GEORGES Pierre 

  • Neue Bremm – 22258 Buchenwald – 19118 Natzweiler-Struthof – 11194 Dachau

  • Né le 6 mars 1926 à Bègues (Allier)

  • Décédé le 12 mars 1999 à Nîmes

    Né le 6 mars 1926 à Bègues dans l’Allier, Pierre Georges est arrêté le 9 mai 1943 par la Gestapo et interné à la prison Saint-Michel de Toulouse et à la prison de Fresnes.  Classé NN, il est successivement déporté aux camps de Neue Bremm, Buchenwald, Natzweiler-Struthof et Dachau. Il est libéré le 29 avril 1945. Il décède à Nîmes le 12 mars 1999.

     

    Pierre Jean Baptiste Georges naît à Bègues dans l’Allier le 6 mars 1926. Son père Jean Georges, originaire d’Effiat (63), est charron-forgeron. Sa mère Marie Vivier, native de Bègues, est sans profession. Après l’obtention de son certificat d’études primaires, Pierre Georges qui vit à Abrest (Allier) avec sa mère, veuve depuis 1935, entre dans la vie active comme employé d’hôtel. Lorsque la seconde guerre mondiale éclate Pierre Georges trop jeune n’est pas mobilisable. Agé d’à peine 16 ans et animé par une forte envie de combattre sous l’égide du Général de Gaulle[1], il décide en 1943 de rejoindre les Forces Françaises libres en Afrique. A la suite d’une tentative de franchissement de la frontière espagnole, Pierre Georges est arrêté par la Gestapo à Massat dans l’Ariège le 9 mai 1943, dénoncé par Robert Thirion, un agent de la Gestapo. Il est aussitôt interné à la prison Saint-Michel[2] de Toulouse avant d’être transféré plus tard à la prison de Fresnes. Passée sous contrôle direct des Allemands en 1943, elle devient un véritable centre de terreur avec ses interrogatoires brutaux, ses tortures et ses exécutions. Classé « Nuit et Brouillard[3] », il est destiné à être jugé en Allemagne. Pierre Georges connaît des conditions d’internement particulièrement rudes avec isolement et interdiction de correspondance. Le 10 janvier 1944, avec 44 autres prisonniers, il est déporté de Paris gare de l’Est pour le camp de Neue Bremm à Sarrebruck où il arrive le lendemain. Situé tout près de la frontière française, ce camp de transit géré par la Gestapo sert avant tout à briser physiquement et psychologiquement les prisonniers avant leur transfert vers un camp de concentration. Pierre Georges y reste presque deux mois durant lesquels il subit des conditions de vie extrêmement difficiles où les mauvais traitements et les tortures sont monnaie courante. Bien que désigné NN, il n’est pas jugé et est dirigé vers le camp de Buchenwald le 4 mars 1944 où il reçoit le matricule 22258[4]. A plusieurs reprises, il est admis au Revier du camp pour diarrhées, adénite[5] et furonculose généralisée. Début juillet 1944, Pierre Georges est transféré au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, conséquence de l’ordre d’Himmler de regrouper dans un camp centralisateur  les déportés NN venant de France, de Belgique, des Pays Bas et de Norvège afin de mieux contrôler leur disparition. A son arrivée Pierre Georges devient le matricule 19118 et découvre un lieu où le processus de déshumanisation est à son comble. Probablement affecté à la fabrication d’armes ou à la construction d’ateliers de production d’armement souterrains, il connaît en tant que déporté NN des conditions de vie encore plus effroyables que celles des autres déportés. Il survit aux conditions climatiques extrêmes, à la sous-alimentation, à l’absence totale d’hygiène, aux travaux forcés exténuants et à la brutalité quotidienne des kapos et SS. Devant l’avancée des troupes alliées, le camp principal de Natzweiler-Struthof est évacué fin septembre 1944. Pierre Georges et ses codétenus NN sont alors transférés par train de marchandises à Dachau qui devient à son tour camp centralisateur des déportés NN. Les conditions de transfert se révèlent terribles (promiscuité extrême, absence d’eau, de nourriture) et se soldent par un nombre élevé de décès. Pierre Georges parvient à survivre à cette épreuve et arrive à Dachau le 28 septembre 1944. Il lui est attribué le matricule 111946 et est affecté au kommando d’Augsburg dont les déportés travaillent pour l’usine de fabrication d’avions de chasse Messerschmitt et sur les infrastructures ferroviaires locales. Voué à disparaître dans le système concentrationnaire nazi sans laisser de trace, Pierre Georges survit à sa déportation, il est libéré le 29 avril 1945 par l’armée américaine. Les conditions de son retour en France ne sont pas connues avec précision. Il semble qu’il ait été recueilli dans un premier temps par une famille allemande[6] pour se rétablir physiquement avant de retrouver sa mère à Bègues. Persuadé qu’il ne s’en sortirait pas, il doit réapprendre à vivre au sein d’un monde à nouveau libre. Après une période de réadaptation sans doute longue, difficile et douloureuse, Pierre Georges reprend son activité professionnelle dans l’hôtellerie. Il occupe pendant quelque temps un poste de maître d’hôtel au sein de l’hôtel de luxe La Mamounia à Marrakech. Au début des années 1950, il épouse Marie Caillot dont il aura trois enfants, Dominique, Sylvaine et Frédéric, nés respectivement en 1952, 1957 et 1962. Après plusieurs années professionnelles passées dans le secteur hôtelier, il décide de se reconvertir et intègre l’administration hospitalière. Il occupe alors un poste d’employé administratif au service de la comptabilité du centre hospitalier psychiatrique d’Yzeure dans l’Allier. Parallèlement à son activité professionnelle, il s’adonne à de nombreuses passions telles que le bricolage la natation, le football. Pendant de nombreuses années il exercera des fonctions d’arbitre. Il est dépeint par ses proches et ses amis comme étant une forte personnalité animée par des valeurs altruistes indéfectibles. Il n’oublie pas les liens de camaraderie qu’il a tissés durant sa déportation. Des liens qui prennent la forme de rencontres régulières au cours desquelles Pierre Georges et ses camarades évoquent leur vie au camp. Il se remarie en juin 1976 avec Yvonne Lacazalette, infirmière originaire de Guéthary (64) qui obtient la même année sa mutation au Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes. Faute d’avoir obtenu lui aussi sa mutation dans la capitale gardoise, Pierre Georges prend une retraite anticipée en 1977 pour la rejoindre et emménager avec elle dans le pavillon qu’ils viennent de faire construire.

