RECHERCHEZ
Raymond Jules Auguste Louche est né le 17 juin 1922 à Nîmes dans le Gard. Il est le fils de Henri Marius Louche, employé d’octroi puis inspecteur de police, et d’Henriette Jeanne Lascols, sans profession. Il est de religion catholique. En 1939, la famille s’installe à Marseille. Pendant la guerre, il est célibataire. Il habite à Nîmes où il est cordonnier. Réfractaire au Service du Travail obligatoire (STO), il rejoint la Résistance le 15 mai 1943. Il appartient au maquis d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.
Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).
Raymond Louche fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne (n°18740). Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.
Raymond Louche est affecté au Block 17 à Buchenwald avec André Audemard, André Deleuze et Lucien Simon. La période de quarantaine terminée, il est transféré à Dora le 20 novembre avec dix autres maquisards dont André Audemard, Germain Berrard, Charles Besson, Jean Bourquin, Henry Evrard, Paul Ferrier et Marcel Fistié. Il est envoyé à Majdanek le 15 janvier 1944 dans un transport de 1 000 malades de Dora avec deux autres camarades, André Audemard et Henri Bourelly. Il a ensuite disparu. L’acte de décès transcrit le 1er février 1949 par la mairie de Nîmes fixe sa mort postérieurement au mois de février 1944.
Marilyne Andréo
Sources :
21 P 479 989, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Raymond Louche.
21 P 419 605, DAVCC Caen, Dossier de déporté d’André Audemard.
21 P 442 117, DAVCC Caen, Dossier de déporté d’André Deleuze.
Dossier Arolsen.
Matricule n°24 de Henri Marius Louche, classe 1911, site internet des Archives départementales du Gard,
https://v-earchives.gard.fr/series/FRAD030_1R/FRAD030_1R1040?s=FRAD030_1R1040_0024_0001.jpg&e=FRAD030_1R1040_0024_0005.jpg
Laurent Thiery, « Louche Raymond » in Laurent Thiery (dir.), Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora.
René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html
Photographie extraite de son dossier de Caen
RECHERCHEZ
Raymond Jules Auguste Louche est né le 17 juin 1922 à Nîmes dans le Gard. Il est le fils de Henri Marius Louche, employé d’octroi puis inspecteur de police, et d’Henriette Jeanne Lascols, sans profession. Il est de religion catholique. En 1939, la famille s’installe à Marseille. Pendant la guerre, il est célibataire. Il habite à Nîmes où il est cordonnier. Réfractaire au Service du Travail obligatoire (STO), il rejoint la Résistance le 15 mai 1943. Il appartient au maquis d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.
Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).
Raymond Louche fait partie des prisonniers. Il est interné à Alès du 2 au 14 juillet puis à l’école de Grézan à Nîmes jusqu’au 10 août, à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre et enfin à Compiègne (n°18740). Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Elie Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henry Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Jean Olive (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.
Raymond Louche est affecté au Block 17 à Buchenwald avec André Audemard, André Deleuze et Lucien Simon. La période de quarantaine terminée, il est transféré à Dora le 20 novembre avec dix autres maquisards dont André Audemard, Germain Berrard, Charles Besson, Jean Bourquin, Henry Evrard, Paul Ferrier et Marcel Fistié. Il est envoyé à Majdanek le 15 janvier 1944 dans un transport de 1 000 malades de Dora avec deux autres camarades, André Audemard et Henri Bourelly. Il a ensuite disparu. L’acte de décès transcrit le 1er février 1949 par la mairie de Nîmes fixe sa mort postérieurement au mois de février 1944.
Marilyne Andréo
Sources :
21 P 479 989, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Raymond Louche.
21 P 419 605, DAVCC Caen, Dossier de déporté d’André Audemard.
21 P 442 117, DAVCC Caen, Dossier de déporté d’André Deleuze.
Dossier Arolsen.
Matricule n°24 de Henri Marius Louche, classe 1911, site internet des Archives départementales du Gard,
https://v-earchives.gard.fr/series/FRAD030_1R/FRAD030_1R1040?s=FRAD030_1R1040_0024_0001.jpg&e=FRAD030_1R1040_0024_0005.jpg
Laurent Thiery, « Louche Raymond » in Laurent Thiery (dir.), Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora.
René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html
Photographie extraite de son dossier de Caen