RECHERCHEZ
Andrée Julien naît le 4 mars 1923 à Arles. Son père Fernand, cheminot à la Compagnie des chemins de fer, adhère au parti communiste en 1936 ; le dimanche matin il vend L’Humanité avec ses camarades cheminots.
À 14 ans, le 29 juillet 1937, elle assiste, très impressionnée, au large du Grau-du-Roi, au canonnage par un sous-marin inconnu, d’un cargo battant pavillon de la République espagnole L’Andutz-Mendi. Le navire prend feu et vingt marins sur trente-quatre périssent. Les obsèques des victimes au cimetière du Grau-du-Roi, donnent lieu à d’énormes manifestations en présence du consul d’Espagne.
Andrée fréquente les auberges de jeunesse, le groupe sportif des cheminots et le club des « Mouettes Sport » dirigé par Charles Savert. Tous ces regroupements de jeunes baignent dans une ambiance de gauche antifasciste. La défaite et l’arrivée massive de réfugiés espagnols à Nîmes la bouleversent profondément. La police arrête son père et plusieurs cheminots du dépôt atelier SNCF de Nîmes après la dissolution du parti communiste. Ils sont internés administrativement à Sisteron, puis à Saint-Paul-d’Eyjeaux, ce qui prive leurs familles de moyens financiers. La maison familiale, rue Salomon Reinach, sert de boîte aux lettres. Sa mère accueille de jeunes résistants, agents de liaison : Paul Courtieu, Camille Elzière, Jean Burles. Andrée aide à la fabrication de l’encre pour les stencils. En novembre 1941, lors d’une perquisition de la police, elle réussit à cacher la ronéo et tout le matériel de l’imprimerie clandestine, tandis que Madeleine, sa mère et son frère Henri subissent un interrogatoire serré. Henri est arrêté fin 1941 et interné à Marseille, (il est défendu par maître Charles Bedos), puis Lodève, et Le Puy d’où un commando de la Résistance de St-Etienne le fait évader.
Agent de liaison, Andrée devient « Annick » à la tête d’un triangle formé avec Eliette Rigon et Odette Amblard. Le 18 avril 1942, elles sont arrêtées sur dénonciation et incarcérées à Nîmes puis à Marseille. En janvier 1944, elles sont transférées à la centrale de Rennes, puis au Fort de Romainville.
Le 30 mai 1944 Andrée est déportée à Neue Bremm, un camp disciplinaire près de Sarrebruck. Le 13 juin elle est transférée au camp de Ravensbrück puis à Leipzig-Schönfeld, en juillet 1944 où elle travaille à la fabrication d’obus dans une usine du groupe Siemens jusqu’à l’évacuation du camp le 13 avril 1945. Après trois jours de marche forcée avec trois autres camarades elles réussissent à s’enfuir puis sont récupérées par les forces alliées. Le 30 mai 1945 elle arrive à l’hôtel Lutetia avec ses camarades.
Andrée continue inlassablement de témoigner dans les collèges et lycées et pendant de nombreuses années, elle lit le message officiel de l’ensemble des associations et fédérations à l’occasion de la Journée de la Déportation. Elle demeure très vigilante et ne cesse d’affirmer à juste raison : « C’est Hitler qui est mort, pas le nazisme. Ce dernier peut revenir à tout moment et dans n’importe quel endroit du monde ».
Andrée Julien a reçu la médaille de chevalier de la légion d’honneur par le préfet du Gard, Dominique Bellion en 2006 et la médaille d’Officier de la Légion d’Honneur par Madame la préfète Marie Françoise Lecaillon le 11 octobre 2022.
Elle décède à Nîmes le 4 mai 2023, après avoir fêté ses 100 ans. Un square a été inauguré à son nom en mars 2024 ainsi que plusieurs salles du collège St Stanislas de Nîmes.
Francine Cabane
Sources :
RECHERCHEZ
Andrée Julien naît le 4 mars 1923 à Arles. Son père Fernand, cheminot à la Compagnie des chemins de fer, adhère au parti communiste en 1936 ; le dimanche matin il vend L’Humanité avec ses camarades cheminots.
À 14 ans, le 29 juillet 1937, elle assiste, très impressionnée, au large du Grau-du-Roi, au canonnage par un sous-marin inconnu, d’un cargo battant pavillon de la République espagnole L’Andutz-Mendi. Le navire prend feu et vingt marins sur trente-quatre périssent. Les obsèques des victimes au cimetière du Grau-du-Roi, donnent lieu à d’énormes manifestations en présence du consul d’Espagne.
Andrée fréquente les auberges de jeunesse, le groupe sportif des cheminots et le club des « Mouettes Sport » dirigé par Charles Savert. Tous ces regroupements de jeunes baignent dans une ambiance de gauche antifasciste. La défaite et l’arrivée massive de réfugiés espagnols à Nîmes la bouleversent profondément. La police arrête son père et plusieurs cheminots du dépôt atelier SNCF de Nîmes après la dissolution du parti communiste. Ils sont internés administrativement à Sisteron, puis à Saint-Paul-d’Eyjeaux, ce qui prive leurs familles de moyens financiers. La maison familiale, rue Salomon Reinach, sert de boîte aux lettres. Sa mère accueille de jeunes résistants, agents de liaison : Paul Courtieu, Camille Elzière, Jean Burles. Andrée aide à la fabrication de l’encre pour les stencils. En novembre 1941, lors d’une perquisition de la police, elle réussit à cacher la ronéo et tout le matériel de l’imprimerie clandestine, tandis que Madeleine, sa mère et son frère Henri subissent un interrogatoire serré. Henri est arrêté fin 1941 et interné à Marseille, (il est défendu par maître Charles Bedos), puis Lodève, et Le Puy d’où un commando de la Résistance de St-Etienne le fait évader.
Agent de liaison, Andrée devient « Annick » à la tête d’un triangle formé avec Eliette Rigon et Odette Amblard. Le 18 avril 1942, elles sont arrêtées sur dénonciation et incarcérées à Nîmes puis à Marseille. En janvier 1944, elles sont transférées à la centrale de Rennes, puis au Fort de Romainville.
Le 30 mai 1944 Andrée est déportée à Neue Bremm, un camp disciplinaire près de Sarrebruck. Le 13 juin elle est transférée au camp de Ravensbrück puis à Leipzig-Schönfeld, en juillet 1944 où elle travaille à la fabrication d’obus dans une usine du groupe Siemens jusqu’à l’évacuation du camp le 13 avril 1945. Après trois jours de marche forcée avec trois autres camarades elles réussissent à s’enfuir puis sont récupérées par les forces alliées. Le 30 mai 1945 elle arrive à l’hôtel Lutetia avec ses camarades.
Andrée continue inlassablement de témoigner dans les collèges et lycées et pendant de nombreuses années, elle lit le message officiel de l’ensemble des associations et fédérations à l’occasion de la Journée de la Déportation. Elle demeure très vigilante et ne cesse d’affirmer à juste raison : « C’est Hitler qui est mort, pas le nazisme. Ce dernier peut revenir à tout moment et dans n’importe quel endroit du monde ».
Andrée Julien a reçu la médaille de chevalier de la légion d’honneur par le préfet du Gard, Dominique Bellion en 2006 et la médaille d’Officier de la Légion d’Honneur par Madame la préfète Marie Françoise Lecaillon le 11 octobre 2022.
Elle décède à Nîmes le 4 mai 2023, après avoir fêté ses 100 ans. Un square a été inauguré à son nom en mars 2024 ainsi que plusieurs salles du collège St Stanislas de Nîmes.
Francine Cabane
Sources :