RECHERCHEZ
Lazarus est le fils de Léopold Mannheimer, commerçant, et de son épouse Barbara Schwab. Il est né le 19 février 1886 à Eberbach-am-Neckar (Allemagne, Bade-Wurtemberg). Il a un frère, Theodor.
Regina, née le 16 janvier 1889 à Bodersweier, dans le district de Kehl (Bade-Wurtemberg), est la fille de Karl Kalonimos Bensinger, quincaillier et longtemps chef de la synagogue, et de Ida Stern. La famille est nombreuse : Regina a huit frères et sœurs, mais aussi six demi-frères et sœurs issus du remariage de son père, après le décès de sa mère Ida en 1890. Lazarus travaille comme instituteur à Bodersweier de 1907 à 1912. Le 29 juillet de cette année-là il se marie avec Regina, probablement à Baden-Baden. Le couple déménage à Kehl où Lazarus travaille à l’école primaire et devient aussi chantre de la synagogue. Plus tard il enseigne dans le secondaire à la Falkenhause-Volksschule. Très investi dans la vie de la communauté juive locale, Lazarus rejoint en 1930 le « Deutsche Staatspartei », un parti libéral de gauche, successeur du DPP (Parti Démocratique allemand). Le couple vit au n° 20 de la Kinzigstrasse dans une maison appartenant à la communauté juive de Kehl. Tous deux sont très respectés et appréciés.
En avril 1933 Lazarus est brièvement arrêté, puis démis de toutes ses fonctions professionnelles comme municipales. Après la « Nuit de Cristal », les ennuis s’accumulent. En novembre 1938, perquisitions, humiliations et mauvais traitement se succèdent. Finalement, Lazarus est déporté au camp de concentration de Dachau, comme la plupart des juifs de Kehl. Il est libéré au bout de quelques semaines.
Au deuxième semestre 1939, pensant pouvoir être plus en sécurité dans une grande ville, Lazarus et Regina s’installent à Karlsruhe, au 154 Kriegsstrasse puis au 3 Kreuzstrasse. Ils emmènent avec eux leur nièce Renate Bensinger, née le 28 juillet 1928 à Kehl. Lazarus obtient facilement un poste dans une école juive car beaucoup sont vacants, de nombreux enseignants ayant déjà fui l’Allemagne.
Le 25 octobre 1940, comme tous les juifs présents encore en pays de Bade, les époux sont déportés vers la France non occupée, lors de « l’opération Bürckel ». Leur nièce Renate échappe à cet exode car, souffrant de diphtérie, elle n’est pas transportable. Arrivés dans le camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), ils sont enregistrés avec les n° 1784 et 1785. Début mars 1941 ils sont séparés : Lazarus est envoyé dans un camp à Louvie-Juzon (Pyrénées-Atlantiques) puis le 30 juin dans celui de Langlade près de Nîmes. Le 20 novembre, il est transféré à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), et de là au camp des Milles pour aboutir à Drancy.
De son côté, Regina passe par le camp de Masseube (Gers) puis celui de Noé (Haute-Garonne), avant d’être transférée à Drancy en 1942 où elle retrouve son mari[i] . Le couple est déporté le 7 septembre 1942 par le transport 29[ii] à destination d’Auschwitz. A leur arrivée, mari et femme sont probablement immédiatement gazés.
Quant à Renate, qui s’était installée à Munich, elle fait partie du premier train de déportation massive des juifs de cette ville pour Kaunas, en Lituanie. Elle est abattue avec un millier d’autres déportés à son arrivée le 25 novembre 1941.
Deux plaques mémorielles sont posées en 2008 en hommage à Lazarus et Regina Mannheimer. L’une devant leur dernier appartement de la Kreuzstrasse à Karlsruhe et l’autre devant le portail principal de l’école Falkenhausen à Kehl où Lazarus a enseigné et où une rue porte désormais son nom.
Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Il y a la trace d’un passage de Regina à Nîmes au 3, rue des Arènes. Peut-être réussit-elle à voir son mari lorsqu’il est interné à Langlade ?
[ii] Le convoi 29 du 7 septembre 1942 est surtout composé de Juifs étrangers qui avaient été transférés de la zone non occupée par deux convois. Le premier arrive au camp de Drancy en provenance de Nice le 1er septembre et le deuxième de Rivesaltes et des Milles, arrive à Drancy le 3 septembre. Plus de 100 enfants sont parmi les déportés de la zone non occupée auxquels s’ajoutent près de 200 Juifs arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942. À leur arrivée à Auschwitz, 59 hommes sont sélectionnés pour des travaux forcés et tatoués des numéros 63164 à 63222, 52 femmes sont tatouées des numéros 19243 à 19294. Les autres déportés sont gazés dès leur arrivée au camp. Selon l’historien Serge Klarsfeld, on dénombrait 34 rescapés de ce convoi en 1945, tous des hommes.
Sources :
Biographiesen très grande partie reprise de celle rédigée par Richard Lesser pour le site « Gedenkbuch für die Karlsruher Juden » (septembre 2006)
https://gedenkbuch.karlsruhe.de/namen/2799
Geni https://www.geni.com/people/Lazarus-Mannheimer/6000000059151481874
Dossier de Caen – article Wikipédia https://de.wikipedia.org/wiki/Lazarus_Mannheimer
Sur l’opération Bürckel :
https://www.campgurs.com/le-camp/lhistoire-du-camp/p%C3%A9riode-vichy-40-44-les-diff%C3%A9rents-groupes-dintern%C3%A9s/1-l-op%C3%A9ration-buerckel-22-25-octobre-1940/
Photos du site Geni
RECHERCHEZ
Lazarus est le fils de Léopold Mannheimer, commerçant, et de son épouse Barbara Schwab. Il est né le 19 février 1886 à Eberbach-am-Neckar (Allemagne, Bade-Wurtemberg). Il a un frère, Theodor.
