RECHERCHEZ
Vladimir Morozow est né le 5 septembre 1918 à Bialystok aujourd’hui en Pologne. Il est le fils d’Alexander Morozow et de Katharina Dzieszko. Il est de nationalité russe et de religion catholique. Il est lieutenant d’artillerie dans l’Armée rouge lorsqu’il est capturé par l’armée allemande sur le front de l’Est. Des prisonniers de guerre soviétiques sont enrôlés de gré et le plus souvent force par la Wehrmacht dans les camps de prisonniers en Allemagne. Ces soldats supplétifs sont ensuite envoyés dans différentes unités à travers l’Europe occupée par l’Allemagne nazie. Vladimir Morozow se retrouve alors sous l’uniforme allemand en Ardèche. Des FTPF de l’Inter G Gard-Lozère-Basse Ardèche dont fait partie Gustave Hourquet (matricule 29692 à Neuengamme) l’aident à déserter et ils l’incorporent dans la Résistance. Vladimir Morozow vit clandestinement. Il devient Jean Albert Dolidier, ajusteur. Il appartient aux FTPF de Bagnols-sur-Cèze dirigés par Louis Ferri (« Jacques Lemercier »). Le 9 février 1944 à 15h30, il participe avec Ladislas Kanik et Wassili Linkow Wasilewicz au braquage du Crédit agricole de cette localité. 150 000 francs et des cachets de l’établissement sont dérobés. Sont arrêtés dans la nuit du 9 au 10 février, Vladimir Morozow (« Jean Albert Dolidier »), Ladislas Kanik (« Henri Dubois »), Wassili Wasilewicz (« Albert Trauneecker »), Damian Ruiz, Louis Thomas, Joseph Alabart et Paul Mayer (libéré le 26 février, n’a pas reconnu les faits et la perquisition à son domicile n’a rien donné). Leur chef, Louis Ferri, parvient à prendre la fuite. Ils sont jugés et condamnés le 14 avril 1944 par la section spéciale de la Cour d’Appel de Nîmes. Vladimir Morozow est reconnu coupable « d’avoir (…) frauduleusement soustrait une certaine somme d’argent au préjudice de la caisse de Crédit agricole de Bagnols-sur-Cèze et ce pour favoriser le terrorisme ; détenu indument une arme à feu et été porteur de cette arme hors de son domicile ; menacé verbalement de mort sous condition les employés de la caisse de Crédit agricole de Bagnols-sur-Cèze en leur disant « si vous prévenez la police avant 18 heures vous serez tous tués » ; d’avoir commis ces infractions pénales pour favoriser le terrorisme, l’anarchie et la subversion nationale et sociale ». La Section spéciale condamne Louis Ferri à 20 ans de travaux forcés par défaut, Vladimir Morozow et Wassili Wasilewicz Linkow à dix ans de travaux forcés, Ladislas Kanik à cinq ans de travaux forcés, Damian Ruiz (matricule 73976 à Dachau) et Louis Thomas (matricule 74047 à Dachau†) à trois ans de prison et Joseph Alabart à un an de prison. Vladimir Morozow est remis aux autorités allemandes le 2 mai. Il est déporté comme ses compagnons d’armes, Joseph Alabart (matricule 39612†), Ladislas Kanik et Wassili Wasilewicz Linkow, le 28 juillet dans un convoi à destination de Neuengamme comprenant 1 652 personnes. D’autres Gardois se trouvent dans le même train : Jules Agulhon (†), Jean-Marie de Loye (matricule 40228†), Elie Fournier (matricule 39588†), Gustave Hourquet (matricule 39592), Fernand Montet (matricule 39599†) et Arthur Puech (matricule 40736†). Gustave Hourquet, André Duroméa (matricule 39586), Vladimir Morozow et Wassili Wasilewicz Linkow sont affectés au Kommando de Brême-Blumenthal qui travaillent pour les chantiers navals de la Deustche Schiffs-und Maschinenbau AG (Deschimag) spécialisée dans les constructions navales et mécaniques appartenant au groupe Krupp. Ils sabotent des filtres à huile pour sous-marins et différentes pièces qu’ils fabriquent. Vladimir Morozow a-t-il survécu aux conditions de travail et de détention ? Aucune conclusion ne peut être tirée avec certitude. On ne sait pas s’il a été transféré dans un autre Kommando ou dans un autre camp. S’il est resté à Blumenthal jusqu’à son évacuation entre le 7 et le 9 avril 1945, il a pu être transféré à Brême-Farge et ensuite à pied au camp central de Neuengamme. D’autres détenus sont envoyés à Sandbostel et les Juifs ce qui n’est pas son cas à Bergen Belsen. 9 000 déportés sont entassés à bord de navires. Le Cap Arcona, le Thielbeck, le Deutschland sont bombardés et coulés le 3 mai par l’aviation britannique. 6 600 déportés meurent dans les flammes, se noient dans les eaux glaciales de la mer Baltique ou sont abattus. Il n’y a que 450 survivants parmi les personnes embarquées sur ces trois bateaux. Seul l’Athen arborant un drapeau blanc et ses 2 000 passagers en réchappent. S’il a survécu, est-il retourné en URSS ? Son parcours après la guerre est inconnu. Sa condamnation a été révisée par la Cour d’Appel de Nîmes le 24 avril 1945.
