RECHERCHEZ
Harry Jacobson[i] est né le 21 janvier 1901 à Pasewalk, en Allemagne, suivant d’assez près sa sœur Elfriede Ilse, née elle aussi à Pasewalk le 9 janvier 1899. Son père, Aaron Adolf, né le 25 octobre 1874 vient de Gorgast, sur la rive ouest de l’Oder, dans le Land de Brandebourg. Sa mère, Margarete née Joseph le 18 août 1868, est originaire de Stettin[ii], en Poméranie, alors province prussienne.
Margarete et Aaron Jacobson auront trois enfants : Elfriede Ilse, Harry Hermann et Martin Werner né le 7 novembre 1904 à Stettin, ce qui laisse supposer un déménagement de la famille entre les deux premiers enfants et le troisième.
À l’âge adulte, Harry réside dans un premier temps à Düsseldorf (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) puis, en juin 1931 va vivre à Sarrebruck, capitale de la Sarre alors sous mandat de la Société des Nations. Il y reste jusqu’en 1935, année du référendum qui plébiscite le retour de la région au sein de l’Allemagne. Au mois d’octobre, « il part en voyage »[iii]; il est assez probable qu’il ait choisi en fait de se réfugier en France. Etabli à Altkirch [iv], dans le Haut-Rhin, il devient semble-t-il, chef de fabrique jusqu’en 1939.
Lorsque la guerre est déclarée, il se présente au bureau de recrutement de Chaumont (Haute-Marne ; VI° région militaire) pour s’engager dans la Légion Étrangère, où il reste probablement jusqu’à l’Armistice.
Au début des années 1940, il se trouve à Nîmes : son domicile est au 10 rue Dieudonné Coste, une autre adresse le donne au 2 rue Pradier. Réfugié Sarrois, israélite, célibataire, il est à cette époque sans profession connue. Il est arrêté à Nîmes en mai 1944. Interné à Marseille, il est envoyé au centre de regroupement des israélites à Drancy sous le matricule 23884[v], d’où il est déporté le 30 du même mois par convoi 76[vi] qui part de Bobigny pour Auschwitz où il disparait. C’est l’avant-dernier convoi à partir de Bobigny ; si on additionne les effectifs du convoi suivant n° 77, cela fait 3119 juifs à être déportés après le débarquement allié.
De son côté, sa mère Margarete, résidant à Berlin, dans le quartier de Charlottenbourg, est envoyée au ghetto de Theresienstadt (Terezin en tchèque) le 31 août 1942, puis déportée à Treblinka le 29 septembre suivant. Elle n’en reviendra pas. Son frère, Werner survivra à l’Holocauste, il décèdera en Afrique du Sud en 1954 et sa sœur, elle aussi survivante deviendra épouse Pinkus.
C’est le neveu d’Harry, Werner Daltrop, demeurant à Toronto au Canada qui établira la fiche YadVashem d’Harry Jacobson en 1992 (révisée en 2000).
Son nom figure sur le mur des noms du mémorial de la Shoah : dalle 19 – colonne 7 – rangée 1.
Une stolpersteine[vii] à son nom est posée dans sa ville de naissance à Pasewalk au 8 am Markt.
Rédaction : Marie Balta, Gérard Krebs
[i] On trouve pour la famille les graphies Jacobsohn et Jacobssohn
[ii] Stettin : ville située sur les rives de l’Oder qui devient prussienne à partir de 1720 (Province de Poméranie, état libre de Prusse), donc allemande quand l’Allemagne réalise son unité en 1871. Attribuée à la Pologne par Staline en 1945.
[iii] Les registres de la ville de Saarbrücken domicilient Harry Jacobson à sept adresses successives durant ses quatre ans de résidence dans cette ville. A la date du 28 octobre 1935, ils mentionnent : « auf Reisen » (en voyage) et n’ont plus de trace de lui après cela.
Cf. https://gedenkbuch.saarbruecken.de/gedenkbuch/personen_detailseite/person-4342
[iv] Selon la fiche de témoignage Yad Vashem déposée par son neveu Werner Daltrop en novembre 1992, Altkirch est le dernier lieu de résidence d’Harry Jacobson avant la guerre.
