NUSSBAUM Max 

  • Auschwitz

  • Né le 6 mars 1910 à Butzweiler (Allemagne)

  • Décédé à Auschwitz à l’été 1942 ?

Max Nussbaum naît le 6 mars 1910 à Buztweiler, dans l’arrondissement de Trèves (Allemagne), à une dizaine de kilomètres de la frontière du Luxembourg. Dans ce village est établie une petite communauté juive qui gagne un peu d’importance à la fin du 19ème siècle (1). Les parents de Max, Léopold Nussbaum et Brunette Kaufmann se marient vers 1890, fondant une famille relativement nombreuse. Parmi les aînés il y a Samuel, né en 1892 à Ehrang, dans la banlieue de Trèves. Les autres enfants voient le jour à Butzweiler, notamment : Johanna (1894), Martha (1896), Indella et Frieda (1906).

En 1927, peu après que Max a fêté ses 17 ans, son père décède à Trèves. Dans les années qui suivent, le cercle familial se réduit un peu plus, sa sœur Martha s’établissant au Luxembourg avec son mari, Emile Grünhut.

Avec les lois anti-juives, la vie devient de plus en plus difficile. Tandis que sa soeur Indella émigre à Shanghai avec son époux, Selmar Schoenfeld, Max est – selon ses déclarations – arrêté dans les premiers mois de 1938 et déporté à Dachau. Il y reste un an et demi avant d’être libéré, sous la condition de quitter le territoire allemand dans les 24 heures suivantes. C’est ce qu’il fait début juillet 1939 en passant clandestinement la frontière luxembourgeoise puis en se réfugiant en Belgique.

Ce sont les éléments (2) que fournit son beau-frère Emile Grünhut, un mois plus tard, à l’appui du dossier de séjour provisoire qu’il dépose au nom de Max auprès des autorités luxembourgeoises. Souhaitant émigrer à Shanghai, Max a déposé une demande de visa au consulat de Chine à Paris. Dans l’attente de ce visa, il n’aurait besoin de rester au Luxembourg que quelques semaines. Les Grünthut déclarent pouvoir héberger Max pendant ce temps. Par ailleurs, sa sœur Indella et son mari Selmar Schoenfeld, font savoir qu’ils se portent garant pour payer ses frais de voyage et de séjour en Chine, auprès d’eux. Et de son côté, l’organisation ESRA (3) – société juive de secours mutuel du Luxembourg – se dit prête à aider Max à se loger, si nécessaire.

Mais à la fin du mois d’août, la police est avertie que Max ne pourra obtenir son visa d’immigration. Celui-ci est cependant toléré au Luxembourg où il réside quelques temps à Mompach. Le 21 mars 1940, il obtient finalement un titre de séjour provisoire, ce qui lui permet de trouver du travail. Il est embauché comme valet de ferme chez un paysan de Trintange, tout en ayant toujours en tête son émigration vers Shanghai.

L’invasion du Luxembourg par les troupes allemandes, le 10 mai 1940, est une menace directe pour la communauté juive et en particulier pour les réfugiés allemands. Dans les mois qui suivent, la plupart de ceux qui le peuvent passent en France pour se rendre en zone libre. Max se fixe à Nîmes (Gard), où on lui connaît une adresse : 38 rue Robert. Probablement arrêté et enrôlé dans un Groupement de Travailleurs Etrangers (GTE), il est affecté comme manœuvre dans l’usine chimique de Salindres (Gard). C’est là qu’il est recensé en tant que juif apatride, agriculteur de profession, ayant rempli « la déclaration prévue par la loi du 2/6/1941 ».

Ainsi, bien identifié par l’État Français, il est victime de l’une des toutes premières rafles menées à Nîmes à l’été 1942, visant spécifiquement les juifs réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe de l’Est. Interné au camp de Rivesaltes, il est envoyé à Drancy le 23 août. Trois jours plus tard, il est déporté par le convoi n° 24 pour Auschwitz. Il ne reviendra pas.

