MOTTUEL Claire née FRANC

  • 27914 Ravensbrück

  • Née le 31 juillet 1884 à Quissac

  • Décédée en décembre 1944 Ravensbrück

     

Issue d’une famille bourgeoise protestante, Claire Marcelle Renée Franc est née le 31 juillet 1884 à Quissac (Gard). Ses parents, Maurice Franc et Jeanne Brun, divorcent alors qu’elle n’a que trois ans. A la suite du remariage de ces derniers, Claire évolue dans un contexte familial peu favorable à son éducation et à son épanouissement. Aidée par un membre de la famille magistrat, sa grand-mère maternelle, souhaitant éloigner l’enfant géographiquement, la confie à des parents proches résidant à Lausanne. Le 9 mars 1904 Claire Franc épouse à Lyon Clovis Mottuel, inspecteur d’assurances, de  huit ans son aîné. Il s’agit d’un « beau mariage » arrangé par la grand-mère[1]. Trois enfants naissent de cette union, Maurice en 1905, René en 1907 et Ginette en 1913. Comme la plupart des femmes de la bourgeoisie de l’époque, Claire Franc vit l’existence d’une femme au foyer qui se consacre pleinement à l’éducation des enfants et aux « devoirs domestiques ». Très  investie dans son rôle d’épouse auprès d’un mari également très impliqué dans la vie familiale, et par ailleurs très « friand » de réceptions, on ne lui connaît pas d’engagements politiques, culturels ou associatifs particuliers. Son époux décède en 1941. Avec l’entrée en résistance de deux de ses enfants, René et Ginette, qui deviennent membres du réseau « Phalanx »[2], Claire voit son existence changer. A l’instar de presque la moitié des femmes membres d’organisations, elle pratique la « résistance au foyer »[3]. Elle met à disposition du réseau son domicile où ont lieu des réunions clandestines, elle tient le rôle de « boîte aux lettres » et permet l’installation de la « centrale » du réseau. Un engagement à relier à une tradition morale familiale protestante très ancrée autour de valeurs de résistance, et à l’amitié très forte que la famille Mottuel a nouée depuis de nombreuses années avec André Philip[4] (originaire du Gard, petit cousin par alliance de la grand-mère maternelle,) et son épouse Mireille Philip.  A la suite de la dénonciation de ses enfants René et Ginette, Claire est arrêtée le 26 octobre 1943 par la Gestapo à son domicile à Lyon. Elle est internée à la prison de Montluc jusqu’au 24 janvier 1944, date de son transfert au camp de Compiègne. Par le convoi dit des « 27 000[5] » du 31 janvier 1944, Claire et sa fille sont déportées à Ravensbrück où elles arrivent le 3 février. René est déporté à Buchenwald et ensuite à Mauthausen[6]. Affectée dans un premier temps au bloc 13 avec pour matricule 27914, Claire est assassinée en décembre 1944[7] à l’âge de 60 ans dans un contexte où le rythme des sélections s’accélère sensiblement, en particulier pour les malades, les personnes âgées et les « non productifs ». En 1955, Claire Franc reçoit à titre posthume le grade de sous-lieutenant des Forces Françaises.

Eric BERNARD


[1] Témoignage de Christian Mottuel, petit-fils de Claire Franc

[2] Phalanx (la Phalange) est mis sur pied par Christian Pineau en avril 1942. Installé en zone Sud, à Clermont-Ferrand puis à Lyon, le réseau se spécialise dans le renseignement politique et économique, ou encore le transport de personnalités. A partir du printemps 1943, Fernand Gane, successeur de Christian Pineau qui a été arrêté, réoriente le réseau vers l’action militaire.

[3] Dufayel, Pierre-Emmanuel. Le convoi de déportation comme objet d’étude : l’exemple du transport des « 27 000 », [en ligne] Presses universitaires de Paris Ouest, septembre 2021, p. 63-73. Disponible sur https://books.openedition.org/pupo/11870?lang=fr

[4] A fait partie des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Il s’est s’engagé dans la résistance au sein du Comité d’action socialiste et de Libération-Sud. Il fut ministre de la 4ième République. Mireille vit au Chambon-sur-Lignon durant la guerre, où elle est active dans la Résistance et participe aux filières d’évasion de Juifs. A reçu la médaille de Juste parmi les nations par Yad Vashem.

[5] Du nom de la série de matricules reçues par les femmes du transport à leur arrivée à Ravensbrück. Convoi composé uniquement de femmes (959.). Transport le plus important de Françaises de tous les convois.

[6] René et Ginette rentreront de déportation.

[7] Le 9 ou 15 décembre  1944 selon les documents figurant dans son dossier de demande de statut de déporté résistant.

