RECHERCHEZ
Les parents de Marius : Louis Sauze et Marie-Louise Lescalié, se marient à Nîmes le 4 mars 1911. Son père est tonnelier et sa mère couturière, métier qu’elle abandonnera plus tard pour se consacrer à son foyer. Le couple s’installe 7 rue Ernest Renan à Nîmes et dès le 1er décembre de la même année naît une petite fille : Augustine, dite Ninou. Marius vient trois ans plus tard, le 5 avril 1914. Il est suivi, après la Grande Guerre, par Louise (Louisette), le 8 août 1921. A cette époque, la famille habite « villa Mourgue », chemin bas de Saint-Césaire, à Nîmes. Marius apprend le métier de plombier et trouve un emploi d’installateur dans une entreprise sanitaire. S’il reste célibataire, sa sœur Ninou épouse Henri Schwarz en 1935, et plus tard, Louisette s’unit à Louis Maurin, qui sera fait prisonnier au début de la guerre.
Toute la famille est très sensible aux questions sociales, à commencer par le grand -père de Marius : Jean-Baptiste Lescalié, secrétaire à la Bourse du Travail. Aussi, quand arrive l’Occupation, tous – y compris les beaux-frères de Marius -, basculent activement dans la résistance communiste du mouvement Front National. Ils rejoignent le groupe FTP nîmois fondé par Jean Robert et Aldo Faïta et mènent des actions très diverses. La mère de Marius et sa sœur Ninou tiennent une pouponnière au 15 rue Frédéric Mistral, lieu assez discret à l’écart du centre de Nîmes. Elles y cachent avec dévouement de nombreux résistants et des personnalités recherchées. Et même la grand-mère, Marie Lescalié, les aide dans cette entreprise ! Par ailleurs, les tracts dactylographiés par Ninou et Louisette, tirés clandestinement à la maison, sont distribués à Nîmes mais aussi jusqu’à Lunel (Héraut) par Marius, ses sœurs ainsi que son beau-frère Henri Scharwz et les autres membres du groupe. Des actions armées sont aussi organisées. La plus retentissante est l’attentat de la maison Carro, le 20 février 1943, qui tue plusieurs soldats allemands fréquentant cette maison close de Nîmes. Jean Robert, Vincent Faïta (frère d’Aldo) et Louisette sont très rapidement arrêtés. Malgré la défense énergique de leur avocat, Maître Charles Bedos, les deux hommes sont condamnés à mort et la sœur de Marius à la réclusion à perpétuité. Marius, lui, réussit à s’échapper en se réfugiant chez un agriculteur de Sorgues (Vaucluse). Mais la Milice est sur sa trace, le soupçonnant d’être le chef du groupe qui a perpétré l’attentat. Il est finalement arrêté à Sorgues le 19 mars 1943. Le 12 août 1943, le Tribunal Spécial de la cour d’appel de Nîmes condamne Marius à 1 an de réclusion et 100 francs d’amende « pour détention d’armes et menées anti-nationales, vol, détention et usage de fausses cartes d’identité, sabotages de véhicules allemands à Nîmes, transport de journaux et de tracts clandestins et activité communiste ». Lors de ce procès, sont également condamnés plusieurs autres résistants, dont Pierre Babinot (matricule 73038), Arthur Gaude (matricule 73499), un autre Jean Robert (matricule 73946), et Louis Talard (matricule 74052). Le 16 octobre septembre 1943, Marius est envoyé au centre de détention d’Eysses, à Villeneuve-sur Lot (Lot-et-Garonne) sous le n° d’écrou 2574. Il prend probablement part à la rébellion armée qui, le 19 février 1944, se rend maître du camp avant d’être contrainte de capituler. Quelques mois plus tard, tous les mutins sont livrés à la division SS Das Reich qui les envoie, le 30 mai, au camp de Royallieu à Compiègne. Arrivé deux jours plus tard avec ses compagnons, Louis reçoit le matricule 39798. Il est déporté le 18 juin 1944, par le transport I.229 pour Dachau où il ne reste qu’une quinzaine de jours. Le 7 juillet, il est détaché au kommando d’Allach, près de Munich avec le matricule 73993. Peu après, le 31 juillet, il est transféré à Buchenwald (nouveau matricule : 75384). Il devient membre de la « Brigade française d’action libératrice », organisation armée de résistance clandestine dans ce camp et participe dans ses rangs à la libération de Buchenwald, le 11 avril 1945. Il peut alors être rapatrié le 2 mai suivant. Le 8 août 1952, il épouse à Marseille une jeune femme d’origine grecque, Catina Caracoutas.
Il s’éteint à Nîmes le 29 mai 1984, à l’âge de 70 ans.
Gérard Krebs
Sources :
-Dossier SHD de Caen
– site Arolsen (octobre 2021)
-Gallica-BNF (« Les Tablettes du Soir » du 13 août 1943)
-Etat Civil de Nîmes (acte de mariage de Louis Sauze et Marie-Louise Lescalié N° 92, actes de naissance d’Augustine n° 1040, de Marius n° 320, de Louise n° 1185).
