LECLAIR Clément 

  • Neuengamme

  • Né le 20 avril 1912 à Hyères (Var)

  • décédé 17 décembre 1977 à Nîmes

    Clément Léon Leclair nait le 20 avril 1912, quartier de la gare à Hyères. Il est le fils de Eugène Leclair âgé de 23 ans et Berthe Castagne âgée de 21 ans.  Clément est un militaire de carrière, chef mécanicien d’artillerie, en congé d’armistice. Marié à Strasbourg le 4 décembre 1937 avec Marie Amélie Hoffmann (née le 18 juin 1914 à Strasbourg) il a deux ou trois enfants, selon les sources et vit à Strasbourg, 2 allée des Poilus, puis s’installe à Quésac dans le Cantal.
    Il devient chef ouvrier dans le groupement de jeunesse n°18, stationné d’abord au Vigan dans le Gard, puis en 1943, à Maurs (Cantal). Il est chargé du ravitaillement du maquis, de la formation et de la cache des jeunes.

    Il est appréhendé le 12 mai 1944 à Maurs, dans une rafle opérée par la tristement célèbre « Division SS Das Reich ». Tous les hommes de la ville sont rassemblés et 120 seront sélectionnés pour les camps de Dachau, Neuengamme et Auschwitz pour les juifs, en représailles d’une action du maquis. Il est présenté à un tribunal le 14 mai, qui le condamne à la déportation.

    Il est emprisonné à Montauban du 12 au 19 mai 1944, et envoyé à Compiègne (matricule 37607) jusqu’au 3 juin. Il est déporté à Neuengamme où il arrive le 6 juin 1944, il y reste jusqu’au 20 avril 1945. Il est alors dirigé sur Lubeck, embarqué sur le navire Athen[i] et le 2 mai, il est délivré par la Croix Rouge suédoise qui l’emmène à Trelleborg où il reste jusqu’au 27 juin. Le 28 juin 1945, il est rapatrié par l’hôtel Lutetia à Paris.

    Il décède à Nîmes le 17 décembre 1977

     

    Frédérique Doat-Vincent
    André Francisco

    [i] Odyssée de l’Athen :

    Amicale de Neuegamme et de Kommandos : https://www.campneuengamme.org/baie-de-lubeck/ :

    L’une des destinations des détenus évacués du Camp de Neuengamme est Lübeck., où des navires marchands sont réquisitionnés, sous la menace, par les SS.
    Le 19 avril 1945, les trois navires, le Cap Arcona, le Thielbek et l’Athen, doivent accueillir les déportés évacués du Camp central de Neuengamme :
    – Le paquebot Cap Arcona, dont les turbines sont hors d’usage, est mouillé au large de Neustadt.
    – Le cargo Thielbek, en réparation dans un chantier naval de Lübeck, est remorqué jusqu’au port industriel, près de silos à grains ; il est couplé à l’Elmenhorst, autre cargo, arrimé au quai et qui sert de ponton.
    – Le cargo Athen, est amarré près du Thielbek.
    – Un quatrième navire, le Deutschland est amarré en baie de Lübeck, un peu au sud de Neustadt. Aucun déporté ne sera transféré à bord.
    Les quatre navires arborent tous le pavillon rouge à croix gammée.