    Reconnu déporté politique depuis 1959, Pierre Georges décède à Nîmes le 12 mars 1999.

    Eric BERNARD

    [1] Tout au long de sa vie il se définira sur le plan politique comme gaulliste.

    [2] De nombreux résistants arrêtés dans la région furent incarcérés à Saint-Michel avant d’être jugés par des tribunaux allemands.

    [3] NN « Nacht und Nebel », procédure instaurée par décret Keitel de décembre 1941 pour des « actes délictueux tels que l’espionnage, le sabotage, la détention illégale d’armes. Ce décret prévoyait le transfert en Allemagne en vue d’un jugement dans le secret absolu. Il visait à faire disparaître les résistants et opposants sans laisser de trace, dans « l’ombre et dans l’oubli »

    [4] Sur sa fiche d’entrée dans le camp il se déclarera photographe.

    [5] Inflammation infectieuse des ganglions

    [6] Famille avec laquelle il restera par la suite en contact.

    Sources :

    • Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, délégation territoriale de l’Allier
    • Service Historique de la Défense, site de Vincennes. Dossier de Pierre Jean Baptiste Georges, GR 16P 251629
    • Archives de l’ITS d’Arolsen
    • STEEGMANN, Robert. « Nacht und Nebel : destinés à disparaître sans laisser de trace », Les Chemins de la Mémoire, [en ligne] numéro 131 septembre 2003 [consulté le 12 décembre 2025]. Disponible à l’adresse : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/nacht-und-nebel-destines-disparaitre-sans-laisser-de-trace
    • Site de généalogie MyHeritage
    • Témoignage d’Yvonne Lacazalette épouse Georges
    Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