[v] Son carnet de fouille n°146/5439 du 13 juin 1944 précise les 6325 francs dont il a été spolié (environ 1700 euros 2023)
[vi] Convoi n° 76 en date du 30 juin : C’est l’avant-dernier convoi en provenance de Drancy-Bobigny. . Il transporte 1148 déportés, dont 165 enfants Il y avait environ 600 hommes et 550 femmes. Parmi eux, 162 enfants de moins de 18 ans. A l’arrivée à Auschwitz, 398 hommes sont sélectionnés et reçurent les matricules A-16537 à A-16934pour aller travailler à Monowitz. ; il en est de même pour 223 femmes, matricules A-8508 à A-8730. Le reste du convoi est immédiatement gazé. On comptait en 1945, 167 survivants dont 100 femmes et 111 hommes. Ce convoi est composé notamment de 478 personnes nées en France, 192 en Pologne, 88 en Turquie, 59 en Ukraine, 47 en Allemagne, 41 en Algérie, 33 en Roumanie, 25 en Grèce, 17 en Autriche, 14 en Biélorussie et en Tunisie, 13 en Hongrie, 12 en Moldavie, 10 en Belgique et en Russie, selon le découpage des frontières en 2021.
[vii] Les Stolpersteine (pluriel du mot allemand Stolperstein, et signifiant « pierres d’achoppement », c’est-à-dire les « pierres sur lesquelles on trébuche ») sont une création de l’artiste berlinois Gunter Demnig. Ce sont des pavés de béton ou de métal de dix centimètres de côté enfoncés dans le sol. La face supérieure, affleurante, est recouverte d’une plaque en laiton qui honore la mémoire d’une victime du nazisme. Chaque cube rappelle la mémoire d’une personne déportée dans un camp de concentration ou dans un centre d’extermination parce qu’elle était Juive, Rom, communiste, anarchiste, anarcho-syndicaliste, Sinté, Yéniche, membre de la Résistance, homosexuelle, témoin de Jéhovah, chrétienne en opposition au régime nazi ou handicapée.
Sources :
Dossier Caen, fiche de Drancy
Mémorial de la République d’Allemagne. Memorial Book : données sur Margarete
Joseph, épouse Jacobsohn, et leurs deux enfants : Martin Werner et Elfriede Ilse.
Mémorial de Sarrebruck, archives de Sarrebruck : données sur Aaron Adolf Jacobson
Mémorial de l’Holocauste tchèque
Yad Vashem
Geneafrance (Harry Jacobson)
RECHERCHEZ
Harry Jacobson[i] est né le 21 janvier 1901 à Pasewalk, en Allemagne, suivant d’assez près sa sœur Elfriede Ilse, née elle aussi à Pasewalk le 9 janvier 1899. Son père, Aaron Adolf, né le 25 octobre 1874 vient de Gorgast, sur la rive ouest de l’Oder, dans le Land de Brandebourg. Sa mère, Margarete née Joseph le 18 août 1868, est originaire de Stettin[ii], en Poméranie, alors province prussienne.
Margarete et Aaron Jacobson auront trois enfants : Elfriede Ilse, Harry Hermann et Martin Werner né le 7 novembre 1904 à Stettin, ce qui laisse supposer un déménagement de la famille entre les deux premiers enfants et le troisième.
À l’âge adulte, Harry réside dans un premier temps à Düsseldorf (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) puis, en juin 1931 va vivre à Sarrebruck, capitale de la Sarre alors sous mandat de la Société des Nations. Il y reste jusqu’en 1935, année du référendum qui plébiscite le retour de la région au sein de l’Allemagne. Au mois d’octobre, « il part en voyage »[iii]; il est assez probable qu’il ait choisi en fait de se réfugier en France. Etabli à Altkirch [iv], dans le Haut-Rhin, il devient semble-t-il, chef de fabrique jusqu’en 1939.
Lorsque la guerre est déclarée, il se présente au bureau de recrutement de Chaumont (Haute-Marne ; VI° région militaire) pour s’engager dans la Légion Étrangère, où il reste probablement jusqu’à l’Armistice.
Au début des années 1940, il se trouve à Nîmes : son domicile est au 10 rue Dieudonné Coste, une autre adresse le donne au 2 rue Pradier. Réfugié Sarrois, israélite, célibataire, il est à cette époque sans profession connue. Il est arrêté à Nîmes en mai 1944. Interné à Marseille, il est envoyé au centre de regroupement des israélites à Drancy sous le matricule 23884[v], d’où il est déporté le 30 du même mois par convoi 76[vi] qui part de Bobigny pour Auschwitz où il disparait. C’est l’avant-dernier convoi à partir de Bobigny ; si on additionne les effectifs du convoi suivant n° 77, cela fait 3119 juifs à être déportés après le débarquement allié.