Marilyne Andréo
Sources :
21 P 417 152, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Joseph Alabart.
21 P 244 347, DAVCC Caen, Dossier de victime civile de Joseph Alabart.
1 W 254, AD Gard, Activités terroristes, arrestations effectuées à la suite d’attentats terroristes.
1 W 255, AD Gard, Correspondance au chef du gouvernement concernant les incidents, attentats, arrestations de terroristes. Janvier à mars 1944.
1286 W 81, AD Gard, Registre d’écrou de la maison d’arrêt de Nîmes du 27 juillet 1943 au 16 mai 1944, n°2 385.
3 U 476, AD Gard, Section spéciale, Tribunal spécial 1943-1944, Jugement n°27.
Site Internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, liste du convoi, http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.250.#MOROSOV
Elian Cellier, « Hommage au résistant Josep Alabart Pascual (1913-1945) mort en déportation, Rhodanien n°146, p.50-59.
Raoul Galataud, « L’engagement des étrangers dans la Résistance en Ardèche » in AERI, La Résistance en Ardèche.
Jean-Pierre Besse, Jean-Claude Malé, Claude Pennetier, « Hourquet Gustave, Lucien, Marie, alias André Georges » sur le site internet du Maitron, https://maitron.fr/spip.php?article4987
Site internet du camp de Neuengamme, https://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/fr/
« Brême-Blumenthal » sur le site internet du camp de Neuengamme, https://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/fr/historique/camps-exterieurs/liste-des-camps-exterieurs/breme-blumenthal/
RECHERCHEZ
Vladimir Morozow est né le 5 septembre 1918 à Bialystok aujourd’hui en Pologne. Il est le fils d’Alexander Morozow et de Katharina Dzieszko. Il est de nationalité russe et de religion catholique. Il est lieutenant d’artillerie dans l’Armée rouge lorsqu’il est capturé par l’armée allemande sur le front de l’Est. Des prisonniers de guerre soviétiques sont enrôlés de gré et le plus souvent force par la Wehrmacht dans les camps de prisonniers en Allemagne. Ces soldats supplétifs sont ensuite envoyés dans différentes unités à travers l’Europe occupée par l’Allemagne nazie. Vladimir Morozow se retrouve alors sous l’uniforme allemand en Ardèche. Des FTPF de l’Inter G Gard-Lozère-Basse Ardèche dont fait partie Gustave Hourquet (matricule 29692 à Neuengamme) l’aident à déserter et ils l’incorporent dans la Résistance. Vladimir Morozow vit clandestinement. Il devient Jean Albert Dolidier, ajusteur. Il appartient aux FTPF de Bagnols-sur-Cèze dirigés par Louis Ferri (« Jacques Lemercier »). Le 9 février 1944 à 15h30, il participe avec Ladislas Kanik et Wassili Linkow Wasilewicz au braquage du Crédit agricole de cette localité. 150 000 francs et des cachets de l’établissement sont dérobés. Sont arrêtés dans la nuit du 9 au 10 février, Vladimir Morozow (« Jean Albert Dolidier »), Ladislas Kanik (« Henri Dubois »), Wassili Wasilewicz (« Albert Trauneecker »), Damian Ruiz, Louis Thomas, Joseph Alabart et Paul Mayer (libéré le 26 février, n’a pas reconnu les faits et la perquisition à son domicile n’a rien donné). Leur chef, Louis Ferri, parvient à prendre la fuite. Ils sont jugés et condamnés le 14 avril 1944 par la section spéciale de la Cour d’Appel de Nîmes. Vladimir Morozow est reconnu coupable « d’avoir (…) frauduleusement soustrait une certaine somme d’argent au préjudice de la caisse de Crédit agricole de Bagnols-sur-Cèze et ce pour favoriser le terrorisme ; détenu indument une arme à feu et été porteur de cette arme hors de son domicile ; menacé verbalement de mort sous condition les employés de la caisse de Crédit agricole de Bagnols-sur-Cèze en leur disant « si vous prévenez la police avant 18 heures vous serez tous tués » ; d’avoir commis ces infractions pénales pour favoriser le terrorisme, l’anarchie et la subversion nationale et sociale ». La Section spéciale condamne