RECHERCHEZ
Joseph Gersan Gérard naît le 30 mars 1897 à Nîmes, 21 place du Marché. Il est l’enfant d’Emma Rosa Rives née à Castres, sans profession, alors âgée de 25 ans. Le mariage entre elle et son père, Gérard David Lévy, commis de banque, né à Bayonne en avril 1865, a lieu à Uchaud un an plus tard, en février 1898. L’acte légitime donc l’enfant qui « existe de leur amour naturel » et qui porte désormais le nom de Lévy. Joseph est décoré pour faits de guerre (1914-18 : Croix du Combattant Volontaire et Croix de guerre n° 74), et le 21 février 1920, il se marie à Villeurbanne où il réside alors, avec Jeanne Eugénie Thomachot née le 6 septembre 1897. Celle-ci, le 1er juillet 1914, a déclaré à la mairie de son domicile, Messimy, la naissance de son enfant, Pierre Jean Thomachot. En marge de l’acte de mariage de Joseph et Jeanne, une mention est apposée en octobre 1942 : « Par jugement du tribunal de Nice (encore en zone libre à l’époque), le sieur Joseph Gersan Gérard Lévy a été adopté par le comte Louis Charles de Ficquelmont. Le nom de l’adopté sera dorénavant Lévy de Ficquelmont ». La mention est inscrite sur son acte de naissance à Nîmes. On comprend l’inquiétude liée au fait de porter le nom de Lévy en 1942, pour autant, on ne connaît pas les relations qui le lient à cet homme qui n’a lui-même pas d’enfant ; la famille de Ficquelmont, dont les membres ont occupé de hautes fonctions depuis le Moyen Âge dans les cours d’Europe, est alors en passe de s’éteindre en ligne masculine. Joseph est représentant de commerce ; mais dans un document, son épouse sans profession le dit industriel. Le couple s’installe 25 rue des Remparts d’Ainay dans le 2ème arrondissement de Lyon, Jeanne y restera toute sa vie. À partir de fin 1943, Joseph reçoit des convocations de la Gestapo mais il envoie son épouse qui s’efforce de prouver qu’il est catholique. À leur crainte que Joseph soit arrêté pour raison raciale, s’ajoute celle d’avoir, en janvier 1944, caché le fils de Jeanne recherché par les allemands à la suite d’événements survenus dans le maquis d’Ardèche. Fin février 1944, Jeanne fait part de son inquiétude à des voisins, au vu des scellés apposés sur sa porte, pourtant, le 1er mars, le couple se rend à une énième convocation au siège de la Gestapo. Ils sont internés à la prison de Montluc (Joseph, dossier : 1987, Jeanne, dossier : 1988). Les voisins et amis avertissent leur fils Pierre Thomachot et leur apportent des vivres ; ils assistent aussi au « cambriolage » de l’appartement. Trois semaines plus tard, Joseph est transféré à Drancy (matricule 17431) et Jeanne, restée une semaine de plus à Montluc, pense le revoir car elle y est transférée, elle aussi. Mais elle apprend qu’il a été déporté par le convoi 70 à Auschwitz le 27 mars 1944. Il aurait été vu pour la dernière fois au camp de Waldenburg. Jeanne est libérée de Drancy en juin 1944. Le 26 avril 1949, Joseph Lévy de Ficquelmont est déclaré mort à la date du 1er avril 1944 et le bandeau Mort pour la France apposé sur son acte de décès en janvier 1950. Le titre de Déporté Politique lui est attribué en août 1954 (n° 11690490). Période d’internement du 1er au 27 mars 1944, et de déportation, du 27 mars au 1er avril 1944. En avril 1949, Jeanne demande que Lévy soit retiré de son nom, (le jugement n’est pas encore rendu en octobre 1949). Dans le dossier de demande d’attribution du titre de Déporté Politique (12 novembre 1953), Jeanne énonce comme ayant droit en sus d’elle-même, Pierre Lévy de Ficquelmont. Ce qui laisse penser que Joseph avait reconnu ou adopté l’enfant de Jeanne.
Son nom figure sur le mur du mémorial de la Shoah : dalle 25 – colonne 8 – rangée 1
Marie Balta
Sources :
Archives SHD Caen
Le Maitron, art. : Lyon Cours Gambetta 6 mars 1944 (divergences avec autres données sur date et circonstances d’arrestation), témoignages de M. Et Mme Crozier, de Fernand Girard domicilié à Lure. Fonds Montluc (divergence sur date d’arrestation).
État civil, archives du Rhône, de Villeurbanne et Lyon.
Mémorial de la Shoah : photo de Gersan (Gerson) Lévy de Ficquelmont.
