KLEIN Chaja née IZBICKA 

  • Auschwitz

  • Née le 5 janvier 1871 à Lodz (Pologne)

  • Décédée décembre 1943 à Auschwitz

Chaja Estera/Esther Izbicka[i], née le 5 janvier 1871 à Lodz, est la fille de Simcha Izbicki et Malka Schreiber. Vers la fin du 19ème siècle, elle épouse Isaak Klein, né comme elle à Lodz, le 20 avril 1871. Le couple donne naissance à sept enfants, dont Aron (1905) et sans doute Simon Maurice (1899). Toute la famille, résidant à Lodz, possède la nationalité polonaise.

Une fois les enfants indépendants, les époux Klein émigrent en France et s’installent à Nîmes au mois d’août 1932. Isaak est commerçant tandis que Chaja est brodeuse. Au moment de la guerre, ils vivent au 24 rue Rouget de l’Isle. Tous deux sont recensés comme juifs par les autorités françaises, qui notent qu’ils ont « souscrit dans le Gard la déclaration prévue par la loi du 2/6/1941 ».

C’est dire qu’il est aisé de les retrouver quand s’étendent les rafles en zone sud. Isaak est arrêté probablement à Nîmes, au printemps 1943. Après être passé par Marseille, il arrive le 21 avril à Drancy (matricule 20685) où il est interné au premier étage de l’escalier 9. Le 23 juin, il est déporté pour Auschwitz par le convoi 55. Il est probablement gazé dès son arrivée au camp.

De son côté, Chaja se réfugie à Alès (Gard) chez leur fils Aron, qui habite avec sa famille 70 faubourg du Soleil. C’est là qu’ils sont tous raflés à l’automne 1943 puis emprisonnés à Marseille. Aron, sa femme Salomée et leur fils Alfred sont déportés par le convoi 61 du 28 octobre 1943.

Chaja est envoyée au centre de regroupement des israélites à Drancy le 15 décembre 1943 sous le matricule 10139. Son carnet de fouille 44/19 mentionne la spoliation de toute sa fortune qui s’élève à cinq francs. Elle est déportée le 17 décembre 1943 par le convoi 63[ii] à destination d’Auschwitz où elle est assassinée.

Comme celui de son mari, son nom figure au mémorial de la Shoah : dalle 25 – colonne 9 – rangée 1

Gérard KREBS

[i] Forme féminine de son patronyme, selon l’usage polonais. Sur certains documents, celui-ci est parfois retranscrit en Isbitzki voire Igliki. Le nom Izbicki est bien connu à Lodz ; il est le seul figurant – en de très nombreuses occurrences – sur la liste des habitants du Ghetto de la ville en 1940-1944 (cf. https://www.ushmm.org/online/hsv/source_view.php?SourceId=20619)

[ii] Le convoi 63 part de la gare de Bobigny le 17 décembre 1943 emportant avec lui 848 Juifs, dont plusieurs dirigeants de l’UGIF (Union générale des Israélites de France. L’embarquement en gare de Bobigny est effectué en présence d’Alois Brunner qui opère lui-même la fouille de certains bagages. Serge Smulevic, alors âgé de 22 ans, relate une scène particulièrement cruelle sur le quai de la gare :« Brunner nous tient un discours, traduit instantanément par un civil, pour nous avertir que si quelqu’un tentait de s’évader, tous les autres occupants du wagon seraient exécutés. De même il nous avertissait qu’il était interdit d’emporter dans ses bagages tout couteau ou autre objet pointu en métal, permettant éventuellement d’attaquer le plancher du wagon, et qu’il était encore temps de les remettre spontanément. Et il se mit à ouvrir au hasard, des bagages et sacs à provisions. Il s’arrêta devant mon ami François Sandler, se pencha et ouvrit son sac et se mit à le fouiller. En sortit un petit couteau à éplucher des pommes de terre. Se releva, un sourire sarcastique aux lèvres et approcha le petit couteau des yeux de mon ami François, allant à toute vitesse d’un œil à l’autre, comme s’il allait les lui crever. Et tout à coup, d’un geste précis et rapide lui trancha plus de la moitié de l’oreille gauche, et remit le couteau à l’un des deux sbires qui l’accompagnaient. Le sang dégoulinait abondamment sur le côté gauche de François, mais personne n’osait bouger, et quelques instants plus tard nous sommes montés dans le wagon. Bien sûr, dès que le train partit, on emmaillota l’oreille de François dans un morceau de chemise. L’image de cette oreille qui pendait, je n’ai jamais réussi à l’oublier. ».
Le convoi 63 arrive à Auschwitz le 20 décembre 1943 où 233 hommes sont sélectionnés pour les travaux forcés et tatoués des numéros 169735 à 169967. Seulement 112 femmes sont sélectionnées pour les travaux forcés et tatouées des numéros 72323 à 72434. Plus de 500 personnes sont gazées à l’arrivée ou succombent pendant le trajet.