Regina, née le 16 janvier 1889 à Bodersweier, dans le district de Kehl (Bade-Wurtemberg), est la fille de Karl Kalonimos Bensinger, quincaillier et longtemps chef de la synagogue, et de Ida Stern. La famille est nombreuse : Regina a huit frères et sœurs, mais aussi six demi-frères et sœurs issus du remariage de son père, après le décès de sa mère Ida en 1890. Lazarus travaille comme instituteur à Bodersweier de 1907 à 1912. Le 29 juillet de cette année-là il se marie avec Regina, probablement à Baden-Baden. Le couple déménage à Kehl où Lazarus travaille à l’école primaire et devient aussi chantre de la synagogue. Plus tard il enseigne dans le secondaire à la Falkenhause-Volksschule. Très investi dans la vie de la communauté juive locale, Lazarus rejoint en 1930 le « Deutsche Staatspartei », un parti libéral de gauche, successeur du DPP (Parti Démocratique allemand). Le couple vit au n° 20 de la Kinzigstrasse dans une maison appartenant à la communauté juive de Kehl. Tous deux sont très respectés et appréciés.
En avril 1933 Lazarus est brièvement arrêté, puis démis de toutes ses fonctions professionnelles comme municipales. Après la « Nuit de Cristal », les ennuis s’accumulent. En novembre 1938, perquisitions, humiliations et mauvais traitement se succèdent. Finalement, Lazarus est déporté au camp de concentration de Dachau, comme la plupart des juifs de Kehl. Il est libéré au bout de quelques semaines.
Au deuxième semestre 1939, pensant pouvoir être plus en sécurité dans une grande ville, Lazarus et Regina s’installent à Karlsruhe, au 154 Kriegsstrasse puis au 3 Kreuzstrasse. Ils emmènent avec eux leur nièce Renate Bensinger, née le 28 juillet 1928 à Kehl. Lazarus obtient facilement un poste dans une école juive car beaucoup sont vacants, de nombreux enseignants ayant déjà fui l’Allemagne.
Le 25 octobre 1940, comme tous les juifs présents encore en pays de Bade, les époux sont déportés vers la France non occupée, lors de « l’opération Bürckel ». Leur nièce Renate échappe à cet exode car, souffrant de diphtérie, elle n’est pas transportable. Arrivés dans le camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), ils sont enregistrés avec les n° 1784 et 1785. Début mars 1941 ils sont séparés : Lazarus est envoyé dans un camp à Louvie-Juzon (Pyrénées-Atlantiques) puis le 30 juin dans celui de Langlade près de Nîmes. Le 20 novembre, il est transféré à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), et de là au camp des Milles pour aboutir à Drancy.
De son côté, Regina passe par le camp de Masseube (Gers) puis celui de Noé (Haute-Garonne), avant d’être transférée à Drancy en 1942 où elle retrouve son mari[i] . Le couple est déporté le 7 septembre 1942 par le transport 29[ii] à destination d’Auschwitz. A leur arrivée, mari et femme sont probablement immédiatement gazés.
Quant à Renate, qui s’était installée à Munich, elle fait partie du premier train de déportation massive des juifs de cette ville pour Kaunas, en Lituanie. Elle est abattue avec un millier d’autres déportés à son arrivée le 25 novembre 1941.
Deux plaques mémorielles sont posées en 2008 en hommage à Lazarus et Regina Mannheimer. L’une devant leur dernier appartement de la Kreuzstrasse à Karlsruhe et l’autre devant le portail principal de l’école Falkenhausen à Kehl où Lazarus a enseigné et où une rue porte désormais son nom.
Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Il y a la trace d’un passage de Regina à Nîmes au 3, rue des Arènes. Peut-être réussit-elle à voir son mari lorsqu’il est interné à Langlade ?
[ii] Le convoi 29 du 7 septembre 1942 est surtout composé de Juifs étrangers qui avaient été transférés de la zone non occupée par deux convois. Le premier arrive au camp de Drancy en provenance de Nice le 1er septembre et le deuxième de Rivesaltes et des Milles, arrive à Drancy le 3 septembre. Plus de 100 enfants sont parmi les déportés de la zone non occupée auxquels s’ajoutent près de 200 Juifs arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942. À leur arrivée à Auschwitz, 59 hommes sont sélectionnés pour des travaux forcés et tatoués des numéros 63164 à 63222, 52 femmes sont tatouées des numéros 19243 à 19294. Les autres déportés sont gazés dès leur arrivée au camp. Selon l’historien Serge Klarsfeld, on dénombrait 34 rescapés de ce convoi en 1945, tous des hommes.
Sources :
Biographiesen très grande partie reprise de celle rédigée par Richard Lesser pour le site « Gedenkbuch für die Karlsruher Juden » (septembre 2006)
https://gedenkbuch.karlsruhe.de/namen/2799
Geni https://www.geni.com/people/Lazarus-Mannheimer/6000000059151481874
Dossier de Caen – article Wikipédia https://de.wikipedia.org/wiki/Lazarus_Mannheimer
Sur l’opération Bürckel :
https://www.campgurs.com/le-camp/lhistoire-du-camp/p%C3%A9riode-vichy-40-44-les-diff%C3%A9rents-groupes-dintern%C3%A9s/1-l-op%C3%A9ration-buerckel-22-25-octobre-1940/
Photos du site Geni