    GEORGES Pierre 

    • Neue Bremm – 22258 Buchenwald – 19118 Natzweiler-Struthof – 11194 Dachau

    • Né le 6 mars 1926 à Bègues (Allier)

    • Décédé le 12 mars 1999 à Nîmes

      Né le 6 mars 1926 à Bègues dans l’Allier, Pierre Georges est arrêté le 9 mai 1943 par la Gestapo et interné à la prison Saint-Michel de Toulouse et à la prison de Fresnes.  Classé NN, il est successivement déporté aux camps de Neue Bremm, Buchenwald, Natzweiler-Struthof et Dachau. Il est libéré le 29 avril 1945. Il décède à Nîmes le 12 mars 1999.

       

      Pierre Jean Baptiste Georges naît à Bègues dans l’Allier le 6 mars 1926. Son père Jean Georges, originaire d’Effiat (63), est charron-forgeron. Sa mère Marie Vivier, native de Bègues, est sans profession. Après l’obtention de son certificat d’études primaires, Pierre Georges qui vit à Abrest (Allier) avec sa mère, veuve depuis 1935, entre dans la vie active comme employé d’hôtel. Lorsque la seconde guerre mondiale éclate Pierre Georges trop jeune n’est pas mobilisable. Agé d’à peine 16 ans et animé par une forte envie de combattre sous l’égide du Général de Gaulle[1], il décide en 1943 de rejoindre les Forces Françaises libres en Afrique. A la suite d’une tentative de franchissement de la frontière espagnole, Pierre Georges est arrêté par la Gestapo à Massat dans l’Ariège le 9 mai 1943, dénoncé par Robert Thirion, un agent de la Gestapo. Il est aussitôt interné à la prison Saint-Michel[2] de Toulouse avant d’être transféré plus tard à la prison de Fresnes. Passée sous contrôle direct des Allemands en 1943, elle devient un véritable centre de terreur avec ses interrogatoires brutaux, ses tortures et ses exécutions. Classé « Nuit et Brouillard[3] », il est destiné à être jugé en Allemagne. Pierre Georges connaît des conditions d’internement particulièrement rudes avec isolement et interdiction de correspondance. Le 10 janvier 1944, avec 44 autres prisonniers, il est déporté de Paris gare de l’Est pour le camp de Neue Bremm à Sarrebruck où il arrive le lendemain. Situé tout près de la frontière française, ce camp de transit géré par la Gestapo sert avant tout à briser physiquement et psychologiquement les prisonniers avant leur transfert vers un camp de concentration. Pierre Georges y reste presque deux mois durant lesquels il subit des conditions de vie extrêmement difficiles où les mauvais traitements et les tortures sont monnaie courante. Bien que désigné NN, il n’est pas jugé et est dirigé vers le camp de Buchenwald le 4 mars 1944 où il reçoit le matricule 22258[4]. A plusieurs reprises, il est admis au Revier du camp pour diarrhées, adénite[5] et furonculose généralisée. Début juillet 1944, Pierre Georges est transféré au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, conséquence de l’ordre d’Himmler de regrouper dans un camp centralisateur  les déportés NN venant de France, de Belgique, des Pays Bas et de Norvège afin de mieux contrôler leur disparition. A son arrivée Pierre Georges devient le matricule 19118 et découvre un lieu où le processus de déshumanisation est à son comble. Probablement affecté à la fabrication d’armes ou à la construction d’ateliers de production d’armement souterrains, il connaît en tant que déporté NN des conditions de vie encore plus effroyables que celles des autres déportés. Il survit aux conditions climatiques extrêmes, à la sous-alimentation, à l’absence totale d’hygiène, aux travaux forcés exténuants et à la brutalité quotidienne des kapos et SS. Devant l’avancée des troupes alliées, le camp principal de Natzweiler-Struthof est évacué fin septembre 1944. Pierre Georges et ses codétenus NN sont alors transférés par train de marchandises à Dachau qui devient à son tour camp centralisateur des déportés NN. Les conditions de transfert se révèlent terribles (promiscuité extrême, absence d’eau, de nourriture) et se soldent par un nombre élevé de décès. Pierre Georges parvient à survivre à cette épreuve et arrive à Dachau le 28 septembre 1944. Il lui est attribué le matricule 111946 et est affecté au kommando d’Augsburg dont les déportés travaillent pour l’usine de fabrication d’avions de chasse Messerschmitt et sur les infrastructures ferroviaires locales. Voué à disparaître dans le système concentrationnaire nazi sans laisser de trace, Pierre Georges survit à sa déportation, il est libéré le 29 avril 1945 par l’armée américaine. Les conditions de son retour en France ne sont pas connues avec précision. Il semble qu’il ait été recueilli dans un premier temps par une famille allemande[6] pour se rétablir physiquement avant de retrouver sa mère à Bègues. Persuadé qu’il ne s’en sortirait pas, il doit réapprendre à vivre au sein d’un monde à nouveau libre. Après une période de réadaptation sans doute longue, difficile et douloureuse, Pierre Georges reprend son activité professionnelle dans l’hôtellerie. Il occupe pendant quelque temps un poste de maître d’hôtel au sein de l’hôtel de luxe La Mamounia à Marrakech. Au début des années 1950, il épouse Marie Caillot dont il aura trois enfants, Dominique, Sylvaine et Frédéric, nés respectivement en 1952, 1957 et 1962. Après plusieurs années professionnelles passées dans le secteur hôtelier, il décide de se reconvertir et intègre l’administration hospitalière. Il occupe alors un poste d’employé administratif au service de la comptabilité du centre hospitalier psychiatrique d’Yzeure dans l’Allier. Parallèlement à son activité professionnelle, il s’adonne à de nombreuses passions telles que le bricolage la natation, le football. Pendant de nombreuses années il exercera des fonctions d’arbitre. Il est dépeint par ses proches et ses amis comme étant une forte personnalité animée par des valeurs altruistes indéfectibles. Il n’oublie pas les liens de camaraderie qu’il a tissés durant sa déportation. Des liens qui prennent la forme de rencontres régulières au cours desquelles Pierre Georges et ses camarades évoquent leur vie au camp. Il se remarie en juin 1976 avec Yvonne Lacazalette, infirmière originaire de Guéthary (64) qui obtient la même année sa mutation au Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes. Faute d’avoir obtenu lui aussi sa mutation dans la capitale gardoise, Pierre Georges prend une retraite anticipée en 1977 pour la rejoindre et emménager avec elle dans le pavillon qu’ils viennent de faire construire.