Louis Ferri à 20 ans de travaux forcés par défaut, Vladimir Morozow et Wassili Wasilewicz Linkow à dix ans de travaux forcés, Ladislas Kanik à cinq ans de travaux forcés, Damian Ruiz (matricule 73976 à Dachau) et Louis Thomas (matricule 74047 à Dachau†) à trois ans de prison et Joseph Alabart à un an de prison. Vladimir Morozow est remis aux autorités allemandes le 2 mai. Il est déporté comme ses compagnons d’armes, Joseph Alabart (matricule 39612†), Ladislas Kanik et Wassili Wasilewicz Linkow, le 28 juillet dans un convoi à destination de Neuengamme comprenant 1 652 personnes. D’autres Gardois se trouvent dans le même train : Jules Agulhon (†), Jean-Marie de Loye (matricule 40228†), Elie Fournier (matricule 39588†), Gustave Hourquet (matricule 39592), Fernand Montet (matricule 39599†) et Arthur Puech (matricule 40736†). Gustave Hourquet, André Duroméa (matricule 39586), Vladimir Morozow et Wassili Wasilewicz Linkow sont affectés au Kommando de Brême-Blumenthal qui travaillent pour les chantiers navals de la Deustche Schiffs-und Maschinenbau AG (Deschimag) spécialisée dans les constructions navales et mécaniques appartenant au groupe Krupp. Ils sabotent des filtres à huile pour sous-marins et différentes pièces qu’ils fabriquent. Vladimir Morozow a-t-il survécu aux conditions de travail et de détention ? Aucune conclusion ne peut être tirée avec certitude. On ne sait pas s’il a été transféré dans un autre Kommando ou dans un autre camp. S’il est resté à Blumenthal jusqu’à son évacuation entre le 7 et le 9 avril 1945, il a pu être transféré à Brême-Farge et ensuite à pied au camp central de Neuengamme. D’autres détenus sont envoyés à Sandbostel et les Juifs ce qui n’est pas son cas à Bergen Belsen. 9 000 déportés sont entassés à bord de navires. Le Cap Arcona, le Thielbeck, le Deutschland sont bombardés et coulés le 3 mai par l’aviation britannique. 6 600 déportés meurent dans les flammes, se noient dans les eaux glaciales de la mer Baltique ou sont abattus. Il n’y a que 450 survivants parmi les personnes embarquées sur ces trois bateaux. Seul l’Athen arborant un drapeau blanc et ses 2 000 passagers en réchappent. S’il a survécu, est-il retourné en URSS ? Son parcours après la guerre est inconnu. Sa condamnation a été révisée par la Cour d’Appel de Nîmes le 24 avril 1945.
Marilyne Andréo
Sources :
21 P 417 152, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Joseph Alabart.
21 P 244 347, DAVCC Caen, Dossier de victime civile de Joseph Alabart.
1 W 254, AD Gard, Activités terroristes, arrestations effectuées à la suite d’attentats terroristes.
1 W 255, AD Gard, Correspondance au chef du gouvernement concernant les incidents, attentats, arrestations de terroristes. Janvier à mars 1944.
1286 W 81, AD Gard, Registre d’écrou de la maison d’arrêt de Nîmes du 27 juillet 1943 au 16 mai 1944, n°2 385.
3 U 476, AD Gard, Section spéciale, Tribunal spécial 1943-1944, Jugement n°27.
Site Internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, liste du convoi, http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.250.#MOROSOV
Elian Cellier, « Hommage au résistant Josep Alabart Pascual (1913-1945) mort en déportation, Rhodanien n°146, p.50-59.
Raoul Galataud, « L’engagement des étrangers dans la Résistance en Ardèche » in AERI, La Résistance en Ardèche.
Jean-Pierre Besse, Jean-Claude Malé, Claude Pennetier, « Hourquet Gustave, Lucien, Marie, alias André Georges » sur le site internet du Maitron, https://maitron.fr/spip.php?article4987
Site internet du camp de Neuengamme, https://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/fr/
« Brême-Blumenthal » sur le site internet du camp de Neuengamme, https://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/fr/historique/camps-exterieurs/liste-des-camps-exterieurs/breme-blumenthal/