De son côté, sa mère Margarete, résidant à Berlin, dans le quartier de Charlottenbourg, est envoyée au ghetto de Theresienstadt (Terezin en tchèque) le 31 août 1942, puis déportée à Treblinka le 29 septembre suivant. Elle n’en reviendra pas. Son frère, Werner survivra à l’Holocauste, il décèdera en Afrique du Sud en 1954 et sa sœur, elle aussi survivante deviendra épouse Pinkus.
C’est le neveu d’Harry, Werner Daltrop, demeurant à Toronto au Canada qui établira la fiche YadVashem d’Harry Jacobson en 1992 (révisée en 2000).
Son nom figure sur le mur des noms du mémorial de la Shoah : dalle 19 – colonne 7 – rangée 1.
Une stolpersteine[vii] à son nom est posée dans sa ville de naissance à Pasewalk au 8 am Markt.
Rédaction : Marie Balta, Gérard Krebs
[i] On trouve pour la famille les graphies Jacobsohn et Jacobssohn
[ii] Stettin : ville située sur les rives de l’Oder qui devient prussienne à partir de 1720 (Province de Poméranie, état libre de Prusse), donc allemande quand l’Allemagne réalise son unité en 1871. Attribuée à la Pologne par Staline en 1945.
[iii] Les registres de la ville de Saarbrücken domicilient Harry Jacobson à sept adresses successives durant ses quatre ans de résidence dans cette ville. A la date du 28 octobre 1935, ils mentionnent : « auf Reisen » (en voyage) et n’ont plus de trace de lui après cela.
Cf. https://gedenkbuch.saarbruecken.de/gedenkbuch/personen_detailseite/person-4342
[iv] Selon la fiche de témoignage Yad Vashem déposée par son neveu Werner Daltrop en novembre 1992, Altkirch est le dernier lieu de résidence d’Harry Jacobson avant la guerre.
[v] Son carnet de fouille n°146/5439 du 13 juin 1944 précise les 6325 francs dont il a été spolié (environ 1700 euros 2023)
[vi] Convoi n° 76 en date du 30 juin : C’est l’avant-dernier convoi en provenance de Drancy-Bobigny. . Il transporte 1148 déportés, dont 165 enfants Il y avait environ 600 hommes et 550 femmes. Parmi eux, 162 enfants de moins de 18 ans. A l’arrivée à Auschwitz, 398 hommes sont sélectionnés et reçurent les matricules A-16537 à A-16934pour aller travailler à Monowitz. ; il en est de même pour 223 femmes, matricules A-8508 à A-8730. Le reste du convoi est immédiatement gazé. On comptait en 1945, 167 survivants dont 100 femmes et 111 hommes. Ce convoi est composé notamment de 478 personnes nées en France, 192 en Pologne, 88 en Turquie, 59 en Ukraine, 47 en Allemagne, 41 en Algérie, 33 en Roumanie, 25 en Grèce, 17 en Autriche, 14 en Biélorussie et en Tunisie, 13 en Hongrie, 12 en Moldavie, 10 en Belgique et en Russie, selon le découpage des frontières en 2021.
[vii] Les Stolpersteine (pluriel du mot allemand Stolperstein, et signifiant « pierres d’achoppement », c’est-à-dire les « pierres sur lesquelles on trébuche ») sont une création de l’artiste berlinois Gunter Demnig. Ce sont des pavés de béton ou de métal de dix centimètres de côté enfoncés dans le sol. La face supérieure, affleurante, est recouverte d’une plaque en laiton qui honore la mémoire d’une victime du nazisme. Chaque cube rappelle la mémoire d’une personne déportée dans un camp de concentration ou dans un centre d’extermination parce qu’elle était Juive, Rom, communiste, anarchiste, anarcho-syndicaliste, Sinté, Yéniche, membre de la Résistance, homosexuelle, témoin de Jéhovah, chrétienne en opposition au régime nazi ou handicapée.
Sources :
Dossier Caen, fiche de Drancy
Mémorial de la République d’Allemagne. Memorial Book : données sur Margarete
Joseph, épouse Jacobsohn, et leurs deux enfants : Martin Werner et Elfriede Ilse.
Mémorial de Sarrebruck, archives de Sarrebruck : données sur Aaron Adolf Jacobson
Mémorial de l’Holocauste tchèque
Yad Vashem
Geneafrance (Harry Jacobson)