RECHERCHEZ
Cécile (prénom d’usage : Adèle), dite Manon Lévy, voit le jour à Ribeauvillé, en Alsace le 12 mai 1877. Elle est la fille de Lazare Lévy et de Anna, née Bloch. On ne sait si elle a des frères et sœurs ni quelle est la profession de son père. L’Alsace, à la suite de la défaite française de 1871, fait alors partie de la Reichsland Elsaß-Lothringen, province allemande. Adèle se marie avec Édouard Lindheimer, né à Paris en 1863. Ils auront cinq enfants : Elena, née en 1900 à Barquisimeto au Vénézuela qui épousera Joachim Bloch ; Marcelle, née en 1902 qui deviendra épouse Levy ; Germaine, née en 1905 qui se mariera avec David-Lucien Bumsel ; Georges Abraham, le quatrième, naît le 21 février 1915 à Bordeaux, suivi de Francine, née en 1916 à Caudéran, future épouse de Pierre Cerf.
En 1943, Édouard et Adèle, qui résident alors à Paris et se sentant probablement de plus en plus menacés, quittent la capitale avec leur fils, Georges représentant alors âgé de 28 ans et leur fille, Germaine, trente-huit ans, accompagnée de son époux, David Lucien Bumsel. Les Bumsel emmènent leurs deux enfants : Marianne âgée de dix ans, et son jeune frère, Lucien. La famille vit alors à Nîmes, au 5 rue Villeperdrix, dans l’appartement qu’occupera seule par la suite Germaine et ses enfants. C’est alors que les Lindheimer et les Bumsel se lient d’amitié avec une voisine, Aimée Jeanroy, résistante. En avril de cette année 43, Édouard Lindheimer décède à l’âge de 79 ans. Adèle, plus jeune, a 66 ans.
La famille constate que Nîmes n’offre pas une sécurité suffisante. En effet, après l’arrivée de la Gestapo en novembre 1942, les arrestations se sont multipliées, la milice se montrant fort zélée. Apprenant le 26 septembre 1943 qu’une rafle est imminente, la famille fuit vers le Nord et s’arrête à Vals-les-Bains en Ardèche au Grand Hôtel de l’Europe. Quatre jours après, c’est dans l’hôtel même que surgit la Gestapo en compagnie de miliciens de Nîmes. Adèle Lindheimer, son fils Georges et le mari de sa fille, Lucien Bumsel, âgé de 44 ans, sont arrêtés et dépouillés de leurs biens. Ils sont convoyés à Marseille – avec 17 autres personnes – par (au moins) deux membres connus de la Police de sûreté allemande de Nîmes, Garette et Haon. Emprisonnés ensemble à St Pierre et déportés d’abord à Drancy, puis à Auschwitz par le convoi 62 du 20 novembre 1943, où Adèle et Lucien meurent certainement à leur arrivée. Abraham est envoyé à Monowitz – Auschwitch III – conçu comme un camp de travail (Arbeitslager), mais avec une composante importante d’extermination par le travail. Ce camp de Monowitz est en effet lié à l’usine Buna-Werke de la société IG Farben, une fabrique de caoutchouc. Sa famille ayant reçu une carte postale de Monowitz en février 1944, son décès a été déclaré à cette date, comme le mentionne le Journal Officiel du 10 décembre 1989.
Des témoignages livreront plus tard les noms de ceux qui ont aidé certains à fuir et de ceux qui ont dénoncé, raflé ou pillé. L’appartement de Cécile Lindheimer est dévalisé, quand il est vide, c’est le milicien Lacassagne qui l’occupe.
Parmi ceux qui sont sauvés le 30 septembre, figurent Germaine et ses enfants qui fuient lors de l’arrestation et se cachent. Germaine fait alors appel à Aimée Jeanroy qui veillera sans failles sur leurs besoins dans une maison isolée autour de Nîmes pendant près d’un an. Aimée, dont on sait très peu de choses, pas même la date de sa mort, sera nommée Juste parmi les Nations par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem en 1968.
Dès mai 1945, rescapée avec ses enfants, toujours domiciliée à Nîmes, Germaine Bumsel, lance des avis de recherche. Les témoignages qu’elle recevra établiront les faits de l’arrestation. Six ans après, elle saura que sa mère, son mari et son frère ont été déportés à Auschwitz.
En 1974, on sait qu’elle vit à Neuilly, elle décède en 1993.
Marie Balta, Frédérique Doat-Vincent
Sources :
Extrait d’acte de Naissance de (Cécile, Mélanie) Adèle Lévy, épouse Lindheimer.
Feuille de Témoignage Yad Vashem signé par Germaine Bumsel.
Article de Francis Barbe in revue Rhodanie n°160 : La rafle de Vals-les-Bains par la milice de Nîmes le 30 septembre 1943, citant des extraits du livre de Louis-Frédéric Ducros : Montagnes ardéchoises dans la guerre.
Avis de Recherche publié par Le Figaro 25-05-45 (site Gallica).
Témoignages de Marie-Louise Saladier, épouse Goyard et d’Émilien Roussy. Memorbuch du Haut-Rhin. Dossier Yad Vashem n° 484 concernant le motif de la remise de la médaille des justes à Aimée Jeanroy le 29 juillet 1968.