    Les détenus sont poussés vers les cargos pontons alignés le long du quai. Ils sont entassés dans les cales où ils vont demeurer plusieurs jours, presque sans ravitaillement ni eau, sans lumière ni air, dans la puanteur des excréments. Les morts sont empilés pour gagner de la place. Les détenus arrivent par vagues successives de Neuengamme. Ils sont poussés à bord de lAthen et du Thielbek, amarrés aux flancs de deux cargos-pontons et vont, à leur tour, s’agglutiner dans les cales des deux navires.
    Le 20 avril, l’Athen, seul capable de naviguer, prend la mer, avec 2 300 détenus et 280 gardiens SS destinés au Cap Arcona. Le capitaine refuse de les prendre à bord et l’Athen regagne Lübeck. Sous la menace des SS, le commandant du paquebot est contraint d’accepter l’embarquement des détenus. Le 26 avril, l’Athen quitte à nouveau le port et apporte sa première cargaison de déportés au Cap Arcona. Le paquebot de luxe devient un camp de concentration flottant.
    L’Athen fait ainsi plusieurs voyages entre l’avant-port de Lübeck et le Cap Arcona, pour remplir de détenus les cabines, les salons et les cales du paquebot, pour amener des gardes SS, pour transporter du matériel, des vivres et de l’eau et, les premiers jours, pour évacuer des morts. Au total, quelque 6500 détenus et plus de 500 SS s’entassent à bord du Cap Arcona. La faim, la soif, l’absence totale de soins font des ravages parmi les détenus dans les cales. Après avoir effectué, trois jours durant, le transport de détenus du port de Lübeck vers le Cap Arcona, l’Athen reçoit l’ordre de s’amarrer à nouveau le long du Cap Arcona et de récupérer 2 000 détenus embarqués sur le paquebot surchargé. Pour ceux qui pourrissent dans les cales, c’est une délivrance. Ceux qui profitent du confort relatif des cabines craignent de retourner en enfer. Certains réussissent à rester à bord. Ils ignorent alors qu’ils viennent ainsi de signer leur arrêt de mort.  Quand l’embarquement de sa cargaison humaine est achevé, l’Athen s’éloigne du Cap Arcona mais ne retourne pas vers Lübeck. Il stoppe et jette l’ancre, lui aussi, en baie de Neustadt.
    Le 2 mai, deux remorqueurs s’approchent du Thielbek et le hâlent en dehors de l’avant-port industriel de Lübeck, vers la baie de Neustadt. Ce même jour, les Britanniques nettoient la ville de Lübeck. L’aviation effectue de nombreuses sorties.
    Le 3 mai, en fin de matinée, le Deutschland, amarré à l’écart, est attaqué et touché par des roquettes et des obus qui provoquent un incendie. L’équipage réussit à éteindre les flammes et évacue définitivement le navire, par crainte d’une nouvelle attaque.
    En fin de soirée du 3 mai, sur ordre des Anglais, une unité quitte le port de Neustadt pour récupérer les survivants qui ont réussi à se maintenir sur la partie émergée de la coque du Cap Arcona couché sur le fond, à l’abri de l’incendie qui a ravagé le paquebot, ou à la rejoindre après avoir sauté à l’eau.
    Vers 14 heures 30, une escadrille de Typhoon, attaque le Cap Arcona : un immense incendie se déclare de la poupe à la proue. Puis une escadrille de Tempest bombarde les navires ; le Cap Arcona commence à se coucher. De nouvelles escadrilles interviennent. Cinq Typhoon attaquent le Deutschland qui prend feu aussitôt. Quatre autres Typhoon prennent pour cible le Thielbek qui disparaît aux yeux des chasseurs britanniques dans un nuage de fumée et s’incline rapidement sur bâbord.  Une nouvelle intervention mitraille les navires et provoque le naufrage final du Deutschland, alors que le Cap Arcona, où l’incendie continue à se développer, s’est couché sur le flanc tribord, et que le Thielbek coule et se trouve complètement submergé.
    Le sort des naufragés de la baie de Lübeck :
    Sur les 4 500 déportés restés à bord du Cap Arcona, avant l’attaque aérienne, 350 environ échappent à la mort. Plusieurs dizaines de Français disparaissent dans le naufrage du paquebot et 11 d’entre eux seulement s’en sortent vivants.
    Sur les 2 800 déportés embarqués sur le Thielbek, une cinquantaine seulement ont survécu. Parmi eux, quatre Français.
    Quand l’attaque des navires est menée, l’Athen est amarré à quai dans le port de Neustadt, prêt à regagner le large. Le drapeau blanc est hissé par un membre de l’équipage. Les 1998 détenus enfermés à bord du navire découvrent que l’équipage au complet, les SS et les gardiens ont disparu du navire et qu’ils peuvent eux-mêmes débarquer librement. Tous sont saufs, au moment où les Britanniques investissent Neustadt in Holstein. Parmi eux plusieurs dizaines de Français.

