NAVARRO Diego

  • 74231, Dachau / Allach

  • Né le 23 décembre 1913 à Carthagène (Espagne)

  • Décédé le 23 janvier 1998 à Bagnols sur Cèze (Gard)

     

Ses parents fuyant la misère après la Première Guerre mondiale s’installent en France qui recherche de la main d’œuvre pour sa reconstruction. La famille se fixe à Pont-Saint-Esprit où Diego travaille pour l’entreprise Alais et Froges, filiale du futur groupe Péchiney, comme chauffeur de camions. Son père est charbonnier dans la forêt de Valbonne et son oncle, Salvador Navarro, carrier à la carrière près de la maison forestière. Diego et Salvador, bien que de nationalité espagnole, s’engagent dans la Résistance française le 1er janvier 1943 après l’invasion du sud de la France, le 11 novembre 1942 par les troupes allemandes, et ravitaillent le maquis Bir Hakeim à Méjannes-le-Clap et à Labastide-de-Virac. Salvador sera abattu en mars 1944 par deux soldats allemands venus l’arrêter sur son lieu de travail à la carrière.

Diego a le grade de sergent-chef dans le cadre des M.U.R (Mouvements Unis de Résistance). Avec une dizaine d’hommes sous ses ordres, il participe à diverses actions contre l’envahisseur, comme des plasticages de voies ferrées ou de pylônes à haute tension pour perturber les arrières de l’armée allemande et les usines qui tournent au profit des nazis. Il informe le maquis d’une attaque imminente de forces allemandes, ce qui permet un repli vers la Lozère sans subir de pertes.

Dénoncé par des collaborateurs locaux, il est arrêté lors de la grande rafle du 6 mars 1944 et emprisonné à la citadelle de Pont-Saint-Esprit. Interrogé, matraqué et torturé, il ne parlera pas, sauvant ainsi les vies de ses compagnons d’armes. Il est transféré plus tard à la prison des Baumettes à Marseille en qualité de « terroriste » où il retrouve Fernand Espic (matricule 33753), un autre grand résistant spiripontain, maintenant compagnon de cellule. C’est dans le même convoi qu’ils sont emmenés au camp de Compiègne le 12 mai 1944. Fernand est dirigé vers le camp de concentration de Neuengamme et Diego au camp de Dachau le 18 juin 1944 où il va séjourner au bloc 19 et devenir le « häftlinge » (le détenu) n° 74231.

Clin d’œil de l’Histoire, Diego est libéré le jour même du troisième anniversaire de son fils Maurice, qui pourra ainsi connaître son papa. Rapatrié par la Suisse, il rentre à Pont-Saint-Esprit en mai 1945. Le journal régional la Marseillaise du 18 mai 1945, dans un bref article intitulé « Ils reviennent« , annonce son retour : « C’est pour le moment le premier déporté politique qui a pu donner de ses nouvelles ». Diego rentrera chez lui fin mai. Son épouse n’avait plus de nouvelles de lui depuis quatorze mois. Rentré tuberculeux, il fera de longs séjours en sanatorium. Sa santé lui interdisant toute activité professionnelle, il obtiendra bien plus tard, une pension en tant que « grand invalide de guerre ». Il lui faudra prouver son rôle dans la Résistance pour valider son dossier car il y a bien sûr des imposteurs, des « résistants de la dernière heure », qui tentent de se refaire une virginité patriotique.

Il s’éteint le 23 janvier 1998 à Bagnols sur Cèze, emportant avec lui ses visions d’horreur.

Ses mérites ont été reconnus par la Nation. Il est titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre 39/45 avec palme, de la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance, de la Médaille de la Résistance, de la Médaille de la déportation et de la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur.

Maurice Navarro

Sources :

Documents familiaux

L’éloge funèbre de Fernand Espic du 23 janvier 1998 en l’église de Connaux

L’article de la Marseillaise du 18 mai 1945.

