SACHS Max

  • Lublin-Majdanek

  • Né le 31 mai 1895 à Berlin (Allemagne

  • Décédé en mars 1943 à Lublin-Majdanek

Max Sachs naît dans une famille de confession juive, le 31 mai 1895, à Berlin (Allemagne). Ses parents sont également berlinois : son père Robert, est né trente ans plus tôt, le 1er octobre 1865, et sa mère, Rosa, née Barschall voit le jour le 2 février 1874. Le mariage de Robert et Rosa a lieu en juin 1894, à Berlin, un an avant la naissance de Max qui aura un frère, Werner. Quand sa mère meurt le 1er février 1909 à Berlin, Max est âgé de 14 ans.

Devenu commerçant en accessoires électriques, Max s’établit à Berlin et se marie en 1929 avec Gerda Lasch, née le 8 avril 1904 à Breslau (Allemagne) de parents allemands : Guillaume Lasch et Marguerite Jeremias. Si les époux Sachs vivent à Berlin, leur premier enfant, Renée, naît le 3 décembre 1930 à Breslau, où Gerda a momentanément rejoint ses parents. Car, en cette fin d’année, Max part en France pour y préparer la venue de sa famille. Gerda et son bébé le rejoignent en mai 1931, en région parisienne. Le commerce de Max est enregistré à Paris cette année-là, le domicile se situant 5 rue Édouard Branly à Issy-Les-Moulineaux.

Au moment de « l’exode », les Sachs gagnent le sud de la France en juin 1940, fuyant devant l’avancée des troupes allemandes. Arrivé dans le Gard, Max est aussitôt intégré au 304ème Groupement de Travailleurs Etrangers (GTE) à Langlade, où le reste de la famille trouve à se loger. Max est détaché dans un premier temps au dépôt d’artillerie n° 15 à Nîmes[i] . Et c’est à Nîmes que naît Guy, leur second enfant, le 22 août de la même année. Max est considéré comme apatride, Gerda et Renée sont allemandes, Guy, aura une nationalité « indéterminée » car, bien que né en France, la nationalité française lui sera refusée « en raison des hostilités en cours ».

En mars 1941, Gerda et les enfants déménagent à Calvisson (Gard), tandis que Max, au mois d’août, quitte Nîmes pour des missions à Langlade, toujours au 304ème GTE. Il est ensuite incorporé au 803ème  GTE de Beaucaire, le 1er décembre 1941. Puis le 1er mai 1942, il est détaché aux Ateliers du Groupe Ravitailleur du Commissariat à la Lutte contre le Chômage à Nîmes, ville où le reste de la famille s’est installé dès le début avril.

C’est là qu’à l’exception de Renée, la famille est arrêtée le 26 août 1942 puis envoyée au camp des Milles, et le 11 septembre 1942 transférée au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Guy, âgé de 2 ans, est libéré au bout d’une semaine, le 18 septembre, et pris en charge à Banyuls [ii] . Max et Gerda partent le 23 novembre pour rejoindre le camp de Gurs dans les Pyrénées-Atlantiques, après que la commission de criblage de Rivesaltes ait exclu un envoi en déportation ; il semble que ce soit parce que le coupe résidait en France depuis le début des années 1930.

Pendant ce temps, Renée bénéficie des services d’entraide aux enfants des internés de Rivesaltes. Elle est accueillie dans une colonie « de vacances » à Faverges (Haute-Savoie). L’établissement est géré par la Croix Rouge Suisse et le Secours aux Enfants.

Le couple Sachs arrive à Gurs le 26 novembre 1942[iii] où Max et Gerda font une demande de libération pour passer en résidence surveillée à Nîmes. Max produit une autorisation préfectorale de séjour et un certificat de travail dans une fabrique de peinture à Congénies dans le Gard, lui garantissant du travail pour 6 mois. Par ailleurs, il a laissé dans son appartement de Nîmes une somme d’argent qu’il souhaite récupérer, ainsi sans doute que le stock de marchandises qu’il a pu apporter de Paris [iv].

Les avis du commissaire principal et du chef de camp de Gurs sont favorables à l’élargissement des époux. Pourtant, Max « part pour une destination inconnue », c’est-à-dire pour Drancy, le 27 février 1943 où il reçoit le matricule 17692. Le 4 mars, il est déporté par le convoi n° 50 qui l’emmène à Lublin-Majdanek [v]. Le J.O. du 27 octobre 1998 fixe administrativement la date de sa mort au 9 mars 1943 dans ce camp.