    Sources :

    dossier SHD Caen

    Archives état civil Var
    Généanet

    Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

    LECLAIR Clément 

    • Neuengamme

    • Né le 20 avril 1912 à Hyères (Var)

    • décédé 17 décembre 1977 à Nîmes

      Clément Léon Leclair nait le 20 avril 1912, quartier de la gare à Hyères. Il est le fils de Eugène Leclair âgé de 23 ans et Berthe Castagne âgée de 21 ans.  Clément est un militaire de carrière, chef mécanicien d’artillerie, en congé d’armistice. Marié à Strasbourg le 4 décembre 1937 avec Marie Amélie Hoffmann (née le 18 juin 1914 à Strasbourg) il a deux ou trois enfants, selon les sources et vit à Strasbourg, 2 allée des Poilus, puis s’installe à Quésac dans le Cantal.
      Il devient chef ouvrier dans le groupement de jeunesse n°18, stationné d’abord au Vigan dans le Gard, puis en 1943, à Maurs (Cantal). Il est chargé du ravitaillement du maquis, de la formation et de la cache des jeunes.

      Il est appréhendé le 12 mai 1944 à Maurs, dans une rafle opérée par la tristement célèbre « Division SS Das Reich ». Tous les hommes de la ville sont rassemblés et 120 seront sélectionnés pour les camps de Dachau, Neuengamme et Auschwitz pour les juifs, en représailles d’une action du maquis. Il est présenté à un tribunal le 14 mai, qui le condamne à la déportation.

      Il est emprisonné à Montauban du 12 au 19 mai 1944, et envoyé à Compiègne (matricule 37607) jusqu’au 3 juin. Il est déporté à Neuengamme où il arrive le 6 juin 1944, il y reste jusqu’au 20 avril 1945. Il est alors dirigé sur Lubeck, embarqué sur le navire Athen[i] et le 2 mai, il est délivré par la Croix Rouge suédoise qui l’emmène à Trelleborg où il reste jusqu’au 27 juin. Le 28 juin 1945, il est rapatrié par l’hôtel Lutetia à Paris.

      Il décède à Nîmes le 17 décembre 1977

       

      Frédérique Doat-Vincent
      André Francisco

      [i] Odyssée de l’Athen :

      Amicale de Neuegamme et de Kommandos : https://www.campneuengamme.org/baie-de-lubeck/ :

      L’une des destinations des détenus évacués du Camp de Neuengamme est Lübeck., où des navires marchands sont réquisitionnés, sous la menace, par les SS.
      Le 19 avril 1945, les trois navires, le Cap Arcona, le Thielbek et l’Athen, doivent accueillir les déportés évacués du Camp central de Neuengamme :
      – Le paquebot Cap Arcona, dont les turbines sont hors d’usage, est mouillé au large de Neustadt.
      – Le cargo Thielbek, en réparation dans un chantier naval de Lübeck, est remorqué jusqu’au port industriel, près de silos à grains ; il est couplé à l’Elmenhorst, autre cargo, arrimé au quai et qui sert de ponton.
      – Le cargo Athen, est amarré près du Thielbek.
      – Un quatrième navire, le Deutschland est amarré en baie de Lübeck, un peu au sud de Neustadt. Aucun déporté ne sera transféré à bord.
      Les quatre navires arborent tous le pavillon rouge à croix gammée.

