JALLATTE Jean alias « Toubib »

  • Puits de Célas

  • Né le 11 mai 1923 à Valence (Drôme)

  • Exécuté juin 1944 au puits de Célas à Servas (Gard)

Jean Jallatte est le second fils de Samuel, Thémini Jallatte et de Georgette, Jenny Briançon, tous deux de religion protestante et originaires de l’Ardèche. Après s’être implanté à Valence dans la Drôme Samuel Jallatte, industriel de la chaussure, s’installe à Nîmes (Gard) en 1934. Jean est le cadet de la famille Jallatte, son aîné Pierre est né en 1918 et Charly-Sam en 1925. Jean fait ses études secondaires au Lycée de garçons de Nîmes. Après l’obtention du baccalauréat il commence des études de médecine à Montpellier. En juillet 1943, alors étudiant de 2ème année il entre dans les mouvements Défense de la France puis Combat dont il diffuse la presse le journal clandestin à Nîmes et à Montpellier. Comme tous les jeunes de la Zone libre et de l’Afrique du Nord française en âge d’accomplir les obligations militaires, il doit effectuer une période de six mois aux Chantiers de Jeunesse : travaux forestiers, éducation morale, cours sur l’ordre social et l’histoire de France, exercices physiques. Jean déserte deux mois plus tard, à l’occasion du rassemblement protestant annuel qui se tient le premier dimanche de septembre au Mas du Désert à Mialet dans une vallée de la Cévenne gardoise. Jean Jallatte rejoint un maquis de la Drôme près de Vercheny. L’action mémorable du maquis : le sabotage de la voie ferrée qui provoque, dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, le déraillement d’un train de permissionnaires allemands, 19 morts et de nombreux blessés entraîne de nombreuses arrestations et déportations. Jean doit quitter le Diois. Le 26 décembre 1943 il revient à Nîmes où il est pris en charge par Marcel Bonnafoux « Marceau » et René Rascalon qui l’intègrent au sein du maquis Armée secrète (AS) de Lasalle (Gard). En février 1944, Jean Jallatte, Jacques Baby, Gérard Ménatory et huit autres compagnons constituent le maquis du Serre appelé aussi camp n°4. Renforcé par de nouvelles recrues, ce maquis participe pendant plusieurs mois à de multiples actions de sabotages et des coups de mains contre des entreprises au service de l’occupant.
Jean Jallatte est appelé en juin 1944 au poste de responsable sanitaire régional pour la région (R2), pour les Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Il entre alors en contact avec des médecins résistants alésiens et ensemble ils jettent les bases d’un hôpital du maquis.

Reconnu par un chef milicien, il est arrêté à Alès, le 6 ou le 7 juillet, emprisonné au fort Vauban, torturé par des membres français de la 8ème compagnie de la division Brandebourg. Après deux semaines de martyre, il aurait été exécuté, selon les sources, le 11 ou le 12 juillet 1944 et précipité dans le du puits de Celas, Le 12 juillet est la date officielle. Il est inhumé au cimetière protestant de la route d’Alès à Nîmes.

Jean Jallatte est cité à l’ordre de l’Armée, et fait à titre posthume chevalier de la Légion d’honneur. Croix de guerre 1939-1945 avec palme. Son nom figure sur le monument commémoratif édifié au puits de Célas à Servas (Gard) et sur la plaque commémorative de la rue de l’École de Médecine de Montpellier (Hérault).

Les deux frères de Jean Jallatte se sont engagés comme lui dans la Résistance.

Pierre affecté à l’École d’élèves officiers de Réserve de Fontainebleau s’insurge le 17 juin 1940 contre les ordres du maréchal Pétain de cesser le combat : dénoncé par un officier supérieur il est arrêté à Libourne et mis trois mois aux arrêts de rigueur. En septembre 1941 il rejoint la résistance et intègre le réseau Buckmaster.

En 1947, il fondera à Saint-Hippolyte-du-Fort une fabrique de chaussures qui en 1953 se spécialisera dans  la chaussure de sécurité. Employant plus de 900 salariés au début des années 1990, l’entreprise

deviendra le leader européen de ce secteur. Il a été qualifié de patron progressiste et anti-capitaliste.

Le benjamin de la famille, Charly-Sam alias « André Martinet » dans la résistance, élève au lycée de garçons de Nîmes, participe aux distributions de journaux clandestins ; le 11 novembre 1942 il prend part à la manifestation des lycéens devant le monument aux morts, il intègre dès 1943 le contre-espionnage. Arrêté par la Gestapo en mai 1944 à Nîmes il réussit à s’évader lors d’un transfert et rejoint les maquis de la Creuse, il participe à la libération de Guéret. Après la guerre il fait des études de médecine. En 1969 il est directeur du laboratoire de génétique de Tours. Il préside l’académie de Nîmes en 2001.

Monique Vézilier

Sources :

– https://maitron.fr/spip.php?article197868, notice JALLATTE Jean [André, Jean, Raymond, alias « Toubib » dans la clandestinité] par Jacques Brès, Laurent Pichon, version mise en ligne le 3 décembre 2017, dernière modification le 25 janvier 2021.

