RECHERCHEZ
Pierre Gaspich, fils d’Antoine et de Marie Toffolin, naît à Valle d’Istria, dans la province italophone d’Istrie, alors rattachée à l’Autriche, mais attribuée à l’Italie après la Première Guerre mondiale (avant de l’être à la Yougoslavie après la Seconde). Devenu citoyen italien, il se marie à Pula (Istrie), le 6 novembre 1921 avec Jeanne Brecevich, fille de Mathieu et d’Elisabeth Marcon. Le couple aura quatre enfants.
Dans le courant des années 1920, les époux Gaspich émigrent en France, comme beaucoup de leurs compatriotes : de ce côté-ci des Alpes, la guerre a saigné les villes et villages, tandis que l’Italie a vu sa population augmenter fortement. Ils deviennent cultivateurs et sont tous deux naturalisés français en 1933.
La vie de Pierre Gaspich bascule trois ans plus tard, en septembre 1936. A cette époque, il habite à Villefranche-sur-Mer et connaît une période de chômage. Pris de boisson, il se dispute dans un café de la ville et poignarde mortellement un client : le capitaine de l’Eider, le bateau du Musée Océanographique de Monaco. Inculpé pour meurtre, il est condamné à une peine de prison. En octobre 1941, la nationalité française lui est retirée par le gouvernement de Vichy, qui a inauguré dès 1940 la « dénaturalisation » de tous ceux qui ne sont pas considérés comme de « bons Français ».
Au moment de sa déportation, en août 1944, il est incarcéré à la Maison Centrale de Nîmes. Le 17 août, il rejoint à Roquemaure (Gard), ce qu’on appellera plus tard le « Train Fantôme ». Il ne connaît pas les premières haltes et les multiples allers-retours de ce train si particulier. Celui-ci, parti le 3 juillet de Toulouse, après avoir embarqué 403 prisonniers du Camp du Vernet (Ariège), est dirigé vers Bordeaux, puis Angoulême, puis à nouveau Bordeaux et Toulouse. Ne pouvant rejoindre Compiègne par le nord, sa destination initiale, il prend la route du Rhône, monte vers Dijon, rejoint Sarrebruck en Allemagne, puis Dachau. Bombardements alliés, revers allemands, état des voies, interventions de la résistance expliquent la longueur du périple – près de deux mois -, mais favorisent aussi les évasions de prisonniers (au total, ce train aura transporté 750 détenus ; on en comptera 536 arrivés à Dachau et au cours du voyage au moins 158 prisonniers – répertoriés en 2015 – se seront évadés, aidés en cela par la population.
Arrivé à Dachau le 28 août, Pierre Gaspich reçoit le matricule 94045. De là, il est envoyé, le 16 septembre à Mauthausen (avec un nouveau matricule, le 98089), puis le 21 au Kommando de Melk où il meurt probablement d’épuisement le 8 mars 1945.
Marie Balta et Gérard Krebs
Sources :
Archives du SHD de Caen.
Ouvrage de G. Scarpetta, E. Silve, J.D. Simonet et C. Teissier : « Le Train Fantôme Juillet-Août 1944 ». Ed. Amicale des Déportés Résistants du Train Fantôme. Juillet 2015.
Journal Officiel du 26 octobre 1941 (source Gallica-BNF).
« La Dépêche » du 15 septembre 1936 ; « Le Télégramme des Vosges » du 16 septembre 1936 (source Gallica-BNF).
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Pierre Gaspich, fils d’Antoine et de Marie Toffolin, naît à Valle d’Istria, dans la province italophone d’Istrie, alors rattachée à l’Autriche, mais attribuée à l’Italie après la Première Guerre mondiale (avant de l’être à la Yougoslavie après la Seconde). Devenu citoyen italien, il se marie à Pula (Istrie), le 6 novembre 1921 avec Jeanne Brecevich, fille de Mathieu et d’Elisabeth Marcon. Le couple aura quatre enfants.
Dans le courant des années 1920, les époux Gaspich émigrent en France, comme beaucoup de leurs compatriotes : de ce côté-ci des Alpes, la guerre a saigné les villes et villages, tandis que l’Italie a vu sa population augmenter fortement. Ils deviennent cultivateurs et sont tous deux naturalisés français en 1933.
La vie de Pierre Gaspich bascule trois ans plus tard, en septembre 1936. A cette époque, il habite à Villefranche-sur-Mer et connaît une période de chômage. Pris de boisson, il se dispute dans un café de la ville et poignarde mortellement un client : le capitaine de l’Eider, le bateau du Musée Océanographique de Monaco. Inculpé pour meurtre, il est condamné à une peine de prison. En octobre 1941, la nationalité française lui est retirée par le gouvernement de Vichy, qui a inauguré dès 1940 la « dénaturalisation » de tous ceux qui ne sont pas considérés comme de « bons Français ».
Au moment de sa déportation, en août 1944, il est incarcéré à la Maison Centrale de Nîmes. Le 17 août, il rejoint à Roquemaure (Gard), ce qu’on appellera plus tard le « Train Fantôme ». Il ne connaît pas les premières haltes et les multiples allers-retours de ce train si particulier. Celui-ci, parti le 3 juillet de Toulouse, après avoir embarqué 403 prisonniers du Camp du Vernet (Ariège), est dirigé vers Bordeaux, puis Angoulême, puis à nouveau Bordeaux et Toulouse. Ne pouvant rejoindre Compiègne par le nord, sa destination initiale, il prend la route du Rhône, monte vers Dijon, rejoint Sarrebruck en Allemagne, puis Dachau. Bombardements alliés, revers allemands, état des voies, interventions de la résistance expliquent la longueur du périple – près de deux mois -, mais favorisent aussi les évasions de prisonniers (au total, ce train aura transporté 750 détenus ; on en comptera 536 arrivés à Dachau et au cours du voyage au moins 158 prisonniers – répertoriés en 2015 – se seront évadés, aidés en cela par la population.
Arrivé à Dachau le 28 août, Pierre Gaspich reçoit le matricule 94045. De là, il est envoyé, le 16 septembre à Mauthausen (avec un nouveau matricule, le 98089), puis le 21 au Kommando de Melk où il meurt probablement d’épuisement le 8 mars 1945.
Marie Balta et Gérard Krebs
Sources :
Archives du SHD de Caen.
Ouvrage de G. Scarpetta, E. Silve, J.D. Simonet et C. Teissier : « Le Train Fantôme Juillet-Août 1944 ». Ed. Amicale des Déportés Résistants du Train Fantôme. Juillet 2015.
Journal Officiel du 26 octobre 1941 (source Gallica-BNF).
« La Dépêche » du 15 septembre 1936 ; « Le Télégramme des Vosges » du 16 septembre 1936 (source Gallica-BNF).