voit le jour le 19 juillet 1890 à Vienne, dans une famille juive austro-hongroise. Son père, Leon Barcuh Seiler est originaire de Kolomea en Galicie, sa mère Emma Krohn/Kron vient de Nicholsburg[i] . A côté d’Hugo, la famille compte trois autres garçons, tous nés à Vienne : l’aîné Oskar (1888), puis Robert (1893) et Walter (1898).
A 16 ans Hugo entre en apprentissage chez son père qui tient alors une teinturerie. Trois ans après, il obtient son certificat d’apprentissage. Il part ensuite faire son service militaire en 1911. Pendant la guerre de 1914-1918 il est envoyé sur le front russe. Démobilisé, il épouse Berta/Berthe Türkel à la synagogue de la garnison à Vienne en octobre 1918. Celle-ci, également autrichienne, est née le 2 janvier 1892 à Chernovitz (actuellement Tchernivtsi en Ukraine).
Le couple donne naissance à une fille, Rose, le 22 août 1920. A cette époque Hugo travaille dans le commerce du jute. Envoyé par ses employeurs pour prendre la direction d’une usine de jute à Port Saïd en Egypte, il est finalement expulsé par les Anglais à cause de sa nationalité autrichienne.
En 1924, la famille s’installe en Alsace avec le père de Berthe, rejoignant l’un des frères de celle-ci qui y travaille. A Mulhouse (Haut-Rhin), à l’âge de 34 ans, Hugo repart de zéro et suit une formation d’ouvrier graveur de 1925 à 1930, mais le travail ne lui convenant pas, il se lance finalement comme représentant en confiserie de 1930 à 1939. Il sillonne l’Alsace au volant de sa voiture avec ses échantillons pendant que sa femme ouvre une pension à Mulhouse pour les étudiants juifs polonais de l’Ecole de Chimie de cette ville.
Le 1er septembre 1939, paraît un décret prévoyant, en cas de conflit armé, l’internement de « tous les étrangers ressortissants de territoires appartenant à l’ennemi », âgés de dix-sept à soixante-cinq ans.
C’est pourquoi, quelques jours après la déclaration de guerre, Hugo est emprisonné à la forteresse de Langres (Haute-Marne). Grâce à l’intervention du maire de Mulhouse, il est relâché deux mois plus tard.
Cependant, avec sa famille, il est assigné à résidence à Nîmes, loin de la frontière et astreint à y signer un registre au commissariat deux fois par semaine. Alors qu’elle est en plein déménagement, le 15 décembre 1939, pour emmener leurs affaires à Nîmes, 28 rue du Mail, son épouse reçoit un ordre de réquisition de tous leurs biens, apporté par un gendarme. Sous le choc, elle est victime d’un accident vasculaire cérébral. Elle décède le lendemain à l’hôpital de Mulhouse à l’âge de 47 ans.
En juin 1940, Hugo est brièvement incarcéré à la prison de Mende (Lozère) avant d’être relâché et fin 1942, après l’envahissement de la zone libre par les allemands, il est de nouveau interné, à Romans (Isère) dans une usine désaffectée, sans portes ni fenêtres. Sa fille Rose arrive à le faire libérer mais elle est elle-même visée par un ordre d’internement reçu par la poste. Mariée en hâte en avril 1941, avec un alsacien non juif, elle donne naissance à une petite fille, Emmy, le 10 octobre 1942, aussitôt baptisée.
Finalement Hugo est arrêté à son domicile à Nîmes, le 31 mai 1944, et ses biens sont pillés. Cette fois-ci, sa fille retenue à Saint-Étienne (Loire) où elle vient de donner naissance à un petit garçon, ne peut rien pour lui. Il est employé dans un commando de déminage à la gare de Nîmes, avant d’être envoyé au centre de regroupement des israélites à Drancy le 24 juillet 1944 (matricule 25659). Déporté par le convoi 77 du 31 juillet à destination d’Auschwitz, il est sélectionné pour le travail forcé à l’arrivée. Il s’épuise à la construction de routes, dans une mine et à l’usine de Buna-Monowitz. Le 13 octobre 1944, selon le témoignage d’une rescapée, il est sélectionné pour la chambre à gaz.
Sa fille Rose obtiendra la nationalité française après-guerre. Elle refusera de percevoir des réparations pécuniaires de l’Allemagne malgré la situation précaire où elle se trouvera après son divorce en 1960. Elle aura de nombreux enfants et petits-enfants.
Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Respectivement aujourd’hui : Kolomya, en Ukraine et Mikulov en Tchéquie.
Sources :
Biographie très largement reprise de celle de Kathy Dantzer-Lalo – https://convoi77.org/deporte_bio/seiler-hugo/
(nota : l’autorisation pour l’utilisation de cette biographie a bien été sollicitée, mais au 10 octobre 2024, aucune réponse n’y a été apportée).