Quelques mois plus tard, le 19 mai 1943, Gerda quitte le camp de Gurs avec l’accord des autorités pour se rendre à Nîmes, chez le Pasteur Vernet, 24 rue Bernard de la Treille. Avec ses deux enfants, elle survivra à la Shoah. Si on ne connaît pas le parcours de Renée, on trouve trace de Gerda et Guy à Cannes (Alpes-Maritimes) où ils s’éteindront respectivement le 11 janvier 2002 et le 20 janvier 2022.

Le 30 janvier 1959, le statut de Déporté Politique est accordé à Max Sachs.

Rédaction : Marie Balta, Gérard Krebs, Éric Bernard


[i] Un rapport des archives de Gurs indique que Max Sachs est d’abord « affecté au 319° GTE à Langlade » ; ce GTE n’existe pas dans le Gard. Seul le 304° GTE, formé en juin 1940 est actif à Langlade. Il s’agit peut-être d’une confusion avec un 319° Régiment d’Artillerie dont aurait dépendu le dépôt N° 15 ? Sur le 304° GTE de Langlade, cf. https://blogs.mediapart.fr/villaeys-poirre/blog/310824/memoire-de-la-vaunage-les-heures-sombres-du-camp-de-langlade.

[ii]   La Pouponnière de Banyuls, la villa Saint-Jean, dépendante d’Elne, accueille au moins trente et un enfants dénutris du camp de Rivesaltes entre mai 1941 et novembre 1942.

[iii]  Le camp de Gurs fonctionne depuis la fin avril 1939. Il restera en service jusqu’à la Libération et continuera même à jouer son rôle de camp d’internement jusqu’en décembre 1945. Entre novembre 1942 et la fin 1943, il succède à Rivesaltes comme “Centre de triage national”. Extrait de l’article de Christian Eggers. Cf. Site du Mémorial de la SHOAH. Article de Christian Eggers, historien, Faculté de Lyon : L’Internement sous toutes ses formes, approche d’une vue d’ensemble du système d’internement dans la zone de Vichy.

[iv] Le J.O. du 26 mai 1943 publie le nom de l’administrateur provisoire, M. Rossary, 12 rue Porte de France à Nîmes, nommé pour « aryaniser » ses biens professionnels (source : Gallica BNF).

[v]  Il semble que le convoi 50 soit, au départ, présenté comme se dirigeant vers Sobibor : plusieurs sources se réfèrent aux listes de déportés établies pour ce camp. En réalité c’est le premier convoi pour Lublin-Majdanek. Cf. Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Convoi_no_50_du_4_mars_1943

Sources :

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SACHS Max

  • Lublin-Majdanek

  • Né le 31 mai 1895 à Berlin (Allemagne

  • Décédé en mars 1943 à Lublin-Majdanek

Max Sachs naît dans une famille de confession juive, le 31 mai 1895, à Berlin (Allemagne). Ses parents sont également berlinois : son père Robert, est né trente ans plus tôt, le 1er octobre 1865, et sa mère, Rosa, née Barschall voit le jour le 2 février 1874. Le mariage de Robert et Rosa a lieu en juin 1894, à Berlin, un an avant la naissance de Max qui aura un frère, Werner. Quand sa mère meurt le 1er février 1909 à Berlin, Max est âgé de 14 ans.

Devenu commerçant en accessoires électriques, Max s’établit à Berlin et se marie en 1929 avec Gerda Lasch, née le 8 avril 1904 à Breslau (Allemagne) de parents allemands : Guillaume Lasch et Marguerite Jeremias. Si les époux Sachs vivent à Berlin, leur premier enfant, Renée, naît le 3 décembre 1930 à Breslau, où Gerda a momentanément rejoint ses parents. Car, en cette fin d’année, Max part en France pour y préparer la venue de sa famille. Gerda et son bébé le rejoignent en mai 1931, en région parisienne. Le commerce de Max est enregistré à Paris cette année-là, le domicile se situant 5 rue Édouard Branly à Issy-Les-Moulineaux.

Au moment de « l’exode », les Sachs gagnent le sud de la France en juin 1940, fuyant devant l’avancée des troupes allemandes. Arrivé dans le Gard, Max est aussitôt intégré au 304ème Groupement de Travailleurs Etrangers (GTE) à Langlade, où le reste de la famille trouve à se loger. Max est détaché dans un premier temps au dépôt d’artillerie n° 15 à Nîmes[i] . Et c’est à Nîmes que naît Guy, leur second enfant, le 22 août de la même année. Max est considéré comme apatride, Gerda et Renée sont allemandes, Guy, aura une nationalité « indéterminée » car, bien que né en France, la nationalité française lui sera refusée « en raison des hostilités en cours ».