Sources :

Archives Caen
Le Mémorial de la déportation des juifs de France, Béate et Serge Klarsfeld, Paris 1978
Archives Départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

KLEIN Chaja née IZBICKA 

  • Auschwitz

  • Née le 5 janvier 1871 à Lodz (Pologne)

  • Décédée décembre 1943 à Auschwitz

Chaja Estera/Esther Izbicka[i], née le 5 janvier 1871 à Lodz, est la fille de Simcha Izbicki et Malka Schreiber. Vers la fin du 19ème siècle, elle épouse Isaak Klein, né comme elle à Lodz, le 20 avril 1871. Le couple donne naissance à sept enfants, dont Aron (1905) et sans doute Simon Maurice (1899). Toute la famille, résidant à Lodz, possède la nationalité polonaise.

Une fois les enfants indépendants, les époux Klein émigrent en France et s’installent à Nîmes au mois d’août 1932. Isaak est commerçant tandis que Chaja est brodeuse. Au moment de la guerre, ils vivent au 24 rue Rouget de l’Isle. Tous deux sont recensés comme juifs par les autorités françaises, qui notent qu’ils ont « souscrit dans le Gard la déclaration prévue par la loi du 2/6/1941 ».

C’est dire qu’il est aisé de les retrouver quand s’étendent les rafles en zone sud. Isaak est arrêté probablement à Nîmes, au printemps 1943. Après être passé par Marseille, il arrive le 21 avril à Drancy (matricule 20685) où il est interné au premier étage de l’escalier 9. Le 23 juin, il est déporté pour Auschwitz par le convoi 55. Il est probablement gazé dès son arrivée au camp.

De son côté, Chaja se réfugie à Alès (Gard) chez leur fils Aron, qui habite avec sa famille 70 faubourg du Soleil. C’est là qu’ils sont tous raflés à l’automne 1943 puis emprisonnés à Marseille. Aron, sa femme Salomée et leur fils Alfred sont déportés par le convoi 61 du 28 octobre 1943.

Chaja est envoyée au centre de regroupement des israélites à Drancy le 15 décembre 1943 sous le matricule 10139. Son carnet de fouille 44/19 mentionne la spoliation de toute sa fortune qui s’élève à cinq francs. Elle est déportée le 17 décembre 1943 par le convoi 63[ii] à destination d’Auschwitz où elle est assassinée.

Comme celui de son mari, son nom figure au mémorial de la Shoah : dalle 25 – colonne 9 – rangée 1

Gérard KREBS

[i] Forme féminine de son patronyme, selon l’usage polonais. Sur certains documents, celui-ci est parfois retranscrit en Isbitzki voire Igliki. Le nom Izbicki est bien connu à Lodz ; il est le seul figurant – en de très nombreuses occurrences – sur la liste des habitants du Ghetto de la ville en 1940-1944 (cf. https://www.ushmm.org/online/hsv/source_view.php?SourceId=20619)

[ii] Le convoi 63 part de la gare de Bobigny le 17 décembre 1943 emportant avec lui 848 Juifs, dont plusieurs dirigeants de l’UGIF (Union générale des Israélites de France. L’embarquement en gare de Bobigny est effectué en présence d’Alois Brunner qui opère lui-même la fouille de certains bagages. Serge Smulevic, alors âgé de 22 ans, relate une scène particulièrement cruelle sur le quai de la gare :« Brunner nous tient un discours, traduit instantanément par un civil, pour nous avertir que si quelqu’un tentait de s’évader, tous les autres occupants du wagon seraient exécutés. De même il nous avertissait qu’il était interdit d’emporter dans ses bagages tout couteau ou autre objet pointu en métal, permettant éventuellement d’attaquer le plancher du wagon, et qu’il était encore temps de les remettre spontanément. Et il se mit à ouvrir au hasard, des bagages et sacs à provisions. Il s’arrêta devant mon ami François Sandler, se pencha et ouvrit son sac et se mit à le fouiller. En sortit un petit couteau à éplucher des pommes de terre. Se releva, un sourire sarcastique aux lèvres et approcha le petit couteau des yeux de mon ami François, allant à toute vitesse d’un œil à l’autre, comme s’il allait les lui crever. Et tout à coup, d’un geste précis et rapide lui trancha plus de la moitié de l’oreille gauche, et remit le couteau à l’un des deux sbires qui l’accompagnaient. Le sang dégoulinait abondamment sur le côté gauche de François, mais personne n’osait bouger, et quelques instants plus tard nous sommes montés dans le wagon. Bien sûr, dès que le train partit, on emmaillota l’oreille de François dans un morceau de chemise. L’image de cette oreille qui pendait, je n’ai jamais réussi à l’oublier. ».
Le convoi 63 arrive à Auschwitz le 20 décembre 1943 où 233 hommes sont sélectionnés pour les travaux forcés et tatoués des numéros 169735 à 169967. Seulement 112 femmes sont sélectionnées pour les travaux forcés et tatouées des numéros 72323 à 72434. Plus de 500 personnes sont gazées à l’arrivée ou succombent pendant le trajet.

Sources :

Archives Caen
Le Mémorial de la déportation des juifs de France, Béate et Serge Klarsfeld, Paris 1978
Archives Départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139

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