Cette année 1942 est funeste pour une grande partie de sa famille. Sa mère, Brunette Nussbaum, fichée par les nazis comme habitant à Trèves (4), 26 Metzelstrasse, décède le 24 avril. Son frère Samuel, qui avait trouvé asile au Luxembourg, est déporté le 23 avril pour le ghetto d’Izbica (Pologne) où il périra. Sa sœur Martha et son mari Emile Grünhut, réfugiés à Montpellier (Hérault) ainsi que son autre sœur Frieda (5) qui a émigré en France en février 1941, sont également victimes des persécutions nazies. Pris dans la grande rafle du 26 août 1942, ils sont tous trois envoyés à Rivesaltes dès le lendemain. Ils en repartent pour Drancy le 1er septembre, pour être déportés sans retour par le convoi n° 30 du 9 septembre à destination d’Auschwitz. Enfin, sa sœur aînée Johanna restée à Butzweiler est aussi déportée : de Stuttgart le 1er mars 1943 pour Auschwitz où elle est probablement gazée dès son arrivée.

Gérard Krebs

(1) Voir sur le sujet le site germansynagogues.com

(http://germansynagogues.com/index.php/synagogues-and-communities?pid=67&sid=330:butzweiler)

(2) Si la police du Grand-Duché semble convaincue par la déportation de Max à Dachau, elle pense que celui-ci se cache en réalité au Luxembourg, où il a une partie de sa famille. Elle note que M. Nussbaum est « supposé demeurant en Belgique ».

(3) Sur l’ESRA, cf. http://www.memoshoah.lu/pdf/Artuso_un_%20heros_luxembourgeois_tagbeblatt_avril2018.pdf

(4) Archives Arolsen

(5) Dans les archives du camp de Rivesaltes figure une fiche mentionnant Frieda Grünhut Nussbaum, ce qui laisse penser que celle-ci a pu épouser un membre de la famille d’Emile Grünhut.

Sources :

  • Archives nationales du Luxembourg – Ministère de la Justice – Police des Étrangers (Dossier J – 108 – 0401336), dont photo.

    Archives départementales des Pyrénées Orientales (camp de Rivesaltes)

    United States Holocaust Memorial Musuem (Holocaust Suvivors and Victims Data Base)

    Bundesarchiv Memorial Book (https://www.bundesarchiv.de/gedenkbuch/)

    Sites de généalogie ancestry.com et myheritage.fr

    Archives Départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139

    Biographie rédigée en collaboration avec le mémorial de la Shoah du Luxembourg (https://memorialshoah.lu/fr)

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

NUSSBAUM Max 

  • Auschwitz

  • Né le 6 mars 1910 à Butzweiler (Allemagne)

  • Décédé à Auschwitz à l’été 1942 ?

Max Nussbaum naît le 6 mars 1910 à Buztweiler, dans l’arrondissement de Trèves (Allemagne), à une dizaine de kilomètres de la frontière du Luxembourg. Dans ce village est établie une petite communauté juive qui gagne un peu d’importance à la fin du 19ème siècle (1). Les parents de Max, Léopold Nussbaum et Brunette Kaufmann se marient vers 1890, fondant une famille relativement nombreuse. Parmi les aînés il y a Samuel, né en 1892 à Ehrang, dans la banlieue de Trèves. Les autres enfants voient le jour à Butzweiler, notamment : Johanna (1894), Martha (1896), Indella et Frieda (1906).

En 1927, peu après que Max a fêté ses 17 ans, son père décède à Trèves. Dans les années qui suivent, le cercle familial se réduit un peu plus, sa sœur Martha s’établissant au Luxembourg avec son mari, Emile Grünhut.

Avec les lois anti-juives, la vie devient de plus en plus difficile. Tandis que sa soeur Indella émigre à Shanghai avec son époux, Selmar Schoenfeld, Max est – selon ses déclarations – arrêté dans les premiers mois de 1938 et déporté à Dachau. Il y reste un an et demi avant d’être libéré, sous la condition de quitter le territoire allemand dans les 24 heures suivantes. C’est ce qu’il fait début juillet 1939 en passant clandestinement la frontière luxembourgeoise puis en se réfugiant en Belgique.

Ce sont les éléments (2) que fournit son beau-frère Emile Grünhut, un mois plus tard, à l’appui du dossier de séjour provisoire qu’il dépose au nom de Max auprès des autorités luxembourgeoises. Souhaitant émigrer à Shanghai, Max a déposé une demande de visa au consulat de Chine à Paris. Dans l’attente de ce visa, il n’aurait besoin de rester au Luxembourg que quelques semaines. Les Grünthut déclarent pouvoir héberger Max pendant ce temps. Par ailleurs, sa sœur Indella et son mari Selmar Schoenfeld, font savoir qu’ils se portent garant pour payer ses frais de voyage et de séjour en Chine, auprès d’eux. Et de son côté, l’organisation ESRA (3) – société juive de secours mutuel du Luxembourg – se dit prête à aider Max à se loger, si nécessaire.