En mars 1941, Gerda et les enfants déménagent à Calvisson (Gard), tandis que Max, au mois d’août, quitte Nîmes pour des missions à Langlade, toujours au 304ème GTE. Il est ensuite incorporé au 803ème  GTE de Beaucaire, le 1er décembre 1941. Puis le 1er mai 1942, il est détaché aux Ateliers du Groupe Ravitailleur du Commissariat à la Lutte contre le Chômage à Nîmes, ville où le reste de la famille s’est installé dès le début avril.

C’est là qu’à l’exception de Renée, la famille est arrêtée le 26 août 1942 puis envoyée au camp des Milles, et le 11 septembre 1942 transférée au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Guy, âgé de 2 ans, est libéré au bout d’une semaine, le 18 septembre, et pris en charge à Banyuls [ii] . Max et Gerda partent le 23 novembre pour rejoindre le camp de Gurs dans les Pyrénées-Atlantiques, après que la commission de criblage de Rivesaltes ait exclu un envoi en déportation ; il semble que ce soit parce que le coupe résidait en France depuis le début des années 1930.

Pendant ce temps, Renée bénéficie des services d’entraide aux enfants des internés de Rivesaltes. Elle est accueillie dans une colonie « de vacances » à Faverges (Haute-Savoie). L’établissement est géré par la Croix Rouge Suisse et le Secours aux Enfants.

Le couple Sachs arrive à Gurs le 26 novembre 1942[iii] où Max et Gerda font une demande de libération pour passer en résidence surveillée à Nîmes. Max produit une autorisation préfectorale de séjour et un certificat de travail dans une fabrique de peinture à Congénies dans le Gard, lui garantissant du travail pour 6 mois. Par ailleurs, il a laissé dans son appartement de Nîmes une somme d’argent qu’il souhaite récupérer, ainsi sans doute que le stock de marchandises qu’il a pu apporter de Paris [iv].

Les avis du commissaire principal et du chef de camp de Gurs sont favorables à l’élargissement des époux. Pourtant, Max « part pour une destination inconnue », c’est-à-dire pour Drancy, le 27 février 1943 où il reçoit le matricule 17692. Le 4 mars, il est déporté par le convoi n° 50 qui l’emmène à Lublin-Majdanek [v]. Le J.O. du 27 octobre 1998 fixe administrativement la date de sa mort au 9 mars 1943 dans ce camp.

Quelques mois plus tard, le 19 mai 1943, Gerda quitte le camp de Gurs avec l’accord des autorités pour se rendre à Nîmes, chez le Pasteur Vernet, 24 rue Bernard de la Treille. Avec ses deux enfants, elle survivra à la Shoah. Si on ne connaît pas le parcours de Renée, on trouve trace de Gerda et Guy à Cannes (Alpes-Maritimes) où ils s’éteindront respectivement le 11 janvier 2002 et le 20 janvier 2022.

Le 30 janvier 1959, le statut de Déporté Politique est accordé à Max Sachs.

Rédaction : Marie Balta, Gérard Krebs, Éric Bernard


[i] Un rapport des archives de Gurs indique que Max Sachs est d’abord « affecté au 319° GTE à Langlade » ; ce GTE n’existe pas dans le Gard. Seul le 304° GTE, formé en juin 1940 est actif à Langlade. Il s’agit peut-être d’une confusion avec un 319° Régiment d’Artillerie dont aurait dépendu le dépôt N° 15 ? Sur le 304° GTE de Langlade, cf. https://blogs.mediapart.fr/villaeys-poirre/blog/310824/memoire-de-la-vaunage-les-heures-sombres-du-camp-de-langlade.

[ii]   La Pouponnière de Banyuls, la villa Saint-Jean, dépendante d’Elne, accueille au moins trente et un enfants dénutris du camp de Rivesaltes entre mai 1941 et novembre 1942.

[iii]  Le camp de Gurs fonctionne depuis la fin avril 1939. Il restera en service jusqu’à la Libération et continuera même à jouer son rôle de camp d’internement jusqu’en décembre 1945. Entre novembre 1942 et la fin 1943, il succède à Rivesaltes comme “Centre de triage national”. Extrait de l’article de Christian Eggers. Cf. Site du Mémorial de la SHOAH. Article de Christian Eggers, historien, Faculté de Lyon : L’Internement sous toutes ses formes, approche d’une vue d’ensemble du système d’internement dans la zone de Vichy.

[iv] Le J.O. du 26 mai 1943 publie le nom de l’administrateur provisoire, M. Rossary, 12 rue Porte de France à Nîmes, nommé pour « aryaniser » ses biens professionnels (source : Gallica BNF).

[v]  Il semble que le convoi 50 soit, au départ, présenté comme se dirigeant vers Sobibor : plusieurs sources se réfèrent aux listes de déportés établies pour ce camp. En réalité c’est le premier convoi pour Lublin-Majdanek. Cf. Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Convoi_no_50_du_4_mars_1943

Sources :

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