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Les parents de Robert Emile : Martin Kugler et Louise Riss, se marient à Forbach (Moselle) le 6 août 1920. Son père, né le 9 janvier 1892 à Hommartin, petite commune mosellane proche de Sarrebourg, est alors serrurier. En 1921, il entre aux Chemins de Fer d’Alsace-Lorraine et s’installe avec son épouse à Forbach, 64 rue Bauer. C’est là que naissent leurs deux fils : Armand, le 20 juillet de cette même année et Robert, le 6 août 1924. En 1928 les Kugler déménagent à Sarrebourg, 8 avenue de la Victoire. Dix ans plus tard, un drame marque la famille : Louise décède au mois de février, à l’âge de 40 ans. Robert, tout juste adolescent, se retrouve orphelin. Il grandit dans un milieu sympathisant aux idées socialistes [i], ce qui lui donne très tôt une conscience politique. Au début de l’année 1939, son père est affecté à Réding (Moselle), dans la banlieue de Sarrebourg ; père et fils se logent tout à côté de la gare : 12 route de Phalsbourg. Robert apprend le métier d’ajusteur. En juin 1940 il tente de gagner Dijon (Côte d’Or) pour s’enrôler dans l’armée française mais, bloqué dans les Vosges, il rentre à Réding. En 1941, la Gestapo l’arrête pour manifestations germanophobes. Il est relâché à cause de son jeune âge, 17 ans. En 1942, comme tous les jeunes Alsaciens et Mosellans, il reçoit sa feuille de route pour la Wechmacht. Il décide alors de passer en France non occupée, avec un camarade. Les deux jeunes gens sont arrêtés à Besançon. Robert est envoyé au camp de Schirmeck, où sont « rééduqués » les réfractaires à la tutelle allemande. Il s’évade, gagne la zone libre et s’engage dans l’armée de l’air à Bron (Rhône) près de Lyon. En juillet 1942, il donne une adresse à l’Hôtel Central de Cluses (Haute-Savoie). Démobilisé en novembre de la même année et voulant rejoindre l’Afrique du Nord, il fait halte à Nîmes (Gard). C’est là qu’il est arrêté par la Gestapo, le 10 mars 1943, puis incarcéré au fort de Nîmes jusqu’au 20 mars. Accusé de tentative d’évasion, il est alors envoyé à la prison de Fresnes, en région parisienne. Comme il refuse les promesses de libération en échange d’un engagement dans la Wehrmacht, il est transféré à la prison de Metz (Moselle) le 1er août. Déporté au camp de concentration de Natzweiler-Struthof le 27 octobre, il est immatriculé 5703. Le 3 novembre, il est transféré à Ravensbrück et affecté au Kommando de Karlshagen avec le matricule 5944. Son Kommando travaille à Peenemünde, centre de recherche aéronautique situé au bord de la mer Baltique. Le travail des déportés, qui participent aux projets de fusées V1-V2, est perturbé par le bombardement allié du 18 août 1943. Alors que beaucoup de détenus sont envoyés sur le site du tunnel de Dora, Robert et quelques autres Lorrains passés par Natzweiller restent à Karlshagen jusqu’à son évacuation. Ils quittent le camp le 28 mars 1945 et, le 1er avril arrivent directement au Kommando d’Ellrich, rattaché à Mittelbau-Dora depuis le 1er novembre précédent. Ils n’ont pas le temps d’être immatriculés puisque, dès le 5 avril, Ellrich est évacué à son tour. Robert connaît alors douze jours éprouvants : c’est seulement le 16 avril que son convoi atteint Oranienburg où il reçoit le matricule 138126. L’évacuation de ce camp commence à partir du 26 avril ; Robert est libéré le 3 mai 1945. Rapatrié par Lille (Nord), il rentre à Réding où il s’installe comme négociant. Le 17 juin 1949, il y épouse Denise Gribling, née le 11 juillet 1927. Ils ont deux enfants qui naissent à Sarrebourg : Martine, le 3 mai 1952 et Roland, le 31 octobre 1955. Robert s’éteint le 8 février 1991 à Sarrebourg, à l’âge de 66 ans.
Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs.