Dossier Caen Abraham dont photo
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Cécile (prénom d’usage : Adèle), dite Manon Lévy, voit le jour à Ribeauvillé, en Alsace le 12 mai 1877. Elle est la fille de Lazare Lévy et de Anna, née Bloch. On ne sait si elle a des frères et sœurs ni quelle est la profession de son père. L’Alsace, à la suite de la défaite française de 1871, fait alors partie de la Reichsland Elsaß-Lothringen, province allemande. Adèle se marie avec Édouard Lindheimer, né à Paris en 1863. Ils auront cinq enfants : Elena, née en 1900 à Barquisimeto au Vénézuela qui épousera Joachim Bloch ; Marcelle, née en 1902 qui deviendra épouse Levy ; Germaine, née en 1905 qui se mariera avec David-Lucien Bumsel ; Georges Abraham, le quatrième, naît le 21 février 1915 à Bordeaux, suivi de Francine, née en 1916 à Caudéran, future épouse de Pierre Cerf.
En 1943, Édouard et Adèle, qui résident alors à Paris et se sentant probablement de plus en plus menacés, quittent la capitale avec leur fils, Georges représentant alors âgé de 28 ans et leur fille, Germaine, trente-huit ans, accompagnée de son époux, David Lucien Bumsel. Les Bumsel emmènent leurs deux enfants : Marianne âgée de dix ans, et son jeune frère, Lucien. La famille vit alors à Nîmes, au 5 rue Villeperdrix, dans l’appartement qu’occupera seule par la suite Germaine et ses enfants. C’est alors que les Lindheimer et les Bumsel se lient d’amitié avec une voisine, Aimée Jeanroy, résistante. En avril de cette année 43, Édouard Lindheimer décède à l’âge de 79 ans. Adèle, plus jeune, a 66 ans.
La famille constate que Nîmes n’offre pas une sécurité suffisante. En effet, après l’arrivée de la Gestapo en novembre 1942, les arrestations se sont multipliées, la milice se montrant fort zélée. Apprenant le 26 septembre 1943 qu’une rafle est imminente, la famille fuit vers le Nord et s’arrête à Vals-les-Bains en Ardèche au Grand Hôtel de l’Europe. Quatre jours après, c’est dans l’hôtel même que surgit la Gestapo en compagnie de miliciens de Nîmes. Adèle Lindheimer, son fils Georges et le mari de sa fille, Lucien Bumsel, âgé de 44 ans, sont arrêtés et dépouillés de leurs biens. Ils sont convoyés à Marseille – avec 17 autres personnes – par (au moins) deux membres connus de la Police de sûreté allemande de Nîmes, Garette et Haon. Emprisonnés ensemble à St Pierre et déportés d’abord à Drancy, puis à Auschwitz par le convoi 62 du 20 novembre 1943, où Adèle et Lucien meurent certainement à leur arrivée. Abraham est envoyé à Monowitz – Auschwitch III – conçu comme un camp de travail (Arbeitslager), mais avec une composante importante d’extermination par le travail. Ce camp de Monowitz est en effet lié à l’usine Buna-Werke de la société IG Farben, une fabrique de caoutchouc. Sa famille ayant reçu une carte postale de Monowitz en février 1944, son décès a été déclaré à cette date, comme le mentionne le Journal Officiel du 10 décembre 1989.
Des témoignages livreront plus tard les noms de ceux qui ont aidé certains à fuir et de ceux qui ont dénoncé, raflé ou pillé. L’appartement de Cécile Lindheimer est dévalisé, quand il est vide, c’est le milicien Lacassagne qui l’occupe.
Parmi ceux qui sont sauvés le 30 septembre, figurent Germaine et ses enfants qui fuient lors de l’arrestation et se cachent. Germaine fait alors appel à Aimée Jeanroy qui veillera sans failles sur leurs besoins dans une maison isolée autour de Nîmes pendant près d’un an. Aimée, dont on sait très peu de choses, pas même la date de sa mort, sera nommée Juste parmi les Nations par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem en 1968.
Dès mai 1945, rescapée avec ses enfants, toujours domiciliée à Nîmes, Germaine Bumsel, lance des avis de recherche. Les témoignages qu’elle recevra établiront les faits de l’arrestation. Six ans après, elle saura que sa mère, son mari et son frère ont été déportés à Auschwitz.
En 1974, on sait qu’elle vit à Neuilly, elle décède en 1993.
Marie Balta, Frédérique Doat-Vincent
Sources :
Extrait d’acte de Naissance de (Cécile, Mélanie) Adèle Lévy, épouse Lindheimer.
Feuille de Témoignage Yad Vashem signé par Germaine Bumsel.
Article de Francis Barbe in revue Rhodanie n°160 : La rafle de Vals-les-Bains par la milice de Nîmes le 30 septembre 1943, citant des extraits du livre de Louis-Frédéric Ducros : Montagnes ardéchoises dans la guerre.
Avis de Recherche publié par Le Figaro 25-05-45 (site Gallica).
Témoignages de Marie-Louise Saladier, épouse Goyard et d’Émilien Roussy. Memorbuch du Haut-Rhin. Dossier Yad Vashem n° 484 concernant le motif de la remise de la médaille des justes à Aimée Jeanroy le 29 juillet 1968.
Dossier Caen Abraham dont photo