RECHERCHEZ
Jacques, Pierre Schmitt naît dans le Gard. Ses parents, Henri Schmitt son père et sa mère née Martine Delaurier, vivent dans une roulotte dans le quartier du champ de foire à Alès[i]. En juin 1922, Jacques Schmitt musicien ambulant, se marie avec Eugènie Tiphague au Kremlin-Bicètre (département de la Seine). Ils ont trois enfants, Jacques Robert dit « Titi » l’aîné né en 1923 à Paris, Éliane dite « Lali » et Léa, Alexandrine, dite Tchaï-Tchaï, née en 1926 à Paris ; ils logent dans une caravane porte de Choisy lorsque leur mère Eugénie les quitte en 1934. En 1942 craignant d’être placé en résidence forcée Jacques Schmitt décide de vendre sa caravane et de partir avec ses enfants près de son père et de son frère à Roubaix où la vie semble plus tranquille. En effet dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, qui sont rattachés au commandement militaire de Bruxelles, les Tsiganes continuent de vivre plus tranquillement même s’ils sont limités dans leurs mouvements[ii], alors que dans la zone occupée ou la zone libre ils sont, depuis avril 1940, assignés à résidence dans une localité, ont un carnet anthropométrique et sous le contrôle de la police. Il réussit à franchir la ligne de la Somme, en zone interdite, et s’installe près de la famille dans une courée du Quartier des Longues Haies. Le père, Jacques, Pierre et son fils aîné dit « Titi » exercent leur profession de musicien. Titi joue de la guitare dans un café de Roubaix « Le Celtic ». Ils vivent relativement tranquillement jusqu’à leur arrestation.
Titi témoigne : « En mai 1943, à 4h du matin des gendarmes allemands sont venus chez nous et nous ont tous arrêtés… Après 15 jours passés dans la prison de Loos, nous avons été envoyés à Malines (Belgique) où nous sommes restés un mois environ, puis nous avons été envoyés au camp d’Auschwitz »[iii]. Ont été arrêtés, le grand-père, l’oncle et sa famille, Jacques, son fils Titi et sa fille Lali, hormis Léa absente.
Ils sont internés dans la caserne Dossin de Malines (Belgique) où ils sont, dès leur arrivée, spoliés de leurs instruments de musique. Ce lieu est le camp de transit avant déportation pour les Juifs et les Tsiganes des départements du Nord et du Pas-de-Calais. La famille Schmitt est déportée à Auschwitz[iv] dans le convoi Z/259 (Z pour Zigeuner : Tsigane), dans des wagons à bestiaux, sans tinettes, avec trop peu d’eau et de pain : une marche de plus vers l’horreur.
Audition de Jacques Robert Schmitt « Titi » : « Je suis resté trois mois à Auschwitz ; mon père était employé à la désinfection des couvertures ; ma sœur Lali ne travaillait pas et était à peine nourrie ; quant à moi, je transportais des traverses de voies de chemin de fer. De temps en temps, j’apercevais mon oncle Henri Schmitt, frère de mon père ; puis un jour j’ai constaté que je ne le voyais plus. J’ai su qu’il avait été quelques jours à l’infirmerie avec un gros pansement à la tête… Après un séjour de quelques trois mois, les Allemands m’ont transféré à Buchenwald… Lorsque j’ai quitté Auschwitz, mon père était toujours vivant ainsi que ma sœur Lali. »
Jacques, Pierre Schmitt est décédé le 15 décembre 1943 à Auschwitz[v]. Son fils Titi est le seul rescapé de cette famille tsigane.