      Les détenus sont poussés vers les cargos pontons alignés le long du quai. Ils sont entassés dans les cales où ils vont demeurer plusieurs jours, presque sans ravitaillement ni eau, sans lumière ni air, dans la puanteur des excréments. Les morts sont empilés pour gagner de la place. Les détenus arrivent par vagues successives de Neuengamme. Ils sont poussés à bord de lAthen et du Thielbek, amarrés aux flancs de deux cargos-pontons et vont, à leur tour, s’agglutiner dans les cales des deux navires.
      Le 20 avril, l’Athen, seul capable de naviguer, prend la mer, avec 2 300 détenus et 280 gardiens SS destinés au Cap Arcona. Le capitaine refuse de les prendre à bord et l’Athen regagne Lübeck. Sous la menace des SS, le commandant du paquebot est contraint d’accepter l’embarquement des détenus. Le 26 avril, l’Athen quitte à nouveau le port et apporte sa première cargaison de déportés au Cap Arcona. Le paquebot de luxe devient un camp de concentration flottant.
      L’Athen fait ainsi plusieurs voyages entre l’avant-port de Lübeck et le Cap Arcona, pour remplir de détenus les cabines, les salons et les cales du paquebot, pour amener des gardes SS, pour transporter du matériel, des vivres et de l’eau et, les premiers jours, pour évacuer des morts. Au total, quelque 6500 détenus et plus de 500 SS s’entassent à bord du Cap Arcona. La faim, la soif, l’absence totale de soins font des ravages parmi les détenus dans les cales. Après avoir effectué, trois jours durant, le transport de détenus du port de Lübeck vers le Cap Arcona, l’Athen reçoit l’ordre de s’amarrer à nouveau le long du Cap Arcona et de récupérer 2 000 détenus embarqués sur le paquebot surchargé. Pour ceux qui pourrissent dans les cales, c’est une délivrance. Ceux qui profitent du confort relatif des cabines craignent de retourner en enfer. Certains réussissent à rester à bord. Ils ignorent alors qu’ils viennent ainsi de signer leur arrêt de mort.  Quand l’embarquement de sa cargaison humaine est achevé, l’Athen s’éloigne du Cap Arcona mais ne retourne pas vers Lübeck. Il stoppe et jette l’ancre, lui aussi, en baie de Neustadt.
      Le 2 mai, deux remorqueurs s’approchent du Thielbek et le hâlent en dehors de l’avant-port industriel de Lübeck, vers la baie de Neustadt. Ce même jour, les Britanniques nettoient la ville de Lübeck. L’aviation effectue de nombreuses sorties.
      Le 3 mai, en fin de matinée, le Deutschland, amarré à l’écart, est attaqué et touché par des roquettes et des obus qui provoquent un incendie. L’équipage réussit à éteindre les flammes et évacue définitivement le navire, par crainte d’une nouvelle attaque.
      En fin de soirée du 3 mai, sur ordre des Anglais, une unité quitte le port de Neustadt pour récupérer les survivants qui ont réussi à se maintenir sur la partie émergée de la coque du Cap Arcona couché sur le fond, à l’abri de l’incendie qui a ravagé le paquebot, ou à la rejoindre après avoir sauté à l’eau.
      Vers 14 heures 30, une escadrille de Typhoon, attaque le Cap Arcona : un immense incendie se déclare de la poupe à la proue. Puis une escadrille de Tempest bombarde les navires ; le Cap Arcona commence à se coucher. De nouvelles escadrilles interviennent. Cinq Typhoon attaquent le Deutschland qui prend feu aussitôt. Quatre autres Typhoon prennent pour cible le Thielbek qui disparaît aux yeux des chasseurs britanniques dans un nuage de fumée et s’incline rapidement sur bâbord.  Une nouvelle intervention mitraille les navires et provoque le naufrage final du Deutschland, alors que le Cap Arcona, où l’incendie continue à se développer, s’est couché sur le flanc tribord, et que le Thielbek coule et se trouve complètement submergé.
      Le sort des naufragés de la baie de Lübeck :
      Sur les 4 500 déportés restés à bord du Cap Arcona, avant l’attaque aérienne, 350 environ échappent à la mort. Plusieurs dizaines de Français disparaissent dans le naufrage du paquebot et 11 d’entre eux seulement s’en sortent vivants.
      Sur les 2 800 déportés embarqués sur le Thielbek, une cinquantaine seulement ont survécu. Parmi eux, quatre Français.
      Quand l’attaque des navires est menée, l’Athen est amarré à quai dans le port de Neustadt, prêt à regagner le large. Le drapeau blanc est hissé par un membre de l’équipage. Les 1998 détenus enfermés à bord du navire découvrent que l’équipage au complet, les SS et les gardiens ont disparu du navire et qu’ils peuvent eux-mêmes débarquer librement. Tous sont saufs, au moment où les Britanniques investissent Neustadt in Holstein. Parmi eux plusieurs dizaines de Français.

      Sources :

      dossier SHD Caen

      Archives état civil Var
      Généanet

      Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.