RECHERCHEZ
Jochvet Kawka naît le 10 juin 1913 à Lomza (Pologne) dans une famille de douze enfants. Elle est la fille de Lejba Kawka, rabbin et d’Esther Eljavzewicz (ou Eliachevicz). Elle se marie en 1935 avec Mordechai/Mordka Malc. En mai 1936, Jochvet et son époux arrivent en France avec l’une de ses sœurs, Eva, et l’un de ses frères. Ils s’installent à Paris, où Jochvet travaille dans un atelier de confection de fourrures.
Quand la guerre éclate les époux Malc doivent fuir la capitale et se cacher. Ils se réfugient à Alès (Gard) où ils trouvent un petit appartement vétuste au 6 quai des Etats. C’est là que naît leur fille, Hélène, le 10 janvier 1941. La famille s’installe semble-t-il ensuite à Nîmes. Après avoir probablement rejoint la Résistance, Mordka envoie Jochvet et sa fille en Savoie par le biais d’un réseau. Celles-ci sont cachées durant huit jours chez un ouvrier d’origine polonaise : Joseph Sidorski. Né en 1901 et installé depuis longtemps en France, celui-ci travaille chez Ugine-Kuhlmann. Dès 1940, il décide de venir en aide aux réfugiés étrangers et aux personnes fuyant le nazisme. Il cache beaucoup de juifs traqués.
Se sachant menacée, Jochvet confie sa fille à une maison d’enfants catholique. Le 5 mai 1944, elle est arrêtée dans la petite maison de Joseph Sidorski, située au hameau de La Denise (commune d’Orelle, Savoie). Avec son bienfaiteur, interpellé dans l’après-midi, elle est conduite à Saint-Jean-de-Maurienne puis à Saint-Michel-de-Maurienne. Torturé, Joseph Sidorski ne parle pas. Ils sont séparés cinq jours plus tard, lorsque Jochvet est internée à Chambéry (Savoie), jusqu’au 14 mai 1944. De là, elle est emmenée à Drancy où on lui attribue le matricule 21988 et le n° 134/3268 pour son carnet de fouille. Le 20 mai, elle est déportée par le convoi n° 74 à Auschwitz-Birkenau. Arrivée le 28, elle va y rester environ six mois dans le bloc A. En janvier 1945, avec ses compagnes d’infortune, elle est évacuée vers Bergen-Belsen. Le 7 février 1945, avec 500 autres femmes, elle est envoyée au kommando de Raguhn – dépendant de Buchenwald – où elle est enregistrée sous le matricule 67247[i] . Elle n’y reste qu’un peu plus d’un mois : le 10 avril, Raguhn est évacué. Commence alors un épouvantable voyage de dix jours vers Theresienstadt. Ce camp est libéré par les Russes le 8 mai, elle peut alors être rapatriée.
Entre-temps, son mari Mordka Malc, qui était engagé volontaire au 1er régiment de Franche-Comté, décède le 20 avril 1945 lors de la campagne d’Allemagne, à Bisingen. Jochvet est très éprouvée par sa déportation ; après des mois d’hospitalisation elle s’installe avec sa fille à La Praz en Savoie. Elle arrive à retrouver Joseph Sidorski réfugié chez un ami et se marie avec lui en secondes noces, le 17 février 1946.
Jochvet décède le 28 juin 1998 au Bourget, en Seine-Saint-Denis. Le 24 janvier 2023 l’organisation Yad Vashem décerne à Joseph Sidorski, le titre de Juste parmi les Nations.
Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Les déportées venues de Bergen-Belsen arrivent à Raguhn le 7 février mais n’y sont enregistrées que le 21 mars. Dans la confusion qui règne, Jochvet est inscrite par erreur comme « Kawka née Malz ».