-Mémorial des déportés d’Eysses : https://maquisardsdefrance.jeun.fr/t15232-memorial-pour-les-deportes-d-eysses-penne-d-agenais-47
-Musée de la résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/365.pdf
– « La résistance dans le Gard en 1943 : l’attentat de la Maison Carro », mémoire de spécialité au Lycée Alphonse Daudet (Nîmes) CPES 2011-2012 par Maxime Egender et Nicolas Goguet
(https://docplayer.fr/18480026-La-resistance-dans-le-gard-en-1943-l-attentat-de-la-maison-carro.html)
– « Au temps des longues nuit », par Aimé Vielzeuf
-Association française Buchenwald-Dora et Kommandos
RECHERCHEZ
Les parents de Marius : Louis Sauze et Marie-Louise Lescalié, se marient à Nîmes le 4 mars 1911. Son père est tonnelier et sa mère couturière, métier qu’elle abandonnera plus tard pour se consacrer à son foyer. Le couple s’installe 7 rue Ernest Renan à Nîmes et dès le 1er décembre de la même année naît une petite fille : Augustine, dite Ninou. Marius vient trois ans plus tard, le 5 avril 1914. Il est suivi, après la Grande Guerre, par Louise (Louisette), le 8 août 1921. A cette époque, la famille habite « villa Mourgue », chemin bas de Saint-Césaire, à Nîmes. Marius apprend le métier de plombier et trouve un emploi d’installateur dans une entreprise sanitaire. S’il reste célibataire, sa sœur Ninou épouse Henri Schwarz en 1935, et plus tard, Louisette s’unit à Louis Maurin, qui sera fait prisonnier au début de la guerre.
Toute la famille est très sensible aux questions sociales, à commencer par le grand -père de Marius : Jean-Baptiste Lescalié, secrétaire à la Bourse du Travail. Aussi, quand arrive l’Occupation, tous – y compris les beaux-frères de Marius -, basculent activement dans la résistance communiste du mouvement Front National. Ils rejoignent le groupe FTP nîmois fondé par Jean Robert et Aldo Faïta et mènent des actions très diverses. La mère de Marius et sa sœur Ninou tiennent une pouponnière au 15 rue Frédéric Mistral, lieu assez discret à l’écart du centre de Nîmes. Elles y cachent avec dévouement de nombreux résistants et des personnalités recherchées. Et même la grand-mère, Marie Lescalié, les aide dans cette entreprise ! Par ailleurs, les tracts dactylographiés par Ninou et Louisette, tirés clandestinement à la maison, sont distribués à Nîmes mais aussi jusqu’à Lunel (Héraut) par Marius, ses sœurs ainsi que son beau-frère Henri Scharwz et les autres membres du groupe. Des actions armées sont aussi organisées. La plus retentissante est l’attentat de la maison Carro, le 20 février 1943, qui tue plusieurs soldats allemands fréquentant cette maison close de Nîmes. Jean Robert, Vincent Faïta (frère d’Aldo) et Louisette sont très rapidement arrêtés. Malgré la défense énergique de leur avocat, Maître Charles Bedos, les deux hommes sont condamnés à mort et la sœur de Marius à la réclusion à perpétuité. Marius, lui, réussit à s’échapper en se réfugiant chez un agriculteur de Sorgues (Vaucluse). Mais la Milice est sur sa trace, le soupçonnant d’être le chef du groupe qui a perpétré l’attentat. Il est finalement arrêté à Sorgues le 19 mars 1943. Le 12 août 1943, le Tribunal Spécial de la cour d’appel de Nîmes condamne Marius à 1 an de réclusion et 100 francs d’amende « pour détention d’armes et menées anti-nationales, vol, détention et usage de fausses cartes d’identité, sabotages de véhicules allemands à Nîmes, transport de journaux et de tracts clandestins et activité communiste ». Lors de ce procès, sont également condamnés plusieurs autres résistants, dont Pierre Babinot (matricule 73038), Arthur Gaude (matricule 73499), un autre Jean Robert (matricule 73946), et Louis Talard (matricule 74052). Le 16 octobre septembre 1943, Marius est envoyé au centre de détention d’Eysses, à Villeneuve-sur Lot (Lot-et-Garonne) sous le n° d’écrou 2574. Il prend probablement part à la rébellion armée qui, le 19 février 1944, se rend maître du camp avant d’être contrainte de capituler. Quelques mois plus tard, tous les mutins sont livrés à la division SS Das Reich qui les envoie, le 30 mai, au camp de Royallieu à Compiègne. Arrivé deux jours plus tard avec ses compagnons, Louis reçoit le matricule 39798. Il est déporté le 18 juin 1944, par le transport I.229 pour Dachau où il ne reste qu’une quinzaine de jours. Le 7 juillet, il est détaché au kommando d’Allach, près de Munich avec le matricule 73993. Peu après, le 31 juillet, il est transféré à Buchenwald (nouveau matricule : 75384). Il devient membre de la « Brigade française d’action libératrice », organisation armée de résistance clandestine dans ce camp et participe dans ses rangs à la libération de Buchenwald, le 11 avril 1945. Il peut alors être rapatrié le 2 mai suivant. Le 8 août 1952, il épouse à Marseille une jeune femme d’origine grecque, Catina Caracoutas.
Il s’éteint à Nîmes le 29 mai 1984, à l’âge de 70 ans.
Gérard Krebs
Sources :
-Dossier SHD de Caen
– site Arolsen (octobre 2021)
-Gallica-BNF (« Les Tablettes du Soir » du 13 août 1943)
-Etat Civil de Nîmes (acte de mariage de Louis Sauze et Marie-Louise Lescalié N° 92, actes de naissance d’Augustine n° 1040, de Marius n° 320, de Louise n° 1185).
-Mémorial des déportés d’Eysses : https://maquisardsdefrance.jeun.fr/t15232-memorial-pour-les-deportes-d-eysses-penne-d-agenais-47
-Musée de la résistance en ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/365.pdf
– « La résistance dans le Gard en 1943 : l’attentat de la Maison Carro », mémoire de spécialité au Lycée Alphonse Daudet (Nîmes) CPES 2011-2012 par Maxime Egender et Nicolas Goguet
(https://docplayer.fr/18480026-La-resistance-dans-le-gard-en-1943-l-attentat-de-la-maison-carro.html)
– « Au temps des longues nuit », par Aimé Vielzeuf
-Association française Buchenwald-Dora et Kommandos