[i] L’avis de décès de Louise Riss est notamment publié dans la « Freie Presse » de Strasbourg, journal dépendant de la SFIO
Sources :
Archives de Caen (caisse 40 R 1268) – www.bdbm.org
Archives départementales de la Moselle (tables décennales Forbach, registres militaires)
Gallica BNF (« L’Echo des Réfugiés » du 30 juillet 1942)
Biographie en grande partie reprise de celle de Claude Favre in « Dictionnaire de Dora »
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Les parents de Robert Emile : Martin Kugler et Louise Riss, se marient à Forbach (Moselle) le 6 août 1920. Son père, né le 9 janvier 1892 à Hommartin, petite commune mosellane proche de Sarrebourg, est alors serrurier. En 1921, il entre aux Chemins de Fer d’Alsace-Lorraine et s’installe avec son épouse à Forbach, 64 rue Bauer. C’est là que naissent leurs deux fils : Armand, le 20 juillet de cette même année et Robert, le 6 août 1924. En 1928 les Kugler déménagent à Sarrebourg, 8 avenue de la Victoire. Dix ans plus tard, un drame marque la famille : Louise décède au mois de février, à l’âge de 40 ans. Robert, tout juste adolescent, se retrouve orphelin. Il grandit dans un milieu sympathisant aux idées socialistes [i], ce qui lui donne très tôt une conscience politique. Au début de l’année 1939, son père est affecté à Réding (Moselle), dans la banlieue de Sarrebourg ; père et fils se logent tout à côté de la gare : 12 route de Phalsbourg. Robert apprend le métier d’ajusteur. En juin 1940 il tente de gagner Dijon (Côte d’Or) pour s’enrôler dans l’armée française mais, bloqué dans les Vosges, il rentre à Réding. En 1941, la Gestapo l’arrête pour manifestations germanophobes. Il est relâché à cause de son jeune âge, 17 ans. En 1942, comme tous les jeunes Alsaciens et Mosellans, il reçoit sa feuille de route pour la Wechmacht. Il décide alors de passer en France non occupée, avec un camarade. Les deux jeunes gens sont arrêtés à Besançon. Robert est envoyé au camp de Schirmeck, où sont « rééduqués » les réfractaires à la tutelle allemande. Il s’évade, gagne la zone libre et s’engage dans l’armée de l’air à Bron (Rhône) près de Lyon. En juillet 1942, il donne une adresse à l’Hôtel Central de Cluses (Haute-Savoie). Démobilisé en novembre de la même année et voulant rejoindre l’Afrique du Nord, il fait halte à Nîmes (Gard). C’est là qu’il est arrêté par la Gestapo, le 10 mars 1943, puis incarcéré au fort de Nîmes jusqu’au 20 mars. Accusé de tentative d’évasion, il est alors envoyé à la prison de Fresnes, en région parisienne. Comme il refuse les promesses de libération en échange d’un engagement dans la Wehrmacht, il est transféré à la prison de Metz (Moselle) le 1er août. Déporté au camp de concentration de Natzweiler-Struthof le 27 octobre, il est immatriculé 5703. Le 3 novembre, il est transféré à Ravensbrück et affecté au Kommando de Karlshagen avec le matricule 5944. Son Kommando travaille à Peenemünde, centre de recherche aéronautique situé au bord de la mer Baltique. Le travail des déportés, qui participent aux projets de fusées V1-V2, est perturbé par le bombardement allié du 18 août 1943. Alors que beaucoup de détenus sont envoyés sur le site du tunnel de Dora, Robert et quelques autres Lorrains passés par Natzweiller restent à Karlshagen jusqu’à son évacuation. Ils quittent le camp le 28 mars 1945 et, le 1er avril arrivent directement au Kommando d’Ellrich, rattaché à Mittelbau-Dora depuis le 1er novembre précédent. Ils n’ont pas le temps d’être immatriculés puisque, dès le 5 avril, Ellrich est évacué à son tour. Robert connaît alors douze jours éprouvants : c’est seulement le 16 avril que son convoi atteint Oranienburg où il reçoit le matricule 138126. L’évacuation de ce camp commence à partir du 26 avril ; Robert est libéré le 3 mai 1945. Rapatrié par Lille (Nord), il rentre à Réding où il s’installe comme négociant. Le 17 juin 1949, il y épouse Denise Gribling, née le 11 juillet 1927. Ils ont deux enfants qui naissent à Sarrebourg : Martine, le 3 mai 1952 et Roland, le 31 octobre 1955. Robert s’éteint le 8 février 1991 à Sarrebourg, à l’âge de 66 ans.
Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs.
[i] L’avis de décès de Louise Riss est notamment publié dans la « Freie Presse » de Strasbourg, journal dépendant de la SFIO
Sources :
Archives de Caen (caisse 40 R 1268) – www.bdbm.org
Archives départementales de la Moselle (tables décennales Forbach, registres militaires)
Gallica BNF (« L’Echo des Réfugiés » du 30 juillet 1942)
Biographie en grande partie reprise de celle de Claude Favre in « Dictionnaire de Dora »