Sources :
Archives de Caen
Yad Vashem, photo de Jochvet Kawka et Joseph Sidorski et biographie dont la présente est très largement inspirée https://yadvashem-france.org/dossier/nom/14330/
AJPN http://www.ajpn.org/personne-Jochvet-Kawka-Malc-15872.html
Archives départementales du Gard (fichier des juifs du Gard de 1941)
RECHERCHEZ
Jochvet Kawka naît le 10 juin 1913 à Lomza (Pologne) dans une famille de douze enfants. Elle est la fille de Lejba Kawka, rabbin et d’Esther Eljavzewicz (ou Eliachevicz). Elle se marie en 1935 avec Mordechai/Mordka Malc. En mai 1936, Jochvet et son époux arrivent en France avec l’une de ses sœurs, Eva, et l’un de ses frères. Ils s’installent à Paris, où Jochvet travaille dans un atelier de confection de fourrures.
Quand la guerre éclate les époux Malc doivent fuir la capitale et se cacher. Ils se réfugient à Alès (Gard) où ils trouvent un petit appartement vétuste au 6 quai des Etats. C’est là que naît leur fille, Hélène, le 10 janvier 1941. La famille s’installe semble-t-il ensuite à Nîmes. Après avoir probablement rejoint la Résistance, Mordka envoie Jochvet et sa fille en Savoie par le biais d’un réseau. Celles-ci sont cachées durant huit jours chez un ouvrier d’origine polonaise : Joseph Sidorski. Né en 1901 et installé depuis longtemps en France, celui-ci travaille chez Ugine-Kuhlmann. Dès 1940, il décide de venir en aide aux réfugiés étrangers et aux personnes fuyant le nazisme. Il cache beaucoup de juifs traqués.
Se sachant menacée, Jochvet confie sa fille à une maison d’enfants catholique. Le 5 mai 1944, elle est arrêtée dans la petite maison de Joseph Sidorski, située au hameau de La Denise (commune d’Orelle, Savoie). Avec son bienfaiteur, interpellé dans l’après-midi, elle est conduite à Saint-Jean-de-Maurienne puis à Saint-Michel-de-Maurienne. Torturé, Joseph Sidorski ne parle pas. Ils sont séparés cinq jours plus tard, lorsque Jochvet est internée à Chambéry (Savoie), jusqu’au 14 mai 1944. De là, elle est emmenée à Drancy où on lui attribue le matricule 21988 et le n° 134/3268 pour son carnet de fouille. Le 20 mai, elle est déportée par le convoi n° 74 à Auschwitz-Birkenau. Arrivée le 28, elle va y rester environ six mois dans le bloc A. En janvier 1945, avec ses compagnes d’infortune, elle est évacuée vers Bergen-Belsen. Le 7 février 1945, avec 500 autres femmes, elle est envoyée au kommando de Raguhn – dépendant de Buchenwald – où elle est enregistrée sous le matricule 67247[i] . Elle n’y reste qu’un peu plus d’un mois : le 10 avril, Raguhn est évacué. Commence alors un épouvantable voyage de dix jours vers Theresienstadt. Ce camp est libéré par les Russes le 8 mai, elle peut alors être rapatriée.
Entre-temps, son mari Mordka Malc, qui était engagé volontaire au 1er régiment de Franche-Comté, décède le 20 avril 1945 lors de la campagne d’Allemagne, à Bisingen. Jochvet est très éprouvée par sa déportation ; après des mois d’hospitalisation elle s’installe avec sa fille à La Praz en Savoie. Elle arrive à retrouver Joseph Sidorski réfugié chez un ami et se marie avec lui en secondes noces, le 17 février 1946.
Jochvet décède le 28 juin 1998 au Bourget, en Seine-Saint-Denis. Le 24 janvier 2023 l’organisation Yad Vashem décerne à Joseph Sidorski, le titre de Juste parmi les Nations.
Georges Muller et Gérard Krebs
[i] Les déportées venues de Bergen-Belsen arrivent à Raguhn le 7 février mais n’y sont enregistrées que le 21 mars. Dans la confusion qui règne, Jochvet est inscrite par erreur comme « Kawka née Malz ».
Sources :
Archives de Caen
Yad Vashem, photo de Jochvet Kawka et Joseph Sidorski et biographie dont la présente est très largement inspirée https://yadvashem-france.org/dossier/nom/14330/
AJPN http://www.ajpn.org/personne-Jochvet-Kawka-Malc-15872.html
Archives départementales du Gard (fichier des juifs du Gard de 1941)