SHD de Caen AC 21 P 604251

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

NAVARRO Diego

  • 74231, Dachau / Allach

  • Né le 23 décembre 1913 à Carthagène (Espagne)

  • Décédé le 23 janvier 1998 à Bagnols sur Cèze (Gard)

     

Ses parents fuyant la misère après la Première Guerre mondiale s’installent en France qui recherche de la main d’œuvre pour sa reconstruction. La famille se fixe à Pont-Saint-Esprit où Diego travaille pour l’entreprise Alais et Froges, filiale du futur groupe Péchiney, comme chauffeur de camions. Son père est charbonnier dans la forêt de Valbonne et son oncle, Salvador Navarro, carrier à la carrière près de la maison forestière. Diego et Salvador, bien que de nationalité espagnole, s’engagent dans la Résistance française le 1er janvier 1943 après l’invasion du sud de la France, le 11 novembre 1942 par les troupes allemandes, et ravitaillent le maquis Bir Hakeim à Méjannes-le-Clap et à Labastide-de-Virac. Salvador sera abattu en mars 1944 par deux soldats allemands venus l’arrêter sur son lieu de travail à la carrière.

Diego a le grade de sergent-chef dans le cadre des M.U.R (Mouvements Unis de Résistance). Avec une dizaine d’hommes sous ses ordres, il participe à diverses actions contre l’envahisseur, comme des plasticages de voies ferrées ou de pylônes à haute tension pour perturber les arrières de l’armée allemande et les usines qui tournent au profit des nazis. Il informe le maquis d’une attaque imminente de forces allemandes, ce qui permet un repli vers la Lozère sans subir de pertes.

Dénoncé par des collaborateurs locaux, il est arrêté lors de la grande rafle du 6 mars 1944 et emprisonné à la citadelle de Pont-Saint-Esprit. Interrogé, matraqué et torturé, il ne parlera pas, sauvant ainsi les vies de ses compagnons d’armes. Il est transféré plus tard à la prison des Baumettes à Marseille en qualité de « terroriste » où il retrouve Fernand Espic (matricule 33753), un autre grand résistant spiripontain, maintenant compagnon de cellule. C’est dans le même convoi qu’ils sont emmenés au camp de Compiègne le 12 mai 1944. Fernand est dirigé vers le camp de concentration de Neuengamme et Diego au camp de Dachau le 18 juin 1944 où il va séjourner au bloc 19 et devenir le « häftlinge » (le détenu) n° 74231.

Clin d’œil de l’Histoire, Diego est libéré le jour même du troisième anniversaire de son fils Maurice, qui pourra ainsi connaître son papa. Rapatrié par la Suisse, il rentre à Pont-Saint-Esprit en mai 1945. Le journal régional la Marseillaise du 18 mai 1945, dans un bref article intitulé « Ils reviennent« , annonce son retour : « C’est pour le moment le premier déporté politique qui a pu donner de ses nouvelles ». Diego rentrera chez lui fin mai. Son épouse n’avait plus de nouvelles de lui depuis quatorze mois. Rentré tuberculeux, il fera de longs séjours en sanatorium. Sa santé lui interdisant toute activité professionnelle, il obtiendra bien plus tard, une pension en tant que « grand invalide de guerre ». Il lui faudra prouver son rôle dans la Résistance pour valider son dossier car il y a bien sûr des imposteurs, des « résistants de la dernière heure », qui tentent de se refaire une virginité patriotique.

Il s’éteint le 23 janvier 1998 à Bagnols sur Cèze, emportant avec lui ses visions d’horreur.

Ses mérites ont été reconnus par la Nation. Il est titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre 39/45 avec palme, de la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance, de la Médaille de la Résistance, de la Médaille de la déportation et de la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur.

Maurice Navarro

Sources :

Documents familiaux

L’éloge funèbre de Fernand Espic du 23 janvier 1998 en l’église de Connaux

L’article de la Marseillaise du 18 mai 1945.

SHD de Caen AC 21 P 604251

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.