Sources :

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

MOTTUEL Claire née FRANC

  • 27914 Ravensbrück

  • Née le 31 juillet 1884 à Quissac

  • Décédée en décembre 1944 Ravensbrück

     

Issue d’une famille bourgeoise protestante, Claire Marcelle Renée Franc est née le 31 juillet 1884 à Quissac (Gard). Ses parents, Maurice Franc et Jeanne Brun, divorcent alors qu’elle n’a que trois ans. A la suite du remariage de ces derniers, Claire évolue dans un contexte familial peu favorable à son éducation et à son épanouissement. Aidée par un membre de la famille magistrat, sa grand-mère maternelle, souhaitant éloigner l’enfant géographiquement, la confie à des parents proches résidant à Lausanne. Le 9 mars 1904 Claire Franc épouse à Lyon Clovis Mottuel, inspecteur d’assurances, de  huit ans son aîné. Il s’agit d’un « beau mariage » arrangé par la grand-mère[1]. Trois enfants naissent de cette union, Maurice en 1905, René en 1907 et Ginette en 1913. Comme la plupart des femmes de la bourgeoisie de l’époque, Claire Franc vit l’existence d’une femme au foyer qui se consacre pleinement à l’éducation des enfants et aux « devoirs domestiques ». Très  investie dans son rôle d’épouse auprès d’un mari également très impliqué dans la vie familiale, et par ailleurs très « friand » de réceptions, on ne lui connaît pas d’engagements politiques, culturels ou associatifs particuliers. Son époux décède en 1941. Avec l’entrée en résistance de deux de ses enfants, René et Ginette, qui deviennent membres du réseau « Phalanx »[2], Claire voit son existence changer. A l’instar de presque la moitié des femmes membres d’organisations, elle pratique la « résistance au foyer »[3]. Elle met à disposition du réseau son domicile où ont lieu des réunions clandestines, elle tient le rôle de « boîte aux lettres » et permet l’installation de la « centrale » du réseau. Un engagement à relier à une tradition morale familiale protestante très ancrée autour de valeurs de résistance, et à l’amitié très forte que la famille Mottuel a nouée depuis de nombreuses années avec André Philip[4] (originaire du Gard, petit cousin par alliance de la grand-mère maternelle,) et son épouse Mireille Philip.  A la suite de la dénonciation de ses enfants René et Ginette, Claire est arrêtée le 26 octobre 1943 par la Gestapo à son domicile à Lyon. Elle est internée à la prison de Montluc jusqu’au 24 janvier 1944, date de son transfert au camp de Compiègne. Par le convoi dit des « 27 000[5] » du 31 janvier 1944, Claire et sa fille sont déportées à Ravensbrück où elles arrivent le 3 février. René est déporté à Buchenwald et ensuite à Mauthausen[6]. Affectée dans un premier temps au bloc 13 avec pour matricule 27914, Claire est assassinée en décembre 1944[7] à l’âge de 60 ans dans un contexte où le rythme des sélections s’accélère sensiblement, en particulier pour les malades, les personnes âgées et les « non productifs ». En 1955, Claire Franc reçoit à titre posthume le grade de sous-lieutenant des Forces Françaises.

Eric BERNARD


[1] Témoignage de Christian Mottuel, petit-fils de Claire Franc

[2] Phalanx (la Phalange) est mis sur pied par Christian Pineau en avril 1942. Installé en zone Sud, à Clermont-Ferrand puis à Lyon, le réseau se spécialise dans le renseignement politique et économique, ou encore le transport de personnalités. A partir du printemps 1943, Fernand Gane, successeur de Christian Pineau qui a été arrêté, réoriente le réseau vers l’action militaire.

[3] Dufayel, Pierre-Emmanuel. Le convoi de déportation comme objet d’étude : l’exemple du transport des « 27 000 », [en ligne] Presses universitaires de Paris Ouest, septembre 2021, p. 63-73. Disponible sur https://books.openedition.org/pupo/11870?lang=fr

[4] A fait partie des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Il s’est s’engagé dans la résistance au sein du Comité d’action socialiste et de Libération-Sud. Il fut ministre de la 4ième République. Mireille vit au Chambon-sur-Lignon durant la guerre, où elle est active dans la Résistance et participe aux filières d’évasion de Juifs. A reçu la médaille de Juste parmi les nations par Yad Vashem.

[5] Du nom de la série de matricules reçues par les femmes du transport à leur arrivée à Ravensbrück. Convoi composé uniquement de femmes (959.). Transport le plus important de Françaises de tous les convois.

[6] René et Ginette rentreront de déportation.

[7] Le 9 ou 15 décembre  1944 selon les documents figurant dans son dossier de demande de statut de déporté résistant.

Sources :

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