      Reconnu déporté politique depuis 1959, Pierre Georges décède à Nîmes le 12 mars 1999.

      Eric BERNARD

      [1] Tout au long de sa vie il se définira sur le plan politique comme gaulliste.

      [2] De nombreux résistants arrêtés dans la région furent incarcérés à Saint-Michel avant d’être jugés par des tribunaux allemands.

      [3] NN « Nacht und Nebel », procédure instaurée par décret Keitel de décembre 1941 pour des « actes délictueux tels que l’espionnage, le sabotage, la détention illégale d’armes. Ce décret prévoyait le transfert en Allemagne en vue d’un jugement dans le secret absolu. Il visait à faire disparaître les résistants et opposants sans laisser de trace, dans « l’ombre et dans l’oubli »

      [4] Sur sa fiche d’entrée dans le camp il se déclarera photographe.

      [5] Inflammation infectieuse des ganglions

      [6] Famille avec laquelle il restera par la suite en contact.

      Sources :

      • Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, délégation territoriale de l’Allier
      • Service Historique de la Défense, site de Vincennes. Dossier de Pierre Jean Baptiste Georges, GR 16P 251629
      • Archives de l’ITS d’Arolsen
      • STEEGMANN, Robert. « Nacht und Nebel : destinés à disparaître sans laisser de trace », Les Chemins de la Mémoire, [en ligne] numéro 131 septembre 2003 [consulté le 12 décembre 2025]. Disponible à l’adresse : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/nacht-und-nebel-destines-disparaitre-sans-laisser-de-trace
      • Site de généalogie MyHeritage
      • Témoignage d’Yvonne Lacazalette épouse Georges
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