Dossier de Caen – Yad Vashem
Site Geni, recherche sur la famille Seiler https://www.geni.com/people/Leon-Seiler/6000000023297291857
RECHERCHEZ
Hugo SEILER voit le jour le 19 juillet 1890 à Vienne, dans une famille juive austro-hongroise. Son père, Leon Barcuh Seiler est originaire de Kolomea en Galicie, sa mère Emma Krohn/Kron vient de Nicholsburg[i] . A côté d’Hugo, la famille compte trois autres garçons, tous nés à Vienne : l’aîné Oskar (1888), puis Robert (1893) et Walter (1898).
A 16 ans Hugo entre en apprentissage chez son père qui tient alors une teinturerie. Trois ans après, il obtient son certificat d’apprentissage. Il part ensuite faire son service militaire en 1911. Pendant la guerre de 1914-1918 il est envoyé sur le front russe. Démobilisé, il épouse Berta/Berthe Türkel à la synagogue de la garnison à Vienne en octobre 1918. Celle-ci, également autrichienne, est née le 2 janvier 1892 à Chernovitz (actuellement Tchernivtsi en Ukraine).
Le couple donne naissance à une fille, Rose, le 22 août 1920. A cette époque Hugo travaille dans le commerce du jute. Envoyé par ses employeurs pour prendre la direction d’une usine de jute à Port Saïd en Egypte, il est finalement expulsé par les Anglais à cause de sa nationalité autrichienne.
En 1924, la famille s’installe en Alsace avec le père de Berthe, rejoignant l’un des frères de celle-ci qui y travaille. A Mulhouse (Haut-Rhin), à l’âge de 34 ans, Hugo repart de zéro et suit une formation d’ouvrier graveur de 1925 à 1930, mais le travail ne lui convenant pas, il se lance finalement comme représentant en confiserie de 1930 à 1939. Il sillonne l’Alsace au volant de sa voiture avec ses échantillons pendant que sa femme ouvre une pension à Mulhouse pour les étudiants juifs polonais de l’Ecole de Chimie de cette ville.
Le 1er septembre 1939, paraît un décret prévoyant, en cas de conflit armé, l’internement de « tous les étrangers ressortissants de territoires appartenant à l’ennemi », âgés de dix-sept à soixante-cinq ans.
C’est pourquoi, quelques jours après la déclaration de guerre, Hugo est emprisonné à la forteresse de Langres (Haute-Marne). Grâce à l’intervention du maire de Mulhouse, il est relâché deux mois plus tard.
Cependant, avec sa famille, il est assigné à résidence à Nîmes, loin de la frontière et astreint à y signer un registre au commissariat deux fois par semaine. Alors qu’elle est en plein déménagement, le 15 décembre 1939, pour emmener leurs affaires à Nîmes, 28 rue du Mail, son épouse reçoit un ordre de réquisition de tous leurs biens, apporté par un gendarme. Sous le choc, elle est victime d’un accident vasculaire cérébral. Elle décède le lendemain à l’hôpital de Mulhouse à l’âge de 47 ans.
En juin 1940, Hugo est brièvement incarcéré à la prison de Mende (Lozère) avant d’être relâché et fin 1942, après l’envahissement de la zone libre par les allemands, il est de nouveau interné, à Romans (Isère) dans une usine désaffectée, sans portes ni fenêtres. Sa fille Rose arrive à le faire libérer mais elle est elle-même visée par un ordre d’internement reçu par la poste. Mariée en hâte en avril 1941, avec un alsacien non juif, elle donne naissance à une petite fille, Emmy, le 10 octobre 1942, aussitôt baptisée.
Finalement Hugo est arrêté à son domicile à Nîmes, le 31 mai 1944, et ses biens sont pillés. Cette fois-ci, sa fille retenue à Saint-Étienne (Loire) où elle vient de donner naissance à un petit garçon, ne peut rien pour lui. Il est employé dans un commando de déminage à la gare de Nîmes, avant d’être envoyé au centre de regroupement des israélites à Drancy le 24 juillet 1944 (matricule 25659). Déporté par le convoi 77 du 31 juillet à destination d’Auschwitz, il est sélectionné pour le travail forcé à l’arrivée. Il s’épuise à la construction de routes, dans une mine et à l’usine de Buna-Monowitz. Le 13 octobre 1944, selon le témoignage d’une rescapée, il est sélectionné pour la chambre à gaz.
Sa fille Rose obtiendra la nationalité française après-guerre. Elle refusera de percevoir des réparations pécuniaires de l’Allemagne malgré la situation précaire où elle se trouvera après son divorce en 1960. Elle aura de nombreux enfants et petits-enfants.
Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Respectivement aujourd’hui : Kolomya, en Ukraine et Mikulov en Tchéquie.
Sources :
Biographie très largement reprise de celle de Kathy Dantzer-Lalo – https://convoi77.org/deporte_bio/seiler-hugo/
(nota : l’autorisation pour l’utilisation de cette biographie a bien été sollicitée, mais au 10 octobre 2024, aucune réponse n’y a été apportée).
Dossier de Caen – Yad Vashem
Site Geni, recherche sur la famille Seiler https://www.geni.com/people/Leon-Seiler/6000000023297291857