Mais à la fin du mois d’août, la police est avertie que Max ne pourra obtenir son visa d’immigration. Celui-ci est cependant toléré au Luxembourg où il réside quelques temps à Mompach. Le 21 mars 1940, il obtient finalement un titre de séjour provisoire, ce qui lui permet de trouver du travail. Il est embauché comme valet de ferme chez un paysan de Trintange, tout en ayant toujours en tête son émigration vers Shanghai.

L’invasion du Luxembourg par les troupes allemandes, le 10 mai 1940, est une menace directe pour la communauté juive et en particulier pour les réfugiés allemands. Dans les mois qui suivent, la plupart de ceux qui le peuvent passent en France pour se rendre en zone libre. Max se fixe à Nîmes (Gard), où on lui connaît une adresse : 38 rue Robert. Probablement arrêté et enrôlé dans un Groupement de Travailleurs Etrangers (GTE), il est affecté comme manœuvre dans l’usine chimique de Salindres (Gard). C’est là qu’il est recensé en tant que juif apatride, agriculteur de profession, ayant rempli « la déclaration prévue par la loi du 2/6/1941 ».

Ainsi, bien identifié par l’État Français, il est victime de l’une des toutes premières rafles menées à Nîmes à l’été 1942, visant spécifiquement les juifs réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe de l’Est. Interné au camp de Rivesaltes, il est envoyé à Drancy le 23 août. Trois jours plus tard, il est déporté par le convoi n° 24 pour Auschwitz. Il ne reviendra pas.

Cette année 1942 est funeste pour une grande partie de sa famille. Sa mère, Brunette Nussbaum, fichée par les nazis comme habitant à Trèves (4), 26 Metzelstrasse, décède le 24 avril. Son frère Samuel, qui avait trouvé asile au Luxembourg, est déporté le 23 avril pour le ghetto d’Izbica (Pologne) où il périra. Sa sœur Martha et son mari Emile Grünhut, réfugiés à Montpellier (Hérault) ainsi que son autre sœur Frieda (5) qui a émigré en France en février 1941, sont également victimes des persécutions nazies. Pris dans la grande rafle du 26 août 1942, ils sont tous trois envoyés à Rivesaltes dès le lendemain. Ils en repartent pour Drancy le 1er septembre, pour être déportés sans retour par le convoi n° 30 du 9 septembre à destination d’Auschwitz. Enfin, sa sœur aînée Johanna restée à Butzweiler est aussi déportée : de Stuttgart le 1er mars 1943 pour Auschwitz où elle est probablement gazée dès son arrivée.

Gérard Krebs

(1) Voir sur le sujet le site germansynagogues.com

(http://germansynagogues.com/index.php/synagogues-and-communities?pid=67&sid=330:butzweiler)

(2) Si la police du Grand-Duché semble convaincue par la déportation de Max à Dachau, elle pense que celui-ci se cache en réalité au Luxembourg, où il a une partie de sa famille. Elle note que M. Nussbaum est « supposé demeurant en Belgique ».

(3) Sur l’ESRA, cf. http://www.memoshoah.lu/pdf/Artuso_un_%20heros_luxembourgeois_tagbeblatt_avril2018.pdf

(4) Archives Arolsen

(5) Dans les archives du camp de Rivesaltes figure une fiche mentionnant Frieda Grünhut Nussbaum, ce qui laisse penser que celle-ci a pu épouser un membre de la famille d’Emile Grünhut.

Sources :

  • Archives nationales du Luxembourg – Ministère de la Justice – Police des Étrangers (Dossier J – 108 – 0401336), dont photo.

    Archives départementales des Pyrénées Orientales (camp de Rivesaltes)

    United States Holocaust Memorial Musuem (Holocaust Suvivors and Victims Data Base)

    Bundesarchiv Memorial Book (https://www.bundesarchiv.de/gedenkbuch/)

    Sites de généalogie ancestry.com et myheritage.fr

    Archives Départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139

    Biographie rédigée en collaboration avec le mémorial de la Shoah du Luxembourg (https://memorialshoah.lu/fr)

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.