– DAVCC Caen dossier 21P 259093

– Fondation de la Résistance, AERI, Mémoire et Résistance Gard, cédérom « La Résistance dans le Gard » 2009 : la famille Jallatte

– Le Monde article de Mustapha Kessous du 25/06/2007 « Ce patron qui n’aimait pas les capitalistes »


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JALLATTE Jean alias « Toubib »

  • Puits de Célas

  • Né le 11 mai 1923 à Valence (Drôme)

  • Exécuté juin 1944 au puits de Célas à Servas (Gard)

Jean Jallatte est le second fils de Samuel, Thémini Jallatte et de Georgette, Jenny Briançon, tous deux de religion protestante et originaires de l’Ardèche. Après s’être implanté à Valence dans la Drôme Samuel Jallatte, industriel de la chaussure, s’installe à Nîmes (Gard) en 1934. Jean est le cadet de la famille Jallatte, son aîné Pierre est né en 1918 et Charly-Sam en 1925. Jean fait ses études secondaires au Lycée de garçons de Nîmes. Après l’obtention du baccalauréat il commence des études de médecine à Montpellier. En juillet 1943, alors étudiant de 2ème année il entre dans les mouvements Défense de la France puis Combat dont il diffuse la presse le journal clandestin à Nîmes et à Montpellier. Comme tous les jeunes de la Zone libre et de l’Afrique du Nord française en âge d’accomplir les obligations militaires, il doit effectuer une période de six mois aux Chantiers de Jeunesse : travaux forestiers, éducation morale, cours sur l’ordre social et l’histoire de France, exercices physiques. Jean déserte deux mois plus tard, à l’occasion du rassemblement protestant annuel qui se tient le premier dimanche de septembre au Mas du Désert à Mialet dans une vallée de la Cévenne gardoise. Jean Jallatte rejoint un maquis de la Drôme près de Vercheny. L’action mémorable du maquis : le sabotage de la voie ferrée qui provoque, dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, le déraillement d’un train de permissionnaires allemands, 19 morts et de nombreux blessés entraîne de nombreuses arrestations et déportations. Jean doit quitter le Diois. Le 26 décembre 1943 il revient à Nîmes où il est pris en charge par Marcel Bonnafoux « Marceau » et René Rascalon qui l’intègrent au sein du maquis Armée secrète (AS) de Lasalle (Gard). En février 1944, Jean Jallatte, Jacques Baby, Gérard Ménatory et huit autres compagnons constituent le maquis du Serre appelé aussi camp n°4. Renforcé par de nouvelles recrues, ce maquis participe pendant plusieurs mois à de multiples actions de sabotages et des coups de mains contre des entreprises au service de l’occupant.
Jean Jallatte est appelé en juin 1944 au poste de responsable sanitaire régional pour la région (R2), pour les Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Il entre alors en contact avec des médecins résistants alésiens et ensemble ils jettent les bases d’un hôpital du maquis.

Reconnu par un chef milicien, il est arrêté à Alès, le 6 ou le 7 juillet, emprisonné au fort Vauban, torturé par des membres français de la 8ème compagnie de la division Brandebourg. Après deux semaines de martyre, il aurait été exécuté, selon les sources, le 11 ou le 12 juillet 1944 et précipité dans le du puits de Celas, Le 12 juillet est la date officielle. Il est inhumé au cimetière protestant de la route d’Alès à Nîmes.

Jean Jallatte est cité à l’ordre de l’Armée, et fait à titre posthume chevalier de la Légion d’honneur. Croix de guerre 1939-1945 avec palme. Son nom figure sur le monument commémoratif édifié au puits de Célas à Servas (Gard) et sur la plaque commémorative de la rue de l’École de Médecine de Montpellier (Hérault).

Les deux frères de Jean Jallatte se sont engagés comme lui dans la Résistance.

Pierre affecté à l’École d’élèves officiers de Réserve de Fontainebleau s’insurge le 17 juin 1940 contre les ordres du maréchal Pétain de cesser le combat : dénoncé par un officier supérieur il est arrêté à Libourne et mis trois mois aux arrêts de rigueur. En septembre 1941 il rejoint la résistance et intègre le réseau Buckmaster.

En 1947, il fondera à Saint-Hippolyte-du-Fort une fabrique de chaussures qui en 1953 se spécialisera dans  la chaussure de sécurité. Employant plus de 900 salariés au début des années 1990, l’entreprise

deviendra le leader européen de ce secteur. Il a été qualifié de patron progressiste et anti-capitaliste.

Le benjamin de la famille, Charly-Sam alias « André Martinet » dans la résistance, élève au lycée de garçons de Nîmes, participe aux distributions de journaux clandestins ; le 11 novembre 1942 il prend part à la manifestation des lycéens devant le monument aux morts, il intègre dès 1943 le contre-espionnage. Arrêté par la Gestapo en mai 1944 à Nîmes il réussit à s’évader lors d’un transfert et rejoint les maquis de la Creuse, il participe à la libération de Guéret. Après la guerre il fait des études de médecine. En 1969 il est directeur du laboratoire de génétique de Tours. Il préside l’académie de Nîmes en 2001.

Monique Vézilier

Sources :

– https://maitron.fr/spip.php?article197868, notice JALLATTE Jean [André, Jean, Raymond, alias « Toubib » dans la clandestinité] par Jacques Brès, Laurent Pichon, version mise en ligne le 3 décembre 2017, dernière modification le 25 janvier 2021.

– DAVCC Caen dossier 21P 259093

– Fondation de la Résistance, AERI, Mémoire et Résistance Gard, cédérom « La Résistance dans le Gard » 2009 : la famille Jallatte

– Le Monde article de Mustapha Kessous du 25/06/2007 « Ce patron qui n’aimait pas les capitalistes »


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