RECHERCHEZ
Joseph Gersan Gérard naît le 30 mars 1897 à Nîmes, 21 place du Marché. Il est l’enfant d’Emma Rosa Rives née à Castres, sans profession, alors âgée de 25 ans. Le mariage entre elle et son père, Gérard David Lévy, commis de banque, né à Bayonne en avril 1865, a lieu à Uchaud un an plus tard, en février 1898. L’acte légitime donc l’enfant qui « existe de leur amour naturel » et qui porte désormais le nom de Lévy. Joseph est décoré pour faits de guerre (1914-18 : Croix du Combattant Volontaire et Croix de guerre n° 74), et le 21 février 1920, il se marie à Villeurbanne où il réside alors, avec Jeanne Eugénie Thomachot née le 6 septembre 1897. Celle-ci, le 1er juillet 1914, a déclaré à la mairie de son domicile, Messimy, la naissance de son enfant, Pierre Jean Thomachot. En marge de l’acte de mariage de Joseph et Jeanne, une mention est apposée en octobre 1942 : « Par jugement du tribunal de Nice (encore en zone libre à l’époque), le sieur Joseph Gersan Gérard Lévy a été adopté par le comte Louis Charles de Ficquelmont. Le nom de l’adopté sera dorénavant Lévy de Ficquelmont ». La mention est inscrite sur son acte de naissance à Nîmes. On comprend l’inquiétude liée au fait de porter le nom de Lévy en 1942, pour autant, on ne connaît pas les relations qui le lient à cet homme qui n’a lui-même pas d’enfant ; la famille de Ficquelmont, dont les membres ont occupé de hautes fonctions depuis le Moyen Âge dans les cours d’Europe, est alors en passe de s’éteindre en ligne masculine. Joseph est représentant de commerce ; mais dans un document, son épouse sans profession le dit industriel. Le couple s’installe 25 rue des Remparts d’Ainay dans le 2ème arrondissement de Lyon, Jeanne y restera toute sa vie. À partir de fin 1943, Joseph reçoit des convocations de la Gestapo mais il envoie son épouse qui s’efforce de prouver qu’il est catholique. À leur crainte que Joseph soit arrêté pour raison raciale, s’ajoute celle d’avoir, en janvier 1944, caché le fils de Jeanne recherché par les allemands à la suite d’événements survenus dans le maquis d’Ardèche. Fin février 1944, Jeanne fait part de son inquiétude à des voisins, au vu des scellés apposés sur sa porte, pourtant, le 1er mars, le couple se rend à une énième convocation au siège de la Gestapo. Ils sont internés à la prison de Montluc (Joseph, dossier : 1987, Jeanne, dossier : 1988). Les voisins et amis avertissent leur fils Pierre Thomachot et leur apportent des vivres ; ils assistent aussi au « cambriolage » de l’appartement. Trois semaines plus tard, Joseph est transféré à Drancy (matricule 17431) et Jeanne, restée une semaine de plus à Montluc, pense le revoir car elle y est transférée, elle aussi. Mais elle apprend qu’il a été déporté par le convoi 70 à Auschwitz le 27 mars 1944. Il aurait été vu pour la dernière fois au camp de Waldenburg. Jeanne est libérée de Drancy en juin 1944. Le 26 avril 1949, Joseph Lévy de Ficquelmont est déclaré mort à la date du 1er avril 1944 et le bandeau Mort pour la France apposé sur son acte de décès en janvier 1950. Le titre de Déporté Politique lui est attribué en août 1954 (n° 11690490). Période d’internement du 1er au 27 mars 1944, et de déportation, du 27 mars au 1er avril 1944. En avril 1949, Jeanne demande que Lévy soit retiré de son nom, (le jugement n’est pas encore rendu en octobre 1949). Dans le dossier de demande d’attribution du titre de Déporté Politique (12 novembre 1953), Jeanne énonce comme ayant droit en sus d’elle-même, Pierre Lévy de Ficquelmont. Ce qui laisse penser que Joseph avait reconnu ou adopté l’enfant de Jeanne.
Son nom figure sur le mur du mémorial de la Shoah : dalle 25 – colonne 8 – rangée 1
Marie Balta
Sources :
Archives SHD Caen
Le Maitron, art. : Lyon Cours Gambetta 6 mars 1944 (divergences avec autres données sur date et circonstances d’arrestation), témoignages de M. Et Mme Crozier, de Fernand Girard domicilié à Lure. Fonds Montluc (divergence sur date d’arrestation).
État civil, archives du Rhône, de Villeurbanne et Lyon.
Mémorial de la Shoah : photo de Gersan (Gerson) Lévy de Ficquelmont.