RECHERCHEZ
Guiseppe dit Joseph Nanni est né le 8 juin 1922 à Marignane dans les Bouches-du-Rhône. Il est le fils de Jean Baptiste Nanni, journalier, né à Gavorrano en Toscane en Italie, et de Vérité Deligny, née à Asnières, sans profession. Il est de religion catholique. Lors du recensement de 1931, la famille habite au 10 rue de Paris à Billy-Montigny dans le Pas-de-Calais où le père est mineur à Courrières. Elle est composée alors de quatre enfants, Joseph, Marthe née en 1923 à Marseille dans les Bouches-du-Rhône, Adelphin né en 1928 à Rouvroy dans le Pas-de-Calais et Contardo né en 1931 à Billy-Montigny. Lors du recensement de cette commune en 1936, la famille s’est agrandie avec les naissances d’Eugène en 1933 et de Robert en 1935 et Joseph est alors mineur à Courrières. Pendant la guerre, il est célibataire et chauffeur. Il réside chez ses parents. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il rejoint avec Michel Balog, originaire de la ville voisine de Hénin-Liétard, le 16 juin 1943, le maquis d’Aire-de-Côte constitué par René Rascalon et Jean Castan sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.
Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).
Joseph Nanni fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne (numéro 18743). Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.
Joseph Nanni est transféré à Dora le 3 janvier 1944 avec Claudius Lavazeur. Il participe à la mise en place dans le tunnel de l’usine de production Mittelwerk des A4-V2. Il est évacué par train dans des wagons-bennes sous la pluie le 5 avril 1945 dans le convoi des « spécialistes ». Le transport s’arrête à Ellrich et repart pour Osterode. Il doit ensuite traverser à pied le massif du Harz vers le nord-ouest sans aucun ravitaillement. A Oker, il monte dans un wagon à bestiaux à destination de Ravensbrück. Le 14 avril, il y reçoit le matricule 15287. Le camp étant évacué quelques jours plus tard, il participe de nouveau aux marches de la mort. Il est libéré par l’avance alliée à Malchow le 6 mai. Malade, il est rapatrié le 22 mai 1945 via Arras dans le Pas-de-Calais.
Lors du recensement de 1946, il vit chez ses parents à Billy-Montigny et il est sans profession. Il est hospitalisé au sanatorium à Passy en Haute-Savoie au moins entre 1947 et 1952. Le 17 avril 1952, il se marie à Roubaix avec Marie Desieux dont il se sépare en 1964. En 1969, il réside à La Colle-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes. Il se remarie avec Pierrette Sakaël. En 1986, il habite à Rougiers dans le Var. Il reçoit la médaille militaire en 1987. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1993 et décède à Nans-les-Pins dans le Var le 17 janvier 2005 à l’âge de 82 ans.
Marilyne Andréo
Sources :
- 21 P 603 979, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Joseph Nanni.Recensement de la population de Billy-Montigny de 1931, site internet des Archives du Pas-de-Calais, p.132.
Recensement de la population de Billy-Montigny de 1936, site internet des Archives du Pas-de-Calais, p.117.
Recensement de la population de Billy-Montigny de 1946, site internet des Archives du Pas-de-Calais, p.70-71.
Dossier Arolsen.
Décret du 2 mai 2003 portant promotion et nomination de la Légion d’honneur,
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000229226
Décret du 5 juillet portant promotion et nomination de la Légion d’honneur,
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000348686
Lionel Roux, « Nanni Joseph » in Laurent Thiery (dir.), Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora.
René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html
RECHERCHEZ
Guiseppe dit Joseph Nanni est né le 8 juin 1922 à Marignane dans les Bouches-du-Rhône. Il est le fils de Jean Baptiste Nanni, journalier, né à Gavorrano en Toscane en Italie, et de Vérité Deligny, née à Asnières, sans profession. Il est de religion catholique. Lors du recensement de 1931, la famille habite au 10 rue de Paris à Billy-Montigny dans le Pas-de-Calais où le père est mineur à Courrières. Elle est composée alors de quatre enfants, Joseph, Marthe née en 1923 à Marseille dans les Bouches-du-Rhône, Adelphin né en 1928 à Rouvroy dans le Pas-de-Calais et Contardo né en 1931 à Billy-Montigny. Lors du recensement de cette commune en 1936, la famille s’est agrandie avec les naissances d’Eugène en 1933 et de Robert en 1935 et Joseph est alors mineur à Courrières. Pendant la guerre, il est célibataire et chauffeur. Il réside chez ses parents. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il rejoint avec Michel Balog, originaire de la ville voisine de Hénin-Liétard, le 16 juin 1943, le maquis d’Aire-de-Côte constitué par René Rascalon et Jean Castan sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.
Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).
Joseph Nanni fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne (numéro 18743). Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.
Joseph Nanni est transféré à Dora le 3 janvier 1944 avec Claudius Lavazeur. Il participe à la mise en place dans le tunnel de l’usine de production Mittelwerk des A4-V2. Il est évacué par train dans des wagons-bennes sous la pluie le 5 avril 1945 dans le convoi des « spécialistes ». Le transport s’arrête à Ellrich et repart pour Osterode. Il doit ensuite traverser à pied le massif du Harz vers le nord-ouest sans aucun ravitaillement. A Oker, il monte dans un wagon à bestiaux à destination de Ravensbrück. Le 14 avril, il y reçoit le matricule 15287. Le camp étant évacué quelques jours plus tard, il participe de nouveau aux marches de la mort. Il est libéré par l’avance alliée à Malchow le 6 mai. Malade, il est rapatrié le 22 mai 1945 via Arras dans le Pas-de-Calais.
Lors du recensement de 1946, il vit chez ses parents à Billy-Montigny et il est sans profession. Il est hospitalisé au sanatorium à Passy en Haute-Savoie au moins entre 1947 et 1952. Le 17 avril 1952, il se marie à Roubaix avec Marie Desieux dont il se sépare en 1964. En 1969, il réside à La Colle-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes. Il se remarie avec Pierrette Sakaël. En 1986, il habite à Rougiers dans le Var. Il reçoit la médaille militaire en 1987. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1993 et décède à Nans-les-Pins dans le Var le 17 janvier 2005 à l’âge de 82 ans.
Marilyne Andréo
Sources :
- 21 P 603 979, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Joseph Nanni.Recensement de la population de Billy-Montigny de 1931, site internet des Archives du Pas-de-Calais, p.132.
Recensement de la population de Billy-Montigny de 1936, site internet des Archives du Pas-de-Calais, p.117.
Recensement de la population de Billy-Montigny de 1946, site internet des Archives du Pas-de-Calais, p.70-71.
Dossier Arolsen.
Décret du 2 mai 2003 portant promotion et nomination de la Légion d’honneur,
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000229226
Décret du 5 juillet portant promotion et nomination de la Légion d’honneur,
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000348686
Lionel Roux, « Nanni Joseph » in Laurent Thiery (dir.), Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora.
René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html