Monique Vézilier
[i] E.C
[ii] Le Serment n° 344
[iii] DAVCC Caen 21P 536 643, Audition de Schmitt Jacques Robert par la Sureté Urbaine de Lille, doc IMG 092757.jpg
[iv] https://journals.openedition.org//tsafon/2838#tocto1n9, Les Tsiganes à la caserne Dosin
[v] FMD : JO 2001 p.00062-00066
Sources :
RECHERCHEZ
Jacques, Pierre Schmitt naît dans le Gard. Ses parents, Henri Schmitt son père et sa mère née Martine Delaurier, vivent dans une roulotte dans le quartier du champ de foire à Alès[i]. En juin 1922, Jacques Schmitt musicien ambulant, se marie avec Eugènie Tiphague au Kremlin-Bicètre (département de la Seine). Ils ont trois enfants, Jacques Robert dit « Titi » l’aîné né en 1923 à Paris, Éliane dite « Lali » et Léa, Alexandrine, dite Tchaï-Tchaï, née en 1926 à Paris ; ils logent dans une caravane porte de Choisy lorsque leur mère Eugénie les quitte en 1934. En 1942 craignant d’être placé en résidence forcée Jacques Schmitt décide de vendre sa caravane et de partir avec ses enfants près de son père et de son frère à Roubaix où la vie semble plus tranquille. En effet dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, qui sont rattachés au commandement militaire de Bruxelles, les Tsiganes continuent de vivre plus tranquillement même s’ils sont limités dans leurs mouvements[ii], alors que dans la zone occupée ou la zone libre ils sont, depuis avril 1940, assignés à résidence dans une localité, ont un carnet anthropométrique et sous le contrôle de la police. Il réussit à franchir la ligne de la Somme, en zone interdite, et s’installe près de la famille dans une courée du Quartier des Longues Haies. Le père, Jacques, Pierre et son fils aîné dit « Titi » exercent leur profession de musicien. Titi joue de la guitare dans un café de Roubaix « Le Celtic ». Ils vivent relativement tranquillement jusqu’à leur arrestation.
Titi témoigne : « En mai 1943, à 4h du matin des gendarmes allemands sont venus chez nous et nous ont tous arrêtés… Après 15 jours passés dans la prison de Loos, nous avons été envoyés à Malines (Belgique) où nous sommes restés un mois environ, puis nous avons été envoyés au camp d’Auschwitz »[iii]. Ont été arrêtés, le grand-père, l’oncle et sa famille, Jacques, son fils Titi et sa fille Lali, hormis Léa absente.
Ils sont internés dans la caserne Dossin de Malines (Belgique) où ils sont, dès leur arrivée, spoliés de leurs instruments de musique. Ce lieu est le camp de transit avant déportation pour les Juifs et les Tsiganes des départements du Nord et du Pas-de-Calais. La famille Schmitt est déportée à Auschwitz[iv] dans le convoi Z/259 (Z pour Zigeuner : Tsigane), dans des wagons à bestiaux, sans tinettes, avec trop peu d’eau et de pain : une marche de plus vers l’horreur.
Audition de Jacques Robert Schmitt « Titi » : « Je suis resté trois mois à Auschwitz ; mon père était employé à la désinfection des couvertures ; ma sœur Lali ne travaillait pas et était à peine nourrie ; quant à moi, je transportais des traverses de voies de chemin de fer. De temps en temps, j’apercevais mon oncle Henri Schmitt, frère de mon père ; puis un jour j’ai constaté que je ne le voyais plus. J’ai su qu’il avait été quelques jours à l’infirmerie avec un gros pansement à la tête… Après un séjour de quelques trois mois, les Allemands m’ont transféré à Buchenwald… Lorsque j’ai quitté Auschwitz, mon père était toujours vivant ainsi que ma sœur Lali. »
Jacques, Pierre Schmitt est décédé le 15 décembre 1943 à Auschwitz[v]. Son fils Titi est le seul rescapé de cette famille tsigane.
Monique Vézilier
[i] E.C
[ii] Le Serment n° 344
[iii] DAVCC Caen 21P 536 643, Audition de Schmitt Jacques Robert par la Sureté Urbaine de Lille, doc IMG 092757.jpg
[iv] https://journals.openedition.org//tsafon/2838#tocto1n9, Les Tsiganes à la caserne Dosin
[v] FMD : JO 2001 p.00062-00